Chapitre 29






Si Louis était très honnête, là, tout de suite, il dirait que la nuit qu'il venait de passer était probablement la pire qu'il ait jamais passé. Il avait dû dormir pendant trois petites heures, s'était levé au moins quatre ou cinq fois pour fermer et rouvrir la fenêtre, parce qu'il faisait trop chaud dans la chambre, puis beaucoup trop froid. Il avait entendu les voisins d'à côté parler jusqu'à trois heures du matin, et Louis ne savait pas ce qu'ils avaient fait, mais il lui semblait qu'ils avaient réorganisé toute la chambre et bougé tous les meubles, vu le bruit qu'ils avaient fait. Alors oui, si Louis disait ce qu'il pensait, il aurait sûrement dit que c'était la pire nuit de sa vie, mais il se souvint des quatre dernières. Durant lesquelles il avait dormi, oui. Mais pendant cette nuit-là, il avait serré Harry contre lui, et même s'il n'avait pratiquement rien fait d'autre, il aurait pu passer une nuit bien, bien pire. 

Harry avait pleuré. Avant de se coucher, il avait prévenu Louis et s'était excusé d'avance, et Louis l'avait simplement pris dans ses bras pour lui embrasser sur le front. Il avait répliqué un truc comme c'est à ça que je sers, non ? et Harry avait gloussé dans son cou. Et évidemment, Harry n'avait pas besoin de s'excuser, parce que Louis comprenait. S'il avait été à sa place, il ne savait pas comment il aurait fait pour se lever, et serait toujours dans la salle de bain à pleurer jusqu'à ce qu'il n'ai plus assez de voix pour hurler. 

Et peut-être que c'était grâce à tout ce temps passé à faire semblant, que Harry réussissait à faire ça. A se lever, à rester avec Louis pour regarder un film, et même à rire, quelques fois, quand Louis faisait un nœud dans ses cheveux. Louis avait pensé à ça alors que Harry se lavait les dents avant de se coucher. Il ne voulait pas qu'il fasse semblant avec lui. Faire semblant que ce n'était pas si grave, que tout ça ne l'atteignait pas, qu'il n'était pas dévasté. Et au final, il s'était avéré qu'il ne faisait pas du tout semblant. 

Louis l'avait serré contre lui pendant ce qu'il lui avait semblé être des heures entières, alors que Harry pleurait dans son cou en s'accrochant à lui. Quand il s'était enfin endormi, Louis avait refusé de fermer les paupières pour garder un œil sur lui. Il s'était levé pour chercher un plaid dans son placard en voyant qu'il frissonnait, et alors qu'il fronçait les sourcils en marmonnant, sûrement à cause d'un cauchemars, Louis caressait distraitement son bras et jouait avec ses cheveux jusqu'à ce qu'il se calme. 

Tout ça pour dire que ce matin, quand il se réveilla après être tombé de fatigue quelques heures plus tôt, il s'insulta mentalement de ne pas avoir coupé le réveil de Harry, dont la sonnerie retentissait dans la pièce. Il grogna, et se retourna pour tâter la table de chevet, et éteignit le réveil en se retenant de le balancer très fort contre le mur. Cependant, il se força à ouvrir les yeux pour voir si ça avait réveillé Harry ou non, et le cauchemar recommença. 

Parce que Harry n'était pas là. Encore une fois. 

Soudain parfaitement réveillé, Louis se redressa en position assise, les yeux écarquillés. Son cœur battait fort contre sa poitrine, et l'idée que tout ça, toute la soirée de la veille soit juste le fruit de son imagination germa dans son esprit. Il secoua la tête pour chasser cette pensé de son cerveau, et récupéra son téléphone, sur le sol. Quand il appela Harry, son téléphone sonna sur le bureau, et la peur qu'il soit encore parti, cette fois sans son téléphone, grandissait dans sa poitrine. De plus en plus paniqué, il balaya la pièce du regard, mais évidemment, Harry n'était nulle part. 

