Chapitre 35
it's time to go, taylor swift
Louis soupira quand l'heure de sortir de l'amphithéâtre sonna et se dépêcha de ramasser ses affaires pour sortir. Dans sa poche, son téléphone n'arrêtait pas de s'allumer, sûrement parce que Niall ne cessait de lui envoyer des messages parce qu'il s'ennuyait. Louis sortit son portable alors qu'il était dans les escaliers et répondit à Niall avec seulement une main qu'il avait pleins de trucs à faire, et qu'ils pourraient discuter plus tard.
C'était la fin de la semaine. D'habitude, le vendredi soir, Louis était surexcité, et il rejoignait ses amis dans le parc, ou à la cafétéria quand il faisait trop froid, il ignorait la montagne de devoirs qui l'attendait et riait toute la soirée, le plus souvent en mangeant des sushis ou des frites. Il s'endormait tard, généralement après avoir regardé un film avec Harry ou passé des heures sous la douche à glousser en plaquant la main sur la bouche de Harry parce qu'il faisait trop de bruit.
Aujourd'hui, c'était un peu plus compliqué. Sa tête était un peu plus chargée que d'ordinaire.
Ce matin, quand il avait quitté sa chambre, Harry dormait toujours, et il avait failli être en retard parce qu'il avait passé une bonne dizaine de minutes à le regarder dormir paisiblement et lui embrasser le front en le serrant contre lui. Il avait pris grand soin de lui envoyer des messages tout le long de la journée pour voir comment il allait, mais Harry n'avait pas répondu, sous prétexte que Louis devait se concentrer sur les cours. Ils ne s'étaient pas croisés aujourd'hui, mais Lana avait dit à Louis que Harry était souriant quand elle l'avait croisé dans un couloir, alors Louis supposait qu'il allait bien. Que pour l'instant, ça allait bien.
Demain, ce n'était pas le grand jour, mais presque. C'était le premier procès.
Demain, Zayn et Gigi iraient chercher Niall à l'hôpital, parce que le garçon sortait exceptionnellement pour le procès. Harry avait été touché quand il lui avait dit par message qu'il serait là. Louis allait faire en sorte que Harry ne stress pas trop, et le conduire jusqu'au tribunal, en espérant que les gendarmes ne se soient pas plantés en rentrant l'heure et le lieu du procès dans le logiciel du bracelet électronique de Harry, parce qu'il n'avait pas vraiment envie de voir les flics arriver parce que le garçon n'était plus dans son périmètre autorisé.
Le procès commencerait à neuf heures, et ne durerait normalement pas plus de quelques heures, puisque les juges ont déjà eu le temps d'analyser les témoignages, qui ont été déposés au commissariat dans les semaines précédentes. Le procès était privé, ce qui voulait dire que la presse n'était pas autorisée à entrer, mais aussi les personnes n'ayant pas été appelées pour témoigner une seconde fois. Louis n'avait pas été appelé, de même que la plupart de ses amis, parce qu'ils ne connaissaient pas Harry assez longtemps pour pouvoir parler de son changement d'attitude. Cependant, ils avaient déposés leurs témoignages, qui seraient pris en compte. D'après ce que Louis savait, les parents de Aaron seraient là, de même que ceux de Harry, qui prenait le train dans la nuit. Il y avait aussi Liam.
Louis savait bien que ça n'allait pas être la partie la plus plaisante, d'attendre dans le couloir. Il savait qu'il allait faire les cents pas, incapable de rester en place tellement il était stressé. Gigi allait sûrement lui crier dessus parce qu'il la stressait, alors qu'elle allait faire la même chose. Lana et Niall allaient dévalisé le distributeur, et Zayn allait resté bien droit sur sa chaise, grattant la peinture de celle-ci.
