Chapitre 37





Louis cligna difficilement des yeux alors qu'un rayon de soleil atteignit sa cuisse, réchauffant sa peau sous son jean. Ses doigts jouaient distraitement avec la fermeture de sa veste, et il s'empêchait de taper du pied sur le vieux parquet. Le banc où il était assis était inconfortable, et avait mal au dos et à la nuque. A côté de lui, Niall avait les yeux fixés devant lui, ses doigts dessinait des formes invisibles sur le banc aussi nerveusement que Louis. 

Voilà maintenant une semaine que le procès durait. Une semaine que tous les matins, Louis se rendait dans cette grande salle d'audience bondée, écoutait les témoins passer un à un à la barre. Il se torturait l'esprit, essayant de scruter le visage des juges pour essayer de savoir ce qu'ils pensaient, et son cœur se serrait à chaque fois qu'un des proches de Jessica rappelait à quelle point c'était une fille géniale et qu'elle ne méritait pas ce qui lui était arrivé. 

Pendant la plupart de ces audiences, Louis avait passé le temps à fixer le dos de Harry. Le garçon était assis devant la rangée de gauche, à côté de Aaron. Chaque matin, quand il arrivait, il décalait sa chaise d'un mètre pour ne pas être trop près de lui. Louis le regardait gratter la peinture de sa chaise en espérant pouvoir être près de lui pour lui prendre la main et le rassurer. 

Il ne dormait pas très bien depuis une semaine, et pour être honnête, Louis non plus. Ils passaient leurs après-midis à regarder des films, ignorant leurs cours, simplement pour décompresser. Le stress accumulé au cours des audiences était immense, et même Liam et Niall, qui étaient aussi présents au procès, avaient du mal à dormir. 

Avant le procès, Louis était certain que ça allait bien se passer pour Harry. Maintenant qu'ils y étaient, c'était différent. Tous ses journalistes venus prendre des notes sur le procès, ces juges qui scrutaient chaque personne appelée à la barre, les conneries que déballaient Aaron, ça le rendait de moins en moins confiant. Parce que oui, Aaron était déjà coupable de menaces et abus de confiance sur mineur envers Harry, mais il fallait en convaincre les juges.  Parce que même avec un rapport du procès précédent, ils pouvaient mettre Harry en prison, s'il le voulait. 

Louis ne s'était pas rendu compte que ça allait être aussi compliqué. 

Le procès touchait à sa fin. La plupart des personnes présentes à la fête étaient passées à la barre, comme Niall, ainsi que Liam, les parents et entourage de Harry et de Aaron. Ils avaient été questionnés soit par l'avocat de Aaron, soit par celui de Harry, soit par le procureur, qui représentait les McQueen. Louis, lui, avait été convoqué, mais n'avait pas encore été appelé. Il savait qu'il n'allait pas l'être, parce qu'il ne connaissait pas Harry avant le meurtre, alors il ne pouvait pas témoigner de son changement d'attitude. Et, en plus de ça, l'avocat de Harry avait déjà annoncé qu'il avait appelé toutes les personnes qu'il avait voulait entendre. Louis pouvait simplement exposer à quel point Harry était détruit, et seul l'avocat de Harry pouvait tirer à son avantage. 

Cependant, quand le juge demanda au procureur s'il avait fini avec les témoignages, celui-ci regarda sa liste et s'éclaircit la gorge pour dire : 

- Il reste seulement Mr Tomlinson. 

Louis haussa les sourcils et échangea un regard avec Niall, surpris, puis se leva. Il marcha dans l'allée pour se mettre derrière la barre, les paumes soudain moites en se retrouvant devant toutes ses personnes qui avaient les yeux tournés vers lui. Il rencontra la regard du procureur, ne comprenant pas pourquoi il l'avait appelé, mais l'homme lui adressa un léger sourire. Louis secoua la tête et tourna les yeux pour rencontrer ceux de Harry. Il portait ses lunettes, ses cheveux étaient relevés en un chignon brouillon, et il hocha la tête comme pour l'encourager, lui dire que ça irait. 

