11
Je survis à chaque fois
Amandine Sepulchre
𝓐imé
❦
Sohane n'est pas aussi taciturne qu'il ne le laisse penser. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est intéressant, mais son comportement s'avère être plus intriguant que prévu. Pourtant, malgré le soudain intérêt qu'il est parvenu à me soutirer, il n'en est pas moins détestable. Je commençais même à nous trouver des points communs, jusqu'à ce que mon père se présente à l'auberge en début de soirée.
C'est avec lui qu'il échange depuis plus d'une demi-heure.
— Doucement, tempère Erèbe lorsque j'écrase ma chopine trop fort contre le bois de la table.
Je dévisage mon connard de géniteur presser l'épaule de Sohane comme s'il n'y avait pas son propre fils dans la même salle.
— Je pensais que tu l'appréciais.
— Le prince ? m'exaspéré-je. Que celui qui en est capable me partage ses méthodes.
— Je préfère entendre ça. Il n'y a pas grand-chose de bon chez lui.
S'il fallait écouter le pays entier, il n'y aurait absolument rien de bon chez lui. Et je commence à m'éprendre de cette idée. Sûrement n'est-ce qu'une jalousie puérile qui entache mon état d'esprit, or, il m'est impossible de faire autrement pour le moment. Je jalouse la complicité qu'il a avec mon père. Je jalouse la facilité qu'il a d'attirer l'attention. Je jalouse l'aisance dont il fait preuve une épée en main. Mais avant tout, à l'heure actuelle, je jalouse le fait que recevoir des encouragements de mon père soit une évidence pour lui. C'est si grotesque.
— Tu n'as pas l'air d'être un mauvais gars Aimé, alors ne t'entoure pas des mauvaises personnes, ajoute Erèbe.
Si j'avais besoin d'un conseiller, je l'aurais précisé.
Sohane n'a jamais aligné plus de trois phrases d'affilée, alors comment peut-il débiter autant en si peu de temps ? Mon obsession doit tourner au ridicule de l'extérieur, cela-dit l'avis des autres ne m'a jamais importé. Je persiste à tuer du regard les deux personnes qui rayent mon existence de leur mémoire, dépourvus d'une quelconque trace de culpabilité.
— Tu penses qu'il l'encourage pour les futures épreuves, ou qu'il lui fait l'éloge de sa victoire passée ? demandé-je en désignant mon père du menton.
Erèbe s'intéresse alors à l'échange qui se déroule à quelques mètres de nous. Avec l'allure de deux commères, on décortique assidûment le moindre indice qui nous conduirait à ma réponse.
— Aucune idée, mais il semble plutôt convainquant.
Sur ces paroles il trinque avec moi sans que je ne m'y attende et finit sa boisson. J'en fais de même, tâchant d'étouffer cet arrière-goût de déception qui revient constamment en la présence de mon géniteur.
— Autant personne ne lui porte d'intérêt ici, mais lui, on dirait qu'il pourrait le suivre comme un clébard jusqu'à sa mort, déduit-il.
— On est bien d'accord.
Les flammes du feu de cheminée lèchent le corps de mon père. Je me demande s'il se souvient de mon existence, ou si – comme toutes ces dernières années – elle lui a échappé après deux jours d'absence. La réponse n'est pas compliquée à trouver, toutefois je m'affuble d'illusions, préférant la douleur du déni à celle de la vérité.
— Je compatis ta rancœur à l'égard de cet homme, mais le fixer ainsi c'est lui donner trop d'importance.
La remarque d'Erèbe me rappelle à l'ordre. Je réalise que je n'ai pas lâché Sohane une seule fois des yeux depuis le début de la soirée. C'est si explicite que mon camarade l'a constaté et ça m'agace, néanmoins, cette situation me fait prendre conscience d'une chose : j'accorde trop d'importance aux personnes qui oublient jusqu'à mon nom, en un claquement de doigts.
— De toute façon, on règlera ça dans l'arène, pas vrai ?
— Ne t'inquiète pas pour ça, se satisfait-il en enroulant son bras autour de mes épaules. J'y compte bien.
Un large sourire se forme sur ses traits sévères, comme si j'étais un gosse et que je commençais enfin à prendre exemple sur lui.
Erèbe est un homme de plus qui rive sa colère sur Sohane, dont il a seulement entendu parler. Il n'a aucune raison de s'en prendre à lui. Il le fait parce que tout le monde le fait. Bien que je trouve ça déplorable, je me passe de l'en informer. Quoiqu'il en soit, Sohane détesterait que je me mêle de ce qui le concerne, puis ce n'est pas comme s'il s'attardait sur les remarques puériles d'hommes phallocentriques. Elles lui passent à dix mille lieux au-dessus de la tête. Sur ce point-là je le comprends. Je n'ai même pas essayé de sympathiser avec les soldats. Je préfère mille fois ma propre compagnie, qu'une seule des leurs.
