Chapitre 12 : Thylane
un long chapitre pour pardonner mon retard ! j'espère que vous allez tous bien, bonne lecture 💛
-----------------
Cette soirée n'était finalement pas si pourrie. La vérité, c'était que Thylane appréciait ce moment passé en compagnie de Sam - eh oui, qui l'aurait cru. Au début, venir ici était pour eux comme un défi, mais finalement, ils n'arrêtaient pas de rigoler ensemble. Actuellement, ils étaient assis sur le canapé et se moquaient des gens complètement bourrés autour d'eux. Rester sobre pendant les soirées et voir les autres déchaînés, c'était quelque chose à faire au moins une fois dans sa vie.
« Ces deux-là, je pense que c'est la première fois qu'ils se voient, analyse Thylan en pointant du doigt un garçon qui tentait timidement de danser avec une belle brune.
- Je suis sûre qu'elle va le recale, ajouta Sam.
- Regarde, elle vient de lui chuchoter un truc, du genre « J'ai un gars, déso », confirma Thylane. »
Elle échangea un regard suspicieux avec Sam avant qu'ils n'éclatent de rire en chœur. Soudain, Sam reprit un air sérieux et chuchota :
« Oh, putain. Regarde, Matth approche Olenka. »
Thylane fronça les sourcils.
« Et...?
- Ils étaient ensemble l'année dernière, expliqua t-il. Et, gros connard qu'il est, il l'a trompée.
- Quoi ?! s'écria Thylane. C'est une blague ? Matth est un amour.
- Alors là, c'est la meilleure ! »
Le visage de Sam s'était renfermé et transpirait une certaine... Colère ? Pourquoi cela le touchait-il tant ?
« Il l'a trompée avec qui ? demanda Thylane, hésitante. »
Sam ne répondit même pas. Son regard semblait déjà appartenir à quelqu'un d'autre. Thylane le suivit. Sam fixait une tornade blonde en plein déhanché avec ses copines sur la piste. Lili.
Thylane avait tout de suite remarquer le lien étrange qui unissait les deux adolescents. Elle n'osait pas demander à Sam ce qu'il était passé entre eux, de peur de passer pour la grosse forceuse qui se mêlait de tout et de rien. Pourtant, quand elle remarqua l'intensité avec laquelle Sam contemplait Lili, elle se jura de découvrir ce qu'il s'était réellement passé entre les deux. Soudain, Lili se retourna et l'espace d'un instant, son regard croisa celui des Sam et les deux semblèrent s'en aller dans une autre dimension. Et puis Lili fit volte-face.
Thylane ne put s'empêcher de demander :
« Pourquoi tu l'as fixée comme ça ? T'es flippant.
- Elle boit trop. Elle est complètement ivre. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur. »
Sam commençait déjà à s'en aller. Thylane le retint, perdue.
« Euh, attends, tu fais quoi, là ?
- Je vais la voir, expliqua Sam d'un air soudain froid et sans appel.
- Hein ? Mais tu peux pas me laisser ! »
Sam grimaça mais la détermination ne quitta pas son regard.
« T'inquiète... Je dois juste la voir, je reviens vite, promis. Ne fais pas cette tête de perdue, rit-il.
- Tu me laisses toute seule en plan avec plein de gens bourrés autour, bouda Thylane. »
Elle le cachait très bien, mais son cœur battait la chamade. Elle était à deux doigts d'exploser.
« Oh, Thylane. Je t'adore, tu sais, soupira Sam avec une spontanéité adorable. »
Il joua un instant avec une mèche de cheveux de Thylane avec un petit sourire. Et Thylane sentir son cœur s'emballer, tout soucis envolés. Qu'est-ce qu'il venait de dire ?!
Elle resta statique, les bras ballants, alors que Sam rejoignait déjà Lili. Thylane frissonna. C'était bête, après tout, c'était des simples paroles qu'on disait à un ami. Mais venant de Sam, Sam qui était si pudique sur ses émotions, elle se sentait vraiment touchée. Quelle fragile, songea t-elle, amusée. Tu parles d'une fille froide qui s'en fout de tout.
Soudain, un grand brun la bouscula et brisa cet instant de suspend. Dans son élan ivre, il renversa son verre sur Thylane. Elle se figea.
