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𝓐imé
❦
En sachant que nous aurions pu ne jamais exister, qu'est-ce qui est intervenu dans la suite logique des choses, pour que je me retrouve assis sur une pelouse humide au déclin du jour, en face du prince de Mahr ?
Ses cheveux sont constellés de gouttes d'or qui perlent de sa couronne de feuilles, manquant de lui couler dans les yeux. Pourtant, il ne secoue pas la tête une seule fois, il ne bouge pas une seule seconde.
Je ne sais si le crépuscule, l'atmosphère gonflée en humidité, ou la symphonie qui provient de l'intérieur du palais me rendent mélancolique. Mais je sais que regarder Sohane se faire reluire la peau, aussi bien par l'éclat de la lune que par l'amont d'or qui suinte sur son corps, me submerge de désolation.
La distance qui nous sépare en cet instant est représentative de celle qui nous fractionne au quotidien.
— Aimé, m'interpelle mon père, soudainement apparu à quelques mètres de moi.
Je peine à quitter Sohane des yeux, mais je me résous à rejoindre Arès, devant la fontaine du palais. Lui aussi est accoutumé à l'instar d'un futur roi, pourrait-on le distinguer de Rufus ainsi ?
Debout, face à lui, je me rends compte qu'il n'est pas aussi grand que ce que je pensais à l'époque. J'ai sûrement grandi depuis, ou je ne l'idéalise plus autant...
— Bientôt, tu vas mener ta première guerre, souffle-t-il.
Je perçois à peine ses mots, étouffés par la mélodie des violons qui résonne dans son dos. Des cernes violacées dénudent le bleu de ses yeux, il est épuisé.
— Je préfère ne pas penser à ce qu'elle a à m'enlever, murmure-t-il.
— Tu n'es pas obligé de prétendre que ma mort t'affecterait, Arès.
Pour la première fois de ma vie, je n'émets aucune résistance lorsque mon père se penche vers moi. Il hisse ses bras autour des miens et me compresse contre son torse. Dans le creux qui joint mon cou et mon épaule, je recueille un liquide semblable à des larmes impromptues.
Impossible. Mon père serait-il en train de pleurer mon éventuelle disparition ?
Je suis incapable de lui rendre son étreinte, mais pour autant, je ne dirais pas qu'il est désagréable de sentir la sienne m'envelopper.
— Il y a tant de choses que je dois t'expliquer. Tant de choses que tu ne sais pas encore, mon fils, gémit-il. Crois-moi, si cette guerre doit n'épargner qu'un seul de ses soldats, ce sera toi.
— Explique-moi, le supplié-je à voix basse.
Il secoue la tête, m'informant qu'il est trop tard pour m'éclairer maintenant. Pourtant, il refuse de me lâcher. Son corps forme un milliards d'excuses qu'il entasse sous ses entrailles, depuis que son rôle l'empêche de ressentir quoique ce soit.
— Lorsque je venais à Mesyus pour vous rendre visite, j'aurais dû t'accorder plus d'attention. Mais je craignais que tu portes en toi, exactement ce que j'avais cherché à éradiquer toute ma vie.
— Je ne comprends pas.
— Tes frères étaient doués, certes, mais ils ne m'ont jamais inspiré cette crainte. Celle que tu as fait éclore en moi le jour où tu as fait perdre connaissance à Adonis alors que tu n'avais que cinq ans.
À nouveau, il hoche négativement la tête.
— Sache que j'ai fait des choses que je n'aurais jamais dû, et te priver de mon amour en fait partie, susurre-t-il. Mais tu es mon fils, mon enfant, et je...
Sa voix se craquèle sous le poids des émotions qu'il peine à retranscrire.
— Je suis désolé, j'espère un jour avoir droit à ton pardon.
— Je ne pense pas être un jour capable de te pardonner Arès.
Qu'il me partage ainsi ses faiblesses me donne envie de m'effondrer sur mes genoux et vider mon corps de ses dernières larmes. Seulement, nombreuses ont été les occasions, depuis que je suis rentré au palais, où il aurait pu me témoigner d'un semblant d'affection. Il aurait pu passer ces derniers jours avec moi, au lieu de Sohane. Il aurait pu prendre ma défense, pas celle de Sohane. Il aurait pu s'inquiéter pour moi, pas pour Sohane. Mais comme à son habitude, il n'y a que des mots avec lui, aucun acte.
Alors peut-être qu'il est sincère, peut-être qu'il culpabilise et que quelque chose l'empêchait de me prendre dans ses bras lorsque j'avais quatre ans. Mais il n'est même pas foutu de me donner une raison.