Malgré les remontrances d'Erèbe, mon attention dérive à nouveau sur le prince. Que peut-il avoir de si particulier, pour que mon père – l'homme le plus apathique qui soit – se prenne d'affection pour lui ? C'est avec amertume que je me demande si mon père compte m'accorder l'ombre d'un coup d'œil avant de partir.
Je le pensais mort, l'enfant avide de son attention. Mais le voilà qui ne peut s'empêcher de pleurer à l'intérieur de moi.
— Je vais me coucher, m'informe Erèbe après une œillade désapprobatrice. Tu ferais mieux d'en faire de même si tu ne veux pas mourir dès le premier jour.
Je marmonne un oui amorphe, trop accaparé par l'étreinte de mon père autour des épaules de Sohane. La terre cuite de ma chope craquèle sous mes doigts crispés par la fureur.
— C'est ça, fais semblant de m'écouter, gronde-t-il en ébouriffant mes cheveux.
Cette proximité me révulse. Je ne m'attarde pas sur le départ d'Erèbe et m'empare de mon manteau pour sortir de l'auberge, claquant la porte dans mon dos. L'odeur de tabac qui plane à l'extérieur me fait froncer les sourcils. Je remarque alors le coin fumeur, où des tuyaux de roseau reliés à de longues tiges en bois trempent dans l'eau contenue dans une base en céramique. Le tabac agencé dans un bol de terre cuite est chauffé par le charbon, et est inhalé par quelques adversaires isolés.
Je les observe profiter d'une dernière soirée à l'unisson, ignorant si demain leur réserve un avenir. La brise me caresse la peau lorsque je discerne la silhouette élancée d'un homme vêtu de noir, appuyé contre la façade de l'auberge. L'aura obscure qu'il dégage est frappante, malgré les ténèbres de la nuit. Il contemple d'un air maussade les reflets argentés sur ses bagues, avant de relever les yeux sur moi.
— Isayah ? m'enquis-je.
Ses sourcils se rapprochent, puis à l'instant où je fais un pas dans sa direction, révélant les traits de mon visage à la lueur intérieure, il réalise. J'ai passé une semaine à le croiser au palais. Le soir, dans les couloirs, à l'entraînement... Il ne faisait que circuler par ennui, comme s'il n'avait rien à faire de ses journées et moi j'en ai profité pour sympathiser. Il m'était essentiel de me rapprocher d'un membre de la famille royale pour lui soutirer des informations cruciales. A défaut de son cadet – qui m'inspire des idées de meurtre – Isayah était parfait. Influençable et naïf. Ses faibles expériences sociales ne l'aident pas à dissocier les personnes bien intentionnées des mauvaises.
Cela-dit, il ne m'a apporté que des informations futiles, telles que l'effectif de soldats défunts chaque semaine ; les coutumes à respecter lors des festins dansants ; ou encore le mariage d'intérêt prévu pour Sohane.
— Oh, Aimé.
La venue de mon père sur ces lieux n'était pas déconcertante, mais celle du prince aîné, si.
— Que faites-vous ici ?
— Je venais voir mon frère, je m'inquiète pour lui. Mais je crains qu'il ne se braque en me voyant, alors je laisse Arès s'en charger.
— Je pense que vous voir lui aurait fait plaisir. Vous avez tout de même fait le déplacement juste pour lui.
— Il n'est pas du genre à évaluer ce genre de détails. Il ne le fait qu'avec Arès.
J'acquiesce avec réticence, ne comprenant guère ce que mon père représente pour lui. Ne pouvait-il pas juste venir pour moi ? Après tout, il n'a même pas daigné me prévenir pour la date des sélections et je n'ai aucune nouvelle de l'état de Tara. Il me devait bien une discussion. Même minime.
— Je ne sors jamais du palais, confesse Isayah en pressant ses bras de ses paumes tremblantes. Ce linge n'est pas assez tiédissant.
— Peut-être, mais il vous va à ravir.
Je me tais en réalisant que mes paroles peuvent être interprétées comme des avances. Mais après tout, n'est-ce pas exactement le cas ? Peut-être qu'au final, ces terres déteignent plus sur moi que je ne veux me l'admettre. J'en viens à user de fourberies stupides dans l'espoir d'infliger à Sohane ce qu'il me fait endurer. Je me persuade que me rapprocher de son frère – malgré notre écart d'âge – suffirait à le blesser, en perdant le peu d'affection que celui-ci lui porte.
— Tenez, murmuré-je en glissant mon manteau autour de ses épaules.
