-Lucie ! crie une vieille femme au teint abîmé par les années; débout ! C'est l'heure !
Dans la chambre, à l'étage, la jeune fille marmonne quelque chose d'incompréhensible, puis, d'un coup, ouvre les yeux, saute sur ses pieds, et court au rez-de-chaussée en robe de chambre.
- Ce n'est pas trop tôt ! s'écrie la vieille.
- Je suis vraiment désolée Gertrude. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil hier soir...
- Encore tes cauchemars ?
- Oui mais ce n'est pas ce qui me trouble... depuis une semaine, le clocher de la cathédrale a cessé de sonner et... depuis trois jours, j'entends des grincements et des hurlements atroces la nuit... ils viennent du haut de Notre-Dame...
- Tu devrais mettre des bouchons de cire, ça devrait t'aider... maintenant, file !
- Oui Gertrude !

Elle remonte dans sa chambre, en redescend portant son uniforme et son sac, quoiqu'un peu décoiffée et s'en va à toute vitesse à l'école de filles de l'Île de la Cité.
Ce jour du 3 mars 1953 s'annonce bien, le soleil brille désormais.

Lucie descends l'avenue et court jusqu'à un haut bâtiment austère devant lequel se trouve une file de jeunes filles en uniforme bleu et blanc qu'elle s'empresse de rejoindre. Arrivée en classe, elle ouvre son cartable et sourit: Gertrude à glissé un mot entre ses cahiers:

Ma petite Lucie, lorsque tu rentreras, je serai certainement au marché. J'ai reçu ce matin un lettre de tes parents. Ils ont envoyé l'argent pour ton école et tu pourras les rejoindre à la campagne pour les vacances de printemps.
Travaille bien.
Gertrude.
Lucie esquisse un sourire, range la lettre et sort ses affaires.
La journée va être longue...