Je lui tourne le dos et rentre dans l'enceinte du palais. Le pardon n'est pas quelque chose d'inné, je n'ai pas été béni par cette faculté à la naissance. Je suis quelqu'un de rancunier, et lorsque j'ai souffert, j'ai besoin de savoir que le responsable est passé par ce même amont de douleur. Ou du moins, je suis devenu ainsi depuis que je suis arrivé ici. J'ai du mal à dissocier la personne que j'étais avant, de celle qui porte une épée dans sa ceinture, et qui ne rencontre aucune difficulté à la dégainer.
Avec tout ça, j'en ai oublié qu'à la base je regardais Sohane se faire peindre le portrait sous les rayons de lune, une main sur le cœur, de peur qu'il cesse de battre.
Je me balade dans le palais sans réelle destination, avant de réaliser que les invités dansent déjà dans la salle de bal. La soirée a commencé, et aucune des personnes les plus importantes n'est présente.
— Où est-il ? réclame un homme à ma gauche, divulgué par de lourds rideaux bordeaux.
Sa voix autoritaire interpelle mon attention. Je ne le vois pas, mais son interlocuteur, oui. Rufus est derrière la fente qui sépare les deux rideaux. Il se gratte la nuque.
— Obligation royale, il fait réaliser son portrait. Ne vous en faites pas, Beth le verra sous peu, promet-il.
Beth. Le mariage.
Ne me dites pas que le roi veut profiter de cette soirée pour marier son fils avant de l'envoyer en guerre...
Epuisé, je trace ma route, sans manquer de m'emparer d'une bouteille de vin. Ou deux. Je n'ai même plus la force d'en informer Sohane, sûrement le sait-il déjà. Je suis le seul à ne jamais être mis au courant de rien, de toute façon.
J'arrive dans le couloir où se succèdent la chambre du roi, celle d'Isayah, de Sohane et de mon père... Je devrais m'enfermer dans la pièce qui appartient à mon géniteur, mais je pénètre dans celle du prince cadet. Les chambres sont toutes ouvertes, personne n'a accès à ce couloir hormis les membres de la famille Kihara et les Gahéris. Je referme la porte derrière moi, m'affalant contre, jusqu'à ce que mes cuisses rencontrent la tapisserie.
La première bouteille que j'ai subtilisée laisse échapper quelques gouttes lorsque je l'ouvre, et je bois au goulot deux grosses gorgées qui me brûlent la trachée. Ma vue est voilée par les légers rideaux blancs du balcon qui voltigent sous mes yeux. La fenêtre est toujours ouverte.
Dans ce genre de situation, mon ancien moi aurait eu tendance à lutter pour ne pas que ce sentiment miséreux ne devienne prépondérant, mais c'est difficile...
Vraiment difficile.
Je ne peux ignorer la tristesse.
Je continue de boire, et alors que la fatigue commence à faire battre mes paupières, je remarque une dizaine de livres étendus sur le bureau de Sohane. La curiosité me pousse à me redresser, sans pour autant lâcher mes bouteilles. Je les dispose sur le bois du bureau. Tous les livres ont la même couverture noire ambrée et aucun d'entre eux ne possède de titre. Ils ne sont gravés que par des numéros.
Après avoir feuilleté quelques pages du premier bouquin, et que les batailles ancestrales aient embrouillé mon cerveau, je marque une pause pour cligner des yeux. Sohane n'est-il pas censé connaître tout sur l'histoire de son pays ? N'est-ce pas ce qu'on lui enseigne depuis tout petit ? Dès lors que les lettres deviennent illisibles, je referme le livre et continue de boire.
Les cinq livres suivants portent sur la construction du palais, l'arbre généalogique de la famille Kihara. Ils expliquent comment le règne des Mahr a été dissolu par un Kihara, et la façon dont leur lignée se succède sur le trône depuis. Ils ont pris le pouvoir par la force, par un putain de coup-d'état, et ils s'étonnent que le peuple ait une idée falsifiée de leurs intérêts politique. Comment croire un chef qui a été contraint d'utiliser la force pour gouverner ?
En d'autres circonstances, j'aurais été passionné à l'idée d'en apprendre plus sur ce pays et d'enfin comprendre pourquoi on en est là aujourd'hui. Mais avec autant d'alcool dans le sang, les révélations de mon père et le probable mariage de Sohane, j'ai juste envie de m'endormir pour me réveiller un jour lointain.
Je vacille en m'emparant de la seconde bouteille. Elle se vide encore plus vite que la première, mais avant de la terminer, je m'assois sur le bureau en envoyant balader les bouquins que j'ai déjà feuilletés sans me soucier de ce que Sohane pensera.
