Léna DEL CASTILLO

J'ai affreusement mal à la tête. C'est la première chose qui me frappe lorsque j'essaie d'ouvrir les yeux. La deuxième, c'est la lumière présente dans la pièce qui me fait refermer directement les yeux. Et la troisième est que je viens de constater que la matière du truc sur lequel je suis allongée est molle. Ce qui ne correspond en rien à la pièce sombre où j'étais, assise sur une chaise attachée, ni à mes fesses qui ne cessaient d'avoir des crampes à cause de la surfasse rude de la chaise.

J'ouvre brusquement les yeux et me maudit juste après de l'avoir fait car la lumière me picote les yeux. J'essaie de me redresser mais je sens un blocage au niveau de mon bras. Ma vue étant enfin habituée à la lumière de la pièce, je tourne ma tête pour remarquer que ma main droite est attachée à la tête..d'un lit? Peut-être que ça correspond un peu finalement: je suis toujours attachée. J'observe la pièce. C'est une chambre dans les tons neutres; impersonnel. Une baie vitrée est cachée par des rideaux transparents blancs. D'où venait la lumière...

Je ne porte plus mes habits mais un jogging légèrement plus grand que moi ainsi qu'un t-shirt tous les deux blancs. Qu'est-ce que c'est que...TYLER! Je me souviens peu à peu des événements de la veille -je crois-. De la sortie au centre commercial, de la fusillade, de Schwarzenegger et... Angel... Oh mon Dieu! Dites moi que c'est un cauchemar! J'espérais me réveiller chez moi avec Lana qui me crie de me dépêcher pour ne pas être en retard et Chloé qui me rappelle encore une énième fois que je suis encore au lycée. Mais rien. Tout ça est bien réel. Cet homme a tué Angel de sang froid. Sans aucune once de regret. Rien. Nada!

Comment a-t-il appelé la ville où nous nous trouvons déjà? Guadalajara?..Non..La Paz.. Bon sang! J'ai eu un cours de géo sur le Mexique il n'y a pas longtemps comment je peux déjà oublié?! Réfléchis Léna! Ça commence par O, Ox...non A! A de...Acapulco! Merde! Je suis dans la mouise! Cette ville n'est pas vraiment la plus sûre de ce pays. Je ne le sens pas du tout. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour revoir mes amis, ma famille, maintenant? Je ne dois pas me laisser abattre! Ce n'est pas moi et on est pas comme ça dans notre famille! Mais là je dois aller aux toilettes merde!

Je tourne ma tête de droite à gauche pour voir s'il n'y a pas un truc qui pourrait m'aider avec ces menottes retenant mon bras mais rien. J'essaie de tirer dessus mais tout ce que je réussis à faire est de me faire mal. J'arrêta immédiatement pour ne pas pas abîmer mes poignets encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Fais chier! Attends une seconde, je dois avoir une épingle dans mon soutien-gorge! J'en garde toujours une au cas où mes cheveux me dérangeraient. Mais la, c'est le bon moment pour appliquer ce que ma soeur m'a appris. Je mets ma main gauche sous mon t-shirt pour tâter au niveau du fermoir alors que la porte s'ouvre au même moment. Je retire vivement ma main en me retournant pour faire face à l'homme..d'hier? Comment s'appelle t'il déjà? Hmm foutue mémoire.

- Qué estás haciendo chiquita? (Qu'est-ce que tu fais chiquita?)

Il me fait grincer les dents. J'ai envie de lui arracher son sourire collée à sa belle guelle! Il me dégoûte. Quand je le regarde je vois Angel. Je revis sa mort et c'est horrible. Je me sens coupable alors que ce n'est pas moi qui ai appuyé sur la détente. J'ouvre la bouche pour parler mais ma gorge est très sèche. Merde ça fait combien de temps que je n'ai ni manger ni bu?

- Oh disculpa tu dois avoir soif.

Il s'avança pour saisir une bouteille d'eau sur la table de chevet que je n'avais pas remarqué tient..
Il l'ouvre et l'apporte à ma bouche. Il est sérieux là? Je tends ma main pour récupérer la bouteille mais il la recule et fais claquer sa langue contre son palais démontrant son désaccord avec mon geste.

- Laisse moi t'aider.

Je ne peux pas riposter parce ma gorge est sèche, alors je le laisse me faire boire. Je vide presque la bouteille et essuie du revers de ma main libre la goutte qui glisse sur le coin de ma bouche. Il me sourit victorieux et s'assied sur le rebord du lit alors que je me redresse pour coller mon dos à la tête du lit.

- J'espère que tu ne m'as pas déjà oublié hm?

Je ne dis rien et continue de le fixer. Il se racle la gorge avant de poursuivre.

- Au cas ou tu aurais oublié mon prénom, je m'appelle Javier, et assure toi qu'il reste graver dans ta mémoire mi bonita.

Je grimace au surnom qu'il vient de m'attribuer ce qui le fait esquisser un sourire.

Javier- Tu es un peu trop jeune pour moi ne t'inquiètes pas. Mais ta soeur par contre...

Il parle vraiment de ma soeur là?! J'ouvre la bouche pour riposter mais il me coupe en enchaînant.

Javier- Oui j'ai fait quelques recherches, je m'ennuyais pendant tes deux jours de sommeil.

Un chef de cartel qui s'ennuie...attends quoi?! J'ai dormi pendant deux jours entiers?!

Moi- Vous m'avez droguée?!
Javier- No princesa, tu es tombée toute seule pour moi. Trêve de bavardages. Passons aux choses sérieuses.
Moi- Où est Tyler?
Javier- J'aime pas qu'on me coupe la parole bebé.
Moi- Répondez-moi!

Ses sourcils se froncent et il se lève de sa place pour venir se poster devant moi. Sans que je ne comprenne, il m'attrape agressivement les cheveux et rapproche son visage du mien.

Javier- N'ose plus jamais levé la voix sur moi tu m'entends?! Ce n'est pas parce que je t'ai sorti de la cave pour te mettre dans une chambre limpio (propre), que tu peux t'autoriser de faire ce que tu veux. N'oublie pas que tu es sur mon territoire et que c'est moi qui commande!

Il me relâche brutalement et se redresse pour arranger sa tenue. J'empêche mes larmes de couler. Pas des larmes de douleur non, des larmes de colère. Il pense être supérieure à moi parce que je suis attachée au lit et que je suis sur « son territoire », j'ai juste envie de le plonger dans l'acide et le regarder hurler de douleur petit à petit jusqu'à son dernier souffle. Cet homme ne m'inspire que de la haine! Derrière sa belle guelle d'ange, c'est le diable en personne qui s'y trouve.
Son regard sombre lorsqu'il me parlait ne peut qu'en témoigner.

Javier- Bien, maintenant que tu as compris qui est le chef, je vais te laisser et je reviendrai quand tu seras apte à parler.

Il se dirige vers la sortie alors que des images me traversent la tête:

Oh oui, le tremper dans de l'acide serait parfait....