Le père fouettard

- Alors comme ça, tu me comprends.

Un chauffard me dépassa. Mon instinct bestial me susurrait de mettre les gaz, dans l'unique but de le semer, jusqu'à ce que ma rabat-joie de conscience prît le dessus.

Le néant de sa réponse me poussa à épier la banquette arrière. La fausse muette m'observait. Tout simplement. Elle s'était de nouveau emmitouflée sous la couverture, le visage orienté vers l'avant du véhicule. Son attention était tantôt accaparée par moi, tantôt par le tableau de bord aux multiples symboles. Le reste de sa vigilance était dédié à mes coups de volant répétifs. Je devinais que, sous cette fausse curiosité technologique, se cachait le souhait d'ignorer les affiches.

- Tu me comprends, mais tu ne veux pas parler, déduisis-je en m'engageant sur la seconde bretelle qui menait vers les sentiers battus. Cela change tout...

La voiture s'engouffra dans l'allée forestière, très peu distincte de la verdure abondante des lieux. Des mouvements d'herbes m'informèrent de la fuite de rongeurs. Cette constatation me mit l'eau à la bouche. J'étais affamée. Il me fallait de la viande. Crue.

La chasse s'imposait.

Je me garai au niveau de cette même souche, là où mes roues avaient antérieurement marqué le sol. Une fois fait, je sortis le sac-à-dos du coffre et ouvris la portière à l'attention de l'ange. Ce-dernier mit quelques secondes avant de satisfaire mes attentes. Elle quitta enfin son cocon de fortune, me laissa approcher pour la détacher, avant qu'elle ne posât d'elle-même un pied nu sur la terre humide. Un bruit de succion retentit, alertant les oiseaux. Ils cessèrent de chanter.

Elle laissa ses yeux inspecter les moindres détails qui nous entouraient, la main encore accrochée à la portière. Comme pour conserver une attache avec ce qu'elle connaissait, un filet de sécurité illusoire.

- Aujourd'hui, je vais te présenter à une partie de ma meute.

Étant donné qu'elle m'arrivait au niveau des pectoraux, je dus faire un pas en arrière pour favoriser la communication.

Son air stupéfait me figea. L'instant d'après, l'une de ses mains crocheta mon bras droit, qu'elle découvrit en remontant la manche du tee-shirt. Les saccades qu'effectuèrent ses iris, en scannant le tatouage du regard, me revigorèrent tout bonnement. Elle n'appartenait donc pas aux jeunes générations. Celles qui n'avaient pas encore assez avancé dans leurs études pour évoquer le cas des loups-garous.

Certains anges ne nous avaient jamais vus, en chair et en os. Ne connaissaient même pas nos existences. Après tout, seuls les anges-gardiens étaient en contact direct avec nous, à l'époque où le peuple des anges se portait bien. C'était avec eux, que nous travaillions. Il n'était, par conséquent, pas primordial, pour les autres, d'en savoir plus sur nous. Ils étaient bien trop occupés à protéger le Paradis des démons, gérer leur territoire ou à accueillir les bonnes âmes parmi eux.

Elle lâcha la portière pour agripper mon second poignet.

- Toi être Défenseur, s'extasia-t-elle.

Défenseurs, synonyme de loups-garous. Les êtres célestes nous désignaient de la sorte. Nous défendions l'Humanité contre le Mal.

Ma tête confirma mécaniquement, tandis que mon cerveau sidéré ressassait la douce mélodie que venaient d'émettre ses cordes vocales. Son accent avait transformé ma langue en une sorte de symphonie qui la rendit pratiquement méconnaissable.

Elle n'était pas un ange-gardien, c'était certain. Ces anges spécialisés savaient bien mieux maîtriser la langue que les autres. En somme, elle disposait de bases langagières terriennes, connaissait mon espèce, n'était pas si jeune, mais maladroite ; ne possédait pas d'auréole, ni de plumes aussi larges que celles d'un ange moyen. Toutefois, ses outils de vol étaient plus fournis que la normale.

