Chapitre quatre : Le poids du passé
Quand je me réveillai, Natsu n'était pas là. Ma poitrine se serra brutalement, compressée par un choc émotionnel aussi injustifié que violent. La peur que je ressentis à cet instant me tétanisa. Ma respiration s'accéléra et échappa à mon contrôle. J'avais fait une crise d'angoisse la veille, chez le médecin, et voilà que cela recommençait. J'étais complètement démunie. La partie encore raisonnable de moi-même, cachée sous un océan de panique, se demanda alors ce qui avait provoqué cette crise d'angoisse. Était-ce une conséquence du traumatisme ou était-ce l'absence de Natsu ? Était-il possible que je sois devenue dépendante de cet homme en l'espace de quelques heures ?
Il suffit de quelques instants à Natsu pour apparaitre près de moi. Il posa sa main sur les yeux pour me plonger dans l'obscurité. Il avait su comprendre dès ma première crise d'angoisse que c'était le moyen le plus efficace pour que je commence à me calmer. A nouveau maitresse de mes mouvements, mes bras agrippèrent son bras. Le contact de sa peau me rassura immédiatement et je recommençai à respirer correctement. Une fois la crise terminée, je laissai ma tête tombée contre sa poitrine et il passa ses bras autour de moi.
- Je ne partirai plus, me promit-il.
Ce fut alors que je compris que c'était ce dont j'avais peur, qu'il disparaisse. C'était comme s'il était parti durant un long moment et que son absence m'avait rendue folle. J'avais l'impression qu'il y avait par rapport à l'absence de Natsu un traumatisme bien plus grand que mon agression. Je voulais des réponses tout en sachant que je n'étais pas encore prête à les entendre. Ce fut pour cette raison que je restais muette.
Le reste de la journée se déroula sans encombre. Comme la veille il m'aida à faire ma toilette. Il me força à manger avant de retourner me coucher. Cette fois, après avoir couvert mon corps avec la couverture, il vint s'allonger à côté de moi sur le lit. Je plongeai mes yeux dans les siens. Sans réussir à en réprimer l'envie, je posai ma main sur sa joue et la chaleur de sa peau se diffusa sur la mienne et bientôt sa chaleur m'envahit.
- J'ai extrêmement peur du feu, lui dis-je alors, mais depuis que je te connais je le trouve également absolument magnifique. Tu sembles être fait de feu.
- Est-ce que tu crois à la magie, Lucy ?
- Je crois qu'elle a existé un jour.
- Regarde.
Il posa sa main, paume vers le ciel, sur le couvre-lit entre nous. Au moment où mon regard se posa sur sa main, une minuscule boule de feu s'y forma. La sphère lumineuse tournait doucement sur elle-même. J'étais absolument fascinée.
- Avec moi à tes côtés, le feu ne pourra plus jamais te faire de mal. Je dévorerai pour toi chaque flamme hostile. Je ne te laisserai voir que le feu magnifique.
Mon pouce caressa doucement sa joue.
- Merci, murmurai-je sans que ce simple mot puisse traduire ce que je ressentais vraiment.
Il y avait quelque chose de magique chez Natsu, j'avais pressenti cette étincelle dès notre première rencontre et ce fut pour cette raison que je ne fus pas étonnée qu'il fut un mage.
- Depuis quand la magie a-t-elle disparue de ce monde ? me demanda-t-il.
- Quelque chose a dû se briser il y a cent cinquante ans, dis-je sans réfléchir. Ce n'est pas que l'air s'est déchargé des particules magiques, c'est simplement que les gens ont hérité des cœurs brisés de leurs ancêtres. Sans cœur comment pourrait-on pratiquer la magie ?
- Ton cœur est-il brisé ? me demanda-t-il.
- Je suis née avec le cœur brisé de mes ancêtres, confirmai-je. Mais j'ai l'impression qu'il se répare désormais.
Natsu sourit légèrement. Il posa sa main sur la mienne encore sur sa joue et éloigna cette dernière de son visage. Il serra doucement mes doigts et posa nos mains enlacées entre nous.
- Dors maintenant, me murmura-t-il. Je n'irai nulle part, plus jamais.
Je fermai les yeux. Alors que le sommeil commençait à m'envahir complètement, j'entendis Natsu murmurer :
- Je suis désolé d'avoir brisé ton cœur, Lucy.
