16. Capitaine Elias

Il marchait depuis plusieurs heures sur les chemins. Il n'entendait que le bruit de ses propres pas, et les gouttes d'eau qui tombaient.

Il n'était pas vraiment le genre de personne à avoir peur facilement, mais il fallait bien avouer que l'endroit lui fichait sincèrement la chair de poule.

Il n'avait pas osé s'arrêter pour dormir, même s'il sentait que les forces venaient à lui manquer. Il n'était pas serein dans cet endroit.

Il s'en voulait énormément de ne pas avoir rebrousser chemin et retourner à la surface. Cela aurait été le choix le plus judicieux. Mais il avait cru assez en lui pour affronter l'endroit seul.

Il avait espéré naïvement pouvoir être celui qui trouverait la pièce, mais il avait depuis un moment laissé tomber cet objectif de côté. La pièce lui aurait permis de négocier son navire avec Maxence, Édouard et Maria. Celui qui la trouverait aurait eu un avantage sur les autres. Ils savaient comment ça se passait dans ce genre de cas.

Et Olivia l'avait aussi compris dès le début. Elle avait déjà conservé une pièce, il se demandait d'ailleurs ce qu'elle avait pu en faire.

Il en était réduit à ça, à imaginer ce qu'Olivia avait fait de l'autre pièce tant le temps était long.

La fatigue commençait à prendre le dessus, et il sentait que ses paupières étaient lourdes.

Il recommença à prendre espoir lorsqu'il entendit des voix venir de plus loin. Mais il ne savait pas si c'était son esprit fatigué qui lui jouait des tours ou si c'était réel.

Il accéléra malgré tout la cadence, et chercha à se rapprocher des bruits. Il ne faisait plus vraiment attention à ce qui se passait autour de lui, il glissa à plusieurs reprises sur la roche, s'écorcha la jambe sur une stalagmite, se cogna la tête à la paroi en voulant se rattraper.

Il ne voulait pas que les voix s'éloignent de lui.

Il pressa encore le pas, trébucha sur une masse sur le sol, grogna, se releva, et repartit.

Il fit quelques pas, et s'arrêta net.

Il n'avait pas regardé en passant sur quoi il avait trébuché, et son instinct lui disait qu'il aurait dû regarder.

Il déglutit difficilement, il n'était pas totalement sûr de savoir sur quoi il avait marché.

Mais il devait.

Il inspira profondément pour se donner du courage, et retourna sur ses pas, laissant la lumière de la torche près du sol.

Il s'était imaginé devoir faire face à une bête, ou autre chose encore plus monstrueux. Mais pas le corps d'un humain.

Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il reconnut Amélia.

Il se précipita sur elle, bouscula son corps sans réaction, il détailla son visage, ses yeux ouverts ne bougeaient pas, son corps était déjà froid.

Son ventre était imprégné de son sang, et il devina une plaie où sa robe était déchirée.

« Blessure de sabre... »

Il ne mit pas longtemps à se dire que le traitre était également descendu dans la grotte. Il était ici, quelque part, il en avait la certitude. Mais il y avait tellement de monde qui était venu à l'intérieur, et beaucoup était encore à l'extérieur.... N'importe qui aurait pu faire ça.

Mais il était là quelque part. Et il ne faisait pas que les trahir. Il s'était mis à tuer également. Il devina qu'Amélia avait dû être une trop grande menace pour lui, elle et ses dons de visions.

Qu'avait-elle vu ou deviné ? Avait-elle vu son assassin ?

Il entendit les voix à nouveau tout près de lui.

Il ne pouvait pas rester près de son cadavre, personne ne l'aurait cru innocent. Il n'avait pas le choix, il devait la laisser là.

Malgré la culpabilité de laisser le corps d'Amélia ici, il espérait que d'autres tomberaient dessus.

Amélia aurait sûrement compris son geste, en tout cas, c'est ce qu'il espérait.

Il décida de reprendre sa route en sens inverse. Il marcha rapidement, mais fit plus attention à l'endroit où il mettait ses pieds.

Un frisson lui parcourut le dos en imaginant que le traître et désormais assassin était ici, et peut-être que même à cet instant, il était là, tapi dans le noir à l'observer.

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