Désillusion

Nous traversâmes le campement. Arrivé au bord de celui-ci, j'arrêtai le loup blanc puis fis signe à l'ange d'avancer prudemment. Les buissons qui délimitaient le côté latéral de la parcelle des Anciens donnaient sur la colline. Et, juste à l'arrière, se trouvait le repère des Marginaux. Autrement dit, l'asile. Ses occupants ne prenaient ni soin de leurs corps, ni de leur image. Ils se laissaient simplement aller, l'esprit quasi-dissocié de leurs enveloppes charnelles.

Les Marginaux se détestaient.

Dépressifs, pour la plupart, ils n'avaient pu supporter l'annexion du Mal, la nouvelle mentalité des Humains. Ils pensaient l'Humanité perdue. Ou alors, la longévité les pesait. Ils avaient enterré leurs familles et ne parvenaient pas à surmonter le poids de leur perte. Ou d'autres encore regrettaient de s'être portés volontaires pour devenir ces hybrides, ces hommes à moitié loups qui peinaient à accepter leur moitié animale. À vrai dire, nous aurions tous pu finir ainsi. Moi le premier, si l'espoir que le monde revînt un jour à son état d'origine ne me motivait pas à ce point.

Je plaçai mon bras en barrage de la trajectoire de l'ange. Elle s'immobilisa. L'index sur la bouche, j'esquissai un pas lent, qui esquiva un amoncellement de brindilles sèches. Il fallait à tout prix éviter de réveiller le plus atteint des Marginaux. Celui-ci avait complètement perdu l'esprit. Aucune lueur de lucidité n'habitait son regard, aucune Humanité susceptible de l'orienter vers le droit chemin. Il était parti. Sa raison avait plié bagage, la mort de ses proches l'ayant jeté dans les bras possessifs de la folie. Plus avenante, plus douce... tentatrice, elle lui permettait d'oublier son incommensurable peine.

Facile, lorsqu'on n'était plus soi.

Mais affreusement lâche.

Je maintenais encore le Jeune qui, habitué, se fit discret. L'ange s'engagea avec retenue. Ses orteils évitaient tout ce qui paraissait trop rigide, ou trop friable, jusqu'à ce qu'un tapis de feuilles mortes taquinât son pied. Alors, le Fou bondit des buissons. Son premier réflexe fut d'élargir sa gueule friande de chair molle. J'eus à peine le temps de la propulser hors du champ d'action du détraqué, avant que deux longs crocs claquassent à proximité de mon visage. Une épaisse corde enserrait bien heureusement son cou : lien qui stoppa net son élan.

Le Fou. C'était ainsi que nous l'appelions. Ses yeux noirs suintaient d'une rage démente, confinée à une antipathie avancée. De la bave translucide s'étirait entre ses dents sales, et s'étalait le long de babines couvertes de terre. Il grognait, hurlait, se débattait, dans l'espoir de se rassasier. Il n'avait plus de limite. Ce fut pourquoi Sweety avait été obligé de l'assommer, il y avait deux mois de cela, puis de l'attacher à la périphérie du village. Il avait dû se décider lorsque le Fou, pris d'une énième pulsion dévastatrice, dévora la jambe de Slowly devant nos yeux.

La bile remonta mon tube digestif, à la simple évocation de la scène.

— Le Fou est plus bestial qu'un animal, expliquai-je à haute voix, à l'attention de mon hôte angélique. Voilà deux mois et demi qu'il n'a jamais repris forme humaine. (Cette fois, il me reniflait. Son museau humide avoisinait mon torse de cinq millimètres). Si, un jour, il te faut passer par ici, ne t'y aventure jamais seule. Appelle-moi.

Nous avions pris la décision de ne pas l'attacher à une distance trop élevée du camp. Car s'il lui arrivait malheur, si un chasseur un peu trop téméraire échouait par ici, il aurait été incapable de fuir. Or, le Fou restait l'un des nôtres. Quoi qu'on en dît, il ne méritait pas la mort. Personne ne la méritait. Et puis, il s'agissait avant tout d'un homme détruit par le genre de perte dont on ne se remettait jamais.

