Chapitre 18 - Shawn

PDV SHAWN

Je passe la porte en suivant Elliane. Il faudrait que je discute avec Thomas dès qu'on aura un moment. Le fait de repenser à ce qui m'a permis de traverser la porte... je peux pas. Mais évidemment, ce serait trop simple d'arriver dans une pièce avec tous les autres, non, nous on arrive dans une pièce toute noire, tout seuls, avec comme seule indication 

«Le chemin continue quand vous aurez affronté vos cauchemars...»

Rassurant tout ça.

Elliane : J'espère que tes cauchemars font pas trop flipper parce que visiblement, on va se retrouver en plein dedans.

Et comme pour confirmer ses paroles, on se retrouve devant une maison blanche avec un grand jardin à l'arrière et délimité par une barrière bordée de roses rouges. C'est un bel endroit que je n'ai jamais vu mais qu'Elliane connaît.

D'ailleurs en parlant d'elle, elle est à côté de moi, une valise posé négligemment à ses pieds et un air totalement paniqué sur le visage. En face de nous, il y a une femme et un homme qui ressemblent tout deux fortement à la brune : ses parents. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe avant que la femme ouvre la bouche.

La femme : Tu crois sérieusement qu'on va te garder ici ? On ne t'a jamais voulu, on ne t'a jamais aimé. Depuis ta naissance, tu n'es qu'une déception pour nous. Tu n'as plus rien à faire ici, tu es une honte pour cette famille ! Va-t'en et ne reviens jamais nous voir ! Tu n'es plus notre fille.

Elliane est tétanisée, en larmes et répète en boucle «Ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel.». D'un coup, le décor change et on se retrouve dans un parc, juste à côté d'un bois. Maëlys et Nathan sont là aussi, juste devant nous.

Nathan : Sérieusement, je ne sais même pas comment t'as pu croire une seconde qu'on était amis avec une fille comme toi. T'es pathétique, tu ne sers à rien. Je ne sais pas pourquoi tu restes avec nous mais de toute façon tu vas arrêter de le faire.

Maëlys : Tu vois au début, je t'aimais bien. Mais c'était quand je ne te connaissais pas réellement. Tu n'es pas ma meilleure amie et tu ne le seras jamais. Tu n'as rien à faire ici. Tu mérites d'être seule. Personne ne t'aime. Tu n'as d'importance pour personne.

Je suis sous le choc, ce qui fait que je ne réagis pas. Ils nous tournent le dos alors qu'Elliane pleure encore plus si c'est possible. Je ne comprends rien à ce qui se passe. Pourquoi ils sont là ? Et pourquoi ils lui disent des horreurs comme ça ? C'est là que ça me revient, Le chemin continue quand vous aurez affronté vos cauchemars. On est en train de vivre le pire cauchemar d'Elliane et je suppose qu'elle est supposée vaincre ce cauchemar si on veut sortir. Je lui attrape la main puis la prend dans mes bras.

Moi : Tu n'es pas seule, ce n'est qu'un cauchemar, tes amis t'aiment et ta famille aussi. Ils ne te laisseront pas seule et moi non plus. Je suis là d'accord ?

Elle ferme les yeux et acquiesce en calmant sa respiration.

Elliane : Ce n'est pas réel. Ce n'est qu'une illusion. Rien n'est réel.

Elle répète ces mots encore plusieurs fois avant que le décor ne change encore. On se retrouve dans la salle du départ. Une lumière s'est allumée à droite du message.

Shawn : T'as réussi !

Elliane : C'est grâce à toi, merci. Mais je suppose que c'est ton tour maintenant.

Elle est encore en train de sécher ses larmes quand le décor change encore. Cette fois nous atterrissons dans une voiture. Mais ce n'est pas n'importe laquelle. Je sais où nous sommes, et je sais ce qu'on va vivre. Je me crispe.

C'est mon ancienne voiture, et je suis au volant. Elliane est sur le siège passager et deux de mes amis, Cameron et Jack, sont à l'arrière. Il fait nuit mais le temps est clément. Le ciel est dégagé et la température est douce, adaptée à une fin d'été. Le tableau de bord indique qu'il est 3:13 am, le 02/09. J'ai encore six minutes. Je suis légèrement plus jeune, j'ai eu 16 ans récemment. Je sens les effets de l'alcool dans mon sang alors que nous ne sommes même pas réellement là. On sort de la soirée de la rentrée, tous les prétextes sont bons pour faire la fête quand on est adolescents. Je ne contrôle pas mon corps. Je sais ce qui va se passer mais je ne peux pas agir, ni parler, ni rien...

Elliane a l'air de comprendre que je suis là sans être là puisqu'elle ne dit rien. C'est comme si mon corps et mon esprit à ce moment-là ne savait pas qu'elle était là alors que je suis parfaitement capable de la voir. Les autres non plus n'ont pas l'air de se rendre compte de sa présence.

Je rigole en discutant avec mes amis. Je roule trop vite, je le sais. Je dépasse les limites mais je m'en fiche. Le cadran indique 3:16 am. Plus que trois minutes. Je dépasse la maison de Thomas, je ne le connaissais pas vraiment à l'époque. Les lampadaires se font plus rares, il n'y a plus que la lumière des phares pour nous guider. Je rigole encore puis j'augmente le son de la radio en entendant Sound of silence passer à la radio. C'est assez déprimant comme chanson et pourtant...

Hello darkness, my old friend...

Je me mets à crier les paroles en chœur avec les gars à l'arrière. Je ne suis décidément pas sobre, je n'aurais pas dû prendre le volant. Il est 3:18 am. Jack raconte une blague débile en mimant ses paroles. Je me retourne pour lui dire d'arrêter ses conneries, qu'il faut qu'il se rachète un humour. Je ne fais pas attention au virage qui suit , je connais bien la route, je l'emprunte souvent.

But my words, like silent raindrops fell

And echoed in the wells of silence...

Le choc est violent. Le son de l'impact se propage dans l'habitacle, comme les secousses. J'écrase la pédale de frein, trop tard. La collision a déjà eu lieu. Paniqué, je sors en courant de la voiture et me dirige vers le milieu de la route. Du sang. Des quantités astronomiques de sang qui se repend partout sur le bitume avec au milieu, un corps.

Il est allongé, sa jambe forme un angle bizarre. Il baigne dans son propre sang et son visage est méconnaissable. Aiden Jordan.

And the sign flashed out its warning

In the words that it was forming...

J'entends Cameron hurler au téléphone par dessus la radio pour contacter les secours. Je me laisse tomber à genoux à côté d'Aiden, on est dans la même classe depuis la primaire. J'appuie sur ses blessures pour empêcher l'hémorragie mais je sais pertinemment que c'est inutile.

Je prends son pouls, il faiblit de plus en plus. Il me regarde dans les yeux et je n'y vois que de la douleur. Quelques larmes coulent le long de sa joue et atterrissent sur ma main. Son regard se fige, ses yeux se vident. Je ne sens plus son pouls. Sa douleur a disparue. Sa vie aussi. Il est 3:19 am.

And whispered in the sounds of silence...

•••

Écrit par elsago30

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