CHAPITRE 5

-《Comment tu me trouve?》

Eleanor sort de la cabine d'essayage et tournoie dans sa robe de soie rouge. La couleur met sa peau pâle en valeur et lui donne de magnifiques reflets multicolores.

-《Magnifique, comme toujours. Cette robe te va à merveille.
-Merci! Il y a la même en bleu si tu veux. Elle s'accorderait avec tes yeux. Et puis le bleu a comme atout de mettre en valeur les brunes!》

Elle me tent un cintre sur lequel est suspendu la tenue. J'en tombe amoureuse au premier regard et décide de ne même pas l'essayer.

-《Tu es sûre?
-Sûr et certaine. Nous n'avons pas le temps.
-Tu as raison. Je te rejoins à la caisse dans deux minutes!》

Je hoche la tête et me dirige vers la caisse pour payer mes quelques articles puis je m'installe sur un banc en attendant la blonde. Au dehors, la nuit commence à tomber et les piétons se font de plus en plus nombreux. La plupart des gens entrent dans les bars et les boîtes de nuits, d'autres encore dans les hôtels.

Pour une fois, j'ai préféré aller à Olympia plutôt qu'à Port Angeles. C'est en partie dû à Eli mais pas seulement. J'avais besoin de m'aérer un peu l'esprit, de faire les boutiques avec quelqu'un. Et pour moi, "shopping" rime depuis longtemps avec "Eleanor", comme "sérieux" avec "Coraline".

Après que ma sœur adoptive ait payé tout ses articles, nous sortons et décidons de rentrer directement à la maison. Malheureusement, nous sommes obligées de prendre un taxi car nous ne pouvons pas prendre le risque de passer par les territoires des loups-garous. Le trajet semble durer une éternité mais nous finissons par arriver à destination sans encombre. Même si j'avoue avoir eu du mal à ne pas égorger le chauffeur qui sentait vraiment bon.

-《Vous voilà enfin! s'exclame Augustus lorsque nous entrons. Vous en avez mis du temps!
-Presque autant que toi lorsque tu es dans une librairie, je rétorque. Du nouveau pendant notre absence?
-Nope. De toute manière, que veux-tu qu'il se passe dans un coin aussi paumé?
-Je parlais de nouvelles par rapport aux nouveaux-nés gros bêta!
-Ah ça? Je ne crois pas. En tout cas, les yeux jaunes n'ont rien fait parvenir.》

Je pose les sacs sur la table et m'installe sur le canapé à côté de mon frère. Je remarque alors les quelques taches recouvrant sa chemise blanche.

-《Toi, tu es allé chasser!
-Et pas que du puma, si tu vois ce que je veux dire. Une délicate petite lycéenne égarée...il n'y a rien de mieux.
-Une lycéenne?! Pas d'ici j'espère?
-...
-OH MON DIEU! Ça t'arrive de réfléchir?
-Ça va, ça va. Elle était de Port Angeles. Son prénom commençait par un R je crois...Rachel ou...Riley?》

Je lève les yeux au ciel et me mets à zapper sur la télévision jusqu'à trouver un vieux feuilleton des années 50. J'entends Eleanor et Augustus discuter à côté de moi mais n'y prête qu'une oreille distraite. Au final, je décide de monter dans ma chambre.

-《Tu montes déjà?
-Euh...ouais. Je vais peindre un peu.
-À demain alors!
-À demain!》

☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆

Je me plonge lentement dans mon bain, profitant de l'effet de l'eau brûlante sur ma peau. La mousse camoufle mon corps nu tandis que j'ouvre un magazine à une page au hasard en sifflotant.
Mon bain, c'est mon petit moment. Ça l'a toujours été, même lorsque j'étais humaine. Un moment avec pour seule compagnie mes pensées. Je prends une poignée de mousse scintillante et souffle dessus. Elle s'envole à travers la pièce, se mélangeant à la vapeur d'eau ambiante.

Lorsque l'eau refroidit, je sors de la baignoire, me ressuie avant d'enfiler un peignoir de satin blanc et de m'attacher les cheveux.

Après ça, je m'installe devant une toile vierge, sors tout mon matériel et commence à peindre. Petit-à-petit un paysage prend forme, je rajoute des nuances, des ombres. Un joli champs apparaît, avec une maisonnette en son centre puis je passe à un autre plus grand pour qu'il me prenne toute la nuit.

Je suis en train de déposer les couleurs nécessaires dans une palette lorsque j'entends du bruit à l'extérieur. Je n'y fais guère attention, et continue mon chef-d'œuvre tranquillement.

Un autre bruit retentit quelques minutes plus tard, ce qui me fait ronchonner. Ces humains ne peuvent-ils pas arrêter de faire un boucan pareil? C'est vraiment agaçant. À croire qu'ils n'entendent pas le bruit qu'ils font.

Une dizaines de minutes s'écoulent tranquillement sans encombre ce qui me permet de me concentrer sur ma peinture. Enfin jusqu'à ce que j'entende ma fenêtre s'ouvrir et un individu atterrir adroitement sur le plancher. Je soupire et ne prends même pas la peine de me retourner pour demander:

-《C'est toi Augustus?
-Non, me répond une voix grave. C'est Jasper.》

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