Louis se concentra sur le procureur, appréhendant les questions qu'il allait lui poser. Celui-ci prit sa feuille dans les mains pour s'avancer jusqu'à lui, et commença : 

- Monsieur Tomlinson. Vous avez spécifié dans votre déposition que vous étiez présent à la fête de Jessica McQueen, le 2 septembre, et que c'est là que vous avez rencontré Harry Styles pour la première fois. Est-ce correct ? 

- Effectivement, fit Louis, une boule dans la gorge. 

Il croisa encore un fois la regard de Harry, puis celui de Niall. Celui-ci lui montra ses deux pouces en l'air, ce qui fit doucement sourire Louis. Il respira un grand coup, essuya ses mains sur son pantalon alors que le procureur demandait : 

- Connaissiez-vous Jessica McQueen ? 

Louis avait l'impression d'être de retour au premier interrogatoire qu'il avait subit, deux jours après la fête. Il hocha la tête et répondit : 

- Pas du tout. J'ai entendu qu'il y avait une fête chez elle, alors je m'y suis rendu. Je l'ai peut-être croisé, mais je ne savais pas du tout à quoi elle ressemblait. 

- A quelle heure avait vous discuté avec Harry Styles ? 

Louis vit du coin de l'œil les juges l'écouter attentivement, et il réfléchit quelques secondes avant de dire : 

- Aux alentours de 22h30, je dirais. 

Il lança un regard à Harry, qui hocha sa tête en direction. Cette information ne lui fournissait aucun alibi, parce qu'il avait déjà avoué avoir ouvert la fenêtre avant cette heure-ci. Cependant, il sourit légèrement à Louis. 

- Comment était-il ? 

- Il était... commença Louis en réfléchissant, essayant de se souvenir de ce Harry qu'il avait rencontré quatre mois plus tôt et qui lui avait tant plu. Il avait beaucoup bu. Il riait beaucoup, et ses doigts tapaient nerveusement contre la table. On n'est pas resté longtemps dans le salon avec les autres, il m'a vite tiré à l'étage, dans une chambre. J'étais consentant, mais il était... Pressé. Comme s'il voulait s'éloigner de la foule. 

Il tourna la tête vers les juges, qui échangeaient un regard entre eux. Louis ne comprenait pas ce que le procureur était en train de faire. Il était clairement en train de fournir aux juges que Harry avait été manipulé, or, ce n'était pas du tout son boulot. Il était chargé de mettre derrière les barreaux les meurtriers de Jessica. Louis s'attendait à ce qu'il lui pose des questions visant à enfoncer Harry. 

- Est-ce correct que vous avez beaucoup revu Monsieur Styles après la soirée ? 

- Oui. 

- Est-ce que vous pourriez dire que vous le connaissez bien, à présent ? 

Louis se mordit la joue pour éviter de penser aux moments où il avait déshabillé Harry, le nombre de fois où il avait embrassé chaque centimètre carré de sa peau, toutes les fois où le garçon s'était confié à lui. Il le connaissait mieux que personne dans cette salle. 

- C'est vrai. 

- Pourriez-vous nous décrire le comportement de Monsieur Styles après la soirée ? 

Louis prit une seconde pour réfléchir. Ce qu'il était en train de dire là, c'était peut-être ce qui mettrait Harry ou non en prison, alors il fallait que ce qu'il dise reflète le plus possible la réalité. 

- Au tout début, il était très distant. Il n'arrivait même pas à tenir une conversation. Soit il devenait agressif, soit apeuré. Il a fait quelques crises de panique à la gendarmerie, et quand il n'en faisait pas, il était très stressé. Il avait beaucoup d'appels, mais il ne m'a dit que plus tard que c'était Aaron. Après chacun d'eux, il s'isolait, et je sais qu'il pleurait, et qu'il ne voulait pas qu'on le voit. Il était toujours renfermé, il ne souriait pas, il ne disait rien sur lui. Comme s'il ne voulait pas que les gens le connaissent. Il... Un jour, je lui ai demandé pourquoi il faisait ça. Pourquoi il ne faisait pas confiance aux gens. Il m'a dit qu'il ne se faisait pas confiance à lui. Qu'il ne voulait pas s'attacher à quelqu'un pour finir par tout gâcher. Parce qu'il était sûr qu'il était pourri de l'intérieur. 

