Sur le papier
J'avais commencé
A lentement étaler
Mes pinceaux tintés

Dans un cahier
J'ai longtemps couché
Mes lignes rimées
Mon monde déprimé

Sur les planchés
J'ai aimé jouer
Avec des comédiens tarés
J'étais libérée

Sur le clavier
J'ai longuement tapoté
Les touches enfoncées
Des chapitres rédigés

Le soir tombé
J'ai chanté
Avec le monde entier
La musique a résonné

Mais un jour, tout s'arrêta
Manque de confiance ou pas
Tout s'est arrêté
Une artiste brisée

Mes dessins ont déserté
Mes doigts se sont figés
Un loisir mal aimé
Par les autres, critiqué

Les vers m'ont lâchée
Ils sont ici, vous me direz
Mais je dois me cacher
Pour les étaler

Mes mots non approuvés
Par cet entourage enragé
Mes larmes ont souvent afflué
Sur mes joues, elles ont coulé

Les planches m'ont abandonnée
Les comédiens me les ont arrachées
Me laissant pourrir dans l'obscurité
Telle une marionnette cassée

Mon clavier, j'ai délaissé
Mes œuvres j'ai regardé
Mes lignes que j'ai aimées
A la maison, mon clavier non apprécié

Alors ma voix s'est réveillée
Voilà les premières notes envolées
Dans une pièce, seule et cachée
Je me fais encore oppressée

L'art, je ne peux le pratiquer
Sans que des reproches ne me soient adressées
L'étoile finira par cesser de briller
Le cœur morcelé et prêt à imploser.