Chapitre 23







mansion, NF and fleurie

Harry Styles

Harry déglutit difficilement en fermant les yeux. Il bascula sa tête en arrière pour la poser contre son lit en soupira. Il se mordit la joue pour ne pas recommencer à pleurer, mais quand il se rendit compte que c'était peine perdue et que les larmes commençaient à couler sur ses joues, il porta ses mains à son visage pour se cacher, même s'il était seul dans sa chambre.

Cela faisait presque une heure que Harry était là, assis par terre, adossé à son lit, les genoux repliés contre son torse. Il devrait être en cours depuis deux heures à présent, mais il n'arrivait pas à faire autre chose qu'être là, dans sa chambre, à tourner en rond. Et depuis qu'il avait arrêté, il était assis en alternant entre pleurer et fermer les yeux en jouant distraitement avec les manches de son pull, essayant de ne penser à rien pour apaiser son mal de tête.

Une fois la crise de larmes passées, Harry passa une main dans ses cheveux en reniflant et rouvrit les yeux, son mal de tête s'étant amplifié à cause de ses larmes. Sa chambre était éclairée, puisque Louis et lui n'avaient pas fermé les volets la veille. Il posa ses yeux sur l'espace en face de lui, qui était complètement saccagé. Sa chaise de bureau était par terre, tous ses devoirs éparpillés autour. Il avait balancé tous les vêtements qui trainaient, et était même sûr qu'il avait dû déchirer deux ou trois pulls au passage. Il avait seulement fait attention aux affaires de Louis, qu'il avait mis dans la salle de bain. Il ne voyait presque plus le sol de sa chambre, et les seules choses qu'il avait enlevées de celui-ci étaient les lames de rasoirs que Louis avait laissé tomber en partant. Harry les avait balancées par la fenêtre.

Parce que Louis était parti. Louis avait fui, et Harry comprenait enfin ce que le garçon ressentait quand c'était lui qui s'échappait. Quand Harry le laissait tout seul après qu'il ait dit ou fait quelque chose. Mais il y avait une chose de différente. Quand Harry fuyait, ce n'était jamais la faute de Louis. Jamais. Et là, Louis était parti, et c'était complètement la faute de Harry. A chaque fois que Louis était triste, c'était sa faute.

Ça le rendait malade, de repenser à tout ça. A toute cette journée de la veille où il l'avait ignoré, et quand Louis avait toqué à sa porte pendant de très longues minutes, tout ça pour le voir. L'impression de ne plus pouvoir respirer quand Louis lui avait dit qu'il le détestait. La sensation de libération quand il avait finalement dit que ce n'était pas vrai. Le fait qu'il se soit senti en sécurité ce matin, juste avant que le visage de Louis se décompose en trouvant ces lames.

Ça le rendait malade, parce que depuis le début, c'était tout ce qu'il ne voulait pas. Parce qu'il savait exactement comment ça allait se passer, avant même que tout ne commence. Avant même que Louis ne l'embrasse. Louis pensait qu'ils pourraient faire quelque chose contre ça. Ce n'était pas possible. Parce que ça, ce qui les détruisait, c'était Harry.

Il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas que Louis l'embrasse, il ne voulait pas que Louis reste dormir avec lui et le serre dans ses bras toute la nuit. Il ne voulait pas le regarder, il ne voulait pas rencontrer ses sœurs, il ne voulait pas avoir le pouvoir de le faire sourire, de le faire pleurer, et il ne voulait pas de cette importance dans sa vie. Parce que c'était devenu tout ce qu'il voulait.

Il s'était fait prendre dans ce piège comme un imbécile et maintenant, il ne pouvait plus en ressortir. Et le pire, c'était qu'il avait entrainé Louis avec lui. Voilà la raison pourquoi il avait repoussé Louis, la première fois qu'il l'avait embrassé. Parce qu'il le voulait. Parce qu'il voulait l'embrasser, lui-aussi. Et il savait comment ça allait évoluer. Il savait qu'au bout d'un moment, après avoir résisté pendant quelques temps, Louis allait se réveiller dans le même lit que lui, et qu'il ne voudrait pas qu'il parte. Qu'il voudrait qu'il reste avec lui pour l'éternité.

