Chapitre 28
dream, imagine dragon
Quand Louis entendit quelqu'un toquer à sa porte, il soupira, et rabattit sa couette par dessus sa tête sans bouger pour ne pas faire de bruit. Les coups ne s'arrêtèrent pas, et la voix de Gigi s'ajouta à ce son.
- Louis ! Viens m'ouvrir.
Louis ne répondit pas, espérant que la jeune fille pense qu'il était en train de dormir. Elle dût le faire, parce qu'il entendit ses pas s'éloigner dans le couloir. Il ressortit sa tête, sans pour autant sortir de son lit, et se réinstalla sur l'oreiller, jouant distraitement avec un fil qui dépassait de la taie d'oreiller. Il rabattit la capuche de son sweat par dessus sa tête et enfouit son nez dans le col, fermant les yeux, respirant profondément.
C'était tout ce qu'il faisait depuis quatre jours. Respirer.
Faire autre chose faisait trop mal, et de toute façon, respirer semblait si difficile qu'il avait besoin de toute sa concentration pour y réussir. La veille, il avait pris une douche, pensant avoir assez de force pour se lever et se laver, mais il avait fini par se retrouver par terre dans la douche, le visage caché dans ses mains, comme si ça pouvait l'empêcher de pleurer. Ça ne l'avait pas fait.
Pleurer, il l'avait fait, et plusieurs fois. Mais depuis la veille, il n'y arrivait plus. Il croyait que pleurer toutes les larmes de son corps était une expression que seule sa mère disait, mais il s'était avéré que c'était vrai., A présent, il avait toujours envie de pleurer, même encore plus qu'avant, mais il n'y arrivait plus. Les sanglots restaient coincés dans sa gorge et ses yeux restaient secs, et c'était encore plus douloureux. Il avait crié quelques fois dans son oreiller, mais à chaque fois, Niall l'avait entendu et s'était pointé, alors il avait arrêté.
Alors voilà. Il ne faisait plus rien appart être là, dans son lit. Et respirer. Parce que ça ne semblait plus être un reflexe pour son corps.
Et ça faisait quatre jours. Quatre jours qu'il était là, à tourner en rond. Et il n'avait rien envie de faire d'autre.
Il savait que cela faisait quatre jours qu'il était là, parce que Gigi venait toquer tout les soirs avant d'aller prendre son repas à la cafétéria. Louis avait balancé le radio-réveil, qu'il avait racheté à peine quelques heures avant de se rendre à la gendarmerie, contre le mur. En ce qui concernait son téléphone, il n'avait pas voulu l'abimer, alors il l'avait laissé là-bas, vers le tas de vêtements qui étaient sur son bureau, déchargé. Ses volets étaient fermés, et si Lana ne l'avait pas forcé à mangé, hier, il serait sûrement mort de faim et de soif, parce que ses jambes n'arrivaient plus à se mettre d'accord pour réussir à sortir du lit et aller à la cafétéria pour acheter quelque chose.
Ses amis venaient beaucoup, et ce matin était la première fois où Louis ne les laissait pas entrer. Lana, Niall et Gigi venaient le plus souvent. A chaque fois, leurs yeux étaient remplis d'inquiétude, tellement qu'ils débordaient, parfois. Quand ils étaient là, ils essayaient de faire la conversation à Louis, qui ne pourrait pas être moins réceptif. Mais ils n'abandonnaient, même s'ils repartaient toujours sans avoir obtenu une phrase complète du garçon. Quand Zayn et Liam venaient, c'était différent. Et Louis avait beau aimer Lana, Niall et Gigi de tout son cœur, il préférait quand c'était les garçons qui venaient le voir. Eux aussi, ils étaient inquiets, mais pas autant que les autres, du moins ils le cachaient bien. Ils ne parlaient jamais, poussaient juste Louis pour avoir une place sur le lit. Ils trainaient sur leurs téléphones ou faisaient leurs devoirs, et Louis avait l'impression de ne pas être tout seul.
