Capítulo 33
Léna DEL CASTILLO
J'ai mal partout. La position dans laquelle je suis n'est pas du tout confortable. Ma main liée à la tête du lit réduit tous mes mouvements et ne me permets pas grand chose. J'en ai assez d'être coincée sur ce lit depuis déjà deux jours.
Une femme de la cinquantaine vient trois fois par jour pour m'apporter mon repas, me laisser faire mes besoins, prendre une douche; le matin et le soir, avant de me rattacher à mon fidèle ami et sortir de la chambre. Tout ça depuis mon arrivée dans cette chambre. Je n'ai reçue aucune autre visite de ce Javier et honnêtement, moins je le vois, mieux je me porte!
Je n'ai malheureusement pas de nouvelles de Tyler non plus. J'ai essayé de converser avec Martha, la femme de chambre, même en espagnol, mais elle fait la sourde oreille. Pourtant, elle me salue toujours lorsqu'elle rentre dans la chambre et me dis bonne nuit le soir. Je crois qu'elle a reçu l'ordre de ne pas m'adresser la parole.
Je vais devenir folle à force de rester entre ces quatre murs sans savoir ce qui va se passer, ni quand et comment.
Je m'étire de tout mon long avant de ramener mon dos contre la tête du lit et mes genoux à hauteur de ma poitrine. Je pose ma main gauche sur ceux-ci et laisse la droite sur le lit. Toute façon il n'y pas moyen que j'en fasse autre chose.
Je me perds dans mes pensées me demandant ce que ma soeur fait en ce moment, s'ils me cherchent, lorsque trois coups résonnent sur la porte. La personne n'attend pas que je donne mon autorisation et rentre. Sans grande surprise, Martha rentre dans la chambre en tenant un plateau et un paquet dans ses mains. Je vais pour me lever pour l'aider lorsque je me rappelle que je suis attachée. Je souffle d'agacement.
Martha- Holà señorita!
Moi- Holà Martha!
Je l'ai déjà demandé de m'appeler par mon prénom mais rien à faire, elle a gardé ses manières. Sous ordre j'imagine.
Elle pose le plateau sur la nouvelle table qui a été aménagée pour que j'y prenne mon repas lorsque je l'arrête.
Moi- Puedo comer afuera? (Puis-je manger dehors?)
Martha- Claro señorita! (Bien sur mademoiselle)
Elle va poser le plateau sur la table du balcon et revient me retirer les menottes. Nous passons la baie vitrée pour nous retrouver sur le balcon qui m'avait attiré depuis le premier jour. Mais je ne savais pas comment m'y rendre et je devais faire attention pour ne pas qu'on soupçonne quelque chose. Je m'assieds sur la chaise, donnant dos à la chambre et Martha est assise un peu plus loin sur ma droite observant l'horizon.
Je retire le couvercle de mon plat et découvre comme deux rouleaux gratinés.
Martha- Enchiladas. Des tortillas, de la viande, de la sauce tomate. Buen apetito!
Je la remercie d'un hochement de tête avant de commencer par manger.
J'en apprends beaucoup sur la cuisine mexicaine. A chaque fois qu'elle m'emmène un repas, elle m'explique ce que c'est et me donne bien évidemment le nom. Je ne sais pas si c'est elle qui cuisine mais en tout cas, c'est très bon, et épicé!
Néanmoins, je n'oublie pas pourquoi j'ai demandé à sortir. La balustrade en vitre me permet de voir l'étendue du jardin et la forêt qui s'étend à perte de vue derrière la clôture. Des gardes sont postés un peu partout de ce côté de la maison. Ils sont au nombre de cinq. Mais peut-être j'en manque un ou deux qui peuvent être en dessous de ma position. Deux grands arbres se trouvent éloignés l'un de l'autre et un parterre de fleurs se trouve au milieu du gazon tondu.
Ma chambre se trouve au premier étage. Ce qui fait que ma chute ne sera pas aussi risquée que si je saute du deuxième. Toutes ces informations m'ont aidé, mais j'ai besoin de plus. Je ne vois pas comment je peux sortir d'ici sans connaître ce qui m'attend lorsque je poserai un pied hors de cette chambre. Je me dis que l'autre côté de la maison doit avoir le même nombre de gardes que ce côté donc déjà 12, j'arrondis, personnes comme obstacles. Je crois aussi qu'il y a une personne devant ma porte puisque j'entends souvent des voix d'hommes devant celle-ci et Martha saluée quelqu'un quand elle vient me voir. Ça commence à faire beaucoup...
Un bruit de moteur m'interromps lorsque je m'attaque à ma salade de fruit. Je tourne ma tête sur la gauche pour apercevoir deux voitures noires passer le grand portail du garage et se diriger vers le côté gauche de la maison. Le garage est donc de ce côté, intéressant..
Martha- El dueño acabar de llegar. (Le maître vient d'arriver.)
Sa phrase me donne un frisson dans le dos. J'espère qu'il ne fera pas un tour dans ma chambre. J'ai de mauvais souvenirs de la dernière fois.
Lorsque je finis, Martha vient récupérer le plateau et alors que je pensais qu'elle allait me demander de venir reprendre ma place initiale, elle ressort sur le balcon en tenant le fameux paquet que j'avais aperçu lorsqu'elle était rentrée dans la chambre. Elle le pose sur la table devant moi en me souriant. Bizarre tout ça..