Il sursauta quand la porte de la salle de bain s'ouvrit. 

Harry en sortit, une brosse à dents dans la bouche. 

Louis soupira en passant ses mains sur son visage, autorisant son cœur à se calmer.

- Salut, fit Harry en croisant son regard, la bouche pleine de dentifrice. Mon téléphone a sonné ? 

Louis hocha la tête, ne pouvant s'empêcher de sourire de soulagement. 

- Ouais. Mais c'était moi. 

- Pourquoi ? 

Louis fit un signe de la main comme pour balayer le sujet, et Harry gloussa en levant les yeux au ciel et disparu dans la salle de bain. Louis s'autorisa à souffler un grand coup en se rallongeant, ses mains tremblant presque tellement il avait eu peur. Il ne voulait pas revivre ses quatre jours enfermé dans sa chambre, sans Harry, la tête remplie de questions.

Il pouffa en entendant Harry cracher son dentifrice, et quelques secondes plus tard, le garçon refit son apparition dans la chambre, seulement vêtu d'un pantalon de jogging, les cheveux humides. Il souleva la couverture et Louis se poussa pour lui laisser de la place. Une fois Harry installé, il posa sa joue contre son épaule, à plat ventre sur le matelas, sa main dessinant des motifs invisibles sur son épaule opposée. Harry sourit en enroulant son bras autour de ses hanches, et demanda doucement : 

- Pourquoi tu m'as appelé alors que j'étais dans la pièce d'à côté ? 

- C'est pas intéressant, répondit Louis, soudain embarrassé. 

Il dût rougir un peu, parce que Harry sourit en caressant sa joue. 

- Je me suis réveillé sans toi, et j'ai eu peur que tu sois parti. Maintenant arrête de sourire comme ça, sale idiot. 

Harry laissa un petit ricanement s'échapper de ses lèvres, et Louis grogna avant de nicher son visage dans le cou de Harry, qui éclata de rire. Louis refusa de se reculer, alors Harry fit courir ses doigts dans le bas de son cou, le nez enfouit dans ses cheveux. Louis ferma les yeux, respirant le parfum de Harry, qui était juste celui de son gel douche qu'il achetait à la superette du campus. Il sentit Harry sourire et déposer un baiser dans ses cheveux, et fit glisser sa main le long de son bras, avant de revenir à son épaule, laissant sur sa peau une longue lignée de frissons. 

- Arrête de me renifler, toi, grogna Louis en se reculant, faisant sourire Harry. 

Il était heureux de le voir dans cet était-là, ce matin. Après la nuit qu'il venait de passer, Louis avait peur que Harry soit de mauvaise humeur, et regarde par la fenêtre pendant des heures - parce que Harry était dramatique. Il avait l'air bien. Son sourire s'affichait facilement, ses fossettes se creusaient et ses yeux brillaient, et même s'ils le faisaient un peu moins que d'habitude, ils le faisaient quand même. Il n'y avait que ses cernes qui témoignaient de sa nuit catastrophique. Et les cernes, Harry dû remarquer celles de Louis, parce qu'il fronça les sourcils en les effleurant, et demanda : 

- Ça va ? 

Louis hocha la tête, ses doigts pianotant toujours sur l'épaule nue du garçon. Il se réinstalla sur son épaule opposée alors qu'il ouvrait la bouche pour dire : 

- Je suis désolé si...

- Harry, le coupa doucement Louis en mettant sa main sur sa joue. Arrête de t'excuser. C'est de ma faute si je n'ai pas voulu dormir. Pas la tienne. 

Harry ne répondit rien, mais en voyant son regard qui restait aussi inquiet qu'avant, Louis sut qu'il n'était pas vraiment convaincu. Il fit glisser sa main jusqu'à atteindre la joue de Louis pour la caresser doucement de son pouce, et Louis lui sourit doucement, frottant son nez au sien tellement ils étaient proches. Louis ne s'attendait pas à autant de douceur de la part de Harry ce matin, mais son ventre allait peut-être exploser en raison de tous les papillons qui se battaient à l'intérieur.