Ce procès avait une immense importance. Il fallait absolument que Harry le gagne, pour que la manipulation et l'abus de confiance soit retenu lors du procès pour le meurtre de Jessica, afin que la peine soit moins lourde à l'arrivé. Louis y croyait. Il y croyait vraiment, parce qu'au fond, il y avait toutes les preuves. Il y avait de nombreux témoignages contre Aaron, si bien que ce n'était plus la parole de Harry contre la sienne, mais la sienne contre des dizaines d'autres. Parce qu'au final, beaucoup de personnes avaient témoigné.
Louis ne savait pas comment, mais les gendarmes avaient réussi à retrouver pas mal d'anciens contacts de Harry pour leur expliquer la situation et demander un témoignage. Si bien que, Louis ne savait pas précisément qui, ou même combien, mais de nombreuses connaissances de Harry datant du collège ou du lycée avaient déposé un témoignage.
Alors ouais, Louis y croyait vraiment beaucoup.
Quand il arriva devant sa porte, il sortit ses clefs de sa poche, mais elle était déjà déverrouillée. Il fronça les sourcils, mais en l'ouvrant, il trouva Harry, allongé sur son lit, le téléphone devant ses yeux. Des voix s'en échappait, alors Louis comprit qu'il était au téléphone. Il ne fit pas de bruit, ne dit rien, mais sourit en croisant le regard de Harry, et le garçon le lui rendit. Il parlait énergiquement en pouffant alors que Louis enlevait ses chaussures et rangeait ses cahiers, et oui, il avait l'air d'aller bien.
- Louis est là ? demanda l'interlocuteur de Harry.
- Mmh. Il vient juste de rentrer.
Louis fronça les sourcils, mais Harry lui fit un signe de tête pour l'inviter à le rejoindre. Louis s'allongea à côté de lui, la tête contre son épaule, et sourit en voyant les parents de Harry sur l'écran.
- Bonjour ! s'exclama-t-il en faisant un signe de la main.
Harry gloussa alors que ses parents saluaient Louis. Ils parlèrent quelques secondes pour prendre des nouvelles des uns et des autres, et Louis demanda :
- De quoi est-ce que vous étiez en train de parler ?
- Du procès, fit Harry.
- Waw. D'autres sujets ? J'y ai déjà pensé toute la journée.
Harry leva les yeux au ciel pendant que Anne et Desmond pouffaient. Apparemment, et peut-être grâce à Louis, ils prenaient assez bien toute cette histoire. Enfin. Aussi bien qu'on puisse prendre le fait que son fils soit impliqué dans une affaire de meurtre. Mais dès qu'ils parlaient du procès, comme à l'instant, ils avaient l'air optimistes, et pas complètement flippés comme ils avaient pu l'être au début. Et c'est ce dont Harry avait besoin.
- Harry nous a un peu parlé de Noël, aussi, reprit Anne. Qu'est-ce que vous voulez faire ?
- Hum, on voulait... commença Louis, louer un appartement, quelque part. On voulait le faire avec mes petites sœurs mais... Ça ne va pas être possible, alors on sera tous les deux. Sauf si vous voulez qu'il rentre pour Noël, ajouta précipitamment Louis.
Harry posa sa tête contre la sienne alors que Desmond secouait la tête en répondant :
- Il n'y a aucun soucis, Louis. On verra pour vous payer l'appartement.
- Quoi ? firent Harry et Louis en même temps.
Anne et Desmond échangèrent un regard amusé, puis Desmond reprit :
- Ce sera notre cadeau de Noël. Et puis, c'est aussi ton anniversaire, il me semble, Louis ? Ça servira de cadeau aussi.
- Euh, souffla Louis. Merci beaucoup. Vous n'êtes pas obligés de tout payer, je me débrouillerai et...
- Ça nous fait plaisir, le coupa Anne.
Louis se pinça les lèvres, et Harry gloussa en lui jetant un regard, relevant la tête. Louis lui donna un coup de pied, et Harry lui lança un regard noir alors que Anne demandait :
- Alors, qui vient nous chercher, demain ? Qu'on sache qui chercher sur le quai de la gare.