Je pose mes doigts sur le ruban et le défait puis soulève légèrement le couvercle. Je plonge ma main à l'intérieur et en ressors une robe en satin vert émeraude. Pourquoi m'offrait il une robe? Je tourne ma tête vers la gauche et le surprend me fixer un sourire au coin des lèvres. Batard.
Martha- Señor veut que vous dîniez avec lui ce soir. Il demande à ce que vous soyez prête à 20h30. Quelqu'un viendra vous chercher.
Des talons transparents sont placés au fond de la boîte. Je referme le tout et prends une grande inspiration.
***
Martha m'avait laissé seule dans mes appartements sans me remettre les menottes. J'ai pu prendre une douche et commencer à m'apprêter en toute liberté. J'ai même fait une petite balade sur la terrasse profitant du fait que je n'étais plus liée. J'ai pu observer un peu plus que ce midi mais je n'ai pas découvert grand chose à part qu'il y avait trois étages dans cette maison et que le jardin était immense et faisait le tour de la propriété.
J'enfile les fameux talons me demandant pourquoi il me faisait porter tout cela alors que j'étais sa prisonnière même si je me refusais à y croire. J'ai décidé de ne pas me maquiller parce que je n'avais pas envie de lui faire ce plaisir, ce qui avait déçu Martha qui m'avait ramené une trousse de maquillage. Néanmoins, j'applique un peu de gloss et mis le collier et les boucles d'oreilles qui étaient dans un coffret dans l'un des tiroirs de la salle de bain.
Je retourne dans la chambre et attend patiemment sur le lit la venue de la personne qui est censée venir me chercher. Je n'attends pas si longtemps car quelques minutes plus tard, j'entends la clé tournée dans la serrure et un homme rentre dans la chambre. Il me détaille un instant avant de me demander de le suivre. Je me lève et suis le grand baraqué hors de ma chambre. J'avais raison une personne est bien devant ma porte. Un homme tout aussi baraqué que celui que je suis en ce moment. Je n'ai aucune chance avec lui dans un combat au corps à corps. Le couloir est aussi immense que long. Nous arrivons après des minutes de marches aux escaliers. Des escaliers à côté mènent aux deuxième étage et nous prenons les autres pour descendre. Je n'étais encore jamais venue ici. J'ai dû passer par là pour atterrir dans ma chambre mais j'étais dans les vapes, ça compte pas.
Le salon est très grand et moderne. Des canapés en cuir blanc, un grand téléviseur écran plat accroché au mur, une table basse en verre, le tout posé sur un immense tapis gris. Des tableaux accrochés aux murs donnent une petite touche de couleur à tout cela. L'homme me conduit toujours vers une destination inconnue alors que je continue d'observer les alentours. Il ne s'arrête même pas dans la cuisine et la traverse pour nous conduire vers la baie vitrée. Il l'ouvre et me laisse passer avant lui. Je remarque déjà de loin derrière la maison, un endroit plus éclairé que les autres. Je profite pour regarder rapidement et remarque que le garage fait tout le long de la maison. Deux gardes sont postés devant et nous passons devant trois autres sur l'allée en béton lavé. J'avais bien raison. Le même nombre que de l'autre côté.
Nous arrivons finalement à destination. Le garde s'en va alors que celui que je ne voulais absolument pas voir se retourne vers moi. Il me lance un regard satisfait avant de s'avancer vers moi pour me faire un baisemain. Mon regard dégoûté se détourne de lui pour observer la table dressée pour trois personnes? Il remarque mon froncement de sourcils et réponds à mes interrogations.
Javier- Nous attendons une personne chiquita. En passant, tu es sublime!
Je ne prends pas la peine de lui répondre et observe au loin. Une piscine à débordement est juste à quelques mètres de nous et après elle, la forêt et le soleil qui se fait engloutir par ses arbres.
J'entends des talons claquer sur le sol et me retourne pour voir qui nous attendions tant. Une femme d'environ soixante-dix ans est debout à côté du mur de la maison. Javier va lui faire la bise puis enroule son bras autour du sien et la guide jusqu'à moi. Cette femme est très élégante dans son ensemble tailleur blanc et ses escarpins. On ne lui donne même pas son âge. Elle m'a l'air familière mais je ne vois pas comment je la connais. Elle me sourit de toutes ses dents et me montre ses bras pour que je m'y réfugie. Je la toise en fronçant des sourcils. Je veux bien être gentille, mais on ne se connaît pas madame.
- No me saludas, Angela? (Tu ne me salue pas, Angela?)
Ce surnom et ses yeux verts me font tiquer. Comment est-ce possible? Je recule de deux pas, touchant la table derrière moi tant ma surprise est énorme. Je ne pensais pas la voir au Mexique, ni la revoir un jour tout simplement. Je n'arrive pas à croire qu'elle soit devant moi. Et souriante en plus! Maintenant que je la détaille, elle n'a pas vraiment changé, à croire que les années n'ont aucun effet sur elle. Qu'est ce que c'est que tout ceci? Et comment connaît-elle ce connard? Je suis plus que confuse...
Moi- Abuelita?
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