- Tu n'es pas un ange commun, répliquai-je en l'observant s'accrocher à moi, telle une naufragée voguant sur une mer déserte.

Elle se raidit. Un silence de vingt secondes suivit ma déduction, durant lequel je supposais qu'elle cherchait ses mots. Mais son cœur battait vite, très vite.

- Apprentie. Moi pas encore auréolée par Déesse, débita-t-elle, de façon hachée, en appuyant chaque syllabe par un mouvement de tête appuyé.

J'en demeurai abasourdi. Une apprentie. Ma main libre passa sur le début de barbe qui piquait mon menton. Je n'avais, jusqu'à présent, jamais entendu ce terme. Il fallait dire que la Déesse protégeait ses jeunes au maximum. Loin des guerres, loin du danger démoniaque.

Je retirai ma main de mon visage. Un bout de peau resta coincé sous mes ongles. Mes nerfs étaient en pelote. Et si j'avais cessé de racler mon visage, mon pied ne se gêna pas pour heurter le sol, au rythme de ma montre. Toujours. Car j'avais peur. Peur d'échouer, d'avoir gâché tant d'années, de sacrifices, pour un échec cuisant. Les effets de la crainte se firent ressentir. Mes entrailles pesaient lourd, presqu'autant que ma déception. Je n'osais pas lui demander de quelles capacités s'accompagnait l'acquisition du titre d'ange.

Des capacités dont elle n'était pas dotée.

Après une déglutition compliquée, je lui tendis mon bras, fermai ma voiture à clef puis m'enfonçai dans les bois. Tous nos plans allaient tomber l'eau, si elle ne possédait pas le contrôle émotionnel, la dextérité ou la guérison qui caractérisaient les anges. Tous nos plans. Je manquai de trébucher sur une branche en réalisant que la dextérité n'était pas de mise. Je ne l'imaginais pas une seconde maîtriser qui que ce fût à l'épée.

Bien, soit. Elle ne combattrait pas à nos côtés. Si seulement ce point sombre était le seul qui pêchait...

Elle se concentrait sur le sol jonché d'obstacles naturels, qui ne demandaient qu'à agripper ses chevilles délicates. A plusieurs reprises, elle manqua de les rejoindre. Heureusement, sa prise sur mon bras l'en empêcha. Il lui arrivait d'entendre un bruit, de l'interpréter, de se tendre en retour, mais de se tranquilliser, influencée par ma sérénité. Ma soi-disant sérénité, jouée par des décennies d'expériences émotionnelles.

Nous n'avions le droit qu'à un ange par personne, à Crickets. Histoire que tout le monde pût avoir sa chance et ainsi augmenter le niveau de vie moyen de ses habitants. Cela rendait bien, au niveau mondial. Alors, même si je parvenais à réunir assez d'argent pour en libérer un second, un vrai, ma quête n'aurait pas été possible. Je soupirai. Quick et moi avions été si contents, que son absence d'auréole ne nous avait pas troublés le moins du monde.

Cette raclure de Gros Jo avait raison.

Elle marchait avec grâce, chacun de ses gestes était dansant, artistique. Son élégance en aurait fait rougir plus d'une. Apparemment, les apprentis disposaient d'une démarche agréable à regarder. Mais, soyons réalistes, cela me faisait une belle jambe. La dextérité, c'était de loin ce que je lui aurai préféré. Et elle aussi, sans doute.

- Papy, je suis avec l'ange, prévins-je mon congénère à distance.

Mon message mental mit un certain temps avant d'être capté. Il devait encore roupiller.

- Déjà ? s'exclama-t-il au bout de cinq secondes. Très bien, je préviens Sweety.

- Rendez-vous au Lac de la Renaissance, pour y tenir un Conseil important.

- Bien.

Soudain, une masse de muscles et de poils roula devant nous. Un savant mélange de blanc et de beige. Il me fallut deux secondes pour identifier les énergumènes. Deux jeunes loups s'étreignaient violemment. Ils s'écrasèrent contre un tronc d'arbre, qui s'effondra, entraînant d'autres végétaux avec lui. Les grognements firent vibrer la terre et fuir la faune sauvage.