- Liam s'est porté volontaire pour se lever à quatre heures du matin, répondit Harry. On lui laisse le plaisir. Je ne peux pas sortir du campus, sauf pour le procès, mais évidemment, si j'avais pu, je serais venu. A quatre heures du matin.
- On ne comptait pas sur toi, de toute façon, répliqua Desmond.
Harry ouvrit la bouche, choqué, et Louis éclata de rire, ne s'attendant définitivement pas à ça. Harry parlait beaucoup avec ses parents, en ce moment. Louis aimait ça. Il adorait le voir interagir avec eux, voir cette complicité se recréer.
- Liam... Payne ? demanda Anne en plissant les yeux.
- Euh... Ouais, répondit Harry en se grattant l'arrière de la tête.
Louis sourit doucement en reposant sa tête sur l'épaule de Harry. Les Styles connaissaient déjà Liam, puisqu'il était ami avec Harry au collège. Cependant, ils ne savaient pas qu'ils s'étaient retrouvés, et ils sourirent en s'échangeant un regard.
- Je ne savais pas qu'il étudiait aussi à Portsmouth, fit enfin Anne.
- Il fait du journalisme.
- Horrible, intervint Louis en levant les yeux au ciel.
Harry pouffa en lui donnant un coup dans les côtes, puis ils passèrent les dix minutes suivantes à expliquer aux Styles comment ça allait se passer. Liam allait les conduire jusqu'à l'hôtel où il avait retiré les clefs de la chambre cette après-midi, puisqu'ils ne pouvaient pas les avoir en pleine nuit. Il les laisserait dormir quelques heures, avant de revenir pour les mener jusqu'au tribunal, où les attendrait Harry, Louis, Niall, Zayn, Gigi, Lana et l'avocat de Harry.
Ils raccrochèrent peu de temps après, riant parce que Desmond était parti en courant parce que les pates brûlaient. Une fois l'écran de Harry devenu noir, Louis posa sa tête sur l'oreiller en soupirant, passant ses mains sur son visage en soupirant. Harry le regardant en souriant, et demanda :
- Bonne journée ?
- Mmh. Suis épuisé.
Harry pouffa, et finit par s'allonger à côté de Louis. Il passa son bras autour de sa taille et posa sa tête contre son torse. Louis sourit, et rouvrit les yeux pour entourer les épaules de Harry de son bras et déposa un baiser dans ses cheveux.
- Et toi ? Comment ça va ? souffla-t-il.
- Un peu... commença Harry en jouant avec un fil qui dépassait du pull de Louis. Stressé. J'ai déjà hâte que ça se termine.
- Je sais. Je suis sûr que ça se passera bien, demain.
- Tu crois ? demanda Harry en relevant la tête.
- Ouais. On a des tonnes de témoignages qui penchent de ton côté, et Aaron n'a que sa parole à lui.
- Peut-être, soupira Harry en posant sa tête sur l'oreiller.
Louis l'observa un instant, et tendit la main pour effleurer sa joue. Harry sourit en fermant les yeux, et Louis pouvait voir à quel point il était déjà épuisé.
- Depuis combien de temps tu n'as pas revu Aaron ? murmura-t-il.
Harry rouvrit les yeux, et attrapa Louis pour la taille pour la rapprocher de lui, le faisant glousser. Il embrassa tendrement sa joue avant de répondre :
- Depuis quelques mois. Depuis la veille de la soirée de Jessica. Je n'ai pas voulu le revoir après, même s'il me menaçait.
Louis hocha la tête, ne posant pas plus de questions. Il voyait que Harry avait encore du mal à en parler. Que ces années à vivre avec les menaces, elles n'étaient pas complètement derrière lui, et qu'il faudrait du temps. Louis espérait que le lendemain, Harry ne perdrait pas ses moyens devant Aaron. Il était heureux qu'il y aurait Liam et ses parents avec lui pour le rassurer pendant l'audience.
- Tu sais, j'ai pensé à quelque chose, aujourd'hui, reprit Harry.