Louis ferma les yeux pour respirer la peau de Harry, et ils ne bougèrent pas pendant plusieurs minutes. Louis était épuisé et aimerait beaucoup grapiller encore quelques heures de sommeil, mais pas tout de suite. Il ne voulait pas s'endormir maintenant. Il voulait continuer d'écouter Harry respirer le parfum de son shampoing, le sentir faire courir ses doigts le long de sa colonne vertébral, lui donnant froid et chaud à la fois. Il ne voulait pas louper une seule des choses qu'il disait et à chaque fois qu'il remettait ses cheveux en place parce qu'ils descendaient devant ses yeux et trempaient l'oreiller.

Il ne voulait louper aucun moment avec Harry, parce que ces quatre derniers jours avaient été les pires de toute sa vie. Et c'était fort probable qu'il ne se détache plus jamais de Harry.

- Tu sais, murmura Harry dans ses cheveux, j'ai changé d'avis. 

Louis fronça les sourcils et releva la tête pour croiser les yeux de Harry. Ils étaient toujours aussi clairs et sombres à la fois, aussi faciles et difficiles à déchiffrer. Louis le connaissait par cœur, mais, en même temps, il était si imprévisible qu'il ne pouvait rien prévoir. Et il ne savait pas s'il aimait ça ou si ça le frustrait.

- Je ne veux pas que tu saches tout en lisant des messages. Je veux te le dire. 

- Oh, fit Louis, surpris. Ok. Si tu veux. 

Harry sourit, amusé, et enroula une des mèches de Louis autour de son doigt. Louis ne savait pas comment il faisait. Il ne savait pas encore tout ce qu'il avait enduré, mais il devinait sans mal à quel point ça avait dû être atroce. Et Harry était là, en train de sourire parce que Louis avait l'air idiot. Il ne savait pas comment il réussissait à se lever à chaque fois. 

Louis le regarda déglutir en baissant les yeux, alors il effleura sa joue pour le forcer à le regarder. Il lui sourit pour le rassurer, et Harry le lui rendit. Il voulait lui dire qu'il n'était pas obligé de lui raconter s'il ne voulait, mais il voyait dans ses yeux que tout voulait de son corps, parce que c'était beaucoup plus simple. Et puis il y avait ce petit truc au fond de sa poitrine qui voulait tout savoir. Qui battait un peu plus fort parce que Harry était sur le point de lui expliquer tout ce que Louis voulait savoir depuis des semaines. 

- Aaron, c'est... commença difficilement Harry, c'est mon cousin. Il a sept ans de plus que moi, et quand on était gamins, c'était mon model. Je suis fils unique, alors j'en avais besoin d'un, et c'est tombé sur lui. A l'école, j'étais... J'étais un gosse comme les autres, j'imagine. Mais je n'étais pas le mec cool avec qui tout le monde voulait être ami. Ça, c'était Aaron. Et, évidemment, je voulais être comme lui. 

Louis avait les yeux fixés sur Harry, dont les mots sortaient plus facilement, mais en humidifiant de plus en plus ses yeux. Louis replaça une boucle derrière son oreille, faisant légèrement sourire Harry, et glissa ses doigts le long de son bras pour nouer ses doigts aux siens. 

- On s'entendait très bien quand j'étais au collège, et lui en fin de lycée. On habitait à quelques rues d'écart, alors je passait tous les mercredi après-midi chez lui. Il me montrait sa collection de LEGO, et on regardait les Stars Wars en mangeant les cookies que sa mère avait préparé. Et en y repensant, je me rends compte qu'il adorait ça. Que je le vois comme un modèle. Que je l'idéalise. C'est lui qui m'a emmené à ma première soirée, quand j'avais seize ans. Lui qui m'a fait boire ma première bière, lui qui m'a montré comment rentrer en douce dans des soirées étudiantes alors que j'étais encore au lycée, lui qui m'a trouvé ma première copine. Je voulais être comme lui, alors je faisais tout ça en pensant que ça allait me rendre cool et tout ça, mais c'était précisément le contraire de qui j'étais et ce que j'aimais. 

