Chapitre 30
Louis plissa les yeux alors que le vent se levait sur la plage, et il rangea son téléphone dans la poche de sa doudoune. Il enfouit son nez dans le col de son pull, et essaya tant bien que mal de faire en sorte que ses cheveux restent en place, parce que l'air de rien, il avait passé du temps à les coiffer, ce matin, mais rien n'y faisait, ils volaient dans tous les sens. Il venait de raccrocher avec ses petites sœurs, avec qui il était en ligne depuis un quart d'heure. Ils avaient discuté de tout, et surtout de rien, jusqu'à ce que leur mère débarque dans leur chambre, alors elles avaient été obligés de raccrocher. Mais juste avant, et Louis savait que c'était sincère, mais aussi pour énerver leur mère, Daisy avait ajouté Passe le bonjour à Harry.
Harry et Louis s'étaient mis d'accord pour ne rien dire aux filles à propos du procès qui arrivait dans les semaines suivantes. Enfin, c'était plutôt Harry qui l'avait demandé à Louis, mais le garçon avait été d'accord avec lui. Premièrement, il ne voulait pas que les filles aient à penser à ça et, surtout, il n'était pas sûr qu'elles réussissent à faire la part des choses et voir clair dans cette histoire. Et Harry n'avait pas besoin qu'elles pensent qu'il était un meurtrier.
Harry, lui, allait mieux. Beaucoup mieux. Louis sourit en y pensant. Cela faisait presque un mois depuis que Louis l'avait retrouvé en pleurs dans sa salle de bain, et depuis, c'était arrivé à nouveau, et pas mal de fois. Louis avait dû, à de nombreuses reprises, le serrer contre lui jusqu'à ce qu'il s'endorme, parce qu'il aurait pleuré toute la nuit, sinon. Il avait dû le forcer à sortir du lit, ou au contraire, le forcer à rester pour qu'il se repose. Il avait dû courir après quelques uns de ses professeurs pour s'excuser de son absence, et pour avoir les cours de la semaine, afin qu'il puisse quand même travailler quand il ne se sentait pas de quitter sa chambre.
Mais oui, ça allait mieux. Parce que malgré tous ces bas, à présent, il y avait les hauts, qui effaçaient peu à peu les autres moments. Il y avait les moments où Louis se réveillait tout seul parce que Harry était en train de travailler avec Gigi, ou quand il s'éclipsait pour aller acheter à manger avec Niall, tout ça pour revenir les bras chargés de chips. Ceux où Harry riait avec Lana, ou ceux où il interpelait Zayn quand il le croisait dans le couloir pour lui dire qu'il avait une sale gueule et partir en courant. Les soirées où il invitait Liam a regarder des films avec lui, ou quand il riait quand Louis disait qu'il était jaloux. Il y avait les moments où il venait le chercher à la fin de la journée avec le thé qu'il avait acheté pour lui à la cafétéria, où il le coinçait contre la porte de sa chambre pour l'embrasser fiévreusement et ceux où il lisait ses livres préférés en faisant semblant de les détester.
Ce truc, de vouloir être heureux sans Louis, Harry y réussissait grandement. Si Louis ne l'avait pas vu au plus bas, il serait atrocement jaloux, que Harry veuille se détacher de lui. Mais il l'avait pleurer assez de fois pour savoir à quel point son sourire était précieux. Et puis, la façon dont le rire de Harry partait dans les aiguë quand Louis faisait une blague, la façon dont il souriait encore plus quand Louis embrassait ses fossettes, la façon dont il faisait exprès de le faire rire quand il se lavait les dents pour lui faire cracher son dentifrice, le fait que Harry passait toutes ses soirées avec des tresses dans ses cheveux alors qu'ils regardaient un film, Louis comptait bien garder ça rien que pour lui.
Harry voyait un psychologue depuis plusieurs semaines, et même si Louis ne savait pas ce qu'ils se disaient, à l'intérieur de ce cabinet, il savait que ça marchait. Harry lui avait expliqué qu'ils travaillaient sur les liens qu'il entretenait et tissait avec les personnes, parce qu'il n'avait plus l'habitude, après deux ans. Louis avait aussi l'impression qu'il faisait moins de cauchemars. Qu'il ne serrait plus son stylo dans ses mains quand son esprit partait Louis-ne-savait-où, tellement que ses jointures devenaient blanches.