- Ah oui ? Etonnant.
Harry leva les yeux en donnant un coup dans le bras de Louis, faisant couiner le garçon. Il reposa sa tête, les yeux détaillant le visage de Louis, le faisant frissonner. Et Louis eut cette pensée qui ne cessait de flotter dans sa tête, et qui ne revenait que quelques fois, maintenant.
Ça faisait un petit bout de temps, pourtant, mais il n'arrivait toujours pas y croire. A ça. Au fait que Harry, soit ici, avec lui. Qu'il l'ait embrassé sur ce lit, qu'ils avaient fait l'amour sur ce lit, de nombreuses fois. Qu'il l'avait vu se réveiller, qu'il avait éclater de rire en le voyant se prendre les pieds dans des chaussures qui trainaient par terre et tomber. Que Harry le rapproche de lui chaque nuit pour enfouir son visage dans son cou. Que, des fois, il ne puisse pas s'empêcher de l'embrasser.
Parce que c'était Harry. Louis croyait vraiment que c'était une des personnes les plus belles de cette foutue planète, et c'était toujours aussi irréaliste qu'il choisisse d'être là, d'avoir les yeux fixés sur lui, et pas sur quelqu'un ou quelque chose d'autre.
- Je me suis renseigné à l'accueil, et dans un des autres bâtiments, ils ont encore des chambres doubles de libres. Alors je me disais que...
- Que tu réussirais à me supporter si on habitait ensemble ? proposa Louis.
- Je sais déjà que ça va être un supplice, mais s'il le faut vraiment, je me porterai volontaire, fit Harry en roulant des yeux.
Louis gloussa. C'était quelque chose à laquelle il n'avait pas pensé. Leur quotidien lui allait bien comme ça, et même si c'était un peu fatiguant de voyager entre deux chambres, ça allait. Mais c'était vrai qu'en repensant à ce sentiment qui grandissait dans sa poitrine en regardant la brosse à dents que Harry avait laissé dans sa chambre, de même que quelques vêtements, il aimerait beaucoup. Beaucoup ranger ses vêtements à côté de ceux de Harry, même s'il savait que le garçon prendrait toute la place, et qu'il laisserait trainer ses chaussures partout.
- Alors ? demanda Harry, presque timidement. Qu'est-ce que tu en dis ?
- J'en dis que, commença Louis, j'aimerais beaucoup. Même si tu seras insupportable et que tu ne rangeras jamais tes affaires.
Harry lui sourit, et Louis éclata de rire en se pressant contre lui, nichant son visage dans son cou. Dehors, il faisait déjà nuit, puisque le cours de Louis finissait tard. Il était épuisé, et vu la façon dont Harry bailla, il l'était aussi.
- Fatigué ? demanda-t-il.
- Mmh mh. Désolé si je bouge ou que je te réveille cette nuit je... vais sûrement être un peu stressé. Et, ajouta-t-il alors que Louis ouvrait la bouche, je sais que c'est le genre de truc pour lesquels tu m'interdis d'être désolé. Je te le dis, c'est tout.
Louis sourit, et serra Harry contre lui, passant sa jambe autour de sa taille. Harry venait de lui proposer de prendre une chambre ensemble. Ce n'était pas vraiment un emménagement officiel, parce qu'ils loueraient la chambre à la FAC, mais c'était un début. Un grand début. Si on avait dit à Louis au début de l'année comment serait Harry maintenant, il ne l'aurait pas cru.
Il n'aurait pas cru le fait que ce soit Harry qui s'incrustait dans son lit presque tous les soirs, qui l'embrassait jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus respirer. Qu'il l'attendrait à la fin de ses cours, qu'il sourirait tellement qu'il ferait disparaitre à jamais ce garçon froid et renfermé qu'il avait joué. Qu'il tomberait amoureux de lui et qu'il ne manque pas une occasion de lui dire ou de lui faire confiance.