Louis hocha doucement la tête, se mordant la joue en voyant la tristesse s'accumuler dans les yeux de Harry, qui ne le regardait plus vraiment. Le garçon renifla, et Louis serra ses doigts dans les siens. Harry ne réagit pas, alors il les porta à ses lèvres pour les embrasser. Harry releva les yeux pour sourire à Louis. Il déglutit et attendit quelques secondes avant de recommencer : 

- Un jour, alors que j'avais dix-sept ans, Aaron m'a appelé pour que je le rejoigne devant un supermarché. Il était avec tous ses amis que je ne connaissais pas et qui me regardaient de haut, comme si je n'étais rien. Ils voulaient voler de la bière dans le supermarché fermé, comme ça, juste pour rire. Et ça ne me faisait pas du tout rire, mais je pensais que c'était ce qu'il fallait faire. Que j'avais un problème, et que je n'étais pas censé resté enfermé dans ma chambre à faire mes devoirs alors que j'avais dix-sept ans, parce que Aaron, lui, quand il avait dix-sept ans, il ne faisait pas ça. Alors je les ai suivis. 

Harry marqua une pause pour souffler, ses doigts tremblant presque entre ceux de Louis. Le garçon ne savait pas vraiment quoi faire, alors il se contenta de les caresser pour tenter d'apaiser Harry, même s'il doutait que ça serve à quoi que ce soit. 

- Au début, ce n'était rien. Pas grand chose. On volait de l'alcool ou des DVDs juste pour rire. Les potes de Aaron étaient de moins en moins nombreux à le suivre, mais moi j'étais toujours là. Parce qu'il me répétait que c'était comme ça, qu'on était censés grandir. Que je faisais pitié à rester enfermé dans ma chambre avec mes livres, et que j'étais loin d'être le mec qui intéressait les gens. Que j'étais juste un fantôme, que je n'existais pour personne. Et je le suivais et je détestais ça, mais en même temps, je ne voulais pas être celui qu'il disait que j'étais. Un jour, il m'a appelé pour l'aider à tabasser quelqu'un qui lui avait volé son argent, ou un truc comme ça, et j'ai refusé. Parce que ça allait trop loin. Mais il m'a menacé de tout raconter à mes parents. De leur dire que je l'entrainais dans des vols comme ça, que je le menaçais, que je sortais tous les soirs pour me droguer et coucher avec tous les garçons que je croisais en soirée. Alors je me suis tût, et il a tabassé ce mec tellement fort et longtemps qu'il a fini aux urgences. 

Louis était sûr, c'était Aaron qui allait finir aux urgences parce qu'il allait le tabasser. 

- J'ai eu dix-huit ans, et je suis parti. J'ai abandonné tout le monde, parce que je leur mentais, et que je me dégoutais. Parce que tous les soirs, Aaron volait du fric et finissait par se battre et que moi, je le couvrais à chaque fois. Je me suis planqué partout où je pouvais, mais rien à faire, Aaron appelait toujours, retrouvait toujours mon numéro quand je le changeais, et me menaçait à chaque fois un peu plus. Alors j'ai continué à le couvrir, à l'aider à entrer dans des bâtiments la nuit pour qu'il y foute le feu, parce que ça l'amusait. Il n'y avait plus que nous deux, parce que personne d'autre ne voulait le suivre. Parce qu'il ne menaçait personne d'autre que moi. Quand je suis arrivé ici, l'année dernière, je n'ai parlé à personne de toute l'année, et c'était volontaire. Je ne voulais pas m'attacher à qui que ce soit, parce que j'avais envie de vomir en pensant à ce que je leur cacherai et toutes les choses que je faisais. 