Mais il l'était. Parce que la seule personne qu'il voulait voir, elle n'était pas là.
Il y a quatre jours, alors que Louis s'était figé au milieu de la gendarmerie quand le gendarme lui avait dit pourquoi ils gardaient Harry, ce connard n'avait pas voulu lui en dire plus. Il en savait plus. Mais il n'avait rien dit. Alors le cerveau de Louis avait carburé pour comprendre, essayé d'imaginer ce qui s'était passé jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue, littéralement.
Parce que c'était impossible, putain. Et si évident à la fois.
Harry était avec lui quand Jessica s'est faite tué. C'était physiquement impossible qu'il soit à deux endroits en même temps, et Louis était sûr et certain qu'à cette heure-ci, il était dans le même lit que lui, en train d'embrasser sa peau.
Et en même temps... Il repensait à l'état de Harry quand il était au commissariat. La façon dont son visage se refermait, dont il avait agrippé les doigts de Louis, et la fois où il avait fait une crise panique. Puis il revoyait toutes les fois où Harry s'était figé quand Louis avait parlé de Jessica. Personne n'aimait cette histoire, mais en y repensant, Harry la détestait beaucoup trop. Pourtant, Jessica n'était rien pour lui. Juste une fille qui était dans sa classe pendant toute sa scolarité. Louis comprenait que ça pouvait faire mal. Mais pas qu'il parte en courant pour pleurer quand on parlait de son meurtre.
Louis ne lui en voulait pas. Pour ça, il fallait déjà qu'il comprenne ce qu'il s'était passé. Pourquoi Harry était si bourré, pourquoi il l'avait tiré urgemment dans une chambre. Qui est la personne qui l'appelle sans arrêt, lui faisant perdre ses moyens, et comment est-ce qu'il pourrait être responsable du meurtre de Jessica alors qu'il était avec Louis tout le long de la soirée. Et l'idée que Harry ait menti avait germé dans son esprit, mais il avait vu dans ses yeux, à travers la vitre, quand le garçon lui avait mimé qu'il était désolé, à quel point il était sincère.
Et peut-être qu'au final, c'était Jessica qui avait fait débordé le ciel.
Louis avait dit à Harry que, si un jour il savait pourquoi ses yeux étaient remplis de larmes, parfois, il ne partirait pas. Parce qu'il savait qu'il s'en voulait à mort. Et Louis aurait aimé que ça se passe différemment. Il aurait aimé que ce soit Harry qui lui avoue tout, assis en tailleur dans sa chambre, les lèvres et les doigts tremblants. Louis l'aurait serré contre lui pendant qu'il pleurait, et tout serait allé parfaitement bien.
Louis n'allait pas partir, parce qu'il était sûr que si Harry avait vraiment fait ça, il ne le voulait pas. Que c'était cette personne qui l'appelait sans cesse qui lui avait fait faire ça. Mais comment est-ce que Louis pouvait faire, pour ne pas partir, si c'était Harry qui n'était pas là ?
Il n'était pas rentré depuis quatre jours, Louis le savait sans même avoir besoin de sortir de sa chambre. Lana allait toquer à la porte de Harry tous les jours, et Louis l'appelait, mais son portable était coupé. Et le double des clefs de sa chambre n'avait pas été retirée à l'accueil, ce qui voulait dire que Harry n'était pas là. C'était Louis qui avait sa clef. C'était Louis qui était sortit en dernier de sa chambre, ce matin-là.
Louis ne comprenait pas pourquoi Harry n'était pas là. Une garde-à-vue, en présence d'aveux, ne durait que quarante-huit au maximum. Il savait, grâce à Internet, que si Harry avait été utilisé comme il le pensait, il serait libéré, parce qu'il serait considéré comme victime. Alors il devait être là. Mais il était toujours absent.
Et au fond, Louis était en colère contre lui. Parce que tout allait bien, bordel de merde. Pendant une journée, tout avait été parfait, du début à la fin, et Harry avait ce reflexe qui le poussait à tout faire voler en éclats, encore une fois. Il aurait pu être là, avec Louis. Il aurait pu tout lui expliquer avec ses mots, lui faire comprendre ce qu'il s'était vraiment passé. Il n'aurait pas dû le laisser là, avec une seule phrase.
