Chapitre 33 : tout ce chemin parcouru...
-Alors, vers où vole-t-on ? demanda Chasseur. Plutôt... l'Antarctique, ou plutôt l'Amazonie...
-Hmm... répondit Féline. Je pensais plutôt à l'Europe.
-L'Europe ?! Mais c'est là que tu as été incarcérée, et c'est un des lieux où nous sommes le plus en danger !
-J'ai quelque chose à récupérer, ça ne sera pas long. Ou plutôt quelqu'un.
Elle se tourna vers lui et lui fit un tendre sourire. Chasseur détourna la tête en soufflant, avant de la regarder à nouveau.
-T'es pas possible, toi ! affirma-t-il. Bon, si tu veux, de toute façon, c'est toi la cheffe !
Il aurait bien levé les mains en l'air pour s'innocenter, mais au risque de faire tomber Féline, ça n'était pas une bonne idée.
-Bon, on se pose où du coup ?
-Qu'importe. Les bipellis ont un pouvoir qui fait que même si je l'appelle à plus de huit cent kilomètres de là où elle est, Sayan pourra me rejoindre en un rien de temps. C'est comme une sorte de téléportation, mais pas quand on les voit.
-Ah, tu veux juste récupérer ta jument ?
-Juste ?! C'est une bipellis. Bon, qu'importe.
-Et comment elle va faire pour nous suivre ? Qu'on aille voir Hitsück ou la base, ou les loups...
-À éviter, les loups.
-Ah oui, bref, il faudra qu'on traverse des océans !
-Ne t'en fais pas, comme je te l'ai dis, le mystère des bipellis est de se trouver à l'endroit que tu veux quand tu le leur demandes.
-Alors pourquoi on va en Europe ?
-Pour reprendre le contact avec elle. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue... Il faut que je vienne la rechercher.
-Très bien. Ici, ça te va ? demanda-t-il en désignant un coin de campagne.
-Ouais, super.
Les deux amis se posèrent. La petite campagne était tranquille.
-Et bien c'est très mignon ici, commenta l'aigle, tu aurais dû t'y installer, plutôt qu'en Antarctique où il fait froid...
La chatte le regarda sans un mot mais son petit sourire en coin en disait long. Elle se tourna vers l'horizon, bien que l'horizon soit en réalité partout, mais elle détacha en tout cas ses yeux du jeune homme pour regarder une ligne d'horizon vers une plaine.
Elle mit alors ses deux doigts contre ses lèvres et siffla bruyamment.
Elle regarda le jeune homme d'un air certain, accompagné d'un petit sourire qui lui donnait la pose d'un déesse, accompagnée comme par hasard du Soleil qui terminait lentement sa course. À croire que l'intelligente voleuse l'avait fait exprès.
Elle regarda à nouveau l'horizon et un cheval au galop se fit entrapercevoir au loin. Il se rapprocha rapidement et Chasseur put bientôt voir un imposant cheval noir – qui s'accordait parfaitement avec sa cavalière – se diriger vers eux. Il s'arrêta juste devant la chatte qui s'empressa de le caresser doucement en lui murmurant des mots inaudibles.
-Voici Chasseur, entonna-t-elle en désignant son ami au cheval.