Une première larme roula sur la joue de Harry, et Louis l'essuya avec son pouce. Harry ferma les yeux, et Louis posa sa main sur sa joue pour lentement la caresser. Harry finit par rouvrit les paupières et rencontrer le regard de Louis, et le garçon voyait à quel point c'était difficile pour lui de poser des mots sur ça. Il voyait aussi qu'il n'en pouvait plus de garder ça enfouit au fond de lui depuis tant de temps. Qu'il fallait qu'il le dise à voix haute, que ce secret ne soit plus le sien et qu'il n'ai plus la sensation d'être coincé. 

- Cet été, pendant l'avant dernière semaine d'Août, Aaron m'a appelé en disant qu'il venait faire un tour à Portsmouth, et qu'il savait qu'une des filles qui habitait à Manchester faisait une fête chez elle. Il m'a expliqué son plan, et j'aurais balancé mon téléphone contre le mur si j'avais eu assez de forces en apprenant ce qu'il voulait faire, et ce qu'il voulait que je fasse. Je ne pouvais pas reculer, parce qu'il ne me menaçait plus de tout dire à mes parents. C'était à la police, maintenant. Et j'aurais pu le dénoncer aussi, mais Aaron aurait eu les moyens de se trouver le meilleur des avocats et me descendre en peu de temps. Alors j'y suis allé, ce soir-là. 

Harry prit une grande inspiration, comme pour se donner du courage, et planta ses yeux dans ceux de Louis. 

- Je ne me suis pas garé devant chez Jessica, mais derrière. J'ai sauté par dessus la clôture du jardin, et grâce à la clef passe-partout que Aaron avait acheté une fortune à un gars pas très clair, j'ai ouvert la fenêtre de la cave, et je suis parti. J'ai ouvert la seule entrée de la cave, hormis la porte, et j'ai servi à Aaron un immense champs d'action, tout en prenant tout les risques. Parce que c'était mes empreintes qui risquaient d'être sur la fenêtre, pas les siennes. Moi que quelqu'un aurait pu voir, pas lui. Et...

La voix de Harry se brisa, et Louis se força à ravaler les larmes qui lui montaient aux yeux. Parce que Harry avait fait tout ça et, putain, il comprenait, maintenant. Pourquoi il se figeait quand Louis disait le nom de Jessica. Pourquoi il faisait des crises de panique au commissariat. Pourquoi il devenait si nerveux quand son téléphone sonnait. Pourquoi il était si bourré à la soirée.

- Et, reprit Harry plus difficilement qu'avant, Aaron n'avait pas prévu de tuer Jessica. Pas en particulier. Il voulait juste tuer quelqu'un, parce qu'il est complètement taré. Et je savais qu'il allait attendre dans la cave jusqu'à ce que quelqu'un se point, lui tirer une balle entre les deux yeux et se barrer, peu importe qui c'était. Et quand je suis rentré dans la maison de Jessica, je me suis à boire, beaucoup, beaucoup trop. Et peut-être que c'était à cause de ça, ou de ce truc au fond de mon ventre, mais dès que je t'ai vu, je...

La voix de Harry se brisa une nouvelle, et Louis ne put rien faire d'autre que laisser ses yeux se remplirent de larmes alors qu'il devinait ce que Harry allait dire. Il glissa sa main dans ses cheveux et Harry renifla avant de souffler : 

- Je ne voulais pas que ce soit sur toi, que ça tombe. Je ne voulais pas que ce soit toi qui aille dans cette putain de cave, et c'est la raison de pourquoi je t'ai littéralement poussé dans une chambre pour que tu y restes pendant toute la soirée. Parce que je ne voulais pas que ce soit toi, Louis. 

Un sanglot déchira la gorge de Harry quand il prononça le prénom de Louis, et le garçon le serra contre lui en fermant les yeux. Harry s'accrocha à sa taille et pleura contre son épaule alors que Louis se retenait de pleurer lui aussi, mais c'était peine perdue. Les larmes coulèrent sur ses joues. 