« Désolée, souffla t-il en la collant pour s'excuser. »
Aussitôt, Thylane se sentit suffoquer. Elle haïssait qu'on la touche de cette façon, d'autant plus venant d'un inconnu. D'abord tétanisée, elle se dégagea violemment en pestant :
« Dégage ! Et fais attention, connard ! »
Les mots sortirent de sa bouche sans qu'elle ne puisse les peser, à son grand dam. Le brun fronça les sourcils et s'éleva pour la dominer de toute sa hauteur. Et Thylane se sentit si petite, si vulnérable. Apeurée, elle sentit les moindres membres de son corps commencer à trembler. Le gars la secoua, inconscient de ses gestes que Thylane percevait terriblement violents :
« T'es folle, calme-toi, articula t-il.
- Lâche-moi, parvint à souffler Thylane. »
Et heureusement, il la lâcha. Il leva les mains au ciel comme pour s'excuser avant de retourner dans sa démarche trébuchante. Le souffle court, Thylane s'empressa de sortir dehors pour prendre l'air. Je déteste les soirées. Comment est-ce que j'ai pu faire moi aussi partie de ces ivrognes inconscients ? J'étais si stupide.
Si innocente.
Les regrets lui nouèrent l'estomac alors qu'elle grelottait. Il y avait quelques personnes qui fumaient à côté d'elle, mais elle n'avait aucune envie de se mélanger. Honnêtement, elle avait juste envie de rentrer chez elle. Elle se sentait tellement oppressée. Elle n'était pas à sa place.
Thylane finit par sentir les regards du groupe d'ados sur elle et elle sortit son portable pour « faire genre ». Évidemment, plus de batteries. Je déteste les iPhone. Thylane soupira et abandonna l'idée de se donner une image de « busy », elle se contenta de s'assoir sur une chaise et de fixer la table. Elle ne savait pas trop ce qu'elle comptait faire.
« Salut... Thylane, c'est ça ? »
Thylane tourna la tête. Léo avait quitté le groupe des fumeurs pour la rejoindre. Toujours un peu troublée, elle hocha la tête d'un air bête.
« Qu'est-ce que tu fais la, toute seule ?
- Pourquoi est ce que les gens sont toujours autant surpris de voir des gens seuls ?
- Tu veux qu'on se lance dans un débat philosophique ? rit-il.
- Ça m'étonnerait que ce soit ton genre, marmonna Thylane. »
Léo parut surpris de sa froideur. Mais Thylane avait des raisons de se comporter ainsi. Déjà, elle n'appréciait pas la façon dont il se comportait avec Farah. Elle se rappelait très bien comment Farah, véritable rayon de soleil, s'était effondrée dans les toilettes du bar suite à l'attitude de Léo. Thylane pensait avoir bien cerné le personnage. Léo était un petit con imbu de lui-même qui pensait que le monde tournait autour de sa personne et qui était profondément égoïste. Pas question qu'elle s'associe à ce genre de gens. De toute façon, ce n'était pas comme si sa nature la poussait à être aimable avec les gens. En fait, en y repensant, seuls Sam et Farah avaient vu ce qu'il se passait sous sa carapace.
« Pourquoi t'es toujours autant sur les nerfs ? soupira Léo. Ça donne vraiment pas envie d'aller vers toi.
- Je me passe de la compagnie des gens comme toi, rétorqua Thylane, inexorablement sur la défensive.
- Des gens comme moi ? répéta Léo. Sympa, le jugement. Moi qui pensais que t'étais différente de tous les gens de Jeanne d'Arc. »
Il accompagna ses mots en posant sa main sur l'épaule de Thylane. La brune se crispa.
« C'est ça, fais-moi croire que je suis spéciale, pesta t-elle.
- T'as un problème, soupira Léo en s'éloignant. Je sais pas pour qui tu me prends, mais t'es complètement parano.
- Ouais. Alors laisse-moi, s'il te plaît. »
Le pire, c'était que Thylane ne se donnait pas un genre ou quoi, comme Léo semblait le penser. Ses barrières naturelles reprenaient simplement le dessus. La soirée, l'alcoolisme... Autant d'éléments qui la mettaient dans un état de tension. Léo s'en alla et Thylane sentit qu'elle commençait à suffoquer. À côté d'elle, le groupe de fumeurs la toisait avec un certain dédain et elle entendait leurs remarques peu élogieuses à son égard.