Comme promis, Louis n'avait plus séché un seul cours. Il avait même mis au point en emploi du temps très précis, épinglé au dessus de son bureau, et celui de Harry. Par exemple, Louis commençait très tôt le lundi, et il savait que Harry ne se réveillait jamais quand il se préparait, tellement il dormait profondément, alors ils pouvaient dormir ensemble le dimanche. Le mardi, Harry commençait à neuf heures et Louis à treize heures, alors ils dormaient chacun de leur côté, parce que Harry est toujours tenté de ne pas aller en cours pour rester avec Louis. Ils dormaient ensemble le mercredi et le jeudi, parce qu'ils commençaient à la même heure, et séparément le vendredi parce que Gigi venait pour travailler avec Harry. Le samedi, ils n'avaient rien prévu, mais de toute façon, l'un finissait toujours par coincé l'autre contre la porte d'une de leur deux chambres, alors ils dormaient toujours ensemble.
Grâce à ça, ils n'avaient plus loupé aucun cours, comme ils se l'étaient dit. Enfin, sauf quand Louis avait attrapé la grippe et était brûlant de fièvre et que Harry avait voulu rester avec lui tellement il s'inquiétait, et quand Harry s'était méchamment coupé le doigt et qu'en le soignant, Louis avait loupé le début de son cours.
En somme, tout allait de mieux en mieux. Harry et Louis étaient plongés dans leurs études, de même que leurs amis, alors ils faisaient des énormes séances de travail, histoire d'être tous ensemble et ne pas se décourager. Zayn aidait Louis et Niall, Gigi et Harry aidaient Lana, et Liam se débrouillait tout seul, parce que tout le monde avait eu la décence de ne pas étudier le journalisme.
Louis avait trouvé, du moins ce qui en ressemblait le plus, ce qu'il cherchait depuis qu'il était parti de chez parents. Un endroit où il se sentait bien, où il était accepté. C'était ici, il en était sûr. Avec ses amis. Parce que quand il faisait une blague nulle, de toute façon, il y avait toujours Niall pour en rire, et Liam pour la noter dans son téléphone, parce qu'il prévoyait de faire un article sur les pires blagues de Louis. Gigi éclatait de rire quand Louis renversait son thé à la cafétéria, mais l'aidait à nettoyer à chaque fois. Zayn lui expliquait des méthodes pendant des heures pour que Louis les comprenne bien, même s'il pourrait faire des choses bien plus intéressantes à la place. Et à chaque fois que Louis avait l'air un peu fatigué, il pouvait être certain que Lana était assise sur son lit le soir même, essayant de lui tirer les vers du nez.
Il avait ses amis, ses sœurs au téléphone, et Harry. Et les choses n'auraient pas pu aller mieux.
Enfin, elles iraient bien mieux s'il n'était pas en retard pour son cours de l'après-midi.
- Merde, jura-t-il en regardant l'heure sur son téléphone.
Il se releva, frotta son jean pour en enlever le sable, ramassa ses livres et rejoignit le chemin en bois pour quitter la plage. Rapidement, il appuya sur le prénom de Harry pour l'appeler, pour s'assurer qu'il était bien rentré de son rendez-vous chez le psychologue. Normalement, Louis l'accompagnait à chaque fois, mais il avait des devoirs à faire, alors Harry l'avait obligé à rester à la FAC. Il n'y eut qu'une sonnerie avant que Harry ne l'envoi sur son répondeur, et Louis n'eut même pas le temps de froncer les sourcils qu'il reçu un message.
Harry, 13h32 - Désolé, je suis avec mes parents. Tout va bien ?
Louis sourit en voyant sa réponse, et tapa un message pour lui dire qu'il voulait juste savoir s'il était bien rentré.
Ça aussi, c'était un grand changement. Harry et ses parents. Ils avaient beaucoup échangé de messages, surtout Harry et sa mère. D'après ce que Louis avait compris, il avait toujours été plus proche de sa mère que de son père. Cela faisait quelques jours que Harry parlait de l'idée qu'ils viennent à Portsmouth, sûrement parce qu'il en avait parlé avec son psychologue. Louis n'avait pas posé de questions, parce que Harry n'était censé lui dire seulement ce qu'il voulait de ces entrevues avec le spécialiste. Toujours étant que les Styles avaient pris une chambre pour deux jours à Portsmouth, et ils avaient prévu de voir Harry aujourd'hui, et peut-être demain, si le garçon le voulait. Mais il ne voulait pas aller trop vite, et Louis savait à quel point il était nerveux, alors il ne pensait pas qu'il sortirait de sa chambre le lendemain.
