Chapitre 21
James soupira, sans voir l'air avide du regard directorial. Il grimaça et secoua la tête, l'air désolé.
– Pas encore. J'imaginais qu'il... serait puissant avec la prophétie, mais...
Peter laissa échapper un bref rire caquetant.
— Faudrait pas qu'il soit cracmol, le petit...
James montra les dents, prêt à s'énerver contre Peter, mais Dumbledore laissa échapper un ricanement amusé, stoppant la querelle naissante.
— Très amusant... Ce garçon est appelé à faire de grandes choses, ne l'oublions pas. Ce n'est qu'une question de temps, il faut juste... un peu de patience.
Incertain, James murmura, évitant le regard de Dumbledore.
— Peut-être... enfin est-il possible que ce soit un autre enfant ?
Il y eut un lourd silence, puis Dumbledore laissa échapper un soupir bruyant.
— J'ai bien peur que non, mon garçon. La prophétie est formelle. Mais ne t'en fais pas. Avec le Fidelitas, ta famille est à l'abri, et vous ne risquerez rien. Sans compter que nous ferons en sorte d'apprendre au petit à se battre. Tu verras, James. Ça sera un jeu d'enfant de mettre fin à cette guerre une fois que ton fils saura se battre.
James hocha la tête et sourit, montrant toute confiance en Dumbledore.
— Bien sûr, directeur. Je vous remercie de nous venir en aide.
Dumbledore hocha la tête avec un petit geste de la main, comme pour assurer que c'était peu de choses. Il termina sa tasse de thé et claqua la langue de satisfaction.
— Bien les enfants. Et si nous nous occupions de ces protections ?
Peter se leva d'un bond, nerveux, et s'avança.
— Que dois-je faire ?
Dumbledore lui tapota l'épaule et lui remit un morceau de parchemin sans un mot.
James répondit, un peu sèchement, encore vexé de la supposition de Peter au sujet de Harry.
— Tu as juste à retenir notre adresse et à te taire. Tu crois que c'est dans tes cordes ?
Peter lui lança un long regard blessé et James se sentit brièvement honteux, mais il ne s'excusa pas. Peter pouvait être si agaçant, dans sa volonté de plaire... autant que ses blagues maladroites pouvaient être cruelles.
Dumbledore resta silencieux et leva sa baguette. Ses yeux brillaient de contentement, alors qu'il faisait de Peter le gardien du secret du domicile des Potter. Dès qu'il aurait terminé, toute personne étrangère à la maison serait incapable de trouver l'adresse.
La petite maison de Godric's Hollow deviendrait invisible à tous, protégeant ses habitants des Mangemorts...
Peter répéta les paroles de Dumbledore soigneusement, assurant qu'il garderait le silence, au péril de sa vie. James observait Dumbledore lancer le sort avec un peu de fascination. Il aurait pu le faire lui-même, bien évidemment, mais le directeur avait insisté pour être celui qui lancerait le sort faisant de Peter Pettigrew le gardien du secret. James s'était senti flatté, avec l'impression qu'il était un privilégié. Malgré toutes les bêtises faites à Poudlard, il semblait qu'il restait l'un des préférés de l'homme... et il en était fier.
L'incantation terminée, Dumbledore sourit et hocha la tête, satisfait.
— Et voilà.
James regarda autour de lui, comme s'il s'attendait à voir un changement. Avec une légère hésitation, il demanda.
— C'est fait ? Nous sommes à l'abri ?
Dumbledore lui tapota l'épaule avec un rire plein de bonhommie.
— Personne ne verra ta maison désormais, mon garçon. Je te le garantis. Et personne n'ira imaginer que Peter est celui qui est le dépositaire de ton secret.
À ce rappel nonchalant qu'il n'était pas l'ami préféré de James Potter, Peter émit un reniflement agacé, en serrant les poings. Mais personne ne fit attention à sa réaction, l'ignorant une fois de plus.
Impasse du Tisseur — samedi 17 octobre 1981
La situation était définitivement étrange pour Lily.
Depuis plus d'une semaine, elle vivait dans son quartier d'enfance avec son fils... là où elle avait grandi.
Elle se réveillait le matin dans une chambre inconnue, un peu sombre, mais tenue parfaitement propre. Il lui fallait quelques instants pour se souvenir qu'elle dormait dans le lit de Severus.
Ce dernier était retourné à Poudlard, en lui assurant qu'au moindre problème, elle pouvait l'appeler et il viendrait immédiatement.
Lorsqu'elle s'était inquiétée des questions que pourrait lui poser Dumbledore, Severus avait remonté sa manche sans la quitter des yeux, exposant la marque des Ténèbres avec une pointe de défi.
— Crois-moi, il ne posera pas de questions. Il me laissera partir en pensant que je suis appelé.
Lily s'était approchée de lui, les yeux fixés sur le tatouage. Elle l'avait retracé du doigt, avec une pointe de tristesse.
— C'est de ma faute que tu as... décidé de les rejoindre, n'est-ce pas ?
Severus avait cligné des yeux, puis il avait haussé les épaules, sans montrer la moindre émotion.
— Pas tant que ça, Lily. J'étais déjà sur le chemin des ténèbres. Notre dispute a juste été... le dernier maillon d'une longue série d'évènements.
Lily avait soupiré, dubitative. Mais elle n'avait pas posé plus de questions, pas alors qu'ils venaient de se retrouver et que leurs conversations étaient encore prudentes et empreintes de gêne.
Revenant au présent, elle inspira profondément, la tête enfouie dans l'oreiller confortable. Elle avait toujours aimé l'odeur de Severus, ce mélange d'herbes dont il se servait régulièrement pour ses potions et qui semblait avoir été absorbé par sa peau. C'était un peu déroutant au premier abord — l'ortie n'était pas la fragrance la plus recherchée par les parfumeurs par exemple — mais aux yeux de la jeune femme c'était réconfortant.
Lily ne s'était pas rendu compte à quel point Severus lui avait manqué.
Lorsqu'il l'avait insultée, elle avait été presque soulagée de pouvoir s'éloigner de lui. Leur amitié était une source de conflit dans sa maison. James la poussait à s'éloigner de lui alors qu'elle commençait doucement à tomber amoureuse de lui. Severus lui en voulait de se rapprocher des maraudeurs et se montrait de plus en plus caustique, tout en lui lançant des regards blessés lorsque leurs yeux se croisaient.
Après que Severus l'ait traité de Sang-de-bourbe, Lily avait rompu tout contact avec lui. Cependant, une fois à l'écart, elle avait giflé James et lui avait ordonné froidement de ne plus s'en prendre à lui, ou elle l'ignorerait également, et ce définitivement.
La menace avait porté puisque James s'était tenu tranquille — et il avait modéré les ardeurs de Sirius. La fin de la scolarité de Severus avait été plus tranquille, mais il avait pris la marque des Ténèbres à peine sorti de Poudlard.
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