Un coup d'œil en arrière m'indiqua l'assentiment de la femelle.

Le réservoir pulsionnel et moi échangeâmes un dernier regard : l'empathie, confrontée à ses orbes oculaires fous.

En fait, il n'était pas simplement perdu : il était mort.

Lorsque j'entrepris de rallier la route qui menait au lieu du Conseil, le Jeune et l'ange me rejoignirent en trottinant.

Le Lac de la Renaissance n'était plus très loin. En effet, nous ne tardâmes pas à déboucher sur une large berge étirée en arc de cercle. Tapissée d'un fin sable blanc, elle contrastait avec la verdure qui la couronnait. En son centre, siégeait l'imperturbable Lac de la Renaissance : vaste étendue d'eau azure. Il s'agissait de la passerelle chargée de conduire les bonnes âmes au Paradis.

Avant le carnage. Car le Paradis avait été détruit et les bonnes âmes volées par la Diablesse. Les malheureuses brûlaient désormais en Enfer.

— Attends ici une bonne heure, demandai-je au loup blanc.

Le Conseil était privé et je voulais l'écarter du camp, le temps que Lester se reprenne.

Au bord du point d'eau douce, au loin, grossissaient les silhouettes des Anciens au fur et à mesure que nous progressions. Ils semblaient pérorer à propos des sujets sensibles qui avilissaient le monde. Cela nous arrivait souvent, en vieux sages que nous étions.

Au bout de cinq secondes, les deux têtes se tournèrent vers l'ange aux pas bruyants. Leurs paupières se relevèrent exagérément, à tel point que leurs yeux en parurent plus gros. Puis, ils cessèrent de respirer.

L'ange me lança un regard inquiet.

Je savais ce qu'ils pensaient. Malheureusement, c'était tout à leur honneur : pas d'auréole en vue.

— Te l'a-t-on vendue en kit ? s'ébroua Sweety, à peine avions-nous eu le temps de les rejoindre.

Il se dressa aussi vivement qu'un ressort comprimé.

— Bonjour, susurrai-je entre mes dents. Content de te retrouver d'humeur plus propice à l'échange.

Il renifla, aigri. Ses sourcils broussailleux se froncèrent, camouflant la majeure partie de ses yeux de fauve. Yeux qui parcoururent le dos de l'ange, là où ses belles ailes garnies de plumes singulièrement frêles et somptueuses dépassaient. Il s'appesantit ensuite sur son corps indisposé au combat, mais surtout sur son regard argenté.

La moutarde me monta au nez. Son comportement était inacceptable. Si Quick et moi l'avions libéré des griffes du Briseur d'ailes, ce n'était certainement pas pour qu'on la lorgnât comme un vulgaire cageot de pommes. Car, non, nous ne pouvions pas la départir de ses défauts comme on se débarrasserait de fruits pourris.

— Tu me fais honte, sifflai-je.

L'ange, à moitié caché derrière moi, exsudait un sentiment d'insécurité insupportable.

Sweety me toisa. Ses conjonctives se tachetaient de points rouges, des veinules éclataient encore et encore sous la pression. Il tremblait. Nos rancunes de la veille ne s'étaient, certes, pas tout à fait taries, mais sa réaction me dépassait. Nous disposions malgré tout d'un être céleste et devions nous adapter à ses compétences.

— Présente-toi, au moins, lâchai-je plus sèchement, douché par sa réaction.

— Ëlen ? intervint Papy.

Sa voix d'outre-tombe m'alerta.

Blême, l'apparent vieillard se releva. La lenteur dont il fit preuve lui donna des allures mélodramatiques qui pesèrent lourd dans la balance de mes ressentis. Sa bouche entrouverte relatait clairement sa stupéfaction, autant que son dos courbé par la masse de problèmes qui nous pendait au nez. Que Sweety réagisse de la sorte était déjà étonnant, mais si Papy s'y mettait à son tour, les choses se compliquaient.

Son comportement me fit l'effet d'une douche froide. Instinctivement, je me mis à détailler la nouvelle venue sous un autre angle.

Elle avait beau posséder des ailes, ce n'était pas un vrai ange.