Ce soir-là, alors que Harry l'entrainait dans cette chambre, il était à des kilomètres de se douter de ce qu'il se passait dans sa tête. A des kilomètres de se douter pourquoi il avait fermé la porte à clef, pourquoi il s'était donné tant de mal pour qu'il reste le plus longtemps. Louis n'avait aucun mal à deviner pourquoi Aaron continuait d'appeler. Pour prévoir d'autres meurtres, alors que Harry n'en pouvait plus, Harry se noyait à cause de cet enfoiré. Voilà pourquoi il avait lancé son téléphone contre le mur, plusieurs jours plus tôt. 

- Tout va bien, mon ange, murmura Louis en caressant les cheveux de Harry. Je suis là. Tout va bien. 

Harry articula quelque chose qui ressemblait à un je sais, dans le cou de Louis, et mit plusieurs minutes pour cesser de pleurer. Pendant ce temps, Louis s'appliqua à jouer avec ses cheveux, à embrasser sa tempe et à caresser sa joue le temps que les sanglots qui traversaient Harry se calment. 

Ils restèrent comme ça encore quelques instants, jusqu'à ce que Harry ne renifle et se recule de Louis. Il avec les yeux et les joues rougies, et Louis lui sourit avant de coller son front au sien en soupirant. Harry le serra contre lui en attendant que les dernières larmes ne s'échappent de ses yeux, avant de murmurer : 

- Ils ont eu Aaron hier matin, et l'ont placé en garde à vue. Il y aura deux procès ; un pour moi, un pour Jessica. J'ai déjà la date du premier procès, et il pourrait avoir de grandes conséquences sur le deuxième. Comme par exemple ne pas aller en prison. 

Louis rouvrit les yeux sans se détacher de Harry, et murmura : 

- Tu vas y arriver, d'accord ? Le premier procès va bien se passer, le deuxième aussi, et tout sera finit avant Noël, et tu pourras repartir l'année prochaine sur de bonnes bases. 

Harry hocha la tête en renifla, et finit par sourire en soufflant : 

- D'accord. 

Louis lui sourit en retour, et s'approcha de lui pour l'embrasser. Harry n'approfondit pas le baiser, et laissa Louis caresser ses lèvres avec les siennes, ce qui faisait naître des frissons sur leurs peaux. Harry caressait la joue de Louis comme il le faisait d'habitude, et Louis essayait de ne pas pleurer en repensant à tout ce qu'avait vécu Harry. 

Mais il était persuadé que ce qu'il avait dit allait se révélé vrai. Ils n'allaient pas lâcher. Harry n'allait pas lâcher, et tout se passerait bien. Il allait gagner ce premier procès, et éviter la peine de prison lors du deuxième, tout en regardant Aaron aller en tôle. Louis, en tout cas, le ferait avec une certaine satisfaction. Tout allait aller bien pour Harry, parce que tout était fini. Que maintenant, s'il voulait tomber, il y aurait toujours Louis pour le rattraper. Qu'il pouvait enfin se permettre de remonter à la surface. 

- Je veux aller voir un psychologue, murmura Harry en se détacha de Louis de quelques millimètres à peine. 

- Vraiment ? demanda Louis, les sourcils haussés. 

- Je ne sais pas si je peux avec... Avec ça. 

Harry désigna son bracelet électronique du menton, et Louis se leva en récupérant son téléphone. Harry le regarda avec les sourcils froncés, mais un léger sourire sur le visage, et Louis composa le numéro de la gendarmerie. Il y eut trois sonneries, pendant lesquelles il sourit à Harry, debout au pied du lit. Harry essuya ses joues du revers de la main en souriant lui-aussi, puis quelqu'un décrocha. 

- Gendarmerie de Portsmouth, bonjour. Que puis-je faire pour vous ? 