Les Jeunes, nos jeunes adultes, en somme, ne possédaient pas de carrures aussi importantes que celles des Anciens. Ils étaient encore en pleine croissance. Toutefois, leur impulsivité dépassait de loin la nôtre. Un tourbillon de feuilles mortes soulignait leurs gestes, tandis que les griffures, morsures et coups de pattes allaient de bon train. Plusieurs fois, l'ange sursauta. Et, plusieurs fois, je tentais de me canaliser. En vain.

Le beige finit par propulser le blanc contre une vieille souche, qui se déracina sur le coup. Le loup glapit, blessé, puis s'étala à plat ventre. Les yeux mi-clos, le souffle court, il ne bougeait plus. Sa queue s'agitait à peine, fouettant mollement la terre labourée. Son adversaire, bien au contraire, sautait sur place, crocs sortis, regard meurtrier à l'appui. Un regard gris perçant, où l'ivresse se devinait aisément.

Trois Jeunes avaient trouvé la mort de cette façon. Il leur fallait une baby-sitter, un Ancien capable de temporiser leur imbécillité. Papy et Sweety avaient abandonné depuis des lustres. Il ne restait plus que moi, le père fouettard.

Je m'empressai de ramasser une branche, alors que le vainqueur s'apprêtait à achever sa victime. Le premier replia ses pattes arrière, la tête haute, indifférent aux présences externes que l'ange et moi représentions. Sa cible, rien que sa cible. La focalisation était totale.

Ses muscles se tendirent et il bondit. Ce fut à ce moment précis que j'envoyai la branche au niveau de ses pattes, assez fortement pour le dévier de sa trajectoire et engendrer une très médiocre réception. Je rejoignis le blessé puis me tournai vers le beige. Il s'agissait de Lester. Le sang chaud était sa caractéristique principale. Il dominait les Jeunes influençables et les malmenait lorsqu'ils le contrariaient ou n'étaient plus assez dociles à son goût. Il était aussi leur porte-parole, désigné à l'unanimité.

Lester déchiqueta le bout de bois à coups de crocs, envoyant valser les copeaux humides. Il finit par lever la tête et, au moment où ses yeux gris croisèrent les miens, il se stabilisa. Très peu de temps, cependant. Trois secondes. Car il était rebelle, le plus difficile à canaliser. Il refusait catégoriquement de suivre les codes que nous, Anciens, avions établis, prenant un malin plaisir à me défier.

Le grondement qui naquit au fond de sa gorge le démontra. Autant que les poils qui se dressèrent le long de sa colonne vertébrale.

Je soignai ma posture. Car il ne fallait jamais, ô grand jamais, exposer un quelconque signe de soumission face à un Jeune. Surtout s'il s'agissait de Lester. C'était l'assurance ou la disparition d'une crédibilité durement acquise, souvent testée et compromise par les plus coriaces. Telle était la loi de la nature, la seule qui fut au goût de tous : celle du plus fort.

Le buste droit, les poings serrés, les pieds campés au sol, je lui adressai un regard autoritaire. Toutes mes années d'expérience se condensèrent dans mes yeux, reflets d'une âme en quête de paix.

Mais, aujourd'hui, colérique. Profondément hors d'elle.

J'avais d'autres chats à fouetter.

Il gronda de plus belle et je levai une paume. Si vous trembliez, si votre rythme cardiaque s'accentuait, si vous suiez, si vous déglutissiez, si vous ne teniez plus en place, c'était perdu d'avance. Il fallait incarner la confiance. La paume tendue vers lui signifiait l'arrêt ou bien l'amorce d'un conflit. Il arrêtait ses conneries, ou j'allais l'y contraindre. Il n'existait pas de nuance. La balance penchait d'un côté, ou d'un autre, mais n'était jamais stable.

Or, si je venais à me transformer, c'était rarement dans l'optique de tendre chaleureusement ma patte.