Et demain, il menait sa première grande bataille. Louis ne pouvait pas être plus fier de lui.
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Quand il entra dans hall du tribunal, Louis inspira un grand coup. Les mains dans ses poches, il leva la tête pour voir le haut plafond, puis la baissa pour parcourir des yeux le parquet en bois ciré qui recouvrait le sol, et les nombreux ascenseurs qui tapissaient le mur du fond. Sur le mur de droite, il y avait plusieurs portes, qui menaient au plus petites salles d'audience. Dans l'espace qui se trouvait devant étaient installés des fauteuils, des tables basses, des distributeurs, et toutes les personnes qu'il devait retrouver.
Lentement, il tourna la tête vers Harry, qui avait la tête levée vers le plafond. Louis sourit doucement, et quand Harry baissa les yeux pour rencontrer son regard, il le lui rendit. Louis voyait l'étincelle dans ses yeux, parce que c'était un enfant, et qu'il ne pouvait pas s'empêcher de s'émerveiller devant la beauté du bâtiment, tellement que ça effaçait la légère trace de stress qu'il y avait dans son regard depuis qu'il était levé.
Louis lui tendit la main, et Harry la regarda avec un léger sourire avant de nouer ses doigts à ceux de Louis. Le sourire du garçon s'agrandit, et il avancèrent dans le hall pour retrouver leurs amis. Tous les deux.
- Enfin ! s'exclama Liam en les voyant arriver. Je suis levé depuis trois heures du matin, vous auriez pu faire un effort, rien que pour moi.
Harry ricana en levant les yeux au ciel, et serra brièvement Liam contre lui avant de passer à son père, qui discutait avec le garçon. Louis fit un check à Liam, en demandant :
- Tout s'est bien passé ?
- Pas de soucis. Le train des Styles était pile à l'heure, c'était juste moi qui était en retard. Mais bon, je les ai quand même récupéré, alors j'ai pas complètement foiré.
Louis pouffa, et remercia une énième fois Liam pour s'être porté volontaire pour aller chercher Anne et Desmond à la gare. Il le soupçonnait de vouloir les revoir, depuis le temps qu'il n'était pas allé chez eux, parce que Harry ne lui parlait plus.
Louis serra la main à Desmond, qui discutait avec Harry, en souriant, puis salua Lana et Gigi en leur claquant un bisou sur la joue, puis finit par faire pareil avec Zayn, parce qu'il râlait que lui aussi voulait un bisou. Au fond de la "salle d'attente" se trouvait Niall, assis dans son fauteuil roulant, qui discutait avec Anne, installée dans un fauteuil à côté de lui. Louis s'approcha, et fit la bise à la mère de Harry, avant de dire à Niall :
- Tu es si faignant que tu ne prends même pas la peine de marcher ?
- Premièrement, Tommo, je viens de sortir d'un coma de un mois et demi, alors laisse moi un peu de repos. Deuxièmement, je me suis levé bien trop tôt pour ton pote, là-bas, fit-il en désignant Harry, qui faisait la bise à Lana, du menton. Et il est même pas venu me dire bonjour. Donc, en conclusion, vas te faire foutre.
- C'est bien ce que je pensais, répondit Louis en pouffant.
Niall lui sourit moqueusement, avant de lui aussi rire. Louis était content de le voir dans un autre lieu que l'hôpital, même s'il n'était dehors que le temps d'une journée. Il était conscient que Niall avait toujours besoin de soins, et donc de rester là-bas, mais Louis n'aimait pas cet endroit tout blanc et avec une odeur de médicament. Ce n'était pas vraiment l'environnement dans lequel il avait l'habitude de voir Niall.
- Comment il va ? intervint soudainement Anne.
Louis tourna la tête vers elle, et suivit son regard des yeux jusqu'à Harry. Il sourit doucement en le voyant rire avec Zayn, et il lâcha :
- Ça va. Il était un peu stressé cette nuit, il n'a pas beaucoup dormi, mais ce matin, ça allait mieux. Il va s'en sortir.