Il s'insulta mentalement d'avoir oublié que les parents de Harry arrivaient, parce qu'il aurait aimé les accueillir avec lui, même s'il ne pouvait pas rester. Mais Harry lui envoya un message pour lui dire qu'ils étaient toujours devant le bâtiment principal, alors Louis pressa le pas en essayant de recoiffer ses cheveux, ce qui était horriblement douloureux et aussi inutile.
Il arriva sur le campus trois minutes plus tard, et aperçu Harry, de dos, discuter avec un homme et une femme qui devaient avoir la soixantaine. Ils avaient tout les deux les cheveux bruns, et le père de Harry faisait presque la même taille que lui, bien que sa mère soit bien plus petite. Louis sourit en les voyant, et se racla la gorge en arrivant. Harry se retourna, et presque automatiquement, un sourire se dessina sur son visage. Il avait attaché ses cheveux en un chignon, et portait un jean noir et un pull bleu que Louis avait trouvé au fond de son armoire, quelques jours plus tout, le tout recouvert de son manteau bleu qu'il ne quittait plus. C'était la première fois de la journée que Louis le voyait, et il était radieux.
- Ça va ? lui souffla Harry quand Louis se posta à côté de lui.
Louis hocha simplement la tête, et tendit la main aux parents de Louis, qui la serrèrent les sourcils froncés, sûrement un peu confus.
- Je suis Louis, enchanté. Je suis désolé, je ne peux pas rester, je suis déjà en retard en cours, mais je vous rejoint plus tard.
Les parents de Harry hochèrent la tête, surpris de voir à quel vitesse parlait Louis, les livres plaqués contre son torse. Le garçon leur adressa un sourire, histoire d'être poli, parce que c'était ses beaux-parents, et se tourna vers Harry pour demander :
- La séance s'est bien passée ?
- Mmh mh, répondit Harry avec un léger sourire en coin. Je te raconterai plus tard. Dépêche-toi, c'est ton cours préféré et Niall va finir par te tuer si tu demandes encore à photocopier ses notes.
Louis sourit, et se percha sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur les lèvres de Harry. Le garçon passa brièvement la main dans ses cheveux avant de laisser Louis s'éloigner. Il adressa un léger sourire aux parents de Harry, croisa le regard de Harry et tourna les talons pour se précipiter dans le bâtiment principal.
Il sentit le regard des parents de Harry le suivre jusqu'à ce qu'il disparaisse, et il était sûr que Harry était en train de se racler la gorge pour tenter d'expliquer qu'il aimait les garçons et le gars bizarre qui venait de parler à deux milles mots à la minute était son petit-ami. Il sourit et entra dans son amphithéâtre.
✰
En sortant de son cours, Louis discutait distraitement avec Niall, comme il l'avait fait tout le long, alors que le professeur réexpliquait une méthode d'analyse de texte qu'ils avaient déjà compris, seulement grâce à Zayn. Ils avaient pu faire les malins pendant deux heures, tout en sachant bien que le cours suivant, ils seraient aussi paumés que les autres.
Louis suivit Niall jusqu'à la cafétéria, là où tous leurs amis étaient, puisque tout le monde avait terminé sa journée. Louis passa la tête par l'encadrement de la porte pour leur faire coucou, et il répondirent tous par des doigts d'honneur. Louis leva les yeux au ciel, et se retourna vers Niall après avoir vérifié son téléphone.
- J'y vais, Harry m'attend. On se revoit ce soir, de toute façon.
Niall hocha la tête. Le soir même, ils avaient prévu de faire une petite soirée dans la chambre de Zayn et Liam, parce que c'était la plus grande. Ils n'avaient pas vraiment de raison, appart une énorme envie de regarder des films. Louis avait été préposé aux courses de nourriture avec Gigi, mais Niall lui dit :
- Appelle-moi si tu veux rester un peu plus longtemps avec tes beaux-parents, j'irai faire les courses.
- J'y penserai, fit Louis en lui offrant un sourire. Merci.