Il a avoué le meurtre de la petite.
Louis ferma les yeux quand il sentit un sanglot remonter dans sa gorge, incapable de s'échapper. Ce n'était pas possible, il était juste dans un putain de cauchemar. Il allait se réveiller, et Harry se moquerait de lui parce qu'il était en retard en cours, voilà tout. Ce n'était pas possible. Harry achetait des peluches à chaque coin de rues, il ne pouvait pas faire ça. Louis refusait d'y croire.
Il refusa de penser à l'état de Harry. Ça faisait bien trop mal. Le garçon devait sans doute penser que Louis ne voulait plus de lui, qu'il lui en voulait, et bordel, il venait d'avouer un meurtre. Il devait être au commissariat, tout seul, les yeux pleins de larmes depuis quatre jours. Et Louis était à deux doigts de venir le chercher, et il l'aurait fait, s'il en avait la force. Parce que c'était Harry. Et que jamais il ne pourrait ne plus vouloir de lui. Il le voulait tellement que ça le rendait physiquement malade.
En conclusion, la tête de Louis était un beau bordel. Il ne voulait qu'une chose : que Harry rentre et qu'il puisse le prendre dans ses bras. Il ne voulait pas penser au reste. Pas maintenant.
Et c'était peut-être pour ça qu'il réussi à ressembler le peu de forces qu'il lui restait pour repousser la couette à ses pieds et s'asseoir sur son lit. Parce que peu importe s'il ne résolvait rien, tant que Harry était là, tout allait mieux. Et il espérait toujours que Harry soit rentré.
Alors il grogna, mais se leva assez difficilement. Ses yeux s'étaient habitués à la pénombre dans laquelle sa chambre était plongée depuis quatre jours, alors il n'eut aucun problème à arriver devant son bureau. Presque méthodiquement, il retira les vêtements qui étaient entassés là un à un, jusqu'à trouver son téléphone. Il le récupéra, et partit s'asseoir sur son lit pour le brancher à son chargeur. Il attendit quelques minutes qu'il ne s'allume, et, comme à chaque fois qu'il faisait ça, il ne fit pas attention à toutes les notifications qui s'affichaient et qui arrivaient sous ses yeux, faisant biper son appareil. Il alla directement dans sa liste de contact, et appuya sur le prénom de Harry.
Sans vraiment d'espoir, il mit son téléphone à la hauteur de son oreille. Louis savait qu'il y avait de forte probabilités qu'il tombe directement sur le répondeur, parce que le téléphone de Harry était toujours coupé. Puis qu'il se recouche, une envie de pleurer et de hurler lui déchirant la gorge, parce que comment était-il censé réagir alors que son petit-ami venait d'avouer un meurtre ?
Louis tomba sur le répondeur, mais il écarquilla les yeux. Son cœur loupa un battement, et en même temps, il n'entendait que lui battre contre ses tempes. Parce qu'il y avait eu le répondeur, mais avant, il y avait une minuscule, petite sonnerie. Et ça voulait dire Harry était sortit de la gendarmerie, et que son portable était allumé. Et il l'avait à la main, parce qu'il avait tout de suite envoyé Louis sur le répondeur, ne voulant sûrement pas lui parler.
Et c'était ce qui manquait à Louis pour sauter sur ses pieds, l'énergie perdue soudain revenue. Il savait que Harry était là. Qu'il était revenu. Parce qu'il n'avait aucun endroit autre où aller, hormis sa chambre. Et Louis attrapa les clefs de la chambre de Harry, parce qu'il n'avait aucun autre endroit où aller, hormis Harry.