Anne hocha la tête, et Louis sentit une main se poser brièvement dans le bas de son dos alors que Harry passait à côté de lui. Anne se leva pour le prendre dans ses bras, et Harry entoura ses bras autour d'elle, marmonnant quelque chose que Louis ne comprit pas, mais qui le fit rire quand même. Il se tourna vers Niall pour leur laisser en semblant d'intimité alors qu'ils parlaient, et fit passer le temps en échangeant des mimiques avec Niall en essayant de ne pas rire tellement le blond était ridicule.
Au bout d'un moment, Niall finit par crier à Harry qu'il aimerait bien avoir au moins un bonjour, vu qu'il s'était levé tôt pour lui, et alors Harry se jeta dans ses bras. Louis et Anne éclatèrent de rire, et Niall marmonna que ce n'était pas trop tôt, faisant rire Harry. Quand le garçon se redressa, les juges arrivèrent, et derrière eux, les gendarmes accompagnés d'un homme d'environ la trentaine, menotté. En marchant, il ne lâcha pas Harry du regard, un homme et une femme marchant derrière lui, et Louis comprit qu'il s'agissait de Aaron.
Le procès allait commencer.
Louis se tourna vers Harry, qui avait déjà les yeux fixés sur lui. Il lui sourit, et tendit les bras pour que Harry vienne se blottir contre lui. Le garçon nicha son visage dans son cou alors que Louis caressait ses cheveux en soufflant :
- Tout va bien se passer, mon ange. Ça va aller.
Harry releva la tête, et un léger sourire ornait ses lèvres. Louis savait qu'il était stressé. Qui ne le serait pas, à sa place ? Deux mois plus tôt, il aurait sûrement fait une crise de panique et aurait eu du mal à respirer depuis deux jours. Maintenant, il n'était peut-être pas complètement sûr de lui, mais assez pour sourire légèrement.
- J'espère, souffla-t-il. Tu restes là ? Prends moi un sandwich au saucisson avant qu'il n'y en ait plus.
Louis gloussa, et se percha sur la pointe des pieds pour embrasser Harry. Le garçon lui répondit, glissant sa main dans les cheveux de Louis en caressant ses lèvres avec les siennes. Et c'était étrange, la façon dont il était le même qu'au début et complètement différent à la fois. La façon dont Louis l'aimait toujours autant, et même un peu plus.
- Je t'aime, rappela-t-il. Je crois en toi. Tu vas tout déchirer.
Harry sourit, légèrement amusé, et embrassa le front de Louis avant de suivre son avocat dans la salle de procès. Quand il disparu, Louis soupira, et se laissa tomber sur le siège à côté de Niall. Tout le monde vint les rejoindre, et Gigi demanda :
- Un pourcentage qu'il puisse possiblement perdre ?
- Ne pense pas à ça, répondit Louis. Même s'il est très faible. Normalement, ça passe.
Parce que oui, Louis était quasiment sûr que Harry gagne ce procès. Quasiment.
Il avait toutes les chances de son côté, mais Louis avait toujours un peu peur que ça ne marche pas. Qu'il perde, que Aaron s'en sorte sans rien et que Harry s'en prenne plein la gueule lors du procès de Jessica. Il essayait de ne pas trop y penser pour ne pas se stresser plus qu'il ne l'était déjà, mais ça restait toujours là, dans un coin de son cerveau.
Cette nuit, Harry n'avait pas beaucoup dormi, et n'avait pas cessé de bouger, tout en s'excusant du bout des lèvres, parce qu'il gênait Louis. Finalement, alors qu'il était trois heures du matin et que Harry n'avait toujours pas fermé l'œil, Louis l'avait coincé sous lui pour qu'il arrête de bouger et se repose, et ça avait marché.