Niall fit un salut militaire, et Louis éclata de rire avant de tourner les talons. Il rangea son téléphone et sortit du bâtiment pour se diriger dans le parc, où Harry avait dit qu'ils étaient. Louis balaya le parc des yeux, et quand il vit les Styles installé sur une des tables de pique-niques installées dans la pelouse, il sourit et s'approcha, les mains dans les poches de sa veste.
En l'entendant arriver, Harry tourna la tête et sourit en rencontrant son regard. Il avait l'air bien, mais aussi soulagé que Louis arrive, alors Louis se dit qu'ils auraient peut-être dû faire autrement, qu'il aurait dû rester dans les environs au lieu de laisser Harry seul avec ses parents pour la première fois depuis deux ans. Il lui sourit pour le rassurer, et s'installa à la place qu'il restait, à côté de lui. Presque aussitôt, Harry posa une main sur sa cuisse, et Louis sourit à ses parents pour les saluer.
- Ton cours s'est bien passé ? demanda doucement Harry.
Louis hocha la tête en croisant les bras sur la table en bois, et regarda Harry déglutir difficilement. Il fronça les sourcils, et Harry demanda :
- Tu as toujours le paracétamol que je t'avais apporté quand tu étais malade ?
- Sur mon bureau, répondit Louis en donnant ses clefs à Harry.
Le garçon le remercia en souriant, récupéra les clefs avant de se lever en marmonnant un je reviens à ses parents. Louis le suivit du regard, sachant très bien que c'était une raison pour s'échapper un instant, et Louis le comprenait. Il allait laisser le temps à Harry de monter lentement les escaliers jusqu'à sa chambre, avaler un Doliprane pour calmer son mal de crâne, déstresser et revenir. Il le regarda jusqu'à ce qu'il disparaisse, puis se tourna vers ses parents en disant :
- Excusez-le, il est un peu stressé de vous revoir.
- Il n'y a pas de soucis, répondit sa mère - Anne, si Louis se souvenait du topo que Harry lui avait fait la veille.
Louis leur sourit, et il observa un instant les regards que Anne et son père - Desmond, selon le post-it jaune fluo qu'il avait glissé dans la coque de son téléphone - lui lançaient, avant de grimacer et de lâcher :
- Harry ne vous a pas dit qu'il aimait les garçons, je me trompe ?
Les yeux des Styles s'écarquillèrent imperceptiblement, jusqu'à ce que Desmond ne se racle la gorge et réponde :
- Pas vraiment, non.
- C'est juste un peu surprenant, au début, enchaina Anne. C'est tout.
Louis hocha la tête, son sourire poli devenant un peu plus heureux en regardant les parents de Harry. Le garçon ne lui avait pas dit que ses parents n'étaient pas au courant, mais sûrement parce que le stress de les revoir avait pris le dessus. Et oui, évidemment, une légère boule s'était formée dans le ventre de Louis quand il avait posé cette question, parce qu'il avait peur que les parents de Harry ait la même réaction que les siens. Ça aura achevé le garçon.
- Comment vous vous êtes rencontré ? demanda Anne.
La mère de Harry avait le même visage, c'était impressionnant. La même façon de sourire poliment, avec une touche d'émotion derrière. Les mêmes fossettes se creusaient dans ses joues et ses yeux brillaient de la même façon que ceux de Harry. Elle avait l'air d'être le genre de maman qui faisait du chocolat chaud pendant l'hiver, mais avec qui il ne fallait pas de bêtises.
- A une soirée étudiante, au début d'année.
- Est-ce que c'était la... fit Desmond sans réussir à finir.
- Ouais, souffla Louis en pinçant les lèvres.
Les parents de Harry étaient au courant pour l'affaire, parce que Harry leur avait raconté au téléphone. Ensuite, ils avaient reçu des courriers de la gendarmerie pour déposer leur témoignage en vue du premier procès. Louis avait déjà fait le sien, mais le Styles allaient le faire demain, pour expliquer à quel point Harry avait changé d'attitude en très peu de temps.
- Et qu'est-ce que tu en penses ? demanda Desmond.
Parce qu'il y avait ça, aussi. Comment géraient-ils le fait que Harry ait été utilisé dans une affaire comme celle-ci ? Comment avaient-ils réagi en apprenant que leur fils, dont ils n'avaient pas de nouvelles depuis deux ans, était impliqué dans un meurtre ? Comment pouvaient-ils réagir, alors qu'ils revoyaient Harry depuis la première depuis longtemps, alors que le garçon était peu à peu en train de se reconstruire ?