Louis se tût en jetant un regard aux juges, espérant qu'il les avait convaincu. Il venait de se rendre compte que ce qu'il venait de raconter, ce que le procureur venait de lui faire dire, c'était peut-être le truc qui manquait aux juges. Depuis le début du procès, tous ses proches racontaient à quel point il avait changé de comportement à partir du moment où Aaron avait commencé à avoir une emprise sur lui, mais personne n'avait dit à quel point il était détruit après la soirée. Louis l'avait vu, tout ça. A quel point Harry n'arrivait plus à respirer. 

- Est-ce qu'il a changé de comportement, depuis ? reprit le procureur après un instant. 

- Oui. Il est... Avant, on aurait dit qu'il se retenait. Que s'il n'avait pas d'interaction sociale, c'est parce qu'il se retenait. Que s'il ne disait rien à personne, que s'il ne laissait pas les gens le connaître, c'était parce qu'il était persuadé qu'il ne le méritait pas, alors il se retenait. Tout le temps. Maintenant, j'ai l'impression qu'il a arrêté. Qu'il est vraiment lui. Qu'il n'essaye pas d'inventer une personnalité froide et insensible. 

Louis déglutit un instant. Il choisit de ne pas dire que Harry était suivi par un psychologue, parce que ce n'était pas à lui de dire ces choses là, et qu'en plus de ça, c'était marqué sur son dossier. C'était écrit sous les yeux des juges. Il les regarda un instant, puis croisa le regard de Harry. Ses doigts tapaient distraitement la table devant lui, et ses ongles étaient rongés. Sa cravate était mal mise, parce qu'il ne savait pas faire le nœud. Des cheveux s'échappaient de son chignon comme s'il avait couru partout. Quand il sourit de travers il montra maladroitement ses dents, et Louis sut ce qui allait convaincre les juges. 

- Il a dix-neuf ans, vous savez. Depuis quelques mois, depuis qu'il commence à aller mieux, depuis qu'il a avoué, en fait, il est lui. Un garçon de dix-neuf ans. Il éclate de rire en plein cours, bâcle ses devoirs pour jouer aux jeux-vidéo, ne range pas ses vêtements, ne sait pas comment faire marcher la laverie du campus et se fait mettre dehors à la bibliothèque parce qu'il ne peut pas arrêter de parler. Cette personnalité renfermée, c'était juste un personnage qu'il avait créé pour se protéger. Parce qu'en vérité, il a dix-neuf ans. C'est juste un enfant. 

Il haussa les épaules pour ponctuer sa phrase, mais fronça les sourcils en voyant le procureur sourire discrètement en regardant sa feuille. Il n'osa pas tenter un regard vers le juges, de peur de voir qu'il ne les avait pas convaincu, et se concentra sur la prochaine question à la place. 

- Etes-vous le conjoint de Harry Styles, Monsieur Tomlinson ?

- En effet. 

- Est-ce que depuis que vous le côtoyez, il vous a un jour fait peur ?

Louis ne perdit pas une seconde, et répondit immédiatement : 

- Jamais. Il ne m'a jamais fait peur. Quelques fois, il se met en colère, comme tout le monde. Quelques fois, on se dispute, comme tout le monde. Mais je ne me suis jamais senti en danger avec lui. Jamais il ne m'a fait peur. 

C'était vrai. Jamais Louis n'avait eu peur de Harry. Parce qu'il le connaissait. Parce que, même quand il savait ce qu'il avait fait, il se sentait en sécurité. Parce que peu importe la façon dont il criait quand ils se disputaient, il n'avait jamais eu l'intention de le blesser. Louis le voyait dans ses yeux. Que jamais il ne voulait lui faire de mal. 

- J'ai une dernière question pour vous, Monsieur Tomlinson. Est-ce que vous pensez que Harry Styles a ouvert cette fenêtre pour permettre à Aaron Styles d'entrer dans la cave des McQueen et assassiner Jessica McQueen ? 

