Chapitre 8


Les mains de Severus se serrèrent en poings et il grogna après un temps de silence, probablement le temps nécessaire pour se remettre de la surprise provoquée par l'information.
— C'est Potter maintenant.

Lucius eut un rire satisfait et secoua la tête, ses yeux clairs brillant de contentement. Il précisa d'un ton joyeux, ignorant la mauvaise humeur de Severus.
— Que nenni, mon ami. Elle est peut-être Potter sur ses papiers moldus, mais ils n'ont pas prêté serment devant la magie. Elle reste une Evans, libre de tout engagement, dans la société Sang-pur magique. Ce mariage n'a aucune valeur dans notre monde.

Le choc s'inscrivit sur le visage de Severus, alors qu'il relevait brusquement la tête, son cou craquant désagréablement. Puis, il se renfrogna rapidement et haussa les épaules, comme si l'information n'avait aucune espèce d'importance.
— Je suppose que ça n'importe pas vraiment pour eux. Ils vivent ensemble et ont un gosse. Ce n'est pas pour parler de son statut marital que tu es venu, n'est-ce pas ?

Lucius grimaça légèrement, n'aimant pas le ton soudain résigné du jeune potionniste. Il répondit tranquillement, épiant chaque réaction de son vis-à-vis, espérant que Severus reviendrait enfin à la vie plutôt que de se laisser mourir.
— Elle est venue pour son fils. Pour obtenir une protection.
Severus fronça les sourcils, oubliant d'un coup sa mauvaise humeur. Il répliqua, acide.
— Le seigneur des Ténèbres n'est pas un homme clément. Il se moque bien des demandes de ceux qu'il considère comme des ennemis.

Lucius balaya l'air de la main, comme si ça n'avait pas la moindre importance. Il continua de discourir, regardant autour de lui, observant les fioles alignées sur les étagères.
— Le fait est que cette jeune femme ne manque ni de courage ni de détermination. Elle est venue me rendre visite avec son enfant, dans le dos de celui qu'elle nomme époux, et m'a demandé de l'aide. Elle n'estime pas vraiment la voyante qui a fait cette stupide prophétie et je suis prêt à parier qu'elle est prête à jurer allégeance au Seigneur des Ténèbres pourvu que son fils soit sauf.

Severus cligna des yeux, se mordillant les lèvres. Il se retenait visiblement de réagir. Après un instant, il haussa les épaules et baissa la tête, se dissimulant une fois de plus derrière ses cheveux.
— Pourquoi me dire ça ? Nous sommes irrémédiablement brouillés. Et je suis celui qui a mis son gosse en danger en révélant ce que j'ai entendu dans cette Taverne au Seigneur. Elle n'est probablement pas au courant de ce léger détail, je suppose.

Lucius renifla et agita la main avec un petit sourire joueur.
— Voyons, Severus, une dispute peut se régler. Quelques excuses ne te tueront pas, si ? Pour ce qui est de cette prophétie stupide, n'importe qui aurait pu l'entendre. Que ce soit toi entre tous est un monstrueux hasard. Notre Maître a tellement d'espions au travers du monde magique qu'il aurait fini par l'apprendre rapidement.

Severus sembla lutter dans un combat intérieur, puis il capitula, résigné, et il fixa Lucius, ses yeux sombres semblant briller d'un feu intérieur.
— Pourquoi me dire ça ? Que veux-tu de moi ?
Lucius eut un sourire victorieux, qu'il ne chercha pas à dissimuler, comme s'il n'avait jamais douté de sa reddition.
— En premier lieu, nous ne serons pas trop de deux pour plaider la cause de cette jeune femme auprès du Maître. Son fils est héritier d'un Sang-Pur après tout et beaucoup de familles anciennes verraient d'un mauvais œil qu'il soit sacrifié, malgré l'importance de notre cause. Tu côtoies à Poudlard cette pseudo-voyante et je suppose que tu pourras parler d'elle et de son amour immodéré de l'alcool.
Severus laissa échapper un ricanement sinistre et répondit avec une grimace de dégoût.
— Ça et sa manie de prédire la fin du monde aux élèves ? Elle fait régulièrement pleurer les plus jeunes en leur donnant sa vision de l'apocalypse. Ou en leur décrivant dans les détails leur propre mort, de préférence très violente et très sanglante.

Lucius hocha la tête, se promettant in petto de porter le sujet de ces cours inutiles de divination à la connaissance du conseil d'Administration de Poudlard. Il parviendrait bien à trouver quelques parents pour se plaindre du traumatisme infligé à leurs chères têtes blondes. Il reprit doucement, sans quitter Severus des yeux.
— Ensuite, cette jeune femme aura besoin d'un soutien amical. Elle va être propulsée au milieu de ses ennemis et beaucoup ne verront qu'une sang-de-bourbe. Je pense qu'elle serait bien plus à l'aise de pouvoir compter sur toi dans le cas où... le Seigneur accepterait de se montrer clément.

Severus se crispa et siffla, furieux.
— Et toi ? Tu la vois comment ?
Lucius ricana, nullement impressionné.
— Elle est sorcière, Severus. Elle est puissante. Elle est visiblement intelligente. La magie l'a choisie, autant profiter de ses dons. Je viens d'une lignée pure, comme Narcissa. Cependant, regarde le nombre de cracmols dans certaines familles. Regarde la folie de Bellatrix. Elle est peut-être une combattante hors pair, mais elle est d'une cruauté sans pareil ! Nous avons désespérément besoin de sang neuf ou nous risquons de ne plus pouvoir faire perdurer nos lignées.

Severus ferma les yeux, capitulant sans plus insister.
— Tu savais que je ne pourrais pas refuser, non ? Bien évidemment que je ferais en sorte de l'aider, si ça peut la garder en vie. Je me moque bien de son mouflet, mais...

Lucius ricana une fois encore, en repensant au petit garçon adorable qu'il avait rencontré. Il se pencha vers Severus pour murmurer, sur le ton de la confidence.
— Oh, mon ami, tu ferais bien de t'y intéresser à cet enfant. Elle est une louve dès qu'il s'agit de le protéger. Si tu veux conquérir son cœur un jour, il te faudra apprécier le petit et l'apprivoiser.

Une expression effarée puis résignée passa sur le visage de Severus, amusant l'homme blond. Ce dernier hocha la tête avec satisfaction, décidant qu'il avait un allié.
— Bien. Nous irons voir le lord au prochain week-end, à moins que tu n'aies la possibilité de te libérer de Poudlard discrètement.

Silencieux, Severus hocha la tête, se demandant à quel point il allait encore s'enchaîner à quelqu'un, tout ça pour sauver sa jolie fée.

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