La pauvre se retrouva comme nue devant nous. Exhibée. Les pupilles papillonnant d'un visage hostile à une tête surprise, elle ne trouva aucun réconfort parmi nous. Ses jambes se mirent à vibrer si vite, que leurs contours en devinrent flous.

Mais j'étais trop sonné pour me reprendre.

— Sais-tu contrôler les émotions ? demanda Papy, qui se plaça devant Sweety.

L'ange secoua la tête.

— Elle ne maîtrise pas non plus l'art du combat, le devançai-je. Elle privilégie la fuite à l'affrontement et ne dispose d'aucune sorte de compétence susceptible de neutraliser l'ennemi.

Sweety tourna les talons. Papy et moi l'observâmes remonter la berge, regagner la forêt puis disparaître sous les feuillages. L'ange ne broncha pas. Paralysée, la femelle n'osait même plus gonfler son buste dans le but de respirer correctement. Le rouge qui colorait son visage trahissait son manque d'oxygène.

— La guérison ? murmura Papy, livide.

Je ne répondis pas. Je ne savais pas. Nous nous tournâmes, comme un seul corps, vers le cœur du débat et encaissâmes difficilement sa nouvelle négation. Elle ne savait rien faire. Rien qui puisse nous être utile. Et j'avais beau me haïr en raison de mon comportement peu avenant, je n'en demeurais pas moins déçu.

Elle rougissait de plus belle, serrait et desserrait ses doigts, mais je restais pétrifié. Mes membres, engourdis par les révélations décourageantes, m'empêchèrent d'agir en sa faveur. D'effacer la terreur qui polluait ce regard. Cependant, parmi cette tornade de détresse, se perdait une lueur indéchiffrable. Quelque chose d'assez enseveli pour douter de son existence.

Mais j'étais incapable d'apaiser ses tourments. Et, le pire, c'était qu'elle n'y était pour rien.

Je leur avais fait part de mon projet. Nous avions compté mes gains, ensemble, et avions soigneusement planifié nos missions « post-acquisition » angélique. Car, au lieu de nous morfondre dans la boisson, nous nous droguions d'Espoir avec un grand E.

Nous cherchions le bout du tunnel.

L'Espoir nous permettait de relever la tête. Non pas de remonter à la surface, pas encore, mais nous pouvions chercher ce fameux bout du tunnel, malgré le déchaînement de la mer enténébrée. Elle, qui nous engloutissait depuis trop longtemps. L'Espoir annonçait la fin de la noyade, la bouffée d'oxygène, les bras généreux qui nous délivraient des fonds marins. L'expansion du Mal nous avait plongés dedans. Pareille à un tsunami impétueux, elle nous avait séquestrés puis capturés en son sein. Les Marginaux avaient coulé, le Fou y avait succombé, les Jeunes sombraient sans le savoir, tandis que nous cherchions un moyen d'en réchapper. Nous l'avions trouvé. Du moins, notre meilleure piste se basait sur l'aide d'un ange.

Le fameux bout du tunnel. Il était encore trop loin, bien trop loin, mais nous le voyions.

Nous le voyions avant que je ne dilapidasse l'argent pour la pâle copie d'un ange. Sans auréole, sans capacités.

Nous devions repartir de zéro. Ce qui demandait du temps, beaucoup de temps, de la motivation, de l'Espoir et de l'entraide. Le problème, c'était que le déclin de la meute n'avait jamais eu cette patience. Et celui de l'Humanité non plus. Le problème, c'était que l'Espoir était éphémère. Et, enfin, le problème, c'était que nous n'étions que trois contre tous.

Nous avions sacrifié toute notre énergie dans cet ultime projet. Pour... rien.

Par conséquent, je ne pouvais pas en vouloir à Sweety. Et j'espérais, aussi, bien naïvement, que le pseudo ange n'en voulût pas à ma froideur.

— Elle peut... chuchota Papy, faiblement. Elle pourra au moins communiquer avec les anges prisonniers et les inciter à nous faire confiance...

Je le voyais sans le voir.

Ses épaules s'étaient voûtées et son air las ravageait ses traits d'un habituel guillerets. Il n'avait jamais paru si vieux. Plus proche du cercueil que du berceau.