J'ai une vue prenante sur son lit. Les draps sont encore coincés sous le matelas et les oreillers ont une forme parfaite, comme s'il n'y avait pas mis un seul pied depuis qu'on est revenus. J'ai mal au cœur en me disant qu'il n'a pas dormi, qu'il ne se sent toujours pas en sécurité, même dans l'enceinte de son propre palais.
Sûrement a-t-il somnolé ici et là, à gauche et à droite, sans jamais parvenir à trouver le sommeil assez longtemps pour se reposer, lui et son cerveau.
Je finis la deuxième bouteille d'alcool et en la reposant, elle se renverse et roule. Je l'observe s'écraser contre le sol d'un air désolé. Tout ce que j'approche finit en morceaux, y compris une pauvre bouteille d'alcool.
Mes doigts s'échouent sur la partie du bureau qui penche et rencontrent le dernier livre déjà ouvert. Sohane le consultait avant la cérémonie. Je m'en empare, tachant de me mettre dans sa peau et de m'intéresser à ce qui l'intéressait entre ces lignes noires. J'essuie mes doigts humides tout en déchiffrant les premiers mots, bien qu'ils soient gribouillés. À mesure que je tourne les pages et que je découvre plus d'annotations que de récit, mon mal de crâne se déclenche. Sohane a inscrit ses pensées autour de chaque information, ce qui m'empêche de comprendre le sens du texte.
Je referme alors le livre pour glisser ma paume le long de la couverture cuivrée, et à l'inverse des autres, celui-ci possède un titre : Prophéties et oracles. Il s'agit d'un roman qui résume toutes les légendes de notre siècle et des précédents. Des plus futiles aux plus célèbres. Je me rends à la première page annotée par Sohane, dont le nom inscrit à l'encre noire m'interpelle. L'Enfant Prodige. L'unique prophétie dont il m'ait déjà parlé à maintes reprises, à croire qu'elle l'obsède davantage que son ascension au trône.
« Naîtra un jour, sous un nom pur, un enfant au sang royal. Qu'importent les conflits qui orneront ses terres lors de son arrivée, il s'y retrouvera impliqué d'une manière ou d'une autre. En son sang coulera celui de ses ancêtres, celui des plus grands rois d'une nation déchue. Ses sentiments seront à l'effigie des désaccords : déraisonnables et chaotiques. Confus et incohérents. S'il s'y réfère, alors il mènera son peuple à sa fin, la guerre lui ouvrira ses bras afin qu'il la ravive et le chaos naîtra. Mais s'il raisonne en suivant ses valeurs et ses obligations, alors le sang cessera de couler. Il sera l'élément déterminant, celui dont l'influence chamboulera nos nations telles qu'on les connaît. De son règne s'ensuivra soit une ère de sérénité, soit une éternité plongée dans l'anarchie.
Il incarnera la naissance du chaos. »
Dans la marge, Sohane a entouré le mot pur pour le relier à la définition du prénom de son frère : sauveur. Il y a également ajouté les sens du sien : lumière ; aube ; pureté.
Sohane est l'unique personne qui me soit venue à l'esprit en lisant ce passage. Il n'a aucun contrôle sur ses émotions, ses réflexions sont biaisées par l'influence de son père et ses troubles mentaux. Aussi bien qu'il puisse être le meilleur des soldats, il peut vriller à la moindre seconde. Seulement, il ne semble pas être du même avis. D'après lui, le seul élément qui le lie à cette prophétie est la signification de son prénom. Pour le reste, le nom de son frère apparaît sur toute la page. L'encre encercle, barre, souligne les mots les plus importants. Et dans les trous à combler, il a inscrit Isayah.
« Un futur roi surdoué, qui sera respecté de tous. »
Cette phrase est mise en avant. Il s'agit probablement de celle qui l'a convaincu que ça ne pourrait jamais être lui. Et il s'agit aussi de celle qui me confirme que c'est, au contraire, le cas.
Une pointe douloureuse perce mon crâne, alors je laisse le livre tomber au sol en descendant du bureau, les yeux crispés de douleur. Il me faut de longues secondes pour enfin rouvrir les yeux et remarquer que l'ouvrage s'est ouvert sur la dernière page lors de sa chute. Mon cœur me lâche, de si bas, je suis incapable de déchiffrer l'écriture de Sohane, c'est pourquoi j'imagine que mon nom recouvre la page. Toutefois, quand je me baisse pour le ramasser et que même en plissant les yeux je constate que la page est bel et bien vierge, qu'aucune inscription y est gravée excepté le mot Aimé, je cesse de respirer.
Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé. Aimé.