Louis serra la mâchoire, mais ne croisa pas le regard d'Harry pour ne pas paraitre suspect. A la place, il baissa les yeux pour se souvenir de cette matinée, une semaine de auparavant. Le premier jour du procès, ils s'étaient réveillés tôt, n'arrivant pas à dormir. Ils ne s'étaient pas levés, étaient juste restés au lit pour profiter de la paix qui leur était accordée. Ils avaient discuté distraitement, jusqu'à ce que le visage de Harry ne devienne grave. Il avait regardé Louis dans les yeux et avait prononcé ces mots qui étaient restés gravés dans l'esprit de Louis devant une semaine. 

Si tu es appelé à la barre, n'essaye pas de mentir pour me sauver. Dis la vérité. Je veux arrêter de mentir. 

Louis n'avait jamais été aussi fier de lui qu'à ce moment là, et il lui avait promis qu'il ferait ça. 

Alors il releva les yeux, les plongea dans ceux du procureur, et il dit, la gorge sèche : 

- Oui, je pense qu'il l'a fait. 

Le procureur hocha la tête, puis dit aux juges que c'était bon pour lui, alors Louis pu aller se rassoir. En marchant, il croisa le regard de Harry, qui souriait légèrement, puis quand il s'installa à côté de Niall, le garçon le donna un tape dans la cuisse comme pour le féliciter. Louis croisa son regard en souriant, et se reconcentra. 

Il était impossible de savoir ce que les juges pensaient, peu importe combien de temps il passait à scruter leurs visages. Il les écouta demander une dernière fois aux avocats et au procureur s'ils avaient encore quelque chose à dire, et quand les trois hommes secouèrent la tête, ils firent lever Aaron et Harry. Louis prit une grande inspiration, sachant ce qui allait se passer. Sachant ce que Harry allait dire. 

- Monsieur Aaron Styles, commença le juge principal. Que plaidez-vous ? 

- Non coupable, votre honneur, répondit Aaron. 

Louis n'eut aucun mal à imaginer son rictus insupportable, mais s'il était dos à lui. Il échangea un regard à Niall, légèrement amusé. Parce que pendant une semaine, tous les témoignages et toutes les preuves dénonçaient Aaron. C'était évident qu'il avait assassiné Jessica. 

- Monsieur Harry Styles, continua le juge. Que plaidez-vous ?

- Je plaide coupable, votre honneur. 

Louis sourit. Harry lui avait dit qu'il allait faire ça. Qu'il allait plaider coupable. Parce qu'il voulait arrêter de mentir. Parce qu'il ne voulait pas faire semblant d'être quelqu'un qu'il n'était pas. Parce qu'être honnête lui éviterait peut-être la prison. 

Le juge annonça que la séance était terminée, et que lui et les autres rendraient le jugement dans l'après-midi. Louis soupira, épuisé, et avec Niall, il sortit de la pièce. Ils attendirent Liam et les parents de Harry, qui n'étaient pas assis avec eux. Liam félicita Louis pour son témoignage et posant sa main sur son épaule, et Anne confirma, les yeux presque larmoyants. Ils attendirent quelques secondes avant que Harry ne sorte, accompagné par son avocat. Celui-ci le retint par la manche pour lui dire quelque chose, puis lui sourit avant de le laisser partir. 

En arrivant devant eux, Harry soupira longuement, les mains dans les poches de son manteau. Louis pouvait lire le stress dans ses yeux, et savait qu'il ne s'atténuerait pas tant que le verdict ne serait pas tombé. Niall lui dit qu'il s'en était bien sorti, ses parents qu'ils avaient bon espoir que le verdict ne soit pas trop lourd pour lui, et Louis, lui, ouvrit juste ses bras. Harry sourit, et parcouru la distance qui les séparait en quelques pas pour venir contre lui. Louis le serra contre lui en lui caressant les cheveux, parce que s'il avait appris quelque chose pendant les dernières nuits, c'est qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire pour déstresser Harry. 

- Mon avocat m'a dit qu'il y croyait aussi. A ce que j'évite la peine de prison, fit Harry dans le cou de Louis. 

Il se redressa, et Louis lui sourit. Il espérait que Harry sache à quel point il était fier de lui, parce qu'il était tellement stressé que les mots restaient bloqués dans sa gorge. Mais Harry semblait comprendre, parce qu'il lui rendit son sourire en baissant les yeux, presque intimider. Louis passa un bras autour de sa taille alors que Niall proposait : 

- McDo pour passer le temps ? J'ai la dalle. 