Je ne sus, au réveil, s'il s'agissait d'un rêve ou de la réalité.
Deux semaines passèrent sans que Natsu ne me quitte une seule seconde. Je m'étais habituée à notre vie à deux au point que je cherchai, en vain, des excuses pour ne pas retourner travailler au musée. Mais il vint un jour où j'avais épuisé toutes mes excuses. Natsu me conduit lui-même jusqu'au musée. J'allais mieux désormais, assez bien pour pouvoir retourner travailler. Physiquement, tout allait pour le mieux. Mentalement, j'étais loin d'être guérie mais j'avais l'impression qu'avec Natsu à mes côtés rien ne pouvait m'arriver et il était capable de me calmer en cas de crise d'angoisse. Mais je ne serai guérie qu'une fois ma dépendance à Natsu disparue.
- Est-ce que tu t'y connais en objet magique, lui avais-je demandé un jour.
- Je n'en sais rien, m'avait-il répondu.
Comme il était capable de pratiquer la magie, je m'étais dit que peut-être il serait utile au musée, afin d'éclaircir les zones d'ombres planant autour de la majorité des objets exposés. Je cherchai par tous les moyens de le garder à mes côtés. Nous avions initialement décidé qu'il resterait avec moi jusqu'à ce que mon corps se rétablisse assez pour que je puisse être autonome. Pour moi, les choses avaient changé mais j'ignorai s'il en était de même pour lui. Même s'il m'avait dit qu'il ne me laisserait plus jamais seule, j'avais toujours la peur que nous n'entendions pas la même chose par là. Peut-être qu'à ses yeux cela n'impliquait que des rencontres régulières sans pour autant que nous vivions ensemble.
Me replonger dans le travail m'aida à oublier mes problèmes. L'accueil chaleureux que m'avaient réservé mes employés m'avait fait chaud au cœur. Mon remplaçant avait été plus qu'heureux de me laisser réinvestir mon bureau. J'avais laissé Natsu avec l'employé en charge de la réserve pour qu'ils découvrent ensemble s'il pouvait être d'une quelconque aide.
Au milieu de l'après-midi on m'annonça que de nouveaux objets étaient arrivés au musée. Incapable de me rendre à la réserve devant laquelle j'avais été agressée, on m'avait emmené lesdits objets dans mon bureau. Seul un carnet à la couverture de cuir attira mon attention. Je l'ouvris avec précaution et j'écarquillai les yeux en voyant ce qui y figurait.
Lucy Heartfilia.
Mon incompréhension provoqua l'incompréhension de mon employé.
- Je pensais que vous les reconnaîtriez, me dit-il. Ils ont été trouvés dans votre demeure familiale.
Je n'avais aucune idée que nous possédions de tels objets. Je n'avais jamais entendu parler d'un carnet appartenant à Lucy Heartfilia.
- J'ai besoin d'être seule pour me remémorer ces objets, mentis-je à mon employé pour lui intimer de partir.
Une fois seule, je tournais la page du carnet de mon ancêtre.
« Il ne se passe pas un jour sans que je regrette d'avoir réécrit le livre. Je ne cesse jamais de repenser à ce que j'ai fait et à ce que j'aurais pu faire. Parfois, je me dis que j'aurai dû le laisser mourir. Il ne voulait pas mourir mais la mort n'est-elle finalement pas un meilleur endroit que celui où il se retrouve piégé ? A-t-il froid là-bas ? Dans la mort, nous aurions pu être réunis. Nous aurions pu... Il ne passe pas un jour sans que je regrette d'avoir réécrit le livre et d'avoir tué ce si bel amour que nous n'avons jamais pu nous dire. »
- Lucy.
Je fermai le carnet et levai les yeux vers Natsu. Je me rendis alors compte que je pleurais.
- As-tu déjà eu froid ? lui demandai-je sans avoir le contrôle de mes propres mots.
- Oui, me répondit-il, j'ai eu très froid, pendant très longtemps.
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Voilà pour ce quatrième chapitre :) J'espère qu'il vous aura plus. N'hésitez pas à commentez pour m'indiquer ce qui vous plait ou ce qui ne vous plait pas afin que je puisse m'améliorer !
Bisous,
Vivienne.
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