- Qu'est-ce que vous en pensez, vous ? souffla Louis.
- On ne sait pas trop. C'est... Une situation atypique, et on ne sait pas vraiment comment...
- Réagir ? proposa Louis alors que Desmond cherchait ses mots.
Le père de Harry hocha la tête, et Louis soupira en baissant les yeux vers ses mains. Il fronça les sourcils pour chercher les bons mots, pour leur faire à quel point Harry aurait préféré ne jamais faire ça, et releva la tête.
- Quand je l'ai rencontré il était... Très, très bourré. Je veux dire, bourré comme quelqu'un qui voulait tout oublier de la soirée, pas comme quelqu'un qui voulait s'amuser. Et le lendemain, il n'était pas la même personne. Il était froid, renfermé. Il avait l'air paniqué dans la salle de gendarmerie, avant de répondre à des questions.
Les parents de Harry avaient les yeux fixés sur lui, et Louis se sentait comme s'il devait le défendre, comme s'il devait faire en sorte que ses parents ne le détestent pas. Ne le voient pas comme un monstre.
- Si je l'avais rencontré maintenant, et qu'il m'aurait dit qu'il avait ouvert la fenêtre pour que cette fille se fasse tuer, j'aurais flippé, et j'aurais tout fait pour l'éviter dans les couloirs. Parce que je conçois que c'est vraiment flippant. Mais... J'étais là, tout le long. Je ne savais rien avant un mois, mais depuis le début de l'année scolaire, j'ai tout vu. Je l'ai vu faire une crise de panique devant la gendarmerie, serrer mes doigts tellement fort qu'il me faisait mal, pendant qu'on attendait pour répondre à des questions. Je l'ai vu partir en courant quand, avec mes amis, on parlait de cette fille et de nos hypothèses sur ce meurtre. Je l'ai vu se figer à chaque fois qu'on prononçait son nom, m'en parler avec une boule dans la gorge. Je l'ai vu s'éloigner de moi tellement il avait peur que je découvre tout ça, tellement il en avait honte et tellement ça le rendait malade. Je l'ai retrouvé en pleurs dans sa salle de bain après tout avoir avoué.
Il reprit son souffle pendant un instant, puis reprit :
- Et je sais que c'est compliqué. Personne n'a jamais appris à réagir à ce genre de choses. Mais, quand il reviendra, regardez juste dans ses yeux. Et je vous jure qu'il est tellement déchiré à l'intérieur que ça se voit. Qu'on peut voir juste en le regardant parler et bouger à quel point il regrette et toutes les heures qu'il a passé à hurler à cause de toutes les choses qu'on lui a fait faire.
Les yeux de Anne étaient remplis de larmes, et elle hocha la tête pour s'empêcher de pleurer. Parce que ça doit être horrible, non ? D'apprendre que son petit garçon, le seul qu'on ait, se soit manipulé sous nos yeux pendant tout ce temps, et de savoir tout ce qu'il a subit en silence.
Louis regarda Desmond serrer la main de Anne dans la sienne, et ils ne parlèrent plus jusqu'à ce que Harry revienne. Il s'installa à côté de Louis, qui lui sourit doucement. Harry avait l'air plus tranquille, et il attrapa ses doigts sur le banc. Il tourna la tête quand sa mère demanda :
- Ça va mieux, chéri ?
Il écarquilla imperceptiblement les yeux à l'entente du surnom, sûrement parce qu'il n'en n'avait plus l'habitude. Mais il hocha la tête en répondant :
- Oui. Désolé.
Il eut un silence, pendant lequel Harry lança un regard embarrassé à Louis, qui dut se mordre la joue pour ne pas rire. Harry le remarqua, et lui donna un coup de pied dans le mollet, alors Louis lui pinça la côte, ce qui le fit se décaler sur le banc.
- Qu'est-ce que tu étudies, alors, Louis ? demanda Desmond, n'ayant rien remarqué.
Louis tourna la tête pour se concentrer tandis que Harry gloussait à côté de lui, et répondit :
- Je suis en première année de littérature. J'ai le même âge que Harry, mais l'année dernière, j'étais à Brighton pour étudier la biologie.
- Oh, pourquoi tu as arrêté ? fit Anne, l'air vraiment concerné par le sujet.