Toutes les têtes se tournèrent vers Harry, qui sourit doucement. Il soupira, passa sa main dans ses cheveux, et Louis pouvait sentir son cœur battre contre sa poitrine, parce que seulement quelques heures le séparaient du verdict. Peut-être que c'était ses dernières heures de liberté. 

Louis ne voulait pas penser à ça. 

- McDo, alors, répondit Harry. Profitons-en pendant que mon bracelet est désactivé pour aujourd'hui. 

Il était désactivé simplement pour permettre à Harry d'attendre le verdict. Louis le serra un peu plus contre lui alors qu'ils sortaient du bâtiment. Il choisit d'être optimiste pendant les prochaines heures. Il choisit de croire en tous les plans qu'il avait avec Harry.  



C'était avec une boule dans la gorge et le ventre plein de glace que Louis pénétra dans le tribunal pour la seconde fois de la journée. La main de Harry était glissée dans la sienne, et s'il la serrait de toutes ses forces, il ne savait pas si c'était pour se rassurer lui ou bien Harry. 

Ils avaient passé les dernières heures à rire et à parler de tout sauf du verdict qui s'apprêtait à tomber, même si tout le monde n'avait que ça en tête. Harry avait gardé sa tête contre l'épaule de Louis, ses parents ne l'avaient pas lâché du regard, et Liam et Niall avaient fait tout leur possible pour ne laisser la conversation mourir. En vérité, Louis se serait amusé s'il n'avait quelque chose de plus important auquel penser. 

La salle d'audience était déjà ouverte, et ils entrèrent, se remettant à leurs places initiales. Avant de quitter Harry, Louis l'embrassa chastement sur les lèvres, ce qui le fit sourire. Il s'assit à côté de Niall, les mains encore plus moites que lors de ce matin. 

Il était putain d'effrayé. Tout le monde pensait que Harry allait s'en sortir, même son avocat. Mais pourtant, Louis imaginait un scénario, au fond de son cerveau, où Harry partait en prison. Il essayait de ne pas y penser, d'arrêter d'imaginer ça, mais c'était plus fort que lui. 

Son ventre ne se dénoua pas tandis que les juges s'asseyaient à leur place, en hauteur. Le juge principale avait des feuilles dans la main, et il le posa sur le bureau en se raclant la gorge. Louis serrant ses doigts entre les siens, et il vit Niall faire la même chose. Dans un autre contexte, cela l'aurait fait sourire de voir à quel point Niall se souciait de Harry, à présent. 

- Nous avons, mes confrères et moi, décidé du verdict. Veuillez vous levez, s'il vous plait. 

Louis croisa le regard de Niall, puis celui de Liam, un peu plus loin. Il hocha la tête, ne sachant pas s'il voulait se donner du courage à lui ou à ses amis. Il se leva, les jambes tremblantes et décida de continuer de jouer avec sa fermeture, ne sachant pas quoi faire de ses doigts. 

- Monsieur Aaron Styles, commença le juge d'une voix grave. Vous êtes jugé coupable du meurtre prémédité de Jessica McQueen, et condamné à la prison à perpétuité. 

Louis entendit Aaron protester en se retournant vers son avocat, et il se mordit la lèvre pour ne pas sourire. C'était déjà une petite victoire. Cet enfoiré terminerait sa vie en prison et plus jamais il ne toucherait à un seul des cheveux de Harry. 

- Monsieur Harry Styles, continua le juge alors que le sourire de Louis tombait et son ventre se serrait. Vous êtes jugé coupable d'avoir été le complice de Mr Styles pour le meurtre prémédité de Jessica McQueen. Vous êtes condamné à 2 ans de prison avec sursis, et devrez versez des indemnités à sa famille, dont le montant sera décidé avec le procureur. 

Louis cligna des yeux, n'arrivant pas à assimiler les informations. Il ne recommença à respirer que quand Niall lui agrippa le bras. Il tourna la tête, et vit l'immense sourire sur le visage de son ami. Puis les mots revinrent à son cerveau. 

 Vous êtes condamné à 2 ans de prison avec sursis.