Quand il s'était réveillé, Harry avait déjà les yeux ouverts, et Louis avait passé une bonne demi-heure à le serrer contre lui. Ils avaient pris une douche, puis Louis était descendu chercher le petit-déjeuner pendant que Harry s'habillait. Quand il était revenu, ils avaient mangé sur son lit en riant, et Harry avait longuement embrassé Louis avant de partir. Sur la route, ils avaient ri de tout et n'importe quoi, sûrement pour évacuer la pression.
Louis détestait ne pas pouvoir assister à ce procès. Il détestait ne pas pouvoir savoir ce qu'il se passait, ce qu'il se disait, si Harry était en train de gagner ou perdre. Si Harry allait bien ou non. C'était la chose qui le stressait le plus. N'avoir aucun pouvoir, et aucun moyen de savoir ce qui se passait dans cette salle, à l'intérieur de laquelle l'avenir de Harry se jouait.
Parce que s'il perdait ce procès, il avait de grandes chances de finir en prison.
Louis se leva à cette pensée, et se dirigea jusqu'au milieu du hall, pour revenir, sous les yeux de ses amis. Ils ne dirent rien, parce qu'ils savaient qu'ils ne pouvaient rien faire pour calmer Louis. Il fallait simplement qu'il arrête de penser.
Alors qu'il était au milieu du hall pour la quatrième fois, son téléphone sonna dans sa poche. Il le sortit, et en voyant le nom de Daisy, il décrocha.
- Oui ?
- Louis ! s'exclamèrent Daisy et Phoebe en même temps. Est-ce que Harry est là ?
Louis fronça les sourcils devant l'impatience de ses sœurs. Elles appréciaient Harry, mais pas au point de sauter sur Louis dès le moment où il décrochait.
- Euh, non. Il n'est pas avec moi.
- Le procès a déjà commencé ? demanda Daisy, déçue.
Louis ouvrit la bouche pour répondre, mais fronça les sourcils. Les filles n'étaient pas censées être au courant pour le procès, ni même pour toute l'affaire sur Jessica. Elles avaient dû appeler Harry, mais le garçon ne leur avait pas répondu, étant dans la salle de procès.
- Comment est-ce que vous êtes au courant ?
- Hum... commença Phoebe, soudain gênée. C'est maman qui nous a dit.
- Quoi ? s'écria Louis.
Il attira le regard de ses amis sur lui alors qu'il soupirait en passant ses mains sur son visage. Il aurait dû s'en douter. Bien sûr que sa mère allait tout raconter aux filles, dans l'espoir qu'elles ne veulent plus voir Harry. Evidemment.
- Ecoutez, commença-t-il, je ne sais pas ce qu'elle vous a dit mais...
- Louis, c'est bon, on sait, le coupa Daisy.
- Vous savez ? répéta Louis.
- Que ce n'est pas de sa faute.
Louis fronça les sourcils, sans comprendre. Ça ne faisait que quelques jours que sa mère l'avait appelé en lui crachant qu'elle ne voulait pas que ses filles voient un assassin.
- C'est maman qui vous a dit ça ? murmura-t-il.
- Ouais, répondit Phoebe. Tu nous rappelles quand il sort ?
Louis secoua la tête pour sortir de ses pensées. C'était surprenant que sa mère dise ça aux filles, étant donné le ton qu'elle avait employé pour en parler, au début de semaine. Impossible, même.
- Euh, oui. Je vous rappelle cette après-midi. Bisous.
Louis, toujours confus, raccrocha. Il resta un instant au milieu du hall, les sourcils froncés en repensant à son court échange avec ses sœurs, puis partit se réinstaller sur son siège. En voyant son expression, ses amis échangèrent un regard avant que Zayn ne demande :
- Ça va ?
- Euh, fit Louis en relevant la tête. Ouais ? Je crois. Ma mère a parlé de l'affaire aux filles, en trouvant des articles sur Internet.
- Merde, lâcha Gigi, parce qu'ils étaient tous au courant que Harry ne voulait rien dire à Daisy et Phoebe.
- En fait, répondit Louis en plissant les yeux, non. Elle leur a expliqué que... Ce n'était pas de sa faute.