Il savait que le moment où Louis fuyait allait arriver.

Et au début, Harry avait été égoïste. Il avait voulu se protéger lui. Parce qu'il savait qu'il ressentait bien trop de choses quand Louis l'embrassait. Il savait que plus il restait longtemps, plus ça allait faire mal. Et il était resté assez longtemps pour que ça fasse si mal qu'il ne pouvait plus respirer. Mais pas parce qu'il était blessé lui. Parce que Louis était blessé, par sa faute. Parce que Harry avait fait comme si tout allait bien, et Louis l'avait cru.

Louis avait confiance en lui, et Harry les avait guidés dans un endroit dont ils ne pouvaient plus s'échapper. Mais ç'avait été plus fort que lui. Il aimait bien trop ça. Il aimait bien trop quand Louis l'attendait à la fin de ses cours, quand ils s'échappaient pour manger rien que tous les deux, quand il embrassait Louis tellement fort qu'ils n'arrivaient plus à respirer. Il aimait ça quand il faisait ou disait des choses que son cerveau n'avait pas encore analysé, comme quand il avait embrassé Louis dans le parc ou qu'il lui avait demandé de venir à Londres avec lui.

Et c'était putain d'effrayant. De se dire que depuis le début, il ne voulait pas de ça, mais que maintenant, c'était devenu la raison de pourquoi il respirait. Louis. Le garçon ne le savait pas. Il ne s'en doutait pas. Parce qu'il était si loin de se douter du réel état de Harry. D'à quel point il était pourri de l'intérieur. Il ne savait pas que si Harry se levait le matin, c'était pour le voir. Que s'il faisait ses devoirs, s'il voulait réussir, c'était pour le rendre fier. Que s'il dormait autant, c'était parce qu'il ne voulait pas inquiéter Louis.

Il se mentait à lui même, parce qu'il continuait de penser que Louis était une étincelle d'espoir alors qu'il savait très bien que là où il était, il ne pouvait pas y avoir de lumière.

Il pensait que ne pas réussir à nager dans cette immensité était la pire chose. Mais il était loin d'imaginer à quel point ç'aurait pu être pire. Parce que maintenant, il avait appris à nager, et il se noyait toujours. Il se noyait toujours, parce qu'il n'arrivait pas à remonter à la surface, et il s'épuisait, en plus de ça. Et ce garçon qui lui avait appris à nager, il le tirait vers le fond. Il aimerait lui dire de remonter, de le laisser là, de l'oublier. Il ne savait pas ce qui serait le plus douloureux. Se noyer tout seul ou avec lui.

Et Harry était tellement désolé. Parce que Louis voulait l'aider, et qu'il en était incapable. Mais Harry était incapable de s'aider lui même, alors il n'aurait jamais dû compter sur Louis pour le faire. Ça ne faisait que leur faire du mal. Mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé. La seule chose qui lui permettait de ne pas complètement sombrer. Compter sur Louis pour le sauver.

Harry sursauta quand un bruit brisa le silence qui s'était installé dans sa chambre, et il sortit son téléphone de sa poche en réalisant que quelqu'un l'appelait. Son cœur battit un peu plus fort, espérant que ce soit Louis. Mais en voyant le prénom d'Aaron, Harry se figea, et après quelques secondes, il balança son téléphone contre le mur. Il arrêta de sonner. Harry espérait qu'il ne sonne plus jamais.

Il se remit à pleurer en enfouissant son nez dans son pull. Il aurait dû abandonner plus tôt. Il n'aurait pas dû lutter pour respirer.

Il aurait dû se noyer il y a bien longtemps, ç'aurait été moins douloureux.





when the party's over, billie eilish

Louis frissonna quand un coup de vent souleva ses cheveux, et enfouit son nez dans le col de sa doudoune. Les jambes repliées contre sa poitrine, il était assis sur la plage depuis quelques heures déjà. En vérité, il ne savait pas trop, parce qu'il n'avait laissé son téléphone dans sa chambre, et il ne savait même pas si son cours avait déjà commencé ou non. Ce n'était pas comme s'il comptait y aller, de toute façon.