- Bonjour ! répondit Louis, content d'avoir quelqu'un au téléphone alors qu'il pensait avoir à faire avec un machine. Je voudrais avoir quelques renseignements sur les autorisations d'une personne qui porte un bracelet électronique depuis hier matin.  

- Quel est son nom ? 

- Harry Styles. 

Louis patienta un instant pendant que le gendarme tapait le nom de Harry dans son ordinateur tout en échangeant des regards avec le garçon, qui essayait de le faire rire, ayant retrouvé son sourire.

- Je vous met en ligne avec le responsable de son dossier. Mais je vous préviens, il ne pourra pas vous révéler certaines informations si vous ne vous présentez pas à la gendarmerie en déclinant votre identité, pour un question de sécurité. 

Louis remercia la gendarme, et la sonnerie recommença, le temps que l'appel soit transféré. Il n'avait aucune crainte qu'il n'ait pas de réponse à sa question, parce qu'elle portait simplement sur une question de règles que Harry n'avait pas écouté pendant la pose du bracelet. Il se promit de se moquer de lui pour ça, plus tard.

- Oui ? 

- Bonjour, répondit Louis. Vous êtes bien le responsable du dossier de Harry Styles ? 

L'homme confirma et donna son nom, que Louis nota sur un post-it pour ne pas oublier. Harry ricana en le voyant faire, toujours allongé dans le lit, et Louis lui fit un doigt d'honneur alors que le gendarme continuait : 

- Et vous êtes ? 

- Louis Tomlinson, son petit-ami. 

Il y eut un silence - peut-être que le gendarme marquait lui aussi son nom sur un post-it ? - avant qu'il ne reprenne : 

- Que puis-je faire pour vous ? 

- Hum, on avait juste une petite question. Harry voulait prendre rendez-vous chez un psychologue, mais on ne savait pas vraiment s'il y était autorisé, avec le bracelet. 

- Il est autorisé à sortir de la zone seulement en cas de rendez-vous ou d'urgence médicale, expliqua le gendarme à l'autre bout du fil. Quand vous prenez rendez-vous, demandez au spécialiste une lettre de justification de rendez-vous, et envoyez la nous, pour qu'on l'enregistre dans le système. Mr Styles sera autorisé à quitter son périmètre une demi-heure avant son rendez-vous, et devra rentrer une demi-heure après. 

Louis écrivait sur un post-it tout ce que le policier disait, puis il le remercia avant de raccrocher. Harry le regarda, et quand Louis lui annonça que c'était bon, qu'il pouvait, il soupira, puis leva les deux bras au ciel en signe de victoire pour faire rire le garçon. Louis reposa son téléphone sur le bureau de Harry, et souleva la couverture du garçon pour se pencher sur le bracelet accroché à sa cheville en lâchant : 

- Fais voir ça. 

Harry pouffa, et Louis regarda pendant quelques secondes le bracelet métallique soudé autour de la cheville de Harry, de façon à ce qu'il ne puisse pas l'enlever. Le bracelet était directement relié à la gendarmerie, et si Harry sortait de son périmètre, c'est-à-dire le campus et la plage, les gendarmes intervenaient. C'était ça ou la garde-à-vue jusqu'au procès, alors au final, Louis l'aimait bien, ce bracelet. 

- Tu as le droit d'écrire des trucs dessus ? 

- J'ai pas demandé, répondit Harry. Mais je peux mettre des paillettes. 

Louis soupira en se redressant, et annonça : 

- Ça ne m'étonne même pas de toi. 

Harry gloussa, et Louis se retourna pour chercher un stylo sur le bureau de Harry. Il en trouva un à paillettes - c'était évident que Harry en possédait au moins un - et écrivit son prénom sur le bracelet pendant que Harry protestait. Fier de lui, il balança le stylo et s'écrasa sur Harry, qui roula pour que Louis repose sur le matelas. 

- Est-ce que tu vas encore pouvoir mettre tes jeans slims avec le bracelet ? demanda Louis. 