L'animal sembla le regarder et le saluer, si bien que Chasseur en fut bouleversé. Elle croyait sincèrement que le cheval comprenait ? Après tout, il avait bien vu des loups philosophes, des assassins au grand cœur, des vieux fous finalement sages et des parures de monstres sur lui-même. Alors pourquoi pas un cheval qui comprend ce qu'on lui dit ? Ça n'était absolument pas bizarre à côté de tout ce qu'il avait déjà vécu depuis ce jour où il avait appris le prénom de la Jeune Fille du Port. Combien de temps s'était écoulé ? Lui-même ne le savait pas. Quel jour était-on ? Aucune idée. Il avait l'impression qu'il connaissait la voleuse depuis des années déjà, mais il n'en était rien. Il faisait toujours beau ici, il ne s'était probablement pas passé plus de trois mois depuis sa rencontre avec la poissonnière. Que s'était-il passé depuis ? Oh... Tant de choses... Mauvaises pour la plupart, comme blessures, fuites, mort... Mais aussi de bonnes, comme des rencontres, et Féline surtout. Oui, surtout. La meilleure chose qui ait pu lui arriver, même si les circonstances auraient pu être meilleures et que sa vie actuelle n'était pas de tout repos comme il aurait pu le souhaiter quelques années plutôt. Et dire qu'il rêvait d'aventure ? Il était désormais servi. Mais qu'importe, ce monde plus magique qu'il ne le laissait paraître lui plaisait bien.
-Alors Chasseur, continua son amie, voici Sayan, ma jument. Comme tu le sais, Sayan est une bipellis, c'est à dire qu'elle peut avoir deux apparences. Celle-ci, qui est celle d'un frison, et aussi celle d'un shire. Elle possède ce fameux mystère de pseudo-téléportation, comme je te l'ai déjà dit, et elle peut comprendre ce que l'on dit, bien qu'elle soit dans l'incapacité de se faire comprendre de nous. Donc voilà. J'ai acheté Sayan quand j'ai commencé à voler, et depuis, nous sommes comme deux amies. Car je n'aurais aucun intérêt à enfermer et maltraiter un animal qui me comprend et peut être très gentil avec moi. Donc tu peux lui parler, je suis sûre qu'elle t'écoutera.
-Très bien, et bien bonjour Sayan, enchanté de te rencontrer, chère bipellis.
Le cheval hennit et cabra comme pour manifester sa compassion aux humains qui n'interprétaient que leurs langages.
-Et bien c'est parfait ! s'enthousiasma Féline. Sayan, nous partirons demain pour l'Amérique du Sud. Tu pourras nous y rejoindre, Hitsück s'occupera bien de toi, le temps que nous serons là-bas.
Nouveau hennissement de compréhension.
-Nous allons par contre passer la nuit ici. Je ne suis pas sûre qu'on arrive à traverser l'océan aussi rapidement, et Chasseur doit être fatigué.
-Je confirme, déclara celui-ci en baillant.
-Très bien. Est-ce que l'un de vous a besoin d'un campement ou est-ce que dormir à même le sol ne vous pose aucun problème ?
-Hmm... C'est pas dormir à même le sol qui va me tuer, remarqua Chasseur, après tout ce que j'ai enduré...
-Oui, c'est vrai. Heureusement que j'étais là pour te sauver la vie, n'est-ce pas ?
-Oui, mais je t'ai sauvé la vie aussi !
-Hmm... C'est vrai. Mais qu'importe. Aujourd'hui nous sommes tous les deux en vie, on a fini notre mission, et on a même retrouvé Sayan.
Le cheval hennit sous la joie.
-Oui. Tout va pour le mieux... Ou presque.
-Ou presque ?
-Bah on est toujours recherchés et en constant danger ! Qui sait si personne ne viendra nous couper la tête pendant notre sommeil.
-J'ai le sommeil léger, ne t'en fais pas. Et Sayan aussi. Elle a beau être une bipellis, elle reste une proie, et doit faire attention à elle. Tu peux dormir tranquille. Et si jamais on nous attaque, je te protégerai.
-Hmm... C'est sûr que ça me rassure.
-Dors tranquille, Chasseur. Demain, tu dois traverser l'océan, donc repose-toi.
-Hmm... C'est vrai, en plus, je dois traverser l'océan demain. C'est pas super fatiguant de voler, mais pendant des heures, ça le devient, quand même. C'est comme de marcher.
-Oui, je sais. Je t'aime, Chasseur.
-Moi aussi.
Après un baiser, tous se couchèrent et dormirent paisiblement.
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