Ce matin, en repassant dans sa chambre pour se changer, il avait quand même envoyé un message à ses amis pour les prévenir qu'il ne mangerait pas avec eux, et qu'il n'irait pas en cours, tout en leur demandant de ne pas s'inquiéter. Evidemment, c'est ce qu'ils devaient être en train de faire, mais Louis n'était pas d'humeur à leur faire la conversation, à expliquer ce qu'il s'était passé et ce qui se passait encore dans sa tête. Il n'était pas d'humeur à supporter une présence humaine, alors il s'était réfugié sur la plage.

Il faisait beau aujourd'hui, mais cela n'effaçait pas le fait qu'Octobre touchait à sa fin, alors Louis avait été obligé d'enfiler une doudoune par dessus son pull. La mer était calme, malgré le léger vent qui rafraichissait encore plus les températures, et la plage était déserte ; Louis était presque seul. C'était ce dont il avait besoin. Être seul pour réfléchir, parce qu'il avait l'impression que ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas assis pour faire le point.

Dernièrement, ça allait bien. Ça allait même très bien. Louis était revenu à Londres pour la première fois depuis des mois, et avait présenté son petit-ami à ses petites sœurs, une chose qu'il n'avait jamais pensé faire, mais qui l'avait empli de joie. Puis il était rentré à la FAC pour passer une semaine et demi avec ses amis, à faire tout et n'importe quoi, et être la définition de jeunes gens déraisonnables.

En y pensant, ça allait même trop bien. C'était suspect. Louis aurait dû se douter que quelque chose allait interrompre ce bonheur.

Il ne savait pas pourquoi ça lui avait explosé au visage ce matin. Sûrement parce qu'il avait gardé ça enfouit, bien caché à l'intérieur de son ventre. Tellement bien que même lui, il ne s'en n'était pas rendu compte. De la situation dans laquelle il était. De la situation dans laquelle ils étaient, avec Harry.

Louis pensait vraiment que tout était réglé après qu'il ait frappé à la porte de Harry, la veille. Peut-être que c'était le cas. Peut-être que si ce qui s'était passé ce matin n'était jamais arrivé, Louis serait en train de manger avec ses amis en lisant les messages de Harry, qui s'ennuierait à mourir pendant son cours d'anatomie. Il ne savait pas si c'était mieux que Louis ait trouvé les lames de rasoir ou non. S'il aurait dû rester heureux sans découvrir ça.

Trouver ces lames de rasoir, ce matin, avait fait retomber Louis sur Terre. Parce que la voilà, la vérité : Harry n'allait pas bien. Louis le savait déjà, seulement, il ne savait pas que ça n'allait pas à ce point-là. Au point d'avoir des lames de rasoir cachées sous ses pulls. Louis n'était pas en colère contre Harry pour ne pas lui avoir dit. Ce n'était pas ça. C'était juste qu'en additionnant ça à la fois où Harry s'était enfermé dans la salle de bain et avait allumé l'eau, même si ce n'était pas fait exprès, faisait arriver Louis à une conclusion. Harry n'allait vraiment, vraiment pas bien. Tellement qu'à tout moment, il pourrait lui glisser entre les doigts et partir.

Et ça avait frappé Louis. Parce qu'au début, il avait plongé pour se rapprocher assez de Harry, parce que c'était devenu un besoin de le connaître, de l'embrasser. Mais maintenant, s'il était toujours là, la tête sous l'eau, en apnée, c'était pour prendre la main de Harry et le remonter à la surface. Il pensait être en train d'y arriver. Au final, il n'y était pas du tout.

Il l'avait dit à Harry, et peut-être que ça avait aussi explosé à la figure du garçon. Louis ne savait pas comment faire. Au début, ça lui paraissait facile. Mais maintenant, il se rendait compte qu'il ne savait pas quoi faire pour faire en sorte que Harry aille mieux. C'était la seule chose qu'il voulait. Que Harry aille mieux. Il n'avait aucune idée de comment faire. Parce qu'apparemment, le serrer contre lui, l'embrasser et faire des blagues auxquelles il riait simplement pour ne pas vexer Louis ne suffisait pas.

Louis renifla, et ferma les yeux pour empêcher ses larmes de couler. Elles étaient là depuis ce matin, depuis qu'il avait quitté la chambre de Harry. Il ne savait pas si c'était la bonne chose à faire, de s'enfuir. Mais il ne pouvait pas faire autrement. C'était trop douloureux de ne pas savoir comment sauver le garçon dont il était amoureux.