Harry n'allait pas en prison. Il ne la risquait seulement s'il réitérait son crime, ce qui était stupide. Il n'allait jamais refaire ça. Il était libre, il n'irait pas en prison, et il resterait avec Louis. 

Louis éclata de rire en serrant Niall contre lui. Le garçon aussi était hilare, et tapa son dos. La pression retomba des épaules de Louis, et il eut l'impression de respirer pour la première fois depuis une semaine. 

Il relâcha Niall, et en voyant que tout le monde se levait, il se dépêcha de contourner toutes les personnes qui se levaient pour rejoindre Harry. Le garçon discutait avec son avocat, le visage souriant, et Louis n'eut même pas la politesse d'attendre qu'il ait fini ; il se jeta littéralement dans ses bras. Harry éclata de rire, et Louis entendit les pas de son avocat s'éloigner. Il releva la tête pour s'exclamer : 

- C'est putain de gén...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, parce que les lèvres de Harry s'écrasèrent sur les siennes. Cependant, il ne broncha pas, au contraire, et entoura son cou avec ses bras pour approfondir le baiser. Harry glissa ses mains sur sa taille, et il souriait tellement qu'il rendait tout brouillon, mais Louis n'en n'avait rien à foutre. 

Il fallu pas mal de temps pour que la salle se vide, et tout autant de temps pour que Louis réussisse à arrêter d'embrasser Harry. La salle d'audience allait bientôt être fermée, si bien qu'ils furent obligés de sortir pour retrouver leurs amis et les parents de Harry. Les garçons félicitèrent Harry avec un tape dans le dos, et Anne le prit dans ses bras. Louis sourit en voyant Harry légèrement se figer, parce qu'il n'en n'avait plus l'habitude, mais il finit par se détendre et serrer sa mère contre lui. 

Louis s'éloigna pour acheter une bouteille d'eau au distributeur. Il était persuadé que ses joues étaient toutes rouges et ses cheveux en pagaille à cause de Harry. Le bonheur qu'il ressentait face à la peine de Harry avait monté la température de la pièce, et à cause de la pression qui retombait, il était soudain épuisé, lui qui était plein d'énergie quelques minutes auparavant. 

En se baissant pour récupérer sa bouteille, il entendit un raclement de gorge. Il se releva pour se retrouver en face du procureur, qui souriait légèrement et donc les cheveux étaient un peu en pagaille, lui aussi. Louis lui rendit son sourire, et dit : 

- Monsieur le procureur. Merci beaucoup pour... Vous savez. Je ne pense pas que la peine aurait été la même pour Harry si vous ne m'aviez pas posé ces questions. 

- Il n'y a pas de quoi, Monsieur Tomlinson, répondit le procureur. 

- Est-ce que... Je devrais vous payez ? Je veux dire, vous nous avez beaucoup aidé aujourd'hui, peut-être même plus que l'avocat d...

- Ce n'est pas la peine, ne vous inquiétez pas, le coupa l'homme en balayant la question de Louis du revers de la main. Premièrement, l'Etat me paye déjà bien assez, croyez moi. Et puis, vous savez, mon boulot, ce n'est pas de faire en sorte que les méchants aillent en prison et les gentils soient vengés. Mon boulot, c'est de faire en sorte que les gens comme Harry évitent la prison, parce qu'ils ne le méritent pas.

Louis lui sourit sincèrement. Voilà pourquoi il lui avait posé toutes ces questions, ce matin, alors qu'il défendait la famille de Jessica. Il savait que Harry avait été manipulé. Il voulait simplement faire en sorte qu'il s'en sorte. 

- Vous avez fait un beau discours, tout à l'heure, reprit-il. Vous aussi, vous n'avez que dix-neuf ans, vous savez. A votre place, je profiterais de cette victoire avec mes amis. 

Louis pouffa, et le procureur lui adressa un signe de tête avant de tourner les talons. Louis le suivit des yeux, en pensant que le monde avait définitivement besoin des gens comme ça. 

