Dear Devil [Chapitre 1]
Idée le 24/05/2017
Écrit le 01/08/ 2017
Cette Terre a connu de nombreuses choses. Aussi bien la Vie que la Mort. Elle a commencé avec la nature. Elle régnait, s'étendait, évoluait avec ses cours d'eau, ses forêts à pertes de vue, ses montagnes dominantes, son Ciel d'un bleu clair quand le Soleil naissait. La fleur, la chaleur, l'humidité et la neige se battaient pour savoir lequel devait rester mais ils trouvèrent un compromis. Ils restaient chacun pendant une longue période puis s'échangèrent les rôles. Puis l'animal est arrivé. D'abord en tant que sauvage, puis l'être humain est apparu, doté de langage et de pensée, et il a tout détruit sur son passage au fil du temps. Puis des choses ont commencé à être créée, la civilisation se faisait, détruisant tout ce que la Nature avait construite. L'Homme s'était approprié la Nature. Un jour, l'Homme s'est rendu compte qu'il pouvait tuer. Les guerres éclatèrent au fil des siècles, poings, épées, fusils, bombes. Ils étaient devenus des tueurs nés.
Il y a 12 ans, les choses ont commencé à se corser. Ils ont attaqué la liberté de l'expression, puis un an plus tard, ils se sont pris à des personnes qui s'amusaient en écoutant de la musique. Puis à pleins d'autres pays. L'année suivante, la même chose. Ils ont osé s'attaquer aux enfants. C'est là où les gens se sont mis à se révolter. Les bonnes personnes. Depuis ses dix dernières années, les attentats sont toujours aussi présents. Il y en a partout, chaque jour. Si vous voulez, c'est comme un Déluge. Mais l'Eau est remplacée par le Sang, et cette fois-ci, il n'y a aucun bateau de secours. Oui. C'est l'Apocalypse. Les familles s'enferment maintenant dans leur maison. Tout le monde a des armes, c'est devenu obligatoire. Il y a des jours, on ne nous sommes pas touchés, mais tout dépend. Malgré tout, les gens essaient de sortir quand même. Les élèves vont en cours, les parents au travail. Les directeurs et les chefs d'entreprises ont tous une mitraillette cachées sous leur bureau ou à porter de main. On ne sait jamais après tout. Je crains qu'une nouvelle attaque se produise puisque cela fait plusieurs jours que c'est « tranquille ». Bref.
Nous étions en train de manger nos sandwichs ou nos boites de conserves froides. Il n'y a presque plus rien dans les magasins. Ils bloquent tout. Je mangeais tant bien que mal le dernier bout de mon sandwich au jambon beurre. Il était sec, à moitié chaud. C'était pitoyable. Les gens étaient silencieux. Comme si c'était nouveau. Ben, mon petit ami, et oui, l'Amour existe encore malgré la chance qu'on a, était en train de faire une partie de morpion sur la terre sèche avec l'un de ses amis. Même si les émotions et les sentiments existaient toujours, les gens devenaient de plus en plus des... Robots ? Ils avaient de moins en moins d'émotions dans leurs yeux au fil des semaines. Je craignais qu'on devienne tous des automates sans cervelle ou pire des zombies.
J'aperçois un SDF sorti de nulle part courir en notre direction. Je ne dis rien. Il pique la veste de l'ami de Ben ainsi que sa bouteille d'eau puis s'en va en courant. Celui-ci se lève, le visage presque rouge.
« Reviens ici espèce de connard ! » hurle-t-il.
Je secoue la tête, soupirante, désespérée par cette situation.
« C'est révoltant Cameron » dis-je.
Il se tourne vers moi, levant un sourcil, croisant ses bras contre son torse non musclé.
« C'est toi qui dis ça ? Je te rappelle, ma chère Héla, que nous vivons dans un monde où la pitié n'existe pas. T'arrête pas de le répéter. Chacun pour sa pomme. »
L'humain est devenu si égoïste. Je jette un regard un Ben qui hausse simplement les épaules. J'insiste lourdement. Il finit par rouler des yeux, le faisant exprès devant moi, puis donne une tape amicale sur le genou de Cameron.
« Calme-toi vieux, deviens pas fou comme les autres. »
Ce dernier fait les gros yeux. Il serre ses poings puis efface d'un coup de pied le morpion sur la terre sèche. Il s'éloigne, grommelant, menaçant. Je finis par me lever. À cette heure-ci, les cours étaient terminés. J'allais rentrer chez moi avec Ben. Je mets mon sac par-dessus mon épaule. On se donne la main et on s'éloigne des autres. Les rues étaient si vides. Des bouts de journaux volaient dans tous les sens. Le gros cliché. Après quelques minutes nous arrivons. La maison se situait en face d'une ancienne droguerie complètement abandonnée, depuis des années. Le chien des voisins se met à aboyer contre la barrière. Grognant, menaçant (tient tout comme Cameron). Ben se met à rire.
« Il a un air de famille avec Cameron. »
J'allais le dire. Copieur. Je tourne la clef dans la serrure et jette un œil à Molosse (le chien).
« Il devrait pourtant être gentil avec nous, on lui donne de quoi le rassasié. S'il continue, on va finir par le manger. » dis-je.
Nous rentrons. Ben pose son sac.
« De toute manière, il n'a plus de maître. »
Le sourire que j'avais au visage disparaît lentement. Je pose mon sac sur le canapé, ferme les portes puis balaie la pièce du regard. Effectivement. Les adultes étaient partie à la « révolte » (pour ne pas dire guerre). Je n'avais plus aucune nouvelle de mes parents depuis des années. Ils étaient peut-être morts. Je m'affale dans le canapé, regardant le sol. Quand je sens la main de Ben sur mon épaule, s'asseyant à côté de moi, je ne réagis pas.
« Ben... Tu crois qu'il n'y a vraiment pas de solution ? »
Il me regarde, tournant sa tête furtivement. J'insiste une nouvelle fois sur son regard. Il penche légèrement la tête puis soupire, prenant ma main.
« Héla, recommence pas, on en a déjà parlé. »
Je retire ma main, et me lève, faisant les cent pas.
« Mais justement Ben ! Si les gens ont écrit des histoires sur des sorciers genre Harry Potter ou sur des créatures du genre Edward Cullen, c'est que ça doit forcément exister. Je suis sûr qu'on peut combattre le Mal par ce genre de chose. »
« Hélà arrête tes conneries, t'as lu trop de livres et t'as vu trop de films quand tu étais gosse. On a plus l'âge de jouer (il se lève, ouvrant les rideaux en grand). Regarde, dehors c'est le bordel. Il n'est plus temps de jouer. Il faut se comporter comme des adultes maintenant. Tu comprends ? »
Je lève les yeux au ciel. Il se rapproche de moi et essaie de m'embrasser mais je le repousse, attrapant mon sac et partant vers la porte d'entrée.
« Écoute, je reviens. »
« Tu vas où ? » demande-t-il alors que j'ouvrais la porte.
Je me tourne lentement vers lui avec un petit sourire ironique.
« M'enfermer dans mes « conneries » comme tu le dis si bien. »
Il soupire. Je le vois essayer de me retenir mais je ferme la porte. Il savait très bien où j'allais : à la bibliothèque. En effet, Ben, il était temps de grandir.
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