Chapitre 28


Perdant son calme, Dumbledore lâcha un juron, ses doigts noueux s'enfonçant sans pitié dans les épaules de l'Auror jusqu'à le faire grimacer. James tenta de se dégager avec un grognement, sans succès.
D'un ton assassin, le directeur de Poudlard exigea des informations, ses yeux bleus brillants d'un éclat meurtrier.
— Depuis quand ? Depuis quand n'as-tu pas vu ton fils ?

James renifla puis haussa les épaules.
— Ça va faire un mois environ. Lily est partie sans un mot, sans rien dire. Elle n'a rien emporté avec elle, juste le petit... et elle n'est jamais revenue.


L'homme renifla une fois de plus, avant de repousser le vieil homme et de passer son bras sur son visage avec un sanglot sec. Il le pointa du doigt en crachant, furieux.
— Vous aviez dit qu'une union sorcière lui ferait peur, mais au moins elle n'aurait pas pu disparaître.


Dumbledore lui lança un regard glacial, le défiant de continuer à s'en prendre à lui. James se ratatina et se rendit dans la cuisine en titubant légèrement. Il n'était pas totalement ivre, mais il avait visiblement l'intention d'y remédier rapidement.

Le vieil homme se lissa la barbe en fronçant les sourcils. Visiblement, il avait fait une erreur de jugement au sujet de Lily Evans. Il avait pensé qu'elle était assez amoureuse pour ne pas se poser de questions et qu'elle n'aurait pas le courage de quitter James Potter.
Si le Sang pur lui faisait confiance, presque aveuglément, Lily était bien plus méfiante envers lui... surtout depuis qu'elle avait eu son gosse.

Il avait habilement manoeuvré pour que James épouse Lily à la mode moldue, afin de contourner les lois magiques s'ils venaient à être tués. Ainsi, sans mariage reconnu par le Magenmagot, il serait le seul à décider de leur succession, puisque James l'avait nommé homme de confiance...
Il leur avait trouvé une maison dans son village natal et il avait convaincu James de choisir Peter plutôt que Sirius Black. Il avait senti que l'allégeance de Peter était vacillante. Il avait noté ses regards emplis de jalousie envers le reste des maraudeurs et il avait fait en sorte de toujours associer James et Sirius, d'envoyer Rémus à l'étranger, de façon à laisser Peter seul.
Le dernier des maraudeurs n'avait pas encore la marque, mais Dumbledore était prêt à parier que ce n'était plus qu'une question de jours... Il avait toujours su détecter ceux qui allaient rejoindre Tom pour les surveiller de près.

Tout était prêt pour que Voldemort fasse sa première erreur. Il avait joué sur la peur de la mort du petit Tom avec cette prophétie idiote, il avait poussé les Potter sur le devant de la scène en les exposant plus que nécessaire et en les décrivant comme un couple parfait. Rien n'aurait dû contrarier ses plans... Sauf que Lily Evans avait soudain disparu.

Il fit quelques allées et venues nerveuses, lissant sa barbe, réfléchissant furieusement aux options qui s'offraient à lui. Il avait soigneusement placé les Potter sous les projecteurs, ainsi le visage de Lily était connu. Il aurait voulu que le gosse soit connu également, mais Lily avait refusé, aussi protectrice qu'une dragonne couvant ses œufs... La jeune femme ne pourrait pas se promener librement dans le monde magique sans qu'il soit informé.

Il commença à échafauder un plan sous le regard morne de James. Finalement, il hocha la tête en marmonnant « ça devrait fonctionner », puis il se posta devant l'homme.

Avec un soupir agacé devant son état, il l'interrogea sèchement.
— En as-tu parlé avec quelqu'un ?
James cligna des yeux d'un air idiot puis il grogna.
— Je croyais que... qu'elle était avec Sirius. Qu'il me l'avait volée. Il était toujours fourré à la maison, mais il ne savait pas. De toute façon, on se parle plus.

Dumbledore retint un grognement devant l'immaturité de l'homme. James avait toujours été un peu trop sûr de lui, un peu trop persuadé que le monde lui appartenait. Il n'avait rien fait pour corriger ce travers en le laissant martyriser les Serpentard.

Avec un peu de chance, Voldemort s'occuperait rapidement de lui et en ferait un héros posthume... c'était en tout cas ce qu'il espérait depuis le début.
Le directeur hocha sèchement la tête et le fixa jusqu'à ce qu'il baisse les yeux, soumis à son bon vouloir. Bien qu'il ne soit plus élève, James continuait à le percevoir comme une figure d'autorité, ce qui lui simplifiait singulièrement la tâche.
— Parfait. Tu gardes le silence. Tu n'en parles pas. Je vais la faire rechercher, en prétendant qu'elle a été enlevée.

James ouvrit la bouche, mais ses protestations moururent sur ses lèvres face au regard noir de Dumbledore. Il haussa les épaules et accepta passivement.

Dumbledore hocha la tête.
— Tu restes ici. À l'abri. Je me charge de tout. Il est temps que Lily rentre enfin dans le rang et cesse de me mettre des bâtons dans les roues.

James sembla inquiet et il fixa l'homme.
— Mais elle ira bien ? Je veux dire... personne ne va lui faire de mal ?

Dumbledore réprima un mouvement d'humeur et força un sourire paternel sur ses lèvres.
— Bien sûr qu'elle ira bien. L'ordre va se lancer à sa recherche et ils vont te la ramener. Quand nous l'aurons retrouvée, je m'occuperai de ton fils pour que tu puisses... profiter de ton épouse, d'accord ?

James hocha vaguement la tête, pensant qu'il serait toujours temps de changer d'avis au sujet de Harry. De toute façon, même si le directeur était un peu étrange ces derniers temps, il savait ce qui était le mieux et il ferait en sorte que Harry puisse se défendre et mettre fin à la guerre.


Londres — fin octobre 1981


Sirius rentra de sa journée de travail, exténué. Depuis que James était forcé de se cacher, les Aurors avaient plus de travail pour compenser son absence...

Il n'avait pas revu son ami — s'il pouvait encore l'appeler ainsi — depuis qu'ils s'étaient violemment disputés. Plus exactement, depuis que James l'avait accusé de coucher avec sa femme et qu'il lui avait répondu en le frappant.

Suite à cette visite catastrophique qui signait la fin d'une époque heureuse, il avait passé la journée à se lamenter dans son lit. Un reste de fierté lui avait fait prendre conscience de son état lamentable et il s'était décidé à se reprendre. Dès le lendemain, il était de retour au Ministère, à son poste, parfaitement sobre et déterminé...


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