J'ai besoin d'air.
Le problème, c'était qu'actuellement, le seul endroit où elle pensait retrouver de l'air était Sam. D'où venait ce lien si bizarre qui les unissait ?
Se sentant soudain étouffée en plein air, Thylane retourna précipitamment à l'intérieur. Elle fouilla le salon du regard à la recherche de Sam et bouscula quelques ivrognes lorsqu'elle le remarqua finalement. Il était toujours avec Lili et revenait visiblement de l'autre côté du jardin. Elle fronça les sourcils. Les deux avaient l'air bien ébranlés. Sam avançait en tenant la main de Lili. Ils allèrent dans un recoin de la pièce avant de s'enlacer. Lili fourra sa tête dans l'épaule de Sam, qui lui caressa le dos de la main. Bizarrement, cette image déplut fortement à Thylane. Elle ne comprenait pas. Lili était odieuse et détestable, et Sam avait toujours prétendu être d'accord avec elle sur cet aspect. Pourquoi il faisait ami-ami avec elle ? Voire plus ? C'était bête, mais dans l'état où elle était, Thylane se sentait conne et trahie.
Elle aurait pu s'en aller. Mais elle ne put résister à l'envie d'aller confronter les deux adolescents. Elle détestait cette situation, ne pas comprendre ce qu'il se passait entre deux personnes. Alors la brune se faufila entre les gens bourrés jusqu'à ce qu'elle rejoigne Sam et Lili. Thylane se planta face aux deux mais n'obtint aucune réaction. Ils ne remarquèrent même pas sa présence. La brune tapota l'épaule de Sam. Elle était incapable d'expliquer pourquoi elle tenait à tant à ce que ce câlin se finisse. Parce que je suis venue avec Sam. Et parce qu'on devait passer la soirée ensemble. Et parce qu'il ne me calcule plus pour Lili. Alors qu'il est censée la detester.
Cela faisait-il de Sam un hypocrite ?
« Quoi ? aboya aussitôt Lili lorsqu'elle reconnut Thylane. »
La brune remarqua que les yeux de la blonde étaient luisants de larmes. Elle aurait pu profiter de cet instant de faiblesse, après l'altercation qu'elles avaient eue dans le self. Mais elle ne fit aucun commentaire. En fait, elle se retrouva simplement bête face aux deux adolescents. Pourquoi était-elle venue interrompre leur câlin ? Était-ce une sorte de jalousie, ce sentiment enflammé qui bouillonnait en elle ?
Thylane se sentait perdue.
« Putain, Thylane, casse-toi, s'il-te-plaît. Tu vois pas qu'on parle ? lui reprocha encore Lili. »
Thylane ignora la colère de Lili et se contenta d'observer la réaction de Sam. Elle lui envoyait clairement des appels à l'aide. Elle avait besoin de sa présence, là, maintenant, tout de suite. Il ne pouvait pas la laisser tomber pour une fille qui prétendait détester.
« Elle a raison. S'il-te-plaît, Thylane, murmura Sam avec un peu moins de combativité. Laisse-nous.
- Super, merci, Sam, lança Thylane d'une voix tremblante de colère. Sympa la soirée. Heureusement qu'on a dit qu'on la passerait ensemble et qu'on se laisserait pas en plan. »
Sam ne répondit même pas et se retourna vers Lili. Outrée, Thylane dut se retenir de lui balancer un verre en pleine gueule. Elle était à deux doigts de la crise d'angoisse, et personne ne pouvait la comprendre. De base, elle devait passer la soirée avec Sam avant de se barrer rapidement. Et maintenant, ce dernier la rejetait et elle était en proie à ses anciens démons.
Son cœur se serra. Elle avait besoin d'un remède, et puisque Sam n'était pas prêt à le lui donner, elle avait une petite idée pour en trouver un autre. Un remède qu'elle connaissait bien, peut-être un peu trop.
Thylane retourna vers la table où gisaient quelques bouteilles d'alcool. Un peu, voire peut-être beaucoup de vodka ne lui ferait pas pas de mal. Thylane s'efforça d'ignorer les flashs qui lui revenaient violemment en tête.
Encore un verre, Thy !
Cul sec !
Comment avait-elle pu tomber si bas ?