Il s'éclipsa à son tour, après avoir tenté de capter mon regard voilé. Vainement. Je me tournai vers le lac. Des branches d'arbres s'y imbibaient, se gorgeant du liquide azur. Il était si facile de réfléchir, en l'admirant, que mes pensées affleurèrent à la surface de mon esprit.

Je n'avais jamais vu la Déesse, leader des Cieux. Nous autres, loups-garous, pouvions uniquement échanger avec elle par le biais de l'archange auquel elle déléguait notre supervision. Mais, d'après ce que les anges-gardiens nous contaient au sujet de l'Histoire, le Commencement se basait sur l'existence de deux créatures. Des jumelles. Elles étaient dotées d'ailes, de pouvoirs, et voletaient insouciamment aux quatre coins de l'Univers. Mais leur pouvoir faiblissait de jour en jour, elles le sentaient. Car elles se flétrissaient au rythme de leur désagrégation. Alors, elles décidèrent de créer la Terre. Puis, les Humains. Le rayonnement des âmes de ceux-ci avait pour but d'alimenter leur pouvoir et d'ainsi stabiliser leur perte. Étant donné que ces êtres se reproduisaient, créaient de nouvelles âmes, elles n'avaient plus à craindre de mourir.

Elles étaient immortelles.

Les premiers Humains naquirent à Crickets Hill. Ils ne conquirent les autres continents que bien plus tard, libérant – sans le savoir – leurs âmes de l'emprise divine des jumelles.

Celles-ci choyèrent les Humains.

Elles se chargèrent de créer de quoi combler leur faim, leur soif, d'adapter l'écosystème aux besoins de leurs petits protégés. Jusque-là, les sœurs s'entendaient bien. Les Humains, en plus de les nourrir, les divertissaient quotidiennement. Elles n'en étaient que plus satisfaites. Quand apparut une soudaine source de discordance. Ce n'était pas grand-chose, mais elles n'étaient que deux. Chacune d'elles était certaine d'avoir raison. Personne ne pouvait endosser le rôle d'arbitre, personne ne put temporiser la mésentente. Elles se disputèrent. Le litige prit en l'ampleur. Au fil des jours, l'une se surprit à nourrir une haine viscérale envers l'autre. La seconde tentait de la raisonner. Elles n'étaient plus sur la même longueur d'onde, si bien que leur pouvoir prit la couleur de leurs sentiments. L'âme de la sœur haineuse prit une teinte noirâtre. L'âme de la sœur affable s'illumina. La première se découvrit une attirance quasi-malsaine pour les tréfonds, l'obscurité, délaissant le blanc virginal des nuages et la luminosité agressive du Soleil. Elle se cacha au cœur de la Terre, au plus près de la noirceur. L'autre resta perchée aux Cieux.

De là découlèrent les surnoms de la Déesse et la Diablesse. L'une prêchait le Bien, l'autre le Mal.

Ce changement perturba le bien-être de l'espèce Humaine, qui se retrouva tiraillée entre le Bien et le Mal. Dès lors que les jumelles réalisèrent que les âmes majoritairement bonnes ne nourrissaient plus que la Déesse, et qu'à l'inverse, les âmes majoritairement mauvaises ne nourrissaient plus que la Diablesse, une traque à l'âme fut lancée.

La Déesse créa le Paradis afin de recueillir les bonnes âmes défuntes, et ainsi s'assurer un stock énergétique minimal. L'autre créa les Enfers pour les mêmes raisons.

Puis, se sentant seules et éprouvant le besoin de s'entourer, la Déesse créa les anges et la Diablesse les démons.

De loyaux serviteurs, dont le but est de rallier un maximum d'âmes à leur cause et de protéger les territoires de chacune.

Deux camps s'étaient formés.

Et Crickets Hill devint un terrain de chasse.

Plus elles récupéraient d'âmes, plus elles gagnaient en puissance, et plus elles avaient de chance de terrasser l'autre.