Il savait que Harry n'était pas allé en cours non plus. Parce qu'il le connaissait par cœur. Il savait qu'il était en ce moment même dans sa chambre en train d'essayer de savoir ce qu'il avait fait de mal, ou en train de se dire que tout était de sa faute. C'était celle de Louis. Entièrement celle de Louis. Et il était désolé. Désolé d'être si nul à ça, de ne pas pouvoir rassurer Harry, d'avoir besoin de temps pour réfléchir, pour trouver ce qui n'allait pas et pour savoir ce qu'il devait faire.

Il ne voulait pas partir. Il ne voulait pas rompre avec Harry. C'était la dernière chose qu'il voulait faire. Parce que, ouais, il avait peut-être pleuré, beaucoup trop pensé et gâché des heures de sommeil pour ce garçon, mais il en valait tellement, tellement le coup. Simplement la façon dont il souriait quand Louis se réveillait, les cheveux emmêlés valait dix mille fois tout ce que Louis avait eu à affronter.

Il ne voulait pas non plus forcer Harry à lui parler. A lui dire ce qui s'était passé, pourquoi le ciel avait débordé. Harry disait que c'était parce qu'il avait peur que Louis s'en aille, mais Louis pensait qu'il n'était pas complètement prêt à tout lui raconter, et ce n'était pas grave. Ça ne changeait pas la manière dont Louis tenait à lui. C'était vrai que tout serait un peu plus facile si Harry lui disait, parce qu'il saurait comment gérer tout ça, comment l'aider.

En somme, Louis ne savait pas quoi faire. Parce qu'il voulait rester là, tout près, dans les bras de Harry, mais il ne voulait continuer comme ils le faisaient. En faisant comme si Harry allait bien.

Louis inspira un grand coup alors que ses larmes coulaient, et sursauta quand des pas se firent entendre prêt de lui. Il tourna la tête, mais il savait déjà que c'était Harry. Il avait disparu, certes, mais ses amis devaient être en train de l'appeler depuis des heures sans savoir où il était. Harry, lui, savait où il était depuis le début. Parce que lui aussi, il le connaissait par cœur.

Alors qu'il s'asseyait à côté de lui sans un mot, Louis essuya ses larmes du revers de la main, mais il savait que Harry les avait déjà vues. Il renifla, et Harry passa sa main dans ses cheveux en le regardant les yeux remplis d'inquiétude. Et Louis se détestait parce que Harry était persuadé que tout était de sa faute, alors que ça ne l'était pas.

- Ça va ? souffla Harry.

Louis se força à sourire, et hocha la tête, même si Harry connaissait déjà la réponse. Il ne prit même pas la peine de lui retourner la question, parce que lui aussi, il connaissait la réponse. Il la voyait dans les yeux rougis de Harry, qui avait sûrement pleuré plusieurs fois depuis que Louis était parti.

- Je suis désolé d'être parti, articula difficilement Louis.

- Ce n'est pas grave, sourit tristement Harry. Je le méritais bien, vu le nombre de fois que je l'ai fait.

Louis déglutit difficilement, et tourna la tête pour enfouir son visage dans sa doudoune, les yeux rivés sur le sable. Il faisait des petits tas avec ses pieds, sachant pertinemment qu'il allait juste abimer ses chaussures.

- Désolé si tu voulais être seul. Je peux partir, si tu veux.

- Ça va, Harry. Tu peux rester. Je suis content que tu sois là.

C'était vrai. Louis était content de le voir. Dans un coin de sa tête, il avait eu peur de l'état de Harry après qu'il parte. C'était égoïste, il le savait. Mais Harry aurait pu penser qu'il était en colère contre lui, ou qu'il allait disparaitre. C'était peut-être ce qu'il avait pensé. Le cœur de Louis se serra en pensant qu'il avait pleuré par sa faute, et qu'il était actuellement en train de sécher les cours, encore par sa faute. En temps normal, Louis aurait fait une blague pour détendre l'atmosphère, mais c'était comme si ses mots restaient coincés dans sa gorge.

- J'ai... J'ai jeté les lames, si jamais ça t'intéresse, lâcha Harry.