Et elle y retournait tête la première.
Après quelques verres, elle sentit que l'alcool faisait délicieusement son travail. Sa tête lui semblait plus légère et le monde paraissait doucement tanguer autour d'elle. Ravie, sans plus aucune retenue, elle continua d'enfiler les verres. Pour oublier ce qui l'avait amenée à en arriver là. Pour oublier que Sam se foutait ouvertement de sa gueule. Pour oublier qu'elle était seule. Pour oublier qu'elle était face à elle-même.
Pour oublier son putain de passé.
Thylane commença à onduler doucement sur la musique, presque inconsciemment, son verre en main. The Hills vibrait en elle et elle ne tarda pas à rejoindre la foule dansante. Comme c'était agréable, de s'amuser seule et de ne calculer personne autour de soi.
Soudain, quelqu'un lui attrapa la main. Thylane tenta de reprendre ses esprits. Matth était planté face à elle, un sourire amusé aux lèvres.
« Dis donc, tu t'es mise bien.
- Ouais... sourit Thylane avec ce sourire débile qu'avaient les gens bourrés.
- Qui t'a brisée le coeur ? plaisanta Matth. »
Allez, remue le couteau dans la plaie. Thylane était dans un tel état de légèreté qu'elle se confia sans hésiter :
« Ce connard de Sam. On s'était dit qu'on passerait la soirée ensemble vu qu'on connaissait pas les gens, et il m'a laissée en plan pour Lili alors qu'il est censé la détester. Tu te rends compte, il m'a même dit de me casser ! Je sais que je devrais pas prendre ça à cœur, mais il comprend pas. J'ai besoin d'avoir quelqu'un à côté de moi. Je revois tout, sinon.
- De quoi tu parles ? demanda Matth en fronçant les sourcils, perdu.
- Rien, laisse tomber. T'es vraiment un mec trop cool, Matth. T'es super sympa. Je t'adore. »
Thylane lui fit un câlin spontané et Matth demeura tellement surpris qu'il resta les bras ballants. Ce n'était pas grave. Thylane voulait juste sentir qu'elle n'était pas seule.
« T'es pas seule, protesta Matth. Tu pourrais aller avec Farah et tout, tu sais.
- J'aime bien Farah, mais je suis pas du tout du même délire que ses potes. Et j'aime pas faire semblant. Et j'aime pas me sentir de trop, avoir l'impression de déranger. Alors je préfère être seule. Sauf que j'aime pas être seule, parce que je m'aime pas. Je suis pas capable d'apprécier ma propre compagnie, je suis nulle. Alors je suis triste. Thylane fixait Matth avec de grands yeux débordant de sincérité et qui n'avaient plus aucun filtres. Te moque pas de moi, les confidences des gens bourrés sont les plus vraies.
- Je me moquerais jamais de toi, promit Matth, et il la prit dans ses bras à son tour. »
Thylane soupira de soulagement. Nouvel avantage à l'ivresse, elle était beaucoup plus réceptive aux contacts physiques, qu'elle fuyait en temps normal. Elle sentit une paire d'yeux sur elle et demanda sans réfléchir :
« Olenka nous regarde comme si elle voulait nous tuer. Tu sais pourquoi ? »
L'expression de Matth changea du tout au tout. Il se retourna vers Olenka avant de souffler :
« Ouais, je sais. Laisse tomber, fais juste... Pas attention à elle.
- Elle a l'air triste, remarqua Thylane. Et seule.
- Oh, t'inquiète, son prince Nathan va venir à sa rescousse, ricana Matth d'un ton étonnamment mauvais.
- T'es jaloux.
- Non.
- C'était pas une question. Ça se voit, répliqua Thylane. J'ai entendu que vous étiez ensemble l'année dernière. Apparemment tu l'as trompée, mais j'y crois pas, t'es un chic type. Tu devrais aller la voir, si tu l'aimes.
- Ouais, tu sais quoi, laissons tomber. Arrêtons de nous prendre la tête avec nos merdes. On va profiter du reste de la soirée comme il se doit. »
Et Thylane acquiesça avec enthousiasme. Elle ne réfléchissait même plus. Elle avait déjà oublié Sam et ses soucis. Elle se sentait si bien avec un peu d'alcool dans le sang. Peut-être que c'était ça, la solution à ses problèmes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top