Cher journal,

Tous les jours j'essaye d'être parfait, tous les jours, je me déçois. Je me rends compte que c'est impossible, que ce chemin est rempli de murs dans lesquels je fonce sans freiner.

Tous les jours, je me fais mal à vouloir trop. Suis-je trop cupide ? Trop imparfait ? Trop hésitant ? Je doute sans doute trop...

Je voudrais juste être une meilleure version de l'humain. Je veux continuer à y croire, à essayer, même si ça me mènerait vers le chemin du purgatoire. Est-ce trop demandé de désirer être bon ? Peut-être que moi aussi j'ai cette fameuse crasse ?

Cette saleté qui fait que beaucoup soient des inhumains m'aurait contaminé ? Est-ce pour ça que je crois que je suis dans un monde d'obscurité alors que je ferme tout simplement les yeux ? Est-ce pour ça que je me suis perdu ?

Cher journal,

J'ai appris un nouveau mot, une nouvelle émotion.

Puis, je me suis rendu compte que je le connaissais déjà. Je me suis rendu compte qu'il m'avait déjà torturé, de nombreuses fois. Je l'ai renié comme l'autre dans le ciel, j'ai été dans ce fameux déni.

Je t'ai redécouvert mon cher regret, tu me fais mal, tu me fais sentir comme une merde, comme un connard. Peut-être est-ce pour ça que je me suis senti obligé de me faire une lettre ? Pour ne pas regretter une nouvelle fois, pour ne plus commettre de péchés.

Cher journal,

Si on ne m'avait pas fait éclater la vérité au grand jour sur moi-même. Serais-je resté dans la décadence, dans cette route écarlate qu'on nomme "Chemin du purgatoire" ? Me serais-je détesté plus que maintenant, au point que j'aurais voulu me torturer ?

Je doute désormais, sur mes propres mots, mes propres actes. Moi qui était si sûr de ce que je suis.

Devrais-je faire comme les machines, devrais-je subir un redémarrage, une réinitialisation ? J'ai peur de devenir un système défectueux bon à aller à la casse. J'ai peur de me retrouver dans cet endroit où les ordinateurs détruits par les virus pullulent.

Cher journal,

J'écris autant car j'ai besoin de me rassurer, de me donner un nouvel objectif. 

J'écris autant pour être plus objectif aussi...

J'écris autant car je veux prendre du recul.

Cher journal... Cher journal...

Comprends-moi, garde en toi ces paroles. Comme dans la lettre que j'ai reçue et écrite à la fois, grave en nous ces préceptes.

Que la lumière nous éblouisse, je n'en peux plus d'être un trou noir.

À bientôt, cher journal...