- Arrête de te trémousser de cette façon Lydia !

- Je n'arrive pas à respirer avec ce putain de corset ! Je n'y peux rien ! Comment tu fais ?

- Je fais avec, c'est tout. C'était ton idée, ce foutu bal.

Elles avaient dû changer leur garde-robe pour le bal du soir, les vieilles robes de Lydia ne seraient pas passées inaperçues. Elles avaient acheté deux longues robes bouffantes, ainsi que des nouveaux souliers et des corsets. Olivia non plus n'arrivait pas à être bien là-dedans. Sa poitrine était complètement compressée et il était difficile de se mouvoir dans une robe aussi large. Et la perruque blonde qu'elle portait ne cessait de lui gratter le crâne.

- Grandiose mon idée, s'irrita Lydia.

Olivia ne put réprimer un sourire.

- Oh, serait-ce vraiment un sourire que je vois sur ce ravissant visage ? Blagua-t-elle.

- La ferme, et avance, dit Olivia en cachant son sourire.

Il était vrai qu'elle n'avait pas souri depuis un bon moment. Elle avait passé les deux derniers mois à se replier sur elle-même. Elle songeait à Nathan en permanence, et à la haine qu'elle éprouvait envers elle-même. Elle en avait d'ailleurs voulu à la terre entière, tout le monde y était passé. Pour finalement conclure que la seule personne à qui elle en voulait, c'était elle.

La culpabilité la rongeait totalement, et malgré ce qu'elle avait dit, elle espérait pouvoir voir Nathan ici, à Fort Gravis.

- Tu penses à lui, n'est-ce pas ? Demanda Lydia. Et ne me réponds pas non, je ne veux pas de tes mensonges.

- Peut-être.

- Tu espères qu'il sera là ce soir hein ? En fait je connais aussi la réponse à cette question. Tu vas faire une connerie je sens...

- Lydia, je ne vais pas faire de connerie...

- Oui, alors j'entends par connerie le simple fait de lui parler. Ce n'est pas ce que tu comptais faire ?

- J'ai besoin de savoir ...

- Savoir quoi ? S'il t'en veut ? La réponse est oui. Si vous avez une chance de sauver votre truc, machin, histoire, bref ce qu'il y a entre vous ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce que c'est simplement et purement une folie, et un vrai coup à vous faire pendre tous les deux. Ça ne t'apportera rien de bon. Alors j'aimerais comprendre pourquoi tu mets ta vie en péril pour lui ?

- Puisque tu as déjà les réponses à toutes les questions, tu devrais avoir la réponse à celle-ci.

- J'ai une réponse, mais elle ne me convient pas.

- Dommage, je suis sûre que c'est la bonne pourtant.

Lydia s'arrêta au milieu de la route pour fixer Olivia. Elle semblait sincèrement s'en faire pour elle.

- Je ne veux pas que ça soit la bonne Olivia, je ne veux pas entendre la raison pour laquelle tu tiens tant à lui.

- Pourquoi est-ce que ça t'effraie autant ?

- Parce que si c'est ce que je crois, je vais te perdre, et je ne veux pas te perdre Olivia. Je tiens trop à toi.

- Tu ne me perdras pas, je te le promets.

- Ne me fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir s'il te plaît.

Olivia préféra ne plus rien dire à son amie. Elle lui attrapa la main, et l'entraîna avec elle jusqu'aux grilles du château. Il était exactement comme dans son souvenir.

Elias et Kitus avaient pris le parti de se mêler aux domestiques du palais, leur visage et leur carrure étaient bien trop connus des Corsaires. Ils profiteraient de la soirée pour s'infiltrer dans les bureaux du Roi et des Corsaires pour trouver des informations. Les filles devaient se joindre à la fête, et laisser traîner leurs oreilles et épier les conversations, en particulier celles de la famille royale.

Elles finirent par entrer, Lydia ne put s'empêcher de siffler tant elle était abasourdie par la beauté des lieux.

- Et toi t'as vécu là-dedans ? Chuchota-t-elle. Tu m'étonnes que ça ne te dérangeait pas de jouer la comédie.

- Oui, alors tu te doutes bien que les chambres des servantes n'ont rien à voir avec le reste ...

Mais elle devait admettre que la Princesse s'était surpassée pour l'événement. Elle qui adorait les bals, les soirées et surtout les préparer, elle s'était bien amusée pour celui-ci.

Toutes les décorations étaient d'un bleu ciel, ou légèrement plus foncé, avec des touches d'or. Tout avait été changé, les lumières, les sols, les plafonds, les décorations. Tout. Rien n'avait été laissé au hasard.

Elles arrivèrent dans la salle réservée pour le bal, et ne se dérangèrent pas pour prendre une coupe de vin mousseux.

- Oh bordel, toussa Lydia. C'est horrible ce machin...

- Surveille ton langage Lydia, t'as l'air d'une pauvre qui ne sait pas parler, ni boire...

- Mais pourquoi j'ai eu cette idée moi...

Olivia regarda la pièce bondée de monde, et surtout de Corsaires. Le reste était principalement les bonnes familles de Fort Gravis et des environs. Mais elle ne se souvenait pas qu'il y avait autant de Corsaires aux bals précédents.

Les filles décidèrent de se séparer et, Olivia s'avança vers les balcons, elle était sûre d'y avoir vu la Princesse s'y diriger.

Elle garda ses distances, tout en s'adossant au mur, elle arrivait à entendre quelques mots de la conversation. Mais la Princesse et ses invités ne discutaient que de potins, et du bal. Rien qui ne l'intéressait.

Ses yeux se baladaient sur les musiciens, les gardes, les domestiques, les danseurs, et... Nathan. Elle sentit son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. Il était là. Comme elle l'avait voulu. Mais maintenant qu'elle le voyait, elle n'était vraiment pas sûre que ça soit une bonne chose.

Elle avait dans le cœur comme un poids, de le voir danser avec une autre. Il souriait, et semblait parfaitement heureux. Pour autant elle n'arrivait pas à le quitter des yeux, malgré la douleur qu'elle ressentait à ce moment-là.

Elle s'était imaginé une tonne de scénarios, mais jamais une autre femme n'en avait fait partie.