- Hum, je ne sais pas trop. Un jour je me suis réveillé et je me suis rendu compte que je n'avais pas vraiment envie de regarder des cellules toute ma vie.
Harry haussa les sourcils comme pour confirmer, et Louis s'esclaffa, en ajoutant :
- D'ailleurs, Harold a de très bonnes notes en cette matière.
- C'est vrai ?
Harry ouvrit légèrement en regardant Louis et lui envoya un regard noir, parce qu'évidemment que non, il n'avait pas de bonnes notes. C'était la seule matière pour laquelle il avait besoin d'aide, et Gigi, qui comprenait tout à un point que c'était énervant, et Louis, qui avait déjà étudier tout ce qu'ils voyaient en médecine, passaient des heures à lui expliquer.
Et en regardant Harry se lancer dans des explications foireuses sur le programme de biologie, il envoya un message Niall pour lui demander d'aller faire les courses pour ce soir, parce qu'il sentait que ça allait être très, très long, mais qu'il allait adorer.
✰
- Tais-toi, gloussa Louis en plaquant sa main sur les lèvres de Harry.
Harry ferma les yeux pour arrêter de rire alors qu'ils entendaient ses voisins commencer à crier parce qu'ils faisaient trop de bruit. Louis se retint de rire lui aussi, et il attendit qu'ils se taisent pour retirer sa main. Harry se mordait toujours la lèvre, et Louis leva les yeux au ciel avant d'écraser ses lèvres sur celles de Harry.
Les parents de Harry étaient partis une demi-heure plus tôt pour aller déposer leur témoignage à la gendarmerie, et Harry n'avait pas vraiment voulu les accompagner. Ils comprenaient, alors ils étaient partis seuls, laissant les deux garçons. Ils étaient rentrés dans la chambre de Harry, et sachant que Niall et Gigi venaient juste de partir pour faire les courses, donc qu'ils devraient rejoindre les autres que dans une bonne heure et demi, Louis avait fini au dessus de Harry à l'embrasser.
Harry soupira contre la bouche de Louis, et glissa ses mains sous son t-shirt alors que Louis lui mordillait la lèvre. Louis se retint de gémir quand Harry passait les doigts sur sa colonne vertébrale, parce que les voisins allaient vraiment finir par péter un câble. Harry le savait, alors il fit de son mieux pour torturer Louis en lui embrassant la mâchoire et en caressant sa peau sans jamais retirer son t-shirt.
Alors Louis prit les devant et se redressa pour retirer son t-shirt. Harry posa ses mains sur ses omoplates pour qu'il retombe sur lui et l'embrassa à nouveau, tellement fort que Louis eut à se reculer pour pouvoir reprendre sa respiration.
La sonnerie de son téléphone se déclencha alors que le t-shirt de Harry était par terre avec le sien, et qu'il était en train de détacher sa ceinture la l'aveugle, les lèvres perdues sur le torse du brun, qui n'arrivait plus à se taire. Il l'ignora, se promettant de tuer Niall s'il voulait juste lui demander quel était son parfum de chips préférés.
La deuxième sonnerie retentit alors que Harry les avait fait basculer et formait un suçon sur sa hanche tandis que Louis avait les mains plongées dans ses cheveux, la lèvre inférieure coincée entre ses dents.
La troisième coupa Harry dans son élan alors qu'il allait embrasser Louis à nouveau, et le brun jeta un coup d'œil au téléphone du garçon, sur la table de chevet à côté d'eux. Il fronça les sourcils, et annonça :
- C'est Gigi. C'est bizarre qu'elle t'ai appelé trois fois.
Louis soupira, n'ayant pas vraiment pas envie que ce moment se termine un jour. Il se redressa alors que Harry s'asseyait derrière lui, et décrocha.
- Oui ? Gigi ?
- Louis !
Gigi avait l'air paniquée, et Louis se retourna pour échanger un regard étonné avec Harry, qui avait entendu sa voix tellement elle avait parlé fort.
- Tout va bien ? demanda Louis.
- C'est Niall, il...
Elle n'arriva pas à terminer sa phrase tellement elle était essoufflée. Louis emprisonna le draps sous ses doigts, confus, et répéta :
- Il ?
- On est à l'hôpital. Il y a une fusillade au supermarché.
Et le monde s'arrêta de tourner.
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