Il sortit dans le couloir vêtu de son jogging et de son pull sûrement troué au coude, et verrouilla sa porte en vitesse. Il n'avait même pas pris la peine de mettre des chaussures. Sans se soucier s'il allait croiser quelqu'un, Louis se précipita dans la cage d'escaliers, dévalant les marches aussi vite que possible. Il descendit d'un étage, et, juste pour la forme, il toqua à la porte de Harry. Il n'eut pas de réponses, et de toute façon, il ne s'attendait à en avoir une. Alors il fit entrer la clef dans le verrou et ouvrit la porte.
La chambre était plongée dans l'obscurité, et le ventre de Louis était serré. S'il s'était trompé, si Harry n'était pas là, il pensait qu'il finirait par hurler, assis sur le sol, peu importe si les voisins l'entendaient. Lentement, il entra dans la chambre, qui était vide. Son espoir le quittait peu à peu, mais il trébucha sur quelque chose, juste devant la porte.
Les chaussures de Harry.
Louis ferma les yeux, soulagé. Il balaya la pièce du regard, mais Harry n'était pas là. Louis ne voulait pas appeler son nom, pour ne pas lui faire peur, alors doucement, il toqua à la porte de la salle de bain. Encore une fois, il n'eut pas de réponse, mais il entendit renfiler derrière le panneau de bois, et il baissa les yeux en souriant. Il savait dans quel état était Harry. Il n'avait aucun mal à le deviner. Mais il n'avait jamais été aussi heureux qu'il soit là.
Lentement, il ouvrit la porte de la salle de bain, et ses yeux sur posèrent sur Harry. Le garçon était assis sur le sol, le dos contre le mur carrelé. Ses jambes étaient étendues devant lui, et son visage était caché dans ses mains, ses épaules secouées par les sanglots alors qu'il pleurait silencieusement.
Et soudainement, Louis n'était plus si sûr de lui. Parce que Harry était en pleurs devant lui, et premièrement, il ne détestait rien autant que voir Harry pleurer, et deuxièmement, il avait envie de vomir. Parce que si ce qu'il pensait était vrai, quelqu'un avait obligé le garçon dont il était amoureux à commettre quelque chose d'horrible tout en le déchirant, et Louis allait probablement buter cette personne à mains nues.
Mais d'abord, il s'approcha de Harry en essayant de rester silencieux, mais le garçon releva la tête alors que Louis s'agenouillait à côté de lui. Il croisa son regard, et Louis se mordit la joue en voyant à quel point ils s'étaient gonflés et rougis. Il déglutit difficilement, et en silence, il tendit les doigts vers la joue de Harry. Il l'effleura, mais le garçon attrapa son poignet en disant difficilement, les sourcils froncé :
- Vas t'en, Louis.
Louis ne bougea pas. Parce que cela faisait quatre jours qu'il était dans son lit à attendre à Harry. Et Harry était en pleurs sur le sol de sa salle de bain, alors Louis voulait qu'il arrête tout de suite, parce qu'il n'avait pas le droit de pleurer. Il avait juste le droit d'être heureux, heureux et heureux.
- J'ai dis vas t'en, bordel ! hurla Harry, faisant sursauter Louis.
Louis, ne s'attendant pas à ça, écarquilla les yeux, figé devant Harry. Et il ne fallu pas plus de temps au garçon pour qu'un sanglot déchire sa gorge et qu'il n'enfouisse son visage dans le cou de Louis, le serrant tellement fort contre lui que Louis ne pouvait plus respirer. Louis s'en foutait, ça faisait quatre jours qu'il essayait, mais qu'il n'arrivait plus à respirer.
Son cœur se brisa un peu plus en voyant à quel point Harry était déchiré, et à quel point il était passé à côté de ça. Il ferma les yeux, caressant ses cheveux, essayant de l'apaiser. Harry continuait de pleurer dans son cou, essayant de l'attirer le plus près possible. Alors Louis passa une jambe par dessus les siennes pour s'asseoir sur ses cuisses, et embrassa le front de Harry, qui pleurait tellement qu'il peinait à reprendre son souffle. Louis n'essaya pas de faire en sorte qu'il arrête de pleurer, parce qu'il savait à quel point ça faisait de bien, de hurler un peu. Et Harry avait l'air d'avoir besoin de le faire pendant des heures, alors Louis allait rester avec lui pendant tout ce temps là.
