Chapitre 21 - Thomas

PDV THOMAS

Je suis con. Dans la catégorie des conneries, j'atteins sans problème le top. En plus, je me sens vraiment coupable. La culpabilité me ronge de l'intérieur, j'ai l'impression que je vais exploser.

Soudain, une douleur aigüe me lacère le bras droit et je me rends compte que c'est le poing de Louisa qui vient de s'abattre sur moi. Cette dernière a les yeux rougis par les larmes, qui coulent à flot le long de ses joues. Je ne sais pas comment réagir.

Moi : Ecoute Loui...

Louisa : Ferme-la ! Juste, pour une fois, ne dis rien !

Elle fait un pas en avant, mais j'ai le réflexe de la retenir par le bras. Elle me lance un regard assassin.

Moi : Rappelle toi qu'il y a un trou juste devant toi...

Dans ses yeux défilent de multiples émotions en passant par une haine visible. Elle me déteste, ça se voit et je ferai pareil à sa place. Ça ne fait qu'augmenter ma culpabilité.

Louisa s'effondre alors sur le sol, comme vaincue par tant d'émotions et de fatigue. Ses épaules se soulèvent au rythme de ses sanglots tandis qu'elle cache ses yeux derrière ses mains. Je sens ma gorge se nouer. Je déteste voir les gens pleurer. Surtout si c'est ma faute...

Dans un élan de bonté, je m'asseois près d'elle et pose une main sur son épaule. À ma grande surprise, elle ne me rejette pas et continue de pleurer toutes les larmes de son corps. Je tente de la consoler, comme je peux, c'est-à-dire très maladroitement.

Moi : On va sortir de là et on va retrouver ta soeur. Je suis persuadéqu'elle n'est pas m...

Je m'interromps. Elle n'a pas besoin d'entendre ce mot de ma bouche.

Moi : Louisa, écoute moi, on va sortir de là d'accord ? Quoi que ça risque d'être un peu compliqué maintenant que Maëlys n'est plus là pour nous indiquer le chemin...

Louisa se relève d'un bond et ses yeux lancent des éclairs.

Louisa : Quoi ? Répète un peu ce que tu as dit ?! Tu as poussé ma soeur dans un trou et maintenant la seule chose qui t'inquiète c'est que tu ne puisses pas sortir de là ?! Tu es vraiment un sale con Thomas !!

Je ne sais pas vraiment quoi dire. Je me sens à la fois peiné qu'elle me voit comme ça et outré qu'elle rejette la faute sur moi. J'avais averti Maëlys...

Moi : Je ne l'ai pas poussé ! Elle est tombée !

Louisa : C'est une métaphore crétin ! C'est à cause de toi qu'elle est tombée !

Je me retiens de lui demander ce qu'est une métaphore. Mes lacunes de français attendront.

Moi : Je ne voulais pas qu'elle tombe bordel ! Je ne voulais pas !

Ma voix monte d'un ton tandis que Louisa passe une main sur son visage énervée et à cran. Je sens qu'elle ne va pas tarder à péter les plombs. Il faut absolument que je la calme.

Moi : Louisa s'il te plaît écoute...

Louisa : Non ! Toi écoute moi ! Tu es un gros con égoïste et complètement stupide ! Si tu continues comme ça tu vas nous faire tuer !D'ailleurs c'est sûrement déjà le cas pour Maë...

Les larmes perlent aux coins des yeux de Louisa, mais voulant garder sa dignité elle les contient et ravale sa peine.

Moi : Tu sais bien que je ne voulais pas qui lui quelque chose, je...

Louisa : Si tu avais fermé ta bouche au lieu de dire des conneries...

Moi : Je voulais détendre l'atmosphère ! Ça fait au moins 6 mois que je suis dans ce foutu manoir et...

Louisa : 6 mois ?!!

Je hoche la tête devant ses yeux exorbités. Elle a du mal à me croire, mais c'est la vérité. Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps on est là, mais je sais que ça fait longtemps. Au début, je comptais les heures, mais j'ai perdu le fil au bout de deux jours. Et puis, c'était trop déprimant.

Je me demande ce qu'il a pu se passer en six mois. Ma grande soeur a dû avoir son permis, ma cousine a dû accoucher de son premier enfant, mon meilleur ami a dû obtenir son bac... Tant de choses auxquelles je n'assisterais pas... Tant de choses que j'aurais à rattraper si seulement j'arrive à sortir d'ici...