Louis le regarda, et hocha doucement la tête. Il était soulagé. Cela ne faisait pas disparaitre les images qui s'étaient installées dans sa tête, mais ça les atténuait un peu.

- Je veux dire, littéralement, reprit Harry. Genre, je les ai jetés par la fenêtre.

Louis écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à ça. En croisant son regard, Harry sourit légèrement, baissant les yeux sur le sable. Louis finit par glousser doucement, en commentant :

- C'est extrêmement dangereux. Si quelqu'un se plaint d'avoir reçu une lame sur la tête, je te connais pas.

Harry sourit un peu plus, et hocha les épaules en répondant :

- Il n'avait qu'à pas être là.

Louis secoua la tête, et attrapa un petit bâton pour tracer des motifs dans le sable. A côté de lui, Harry respirait lentement, les yeux rivés sur la mer. Louis ne savait pas quoi dire, pas quoi faire. Il ne savait pas vraiment où ils en étaient. Si Harry avait besoin d'une explication, s'il en voulait une, ou s'il allait prendre peur si Louis la lui donnait. Si Harry lui en voulait, ou s'il allait faire comme si tout ça n'avait jamais existé.

- J'ai cassé mon téléphone, aussi. Je l'ai jeté contre le mur.

Cette fois-ci, Louis ne rit pas en relevant la tête vers Harry. Il pinça les lèvres, et répondit, les joues toujours humides :

- Je suis désolé.

- Ce n'est pas ta faute. C'est... fit Harry en haussant les épaules. Autre chose. Tu sais. Pas besoin de s'excuser. Il faut juste que j'apprenne à arrêter de tout jeter.

- Ça serait préférable.

Harry hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, et Louis avait l'impression d'être un mois et demi en arrière. Quand, lors de leurs conversations, il marchait sur des œufs, de peur de faire fuir Harry. Mais Harry ne pouvait plus se cacher, à présent. Alors Louis pouvait prendre le risque de lui faire peur. Parce que lui aussi, il avait peur. C'est pour ça qu'il avait réagi comme ça, ce matin.

- Tu y penses souvent ? commença Louis après avoir pris une grande inspiration.

- A ?

- A en finir.

Harry se figea pendant un instant, et baissa les yeux quelques instants avant de les relever vers Louis. Il se pinça les lèvres, et Louis entortilla ses doigts dans son pull, redoutant ce que Harry allait lui dire. Parce que peut-être que Harry n'avait pas besoin de recevoir des explications, mais Louis avait besoin d'en donner.

- Qu'est-ce que tu veux, Louis ? demanda Harry, ses yeux devenant humides. La réponse qui te fera plaisir ou la vérité ?

Louis haussa les épaules.

- Celle que tu veux me donner.

Harry soupira et joua avec le sable pendant une dizaine de secondes. Puis il releva la tête, mais ne croisa pas le regard de Louis. Au contraire, il regardait de partout sauf vers lui.

- J'aimerais pouvoir te dire que je n'y jamais pensé, et que je ne suis pas complètement pourri de l'intérieur, mais ça serait faux. La vérité, c'est que j'y pensais tout le temps. Avant la soirée de Jessica, avant de m'y rendre, j'ai arrêté d'y penser, et je me suis dit que j'allais le faire.

Louis se mordit la joue. Il était loin de savoir ce qui se passait dans la tête de Harry, ce jour-là. Pendant cette soirée, il était juste le mec bien trop bourré qui avait dragué Louis, c'était tout. Son ventre se retourna, mais c'était tout sauf agréable. Parce qu'il imaginait une réalité où Harry n'avait jamais pu se rendre à la soirée de Jessica. Il ne voulait pas de cette réalité.

- Et qu'est-ce qui t'a retenu ? demanda-t-il, en essayant de retenir ses larmes.

- La réponse qui te ferait plaisir serait que je me suis rendu compte que la vie valait le coup.

- Et la vérité ?

Harry déglutit, et rencontra le regard de Louis. Ils étaient presque en train de pleurer, et Louis se demandait comment ils en étaient arrivés là.

- La vérité, c'est que ce qui me retient maintenant, c'est toi.