La Diablesse tricha. Elle se servit des démons pour manipuler l'esprit de quelques Humains et faire en sorte qu'ils torturent une personne de leur entourage proche. Les torturés, victimes de ce brusque déferlement de violence, nourrirent une haine viscérale envers ce frère, cette sœur, cette mère ou ce père qui les faisaient souffrir gratuitement. Ils semblaient y prendre plaisir, c'était le pire. Achevés par ce proche manipulé, ils mourraient foncièrement mauvais. Et, de ce fait, se voyaient catapultés aux Enfers, servant la puissance de la Diablesse.

Une fois libérés de la manipulation démoniaque, ceux qui avaient tué se suicidaient. Encore et toujours au profit de la Diablesse.

Alors, la Déesse contre-attaqua. Elle demanda à l'un de ses archanges de contacter des Humains jugés valeureux, fidèles et dévoués, pour leur proposer de la servir au péril de leurs vies. Ceux-ci n'en revenaient pas. La Déesse existait. Les anges existaient. Le Paradis existait. Si le Bien suffoquait, les élus n'hésitèrent qu'une demi-seconde à satisfaire la demande de la Déesse. Ils acceptèrent de recevoir l'âme d'un loup sauvage, de devenir un défenseur du Bien.

Dotés d'aptitudes hors-normes, ils étaient les soldats dévoués de la Déesse.

Nous faisions tomber les têtes, mais en perdions aussi quelques-unes. Malgré tout, le Bien gagnait en puissance. Nous aurions pu triompher, si l'argent n'avait pas pris tant d'importance. Il devint la seule obsession des Humains. Évidemment, les démons profitèrent de leur tentation, de leur cupidité, pour les pousser à s'enrichir. Encore, encore, et encore, au point de tourner le dos à l'amour et à la solidarité.

Le Paradis connut ses heures les plus sombres. Les Enfers devinrent surpuissants. La Diablesse n'eut par conséquent aucun mal à terrasser le territoire de sa sœur, le Paradis. Elle vola ses âmes, extermina une partie de ses anges et réduisit l'autre en esclavage. Elle noua des liens avec des Hommes aveuglés par le profit, dont le Briseur d'ailes, afin de mettre en place un commerce angélique sur Terre.

À Crickets, la communauté des loups-garous souffrit. Les démons pullulaient. En surnombre, ils nous traquèrent puis nous massacrèrent, pensant n'en épargner aucun.

Mais il y eut des survivants : Les Anciens et les Marginaux. Des survivants cachés, qui s'affairaient – en petit nombre – à combattre le Mal. À notre modeste échelle, nous agissions en évitant soigneusement de trahir la survie de notre espèce.

Aux yeux de la communauté démoniaque, nous n'existions plus.

Aux yeux des Humains, nous n'existions que dans les films fantastiques, rêves, cauchemars et romans fantaisistes. À l'instar des démons, de la Déesse et de la Diablesse. Mais plus des anges.

Car les démons traquaient les anges fuyards, puis les offraient en pâture aux Humains. Ils les traquaient, certes, mais surtout la Déesse, qui s'avérait jusqu'alors introuvable.

Ce n'était pas faute d'écumer les Cieux, jour après jour.

Nous étions donc arrivés là.

Sans le contrôle émotionnel d'un ange, Sweety, Papy, Quick et moi pouvions tirer un trait sur l'unification de la meute. La femelle était supposée concrétiser notre contre-attaque, symboliser la révolte, communiquer avec les autres anges, se battre à nos côtés et motiver émotionnellement nos loups-garous. De plus, sans la guérison angélique, nous pouvions d'ores et déjà nous approvisionner en aiguilles, pansements et antiseptiques.

Et puis... sans ce précieux pouvoir de guérison, Leïka mourrait.

Je me retournai, les yeux brûlants. Cette pensée était égoïste. Purement et simplement centrée sur mes besoins.

Mais n'était-il pas humain de désirer une longue vie pour ses proches ?

L'ange secoua lentement la tête, atterrée.

Pitié, me suppliaient ses yeux luisants.

Malheureusement, c'en était trop pour moi.

Nos rêves, nos espoirs, nos luttes, nos sacrifices... Non, vraiment trop.

Je m'en allai à mon tour.

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