Lester s'aplatit au sol, prêt à bondir. Le fait de ne pas avoir à ouvrir la bouche pour le plier aux règles de la meute aurait symbolisé un grand pas en avant. Cela aurait attesté de sa totale soumission à mon égard. Seulement, nous en étions loin. Très loin. Lester n'en faisait qu'à sa tête. Et, la plupart du temps, il fallait que nous en venions aux crocs pour qu'il acceptât de se ranger de mon point de vue. Chaque jour était une nouvelle mise à l'épreuve, un nouveau risque de perdre des membres de la meute.

Plus le temps s'écoulait, plus la situation m'agaçait. Je me surpris à jouer des muscles, à serrer si fort la mâchoire que mes dents crissèrent. Je n'avais pas le temps pour ces bêtises. Pourtant, il fallait bien que j'intervinsse. Les poils de mon bras tendu s'allongèrent à vue d'œil, poussés par le désir d'en finir. Ishu était hors de lui. Agir, se battre, préserver une certaine dominance étaient les seules choses qui préoccupaient son esprit animal. Mais je devais lutter. La violence n'était pas une solution ; c'était de la barbarie.

Et puis, comment parvenir à les assagir si, moi-même, je cédais les commandes à la bête enragée qui sommeillait en moi ?

- Lester, ne m'oblige pas à muter.

Courte et simple, la menace n'en parut pas moins ferme. Il tendit les oreilles.

Je ne répétais jamais les choses deux fois ; et il le savait.

Nous nous jaugions. Tapi au ras du sol, il remuait sa queue, alors que mon corps adoptait un statisme aussi poussé que celui des troncs qui nous entouraient. Mes poils s'allongeaient, mes crocs poussaient, mes ongles s'agrandissaient en s'incurvant au fil des tic-tacs qui pulsaient contre ma cuisse. Le compte à rebours était lancé.

Il finit par bondir. Je ne bougeai pas d'un iota. Provocateur, Lester se laissa retomber à dix petits centimètres du point de départ. Sage décision. Il n'y avait pas impliqué beaucoup d'élan, juste de quoi faire sursauter son précédent adversaire. Un sourire animalier déforma sa gueule, dévoilant une dentition de novice. Il zyeuta une dernière fois sa victime, qui respirait mieux depuis près d'une minute, avant d'uriner à ses pattes et s'en aller avec une nonchalance irritante.

Mes poils se raccourcirent, mais ma tension musculaire ne s'apaisa pas. Je restai immuable, occupé à toiser l'impertinent. Il allait très certainement se coucher, l'aube s'éclipsait.

A quelques pas, l'ange analysait. Ses yeux vagabondaient de Lester à moi, quand ils ne dévisageaient pas le blessé. Fascination et incompréhension s'y mêlaient. Elle avait déployé ses ailes, malgré la forte densité végétale. Bonne initiative, en soi, mais cela signifiait qu'elle prévoyait de fuir en cas de dérapage. Et non de combattre. Or, un ange était avant tout un guerrier.

- Toi, crachai-je en me baissant pour attraper le poil de l'animal, au niveau du cou. Viens avec moi.

Il se leva en un éclair. Je tendis mon bras libre à la femelle, qui ne se fit pas prier pour l'attraper.

- Tu n'as jamais vu de loup-garou, n'est-ce pas ?

Elle secoua la tête. Le loup blanc, de son côté, s'efforçait de maintenir le rythme que lui imposait ma prise sur son pelage. Le processus de cicatrisation débutait, ce qui refermait progressivement les entailles causées par l'affrontement. Il tentait de se faire tout petit, aussi honteux que reconnaissant envers mon intervention. La tête basse, il n'essayait pas de se libérer. Mais, de temps à autre, le Jeune cherchait l'être aux belles ailes blanches du regard. Une créature qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer.

- Sexe ou substance illicite ? finis-je par demander au loup, qui releva innocemment le museau.

- J'ai couché avec son ex.