Et c'était tout ce que Louis ne voulait pas entendre. Il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas être la raison qui poussait Harry à rester, à survivre. Il ne pouvait pas le supporter. Il ne pouvait pas porter ce poids sur ses épaules. Il ne pouvait pas être en mesure de contrôler si Harry se taillait les veines ou non. Il ne le voulait pas.

- Et tu trouves ça mal ? souffla-t-il, un sanglot dans la gorge.

- Ouais, répondit Harry de la même façon. Parce qu'avant, quand l'idée d'en finir me traversait, je n'éprouvais rien. Parce que je n'avais clairement rien à perdre. Maintenant, tout ça tient grâce à toi, et si un jour tu t'en vas parce que tu en as marre de moi, ce sera encore plus douloureux. Parce que je saurais ce que j'aurais pu avoir.

- Il faut que tu trouves quelque chose d'autre qui te retienne, Harry, fit Louis pendant que des larmes coulaient sur ses joues, parce qu'il était incapable de les retenir plus longtemps.

- Pourquoi ? Parce que tu as l'intention de partir ?

- Parce que je ne peux pas te sauver, Harry, répondit-il alors qu'un sanglot éclatait dans sa gorge.

Il croisa le regard de Harry, et baissa les yeux pour ne pas avoir à regarder son visage trempé par ses larmes qui commençaient elles-aussi à couler. Mais il voulait dire d'autres choses, parce que cela ne suffisait pas à faire comprendre à Harry ce qu'il ressentait, alors il releva la tête et reprit :

- J'aimerais, pourtant. J'aimerais que simplement en t'embrassant, j'arrive à te faire oublier toute cette merde, mais je ne peux pas. Je ne sais pas comment faire pour te sauver, et j'en suis incapable. Je peux t'aider, et crois-moi, je veux t'aider. Mais je suis incapable de te sauver tout seul. C'est ça qui fait le plus mal. C'est que je suis impuissant.

Harry ferma les yeux, et Louis n'attendait pas de réponses s'il ne voulait pas lui en donner. Il savait à quel point c'était dur, mais il ne pouvait faire ça. Il ne pouvait pas supporter une pression pareille.

Il fut surpris quand Harry rouvrit les yeux, et se pencha pour glisser sa main dans sa nuque pour le rapprocher de son visage. Alors qu'ils étaient à quelques millimètres de l'autre, Harry prit un instant pour détailler le visage de Louis, avant de doucement l'embrasser. Louis posa ses mains sur sa taille et répondit à son baiser, qui avait un goût salé à cause de leurs larmes.

Et c'était le premier baiser qui avait ce goût-là. Pas un goût salé. Un goût d'impuissance. Parce qu'ils ne savaient pas quoi faire pour ne pas souffrir. Parce que la chose qui permettait à Harry de ne pas souffrir faisait du mal à Louis, alors ils étaient dans une impasse.

On avait toujours dit à Louis que si l'amour faisait mal, alors ce n'était pas la bonne personne, et qu'on ne l'aimait pas assez. Il était amoureux de Harry, peut-être un peu trop pour quelqu'un qui se disait déraisonnable. Et peut-être que Harry n'était pas la bonne personne en lettres capitales, mais il était la bonne personne pour Louis, là, maintenant. Alors tout le monde avait faux. Peut-être que s'ils souffraient, c'était pour autre chose. Louis se refusait à penser que c'était parce qu'eux deux, ça ne marchait pas.

- Je suis désolé, Louis. De tout mon cœur, souffla Harry en s'écartant.

Louis garda les yeux fermés, mais en le sentant s'éloigner, il les rouvrit pour voir Harry se lever. Il s'éloigna, les mains dans les poches de son manteau, et un nouveau sanglot sortit de la gorge de Louis, qui ne savait pas quoi faire. Alors il enfouit son visage dans ses bras et pleura, ses épaules bougeant au rythme de ses sanglots.

Le ciel avait débordé, apparemment. Il se demandait si la mer était le résultat de ce débordement. Il se demandait si Harry avait raison quand il disait, des semaines auparavant, que c'était dangereux pour Louis de plonger. Louis l'avait quand même fait, avec la prétention de penser qu'il pourrait arranger les choses. Et maintenant, ils allaient tous les deux finir par se noyer. 

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