Je passe mon index dessus et l'encre suit mon doigt. Elle est encore fraîche, comme s'il venait tout juste de recouvrir la dernière page du livre qui l'obsède de mon prénom. Comme s'il n'avait pu s'empêcher de penser à moi en refermant ce foutu livre. Comme si je n'avais pas dormi dans la chambre adjacente la nuit dernière en rêvant de traverser le mur.
C'en est de trop. Je tiens à peine debout et je ne comprends plus pourquoi les larmes manquent de m'échapper. Ni pourquoi je visualise mon cœur, échoué à mes pieds, alors qu'il détruit ma cage thoracique tant il bat fort.
En sortant de sa chambre, l'atmosphère glaciale me strangule. Je titube en descendant les escaliers, jusqu'à rejoindre la salle de réception. Tous les invités sont engouffrés entre les murs et je me sens à l'étroit. Au milieu des marches qui mènent au cœur de la salle, je m'appuie sur la rambarde pour reprendre mon souffle. Je suis ivre. Si mon père me trouve ainsi, la déception sera de retour dans ses iris.
Le roi, Arès, le prince et d'autres figures importantes sont tous réunis vers l'estrade surélevée.
Sohane est le premier à soutenir mon regard alors que je m'accroche à la rambarde dorée de l'escalier. Peut-être que la discussion l'ennuie tant qu'il se laisse distraire par ce qui l'entoure, ou peut-être qu'il m'a cherché toute l'heure précédente... Ses sourcils se froncent à la rencontre de mon visage. Je porte ma main sous mes yeux, essuyant l'humidité qui subsiste sous mes paupières, puis je frotte mes lèvres gonflées par l'alcool et l'émotion.
Sa main est liée à celle de Beth et il la lâche par automatisme quand il réalise que ça retient mon attention, même si son père le réprimande du regard. Afin de demeurer conciliant, il se résout à hisser son bras dans le dos de la blonde, posant ses doigts à la naissance de sa colonne vertébrale.
Je ne peux être témoin de ça. C'est douloureux. Bien trop douloureux, pour une raison que j'ignore.
La seule chose qui me donne envie à l'heure actuelle, c'est le verre de vin que je vole au buffet et que j'engouffre en quelques secondes. Je reproduis ce même schéma un nombre incalculable de fois avant que la foule se rattroupe aux extrémités de la pièce et m'emporte avec. Le cœur de la salle de bal est désormais vide, les musiciens entament une mélodie gracieuse qui apaise un peu ma tension artérielle.
Sohane respecte les traditions lorsqu'il s'agenouille et demande la main de Beth. Celle-ci la lui tend, entraînée par les applaudissements de la foule. Il la guide au milieu de la piste, et l'incite à suivre ses mouvements. Leur danse dure une éternité. Une éternité à laquelle je n'aurais jamais voulu assister, où j'aurais préféré mourir depuis des décennies. Ils ressemblent à un couple étincelant, vêtus d'or, tout droit sortis des fables lues aux enfants trop rêveurs.
À vomir.
Lorsque les violons s'éteignent peu à peu, laissant les hoquets et les murmures recouvrer leur importance entre les murs, Beth s'avance et se rapproche dangereusement du prince. J'entends mes battements de cœur pulser jusque sous mes tempes alors qu'elle enrobe ses joues de ses mains frêles. Une voix s'impose dans ma tête et tétanise tout mon corps en me hurlant de ne pas la laisser faire. Mais il est déjà trop tard, car dès que je relève les yeux, Beth enveloppe les lèvres de Sohane des siennes.
Elle embrasse Sohane.
Le temps que l'information paralyse mon cerveau, ma mâchoire s'est déjà contractée, non loin de la fracture. Mon verre s'écrase au sol, mais avant de devenir la risée du peuple, j'ai déjà tourné le dos. Je n'ai pas la force d'aller plus loin, alors je m'effondre dans le couloir, dissimulé de la vue de tous. Reprendre ma respiration devient une épreuve, je manque de crever de tremblements.
Un trou se forme dans ma poitrine, à l'instar d'un vide béant qui engouffre toute joie, toute couleur, tout sourire. Ma vue se voile de rouge, de douleur. Ma réaction est-elle démesurée, ou égalise-t-elle l'abondance de souffrance qui gonfle en moi ? Il ne subsiste de moi, que l'écho d'un sourire étendu au sol par des espoirs diluviens.
Ce n'est pas tant que ce soir Sohane était d'autant plus radieux que d'habitude, mais il l'était assez pour me briser le cœur. Il l'était assez pour que je ne voie que lui, tout en étant le plus éloigné. Il l'était assez pour que je me rende compte qu'il est la raison pour laquelle je n'ai jamais été intéressé par qui que ce soit.
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