- Certainement pas. Je vais être obligé de me balader en jogging jusqu'à la fin des temps. 

Louis haussa les épaules, et répliqua : 

- C'est plus facile à enlever. 

Harry leva les yeux au ciel et posa sa main sur le visage de Louis pour le détourner, et le garçon éclata de rire. Harry finit par enlever sa main, et reposa sa tête sur l'oreiller. Louis s'installa en face de lui, heureux de le voir sourire, et plus heureux encore quand il murmura : 

- J'ai une bonne nouvelle. 

Louis haussa les sourcils, et Harry répondit : 

- J'ai un peu discuté avec ma mère. 

Louis écarquilla les yeux, ne s'attendant définitivement pas à ça. Il savait que Harry lui avait envoyé un message, mais entretenir une conversation avec elle, même si c'était par SMS, c'était une chose complètement différente. Harry pouffa devant son expression, et Louis s'exclama : 

- C'est génial ! 

Il se jeta dans les bras de Harry, qui éclata de rire en le serrant contre lui. Et le cœur de Louis allait sûrement exploser, tellement il était fier de lui. Tellement Harry avait avancé depuis le début de l'année et tellement, l'air de rien, il s'approchait de la surface, même s'il en était encore loin. 

- Tu voudras aller voir les autres, cette après-midi ? demanda timidement Louis. Ils seront contents de te voir. 

- Vraiment ? fit Harry, pas vraiment sûr de lui. 

- Ouais. Tu n'es pas obligé de leur expliquer. Ils savent aussi bien que moi que tu ne voulais pas faire ce que tu as fais. 

Harry hocha la tête doucement, et Louis sourit en nichant son visage dans son cou. Harry le serra contre lui, et finit par dire : 

- Tu veux encore dormir un peu ? Ton cours commence dans deux heures. 

Louis se recula pour regarder le visage de Harry, et répondit : 

- Je ne comptais pas vraiment aller en cours, Harry. 

- Si, tu vas y aller. Parce que je sais que ça fais quatre jours que tu n'y vas pas. Tu n'as même pas besoin de me le dire pour que je le sache. 

- Je préfère rester avec toi, soupira Louis. 

Harry sourit doucement, et répondit : 

- Il faut que tu ailles en cours, Louis. Je ne veux pas que tu sèches tout le reste de l'année parce que je ne vais pas bien. 

- Je croyais que tu voulais que je sèche pour rester avec toi, pas plus tard que la semaine dernière. 

- C'est différent. 

Louis ouvrit la bouche, mais ne trouva rien à dire. S'il s'écoutait, il n'irait plus en cours pendant les trois prochaines semaines pour s'assurer que Harry aille bien. Mais apparemment, ce n'était pas que le garçon voulait. 

- Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi. Du moi, pas au point à ne pas aller en cours. Je vais bien, Louis, je te le promet. Je pourrais aller mieux, c'est vrai, mais je peux respirer sans toi. Je veux respirer sans toi. Parce que tu ne peux pas me sauver et je ne peux pas me permettre d'être heureux seulement quand je suis avec toi. 

Et ça frappa Louis, à quel point Harry avait raison. A quel point Louis ne voulait pas qu'il ne soit heureux qu'avec lui, mais aussi la façon dont il ne voulait pas partir, de peur qu'il ne le soit pas. Peut-être que Harry avait raison. Peut-être que l'année de Louis avait pris une tournure étrange, que son petit-ami était impliqué dans une affaire de meurtre et qu'il allait voir un psychologue pour aller mieux, mais ce n'était pas pour ça que Louis devait s'arrêter de vivre. 

- D'accord, soupira-t-il. Mais seulement si tu viens me chercher à la fin de mon cours. Et que tu retournes en cours la semaine prochaine. 

Harry leva les yeux au ciel, mais Louis insista, et répéta : 

- Harry ? 

- D'accord. Deal. 

Et pour conclure leur accord, Louis l'embrassa.






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