Et ce truc d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps, c'était une connerie. Parce qu'une larme coula le long de la joue de Louis alors qu'il avait les yeux fermés, le menton sur le haut du crâne de Harry. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas supporter le fait que Harry ait dû endurer tout ça, à le cacher, et à faire comme si tout allait bien. Ce n'était possible. Louis voulait crier. Il en avait marre. Marre que ce soit toujours les plus belles personnes qui se faisaient descendre.
Harry s'agrippa à sa taille, trempant son pull de ses larmes pendant très, très longtemps. Louis, lui, essaya de retenir ses larmes, parce qu'il ne voulait pas que Harry le voit comme ça. Parce qu'il était censé être fort, il était censé soutenir Harry, mais c'était plus fort que lui, alors que la gorge de Harry se déchirait contre son torse. Il caressait distraitement ses cheveux, respirant profondément, sachant qu'il n'y avait rien à faire d'autre. Que Harry avait juste besoin de crier sa haine. Et Louis avait envie de crier la sienne, aussi, mais il le ferait plus tard.
Après ce qui parut à Louis être une heure entière, peut-être même plus, Harry se calma. Il pleura silencieusement dans le cou de Louis encore quelques minutes, avant de renifler et d'essuyer son nez du revers de la main. Alors qu'il relevait lentement la tête, Louis caressait sa tempe, et il soupira et croisant le regard de Harry, qui était si rouges qu'il aurait saigné des yeux, s'il le pouvait. Il sourit doucement, et ferma les yeux en posant son front contre celui de Harry.
Il sentit Harry se détendre légèrement, desserrant la prise qu'il avait sur ses hanches. Louis respirait fort, et comme il l'avait fait alors qu'il était en pleine crise de panique, Harry cala sa respiration contre la sienne. Louis ne cessa pas de caresser sa peau et de toucher ses cheveux, et Harry finit par lentement secouer la tête pour frotter son nez à celui de Louis.
- Je suis désolé, murmura Harry.
Louis rouvrit les yeux pour croiser le regard de Harry. Ses joues et son nez étaient rouges et ses yeux encore larmoyants. Louis glissa sa main le long de son visage pour arriver jusqu'à son menton, il prit entre ses doigts pour le forcer à le regarder.
- Tu n'as pas le droit de t'excuser pour ça, Harry. Tu n'as pas le droit. Je ne te laisserai pas faire.
Harry renifla, mais hocha la tête, les yeux encore pleins de tristesse. Et Louis avait envie d'enlever toutes les larmes de ses yeux, une à une, peu importe si ça prenait des années.
Il sursauta presque quand Harry tendit la main pour la poser sur sa joue et essuyer une larmes qui était restée sur sa peau. Louis sourit doucement, mais Harry fronça les sourcils en demandant :
- Pourquoi tu pleures ?
- Parce que tu pleures, idiot.
Harry sourit légèrement en baissant les yeux, de la même dont il souriait il y deux mois, quand il était complètement déchiré. Il était en ce moment. Et Louis ne savait pas comment ils allaient réparer ça, mais ils allaient y arriver. Parce qu'ils étaient tous les deux, et ils réussissaient toujours tout, quand ils le faisaient tous les deux.
Il regarda le sourire de Harry tomber lentement alors qu'il l'observait, et le garçon passa une main sur ses cheveux avant de se dire, ses dents mordillant sa lèvre :
- Si tu veux partir, pars tout de suite. Ça fera moins mal.
- Je ne pars pas, Harry.
- Mais c'est vrai, Louis. Ce qu'ils t'ont dit, à la gendarmerie, c'était vrai. Je l'ai fait.
Et c'était certain, Louis allait trouver celui qui avait fait ça à Harry, et il allait le frapper jusqu'à qu'il n'ait plus de force pour crier.