Sa bouteille d'eau entre les mains, il revint vers Harry, qui parlait à présent avec les parents de Jessica. En avançant, il remarqua Aaron, assis sur un banc, accroché à l'accoudoir avec des menottes. Son regard s'ancra dans le sien, et Louis sourit, presque amusé devant son expression dévastée. Il aurait pu avoir de la peine pour lui, parce qu'il avait toujours été bien trop émotif et avait toujours essayé de trouver le bon chez tout le monde, même s'il devait creuser pendant très longtemps. Pour Aaron, il n'avait pas de peine, rien. Peut-être que s'il n'avait pas touché à Harry, il en aurait eu. 

Louis lâcha Aaron des yeux et secoua la tête en se rapprocha de Harry des McQueen. Harry tourna instinctivement la tête vers lui, et Louis lui tendit la bouteille d'eau en posa une main dans son dos. Avec sa main libre, il serra la main des McQueen en se présentant : 

- Louis Tomlinson. Toutes mes condoléances pour votre fille. 

La mère de Jessica était le portrait craché de sa fille, que Louis avait vu en photo, à présent. Son père était très grand, mais semblait émotif, en raison des larmes encore présentes dans ses yeux. Ils remercièrent Louis, puis sa mère sourit difficilement : 

- Merci beaucoup pour vos témoignages. C'est aussi grâce à vous que le meurtrier finira en prison. 

Louis hocha la tête, se sentant encore plus désolé en voyant à quel point les McQueen étaient détruis. Ils avaient perdu leur fille de dix-neuf ans, et Louis était persuadé qu'aucun parent ne devrait survivre à ses enfants. Mais il était persuadé qu'ils allaient aller mieux. Que maintenant qu'ils savaient qui avaient fait ça et qu'il allait finir sa vie derrière ses barreaux, tout irait mieux. 

Harry lui rendit la bouteille d'eau et sourit aux parents de Jessica quand ils le remercièrent pour ses aveux avant de s'éloigner. Louis prit une gorgée d'eau alors que Harry essuyait ses yeux, et il fronça les sourcils. Harry sourit, et fit : 

- Un peu trop d'émotions pour aujourd'hui. 

Louis sourit tendrement, et attira Harry contre lui. Ça semblait encore un peu irréel. De ce dire que tout ça était fini. Cette histoire qui avait détruit Harry, c'était fini. Celle qui était restée dans la tête de Louis pendant des mois, c'était fini. Tout était fini, et ils pourraient enfin recommencer sur de bonnes bases. Terminer l'année en paix, comme Louis l'avait souhaité, ce jour-là, sur la plage. Tout semblait se réaliser. 

- Est-ce que vous êtes toujours obligés d'être collés l'un à l'autre ? intervint une voix bourrue dans leur dos. 

Louis sursauta en se détachant, mais sourit en levant les yeux au ciel en voyant Tony, le gendarme responsable du dossier de Harry. Il savait qu'il était présent lors du procès, mais ne l'avait pas encore croisé. 

Il serra la main de Harry, le félicitant pour le verdict. Puis il sourit en les regardant, et dit d'une voix plus basse : 

- Ton bracelet est désactivé, jusqu'à ce que tu viennes à la gendarmerie pour te le faire enlever. Donc tu peux aller où tu veux. 

Les yeux de Harry se mirent à briller, signe qu'il n'avait pas encore pensé à ça. Louis sourit, amusé, en lui prenant la main, et ils remercièrent Tony, qui leur sourit avant de s'éloigner. Harry avait toujours un sourire idiot sur le visage, et Louis se retint d'éclater de rire quand il demanda d'une voix enfantine : 

- On peut aller faire la fête ce soir ? 

- Pourquoi ? demanda Louis. Il n'y a pas grand chose à fêter. Et je suis crevé. 

Harry fit une moue qui était encore plus enfantine que ses actions précédentes, et Louis éclata de rire en l'attrapant par la taille pour le rapprocher de lui. Il leva la tête et sourit à quelques centimètres des lèvres de Harry en soufflant : 

- Je t'aime. 

Harry l'embrassa la seconde suivante, tellement doucement que Louis aurait pu mourir. Harry n'avait même pas besoin de lui répondre. Louis savait qu'à la façon dont il le serrait contre lui, il était un peu plus amoureux de lui de jour en jour. Ils faisaient les mêmes choses stupides, après tout.


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