Je soupirai. Sexe ou drogue : principales sources de conflit. Ils faisaient venir des Humaines majeures en lisière de forêt. Internet en guise de terrain de chasse, les Jeunes organisaient des soirées fortement alcoolisées. Des tentes avaient été implantées sur les lieux de débauche. Ils nous avaient juré de ne jamais se transformer devant elles. C'était la seule condition que nous avions émise à l'encontre du projet. Dans le cas contraire, je me serai battu tous les soirs avec eux, s'il le fallait, afin de les empêcher de festoyer. Les compromis étaient les meilleurs moyens d'obtenir leur assentiment.

- Je vais finir par vous castrer. Cela guérirait bien des maux.

Il s'interdit de rire. Et il avait raison, j'étais en rogne.

Les premières cabanes se dressèrent entre les arbres.

Le campement s'étalait sur une vaste clairière. Sur le côté Est, se situait le quartier des Anciens ; à l'Ouest, celui des jeunes adultes. Puis, en face, derrière la colline, celui des Marginaux. Nous étions séparés en clans. Nos divergences nous avaient dispatchés.

Nous pénétrâmes dans la clairière. L'herbe chatoyante qui embellissait le quartier des Anciens rafraîchit nos pieds et pattes. Un ruisseau séparait le territoire des vieux loups de celui des fêtards. A l'Est, la verdure ; à l'Ouest, la rouille. A l'Est, trois belles cabanes ; à l'Ouest, des trentaines de déchets boisés. A l'Est, l'avènement écologique. A l'Ouest, l'avènement alcoolique. Des fleurs, des bouteilles d'alcool. Le tableau était vite dressé : le quartier des Anciens respectait son environnement, pas celui des Jeunes. Celui des Marginaux n'était pas visible, d'ici.

La tête de l'ange pivota de gauche à droite, puis de droite à gauche, interloquée. Un joint fumait encore à nos pieds.

- Comme tu peux le constater, nous sommes aussi soudés qu'un parti politique.

Cela se passait d'autres commentaires.

Puis, au milieu, de part et d'autre du ruisseau, habitaient des loups-garous neutres. Il s'agissait de jeunes qui n'adhéraient pas aux pratiques de leurs générations, ou bien de plus matures, qui n'étaient pas assez vieux pour être qualifiés d'Anciens. Et pas assez fous pour rejoindre les Marginaux. Quickly, Slowly, le Doc et Shy y logeaient.

Nous dépassâmes des cabanes construites à partir de planches de bois parfaitement similaires. Coupées au millimètre près, de bonne qualité, vernies, nous avions bâti de solides habitations, capables de survivre aux intempéries. La mienne était imposante, ma taille obligeait. Des fenêtres rondes avaient été creusées dans les façades, une poignée avait été ajoutée à la porte et le toit couvert de fougères piégeait l'essentiel des gouttes de pluie. Dix mètres d'intimité séparaient nos demeures, et nous cohabitions plus ou moins en bonne entente.

Les Jeunes, eux, « protégés » par des toits ajourés, préféraient bien souvent dormir dans des grottes sous forme animale... ou sous les tentes de soirée. Tout dépendait de leur compagnie féminine. Certains vivaient dans des ruines, d'autres en pleine nature. Quelques logements n'avaient pas fait long feu, en raison d'énièmes conflits. Le plus souvent, pour une femme. Sinon, pour de la drogue. Comme d'habitude.

Ils aimaient leur nature, mais en ternissaient l'image. Car la force, la musculature, la vitesse, les yeux perçants, la cicatrisation rapide, l'endurance... tout cela, c'était cool. Tout cela plaisait à la gent féminine et promettait sensations fortes et addiction. Mais ils n'avaient pas connu le temps où les anges prospéraient, la dévotion et le sens du respect. Ils ne connaissaient pas l'origine de notre création, et ne cherchaient pas à le savoir. Ils étaient nés ainsi, point. Leurs pulsions bestiales les guidaient totalement, en parfaits pantins immatures.

Ils étaient nés dans une atmosphère malsaine et en avaient pris l'habitude. Argent, profit, sexe... autant en profiter.

Me battre sans cesse avec eux m'épuisait.

« Ils kiffaient », selon Lester, le porte-parole des Jeunes. Ils kiffaient...

Et nous, Anciens et loups neutres, étions les seuls à agir.

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