- Et ce que je t'ai dit, c'était vrai aussi, répondit-il, la gorge serrée. Quand je t'ai dit que je resterai, parce que je sais que ce n'est pas ta faute, que tu t'en veux à mort. Ça aussi c'était vrai. Je reste là.
Les yeux de Harry se remplirent de larmes, et Louis ne comprit pas. Il écarquilla les yeux, posant les mains sur les joues de Harry, en murmurant :
- Harry, tout va bien, je suis là.
- Je sais, fit Harry en relevant la tête, reniflant en essayant de cacher ses larmes. C'est juste que... Je croyais que tu allais partir.
Et Louis sourit en comprenait que les larmes de Harry, cette fois, étaient des larmes de joie. Il sourit, et Harry le lui rendit, un peu difficilement, mais lui rendit quand même. Louis essuya ses larmes en chuchotant :
- Je suis amoureux de toi, Harry. Et ces quatre jours ont failli me tuer, alors non, je ne pars pas.
Harry sourit en reniflant, et ils finirent par tous les deux essuyer ses larmes, presque en gloussant. Puis Harry se pencha sur le côté, et sans lâcher Louis, il attrapa son téléphone. Louis fronça les sourcils, ne sachant pas ce qu'il faisait. Le garçon, comme lui plus tôt, ignora toutes ses notifications pour afficher sa liste de contact. Il tapa sur un nom, et tendit le téléphone à Louis, qui le prit sans comprendre. Il ne baissa pas les yeux vers l'écran, les garda fixés dans ceux de Harry.
- C'est... commença difficilement le garçon. C'est lui qu'il l'a fait, en vrai. C'est lui qui l'a tué. Et c'est lui qui m'a obligé.
Louis fronça les sourcils et baissa les yeux vers le téléphone de Harry, qui affichait une conversation avec un certain Aaron Styles. Louis ne savait pas qui il était. Il croyait que Harry n'avait pas de famille autre que ses parents, et surtout, qu'il ne parlait plus à personne. Louis ne voulut pas lire les messages d'en dessous, mais il savait déjà que sa haine pour ce Aaron ne faisait que grandir un peu plus chaque seconde.
- Si tu veux savoir c'est... hoqueta Harry, c'est tout là.
Mais Louis éteignit le téléphone de Harry. Parce qu'il ne voulait pas de ça.
A la place, il se leva, glissant le téléphone dans sa poche, et tendit la main à Harry en demandant :
- Tu peux te lever ?
Harry ne répondit pas, et fronça les sourcils. Ils se regardèrent pendant quelques minutes, avant que Harry ne demande :
- Tu ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé ?
- Pas maintenant. Demain, peut-être, mais pour l'instant, je m'en fiche. Le seul truc que j'ai envie de faire, c'est enlever toutes les larmes de tes yeux et que tu te reposes. On verra le reste plus tard.
Harry hocha la tête, les yeux si larmoyants que Louis ne savait plus pourquoi. Il attrapa la main de Louis, et comme il avait du mal à marcher tellement il était épuisé, Louis entoura sa taille de son bras pour le soutenir. Il guida Harry jusqu'à son lit, et pendant qu'il se glissait sous la couette, Louis allumait les lumières, verrouillait la porte et retirait ses chaussures. Il rejoignit Harry dans le lit, et alors qu'il était allongé en face de lui, le garçon se souffla :
- J'ai un bracelet électronique. C'était soit ça soit la prison jusqu'au procès.
- Ok, répondit Louis en hochant la tête, ne sachant pas comment réagir.
Il leva le bras pour que Harry vienne se blottir contre lui. Il avait toujours l'air à deux doigts de pleurer, et Louis était quasiment sûr qu'il allait le faire pendant la nuit. Il embrassa longuement son front alors que Harry murmurait :
- J'ai le droit d'aller sur tout le campus, c'est tout. Et j'ai négocié la plage, aussi.
Louis pouffa, et s'écarta de Harry pour le regarder et dire :
- Je savais que les gens avec des beaux yeux pouvaient tout avoir.
