Finalement, après une longue discussion avec Kitus et Lydia, ils en étaient arrivés à la conclusion qu'Olivia avait raison. Même si l'idée était dangereuse, leur seul moyen d'avancer dans leur enquête était de se rendre à Fort Gravis.

Ils avaient préparé l'un des navires de Kitus, un ancien bateau de marchands, dont les cales étaient pleines de pierres et de bois. Ils avaient leur couverture pour approcher l'île. Le problème était de ne pas être reconnu sur place.

Lydia les avait traînés dans la cabane qui lui servait de logement, et en avait sorti divers habits. Ils allaient devoir se déguiser pour pouvoir se promener sans être reconnus.

Il regarda Lydia tendre une sorte de perruque à Olivia.

- Qu'est-ce que c'est que cette chose ? Dit-elle avec dégoût.

- Une perruque. Pour camoufler tes cheveux.

- Je n'ai même pas envie de savoir d'où tu as ce truc. Je dois vraiment mettre ma tête dans ce machin ?

- Non, tu n'as pas envie de savoir, et oui, tu dois vraiment. C'est ça où je te coupe les cheveux. Tu préfères quoi ?

- Je vais garder mes cheveux, râla Olivia.

- Tu seras mignonne en blonde, rit Elias.

- La ferme Elias...

Lydia lui lança une robe, et des souliers.

- Oh non c'est pas vrai, ça recommence ... Je vais vraiment devoir enfiler ça ? Les souliers me bousillent les pieds.

- Tu peux ne pas râler juste deux minutes s'il te plaît ? Et ne lève pas les yeux au ciel comme ça, c'est hyper agaçant. C'était ton idée, assume, d'accord ?

Olivia grommela dans son coin, et Elias sourit. Même si elle n'était toujours pas souriante, au moins elle était avec eux, et s'était à nouveau ouvert à la discussion.

La traversée jusqu'à Fort Gravis leur prit moins de deux jours, et le navire s'arrêta à l'autre bout de l'île, pour permettre à Olivia, Lydia, Kitus et Elias de quitter le navire et rejoindre l'île à la nage. Les autres resteraient au port, comme s'ils étaient de véritables marchands. Ils avaient préféré rester en petit comité, pour être sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises, si le traitre était à bord.

James et son petit ami Benjamin n'avaient pas souhaité se joindre à eux, et étaient restés sur le campement. Elias et les autres n'avaient emmené avec eux en mission qu'une poignée de personnes en qui ils avaient confiance, et il n'y avait que James et Benjamin qui connaissaient leur véritable destination parmi ceux restés sur l'île. Ils ne voulaient douter de personne, mais ils avaient dû prendre des décisions drastiques. James et Benjamin avaient eu pour mission de faire bouger les autres sur une autre île le lendemain de leur départ. Ils devaient certainement être arrivés également à destination depuis le temps.

Ils n'avaient pas perdu de temps pour se changer et enfiler leur déguisement, et ils marchaient à travers les champs afin de rejoindre la ville de Fort Gravis.

- Je trouve qu'on n'est absolument pas discret, même déguisé, dit Elias qui n'était pas à l'aise dans ses habits de paysans.

- Tu veux qu'on échange peut-être ? Railla Olivia.

- Plutôt que de vous chamailler, dit Kitus. Vous êtes tous au point sur vos identités ?

- Bien sûr, on forme une petite famille avec Olivia dans le rôle de la sœur géniale et Elias en tant que père formidable, et toi, tu es l'ami de la famille qui nous protège, en tant que mercenaire, ça tient parfaitement la route.

- C'était ton plan Lydia, lui fit remarquer Elias.

- Oui, ben, je n'ai jamais dit qu'il fallait m'écouter à chaque fois non plus...

Elias ne répondit plus, ils venaient d'arriver en ville. C'était maintenant que les choses allaient se corser. S'ils arrivaient à passer les grilles, ils seraient déjà plus tranquilles.

Ils avancèrent sans parler, Elias devina que tous étaient aussi stressés que lui. Ils se jetaient carrément dans la gueule du loup. Pourtant, cette sensation si grisante du danger, lui fit du bien. Il reprenait doucement à prendre goût à tout ce qui faisait de lui un pirate. Ces derniers temps, il avait manqué de confiance en lui. Mais lorsqu'ils passèrent les portes sans attirer les regards des gardes, il fut envahi par un sentiment de fierté.

Ils trouvèrent une chambre dans une auberge miteuse du centre de la ville. Elle n'était pas mal fréquentée, pour éviter les descentes de Corsaires, mais pas assez bien pour y attirer les Hommes du Roi.

La chambre était simple, pourvu de deux grands lits, d'une table, et d'un bac pour prendre des bains. Ce n'était pas du grand luxe, mais cela serait largement suffisant.

Ils passèrent trois jours à réfléchir à comment s'introduire dans le Château Royal, jusqu'au jour où Lydia revint du centre de la ville toute excitée.

- Je sais comment on va arriver à rentrer ! S'était-elle enjouée.

Devant leurs regards interrogateurs, elle ne put s'empêcher de rire.

- On va aller danser mes amis, il y a un bal qui se prépare au Château !