Tout le monde haussa les sourcils, et Louis lâcha un petit rire amusé devant leurs expressions.
- Vraiment ? fit Lana.
- Peut-être qu'elle veut redevenir meilleure amie avec toi, qui sait, répliqua Niall.
Louis pouffa en glissant confortablement dans son siège avant de dire :
- Ne te fais pas trop d'idée, ça n'arrivera jamais. Sauf si je deviens super riche et qu'ils ont besoin d'argent.
- Tu leur en donnerais ?
- Seulement s'ils mettent des drapeaux arc-en-ciel de partout chez eux.
Ils éclatèrent de rire.
Le procès dura quatre heures entières. Louis les passa à tourner en rond, jouer à des jeux sur son téléphone, dévorer les chips de Niall, acheter un sandwich pour Harry afin de ne pas se faire tuer par le garçon et essayer de finir sa nuit, en vain. Affalé sur son fauteuil rouge bordeaux, les pieds sur la table ronde devant lui, il était en train de se ronger les ongles avec application quand la porte de la salle s'ouvrit.
Il échangea un regard avec ses amis, puis sauta sur ses pieds alors que les juges sortaient de la salle en leur adressa un signe de tête. Le prochain à sortir était Aaron, les gendarmes le tenant, ses parents galopant toujours derrière lui. Louis croisa son regard dur et froid, et une lueur d'espoir s'alluma au fond de sa poitrine en voyant l'expression de Aaron, compliquée à déchiffrer, mais définitivement pas heureuse.
Quand il tourna à nouveau la tête, il vit Harry, ses parents et Liam discuter avec l'avocat de Harry, à la porte. Harry était concentré sur les paroles de son avocat, et ne laissait dépasser aucune émotion, si bien que le cœur de battait de Louis battait de plus en plus vite.
Après quelques minutes, Harry serra la main de son avocat, et alors que l'homme partait, le garçon s'approcha de Louis, les yeux plantés dans les siens. Louis n'arrivait pas à comprendre les étincelles qui les faisaient briller, et quand Harry arriva à sa hauteur, il demanda sourdement :
- Alors ?
- Je crois qu'on pourra louer un appartement énorme pour Noël, parce que Aaron me doit des indemnités. Et qu'on pourra faire ça tous les Noël, parce que je devrais éviter la prison.
Louis ouvrit grands les yeux, en s'écriant d'une voix aiguë :
- Vraiment ?
Harry rit en voyant son expression, et hocha la tête pour confirmer. Louis poussa un cri de victoire qui fit tourner faire tourner toutes les têtes dans la salle, et Harry éclata de rire. Louis leva les deux mains, et Harry tapa dedans avec les siennes avant d'entourer la taille de Louis pour le serrer contre lui. Louis rit en le serrant contre lui, se balança d'un pied à l'autre. Il croisa le regard de la mère de Anne, qui lui sourit tendrement.
Harry se détacha de Louis pour énoncer avec le sourire :
- L'abus de confiance sur mineur a été retenu, et...
Louis ne lui laissa pas le temps de finir ; il enroula ses bras autour de son cou pour qu'il se baisse et l'embrassa à pleine bouche. Harry sourit contre ses lèvres mais l'approcha de lui pour approfondir leur baiser en soufflant contre ses lèvres :
- Je t'aime aussi.
Louis sourit en comprenant qu'il parlait des mots que le garçon avait prononcé avant que le procès ne commence.
Et c'était le tout début. C'était loin, très loin d'être fini, et gagné. Mais ça commençait bien. Tout commençait parfaitement bien, tellement que ça donnait de l'espoir à Louis pour la suite. Tellement qu'il croyait Harry, quand il disait qu'ils pourraient passer les prochains Noël ensemble, parce qu'il n'irait pas en prison.
En cet instant, c'était la seule chose que Louis voulait faire. Passer tous les Noël de sa vie, et tous les autres jours de l'année, avec Harry.
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