Harry sourit en baissant les yeux, et Louis laissa passer quelques secondes avant de demander :
- Je peux te poser une question ?
Harry releva les yeux, et répondit doucement :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu es allé te dénoncer à la police ? Pourquoi maintenant ?
Harry soupira, et lentement, il leva la main pour effleurer la peau de Louis. Il retraça sa mâchoire, l'arrête de son nez et ses paupières en laissant derrière lui une trainée de frissons, avant de répondre :
- Tu es amoureux de moi. Ça m'a explosé à la gueule cette nuit-là, alors que tu dormais accroché à moi. Et c'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivé de ma vie, et je ne veux pas que tu arrêtes de m'aimer. Mais je veux que tu le fasses en connaissance de cause. Je veux que tu sois amoureux de moi en sachant ce que j'ai fait et à quel point je suis pourri de l'intérieur.
Louis n'arriva pas à dire quoi que ce soit, tellement sa gorge était sèche. Il connaissait déjà Harry par cœur, et il n'avait pas eu besoin de savoir pour tomber tellement amoureux de lui que s'en était ridicule. Mais il était heureux que Harry l'ait fait. Tout avouer. Parce que l'enquête allait avancer, ce fumier allait être arrêté et surtout, il allait aller mieux. Ils allaient aller mieux.
Alors, comme il n'arrivait pas à parler, Louis l'embrassa.
Il embrassa Harry, parce qu'il n'y avait pas assez de mots pour décrire ce qu'il ressentait au fond de lui. Il voulait que Harry sache à quel point il était en colère, mais pas contre lui. A quel point il était triste que ça soit tombé sur lui, toute cette histoire. A quel point il était épuisé de le voir souffrir. A quel point il l'aimait comme un idiot. A quel point il était fou, mais pas assez pour le laisser partir un jour.
Harry comprit tout ça, et Louis comprit la façon dont Harry était brisé, mais aussi la façon dont, au fond, ça allait. Parce que Louis était là. Parce que Harry n'était pas tout seul. Plus seul. A quel point il était reconnaissant envers Louis pour l'avoir serré contre lui, et pour continuer de le faire en ce moment même.
Le ciel avait débordé. Putain. Louis comprenait pourquoi Harry n'arrivait plus à respirer. Et il savait que remonter à la surface allait être long et difficile, mais il savait qu'ils allaient réussir à apprendre à respirer sous l'eau.
- On peut regarder Shrek ? souffla Harry en s'écartant de Louis.
Et Louis éclata de rire. Parce que sa vie serait ennuyante à mourir sans ce garçon.
Alors ils terminèrent la journée comme ça ; Harry, la tête appuyée sur le torse de Louis, son éléphant en peluche dans les bras, son ordinateur sur les genoux. Louis lui embrassait les cheveux, plus occupé à lui faire des tresses plutôt qu'à regarder le film. Au bout d'un moment, Harry finit par attraper sa main pour l'embrasser, et comme il ne pouvait plus jouer avec ses cheveux, Louis passa la soirée à lui chuchoter dans l'oreille qu'il l'aimait en embrassant sa joue, le faisant glousser.
Et si Louis ne pouvait plus que dire une seule chose, ce serait ça. Je t'aime. C'était une des seules choses qu'il n'était pas obligé de dire pour le faire savoir. Une des seules choses qu'il pouvait montrer. Mais aussi la seule chose qu'il ressentait tellement fort qu'il était obligé de répéter sans cesse, pour l'expulser de son corps, parce qu'il y en avait trop pour qu'il y survive.
- Tu te souviens ? commença Louis alors que le générique défilait sur l'écran de l'ordinateur. Quand tu as dit que le ciel avait débordé et que c'était trop dangereux pour moi d'y plonger.
- Mmh ? répondit Harry en levant la tête vers Louis.
- Tu as oublié de prendre quelque chose en compte.
Harry fronça les sourcils, ne voyant pas où Louis voulait en venir, et le garçon sourit doucement avant de souffler :
- J'ai toujours rêvé de nager dans les étoiles.
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