Louisa : Je suppose qu'on va devoir faire la paix au moins jusqu'à sortir de cette salle ?

Elle semble réticente mais elle a compris que la meilleure solution est de s'entraider.

Louisa : Donc tu dis qu'il y a un trou devant nous ?

Je hoche la tête un peu surpris par la maturité de la fille qui est ma cadette de quelques années. Elle semble être déterminée à sortir.

Louisa : De combien de mètres de longueur à peu près ?

Moi : Je dirais... un ou deux, pas plus...

Louisa : Ok, donc on va pouvoir le traverser avec la corde.

Je la regarde sans comprendre. Quelle corde ?

Moi : De quoi tu parles ?

Louisa : Je suppose que tu ne vois pas qu'il y a une corde qui doit être située juste au dessus de trou ?

Je secoue négativement la tête, perplexe. Je tente de réfléchir et mon cerveau fonctionne à mille à l'heure. Soudain, j'ai une illumination.

Moi : Je crois que j'ai compris.

Louisa : Compris quoi ?

Moi : Le fonctionnement de cette salle.

Louisa me regarde sans comprendre, avec un regard désabusé.

Moi : Si on récapitule, Maëlys voit le chemin, toi tu veux la porte et maintenant la corde et moi, je vois cette sorte de poulet géant et ce trou...

Louisa tressaille quand j'évoque sa sœur, mais elle me laisse continuer.

Moi : Ce qui signifie qu'à l'endroit où je vois le danger, tu vois la solution pour surpasser le danger.

Louisa : Et Maë voyait le chemin qu'il fallait prendre...

Je hoche la tête, content qu'on parvienne à la même conclusion.

Louisa : Bon, je suppose qu'on va devoir s'entraider pour surmonter cet obstacle, parce que moi je ne vois pas le danger et toi tu ne vois pas comment le surmonter.

Je hoche une seconde fois la tête.

Louisa : Je vais m'approcher du trou. Dis moi quand je ne suis plus qu'à quelques centimètres.

J'acquiesce et elle fait quelques pas en avant. Je finis par l'arrêter quand seule une distance minime la sépare du trou béant dans lequel est tombé sa soeur. Louisa regarde ses pieds puis son regard dérive sur quelque chose plus en hauteur. Je suppose qu'elle analyse son saut pour atteindre la fameuse corde qui m'est invisible.

D'un coup, elle s'élance. Je sens ma gorge se nouer, mais je la regarde faire, à la fois admiratif et apeuré. Ses mains finissent par agripper la corde et elle se balance juste en dessus du trou. Ça me fait bizarre de la voir ainsi car j'ai carrément l'impression qu'elle vole. Ce manoir va finir par me rendre fou...

Moi : Continue à te balancer, il ne te reste que quelques centimètres avant l'autre côté.

Elle suit mes conseils aveuglément parce qu'elle n'a pas le choix. À nous deux, on arrive à se coordonner et Louisa atteint l'autre côté sans soucis. Elle me sourit, avant de se raviser, semblant se souvenir qu'elle me déteste.

Louisa : A toi !

Je m'approche du trou et m'arrête juste devant.

Louisa m'annonce que je n'ai qu'à sauter légèrement pour atteindre la corde. Comme je suis grand, cela devrait passer.

Je décide de prendre de l'élan. Je sais que ma vie entière repose entre les mains de Louisa. Je m'élance. Je cours et me rapproche du trou. J'ai peur. Et si je ratais la corde ?

Plus que quelques mètres. Plus que quelques centimètres. Je saute.

Louisa me crie quelque chose que je ne capte pas. Alors que je tombe, mes mains agrippent enfin la corde, mais je l'ai attrapé trop bas. Elle glisse entre mes mains et la seconde d'après, je chute. Par chance, j'ai réussi à prendre assez d'élan pour me rattraper tout juste sur le bord du précipice. Louisa se précipite vers moi pour m'aider. Alors qu'elle s'apprête à me tendre sa main, elle se stoppe net. Je sens mes forces commencer à s'amenuiser.

Moi : Louisa...

Les yeux de la jeune fille se fige dans les miens et je repère sans difficulté qu'elle est animée par un sentiment très fort. La vengeance. Elle hésite fortement à me venir en aide, parce que la volonté de vengeance est forte.

De la sueur perle sur mes tempes. Je vais lâcher dans pas longtemps.

Moi : Louisa, je t'en prie...

•••

Écrit pat LetTheMagicHappen

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