Je m'applique pour dégager ses cheveux sombres du tissu et repasser le col, dévergondé par l'alcool.
— Es-tu sûr ? Tu ne dois pas avoir beaucoup de change ici... culpabilise-t-il.
— Prenez-le, il vous sied mieux qu'à moi de toute manière.
J'esquisse un léger sourire, tâchant d'être convainquant, mais je crains que la bière n'alourdisse mes gestes. Etonnamment, Isayah y répond et je jurerais témoigner d'un changement de couleur sur ses pommettes si je n'avais pas autant bu. Ne lui fait-on jamais la cour dans l'enceinte du palais, ou suis-je plus convaincant que prévu ?
Soudain, son attention se porte quelque part dans mon dos et son faible sourire s'efface. Je me retourne pour découvrir mon père s'en allant, raccompagné par son petit protégé. Je masque ma satisfaction lorsque le regard de Sohane arpente le manteau qu'il m'a vu trimballer toute la soirée, sur le dos de son frère. Il doit se demander pour quelle raison son aîné se trouve ici, si ce n'est pas pour lui. D'autant que le surprendre à mes côtés, doit le conduire sur un terrain glissant. J'aimerais me réjouir d'une fureur ardente qui flamberait dans ses iris, mais seule une indifférence de plomb m'est accordée. Il a tant appris à maîtriser ses émotions, que plus une seule ne peut déborder.
Mon père me jauge enfin avec intérêt, puis invite le prince aîné à le rejoindre. Celui-ci n'adresse pas un mot à son frère et s'exécute. Avant de disparaître en totalité dans la pénombre, il se retourne et admet :
— Au fait, tu n'es pas obligé de me vouvoyer, Aimé.
Je ne sais si c'est la bière qui remue mon estomac ou qui décuple mon interprétation des arrière-pensées de ceux qui m'entourent. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'est monté au cerveau en quelques minutes et que l'air frais ne m'aide pas à me canaliser.
Les bras désormais nus, je m'appuie contre la façade de l'auberge pour me donner de la contenance. Il suffirait que l'on m'effleure pour que je m'écroule, pourtant je me persuade que même dans un tel état, nul ne peut m'atteindre.
Lorsque ma vision se stabilise et cesse de se dédoubler, je réalise que Sohane n'est pas rentré avec mon père et son frère. Ces derniers ont déjà déserté. Il se contente de me juger du regard avec un mépris flagrant, les bras croisés sur son torse. Son intérêt disparaît dès qu'il comprend que je ne suis pas ivre au point de ne pas remarquer l'attention qu'il me porte. Il m'abandonne alors à mon sort, s'aventurant au-delà des limites réglementaires, régies par le roi. Il me faudrait une personne sensée pour me raviser et m'empêcher de le suivre, mais puisque l'alcool se charge de me conseiller, c'est l'effet inverse qui se produit. Mes pieds foulent le sol à des intervalles de temps aléatoires, ne faisant pas de moi l'homme le plus discret. Bien que tous mes sens soient impactés, je prends conscience que l'auberge n'est plus à proximité depuis un moment.
— Je ne savais pas que l'on m'avait acquitté d'un chien de garde, annonce Sohane, quelques mètres devant.
Je n'accélère pas, mais je me retrouve soudain accordé à son allure, comme s'il avait intentionnellement décéléré.
— Très marrant, marmonné-je. J'ai l'air de passer autant de temps que toi à quatre-pattes ?
Je comprends que ma répartie lui déplaît. Il se braque et continue de prendre de la distance avec moi, plus silencieux que jamais. Je me sens plus déplorable que n'importe lequel des soldats qui passe sa journée à le mettre mal à l'aise. Pourtant n'est-ce pas ce que je souhaite ? Le blesser jusqu'à le déchoir du nuage d'illusions qui alimente son insolence. À mesure qu'il se renferme dans ses pensées, je me rends à l'évidence. Je suis heurté par l'indifférence perpétuelle de mon père et je suis jaloux d'un arrogant de première. Cependant, me comporter ainsi ne me ressemble pas. Depuis quand je me permets de tirer profit des démons des autres pour les enfoncer dans leur mal-être ?
Je m'empresse de le rattraper, manquant de chuter à répétition.
Il piétine ma fierté sans même le savoir.
Je parviens à me caler sur son rythme, bien que je voie à son visage qu'il n'apprécie guère ma présence à ses côtés. Je dévoile mes bras en les tendant face à moi, révélant les nombreuses entailles accumulées au cours de combats dont je suis sorti défaitiste. Puis j'effleure celle qui me dévisage, une pointe désagréable au cœur.
— Il semblerait que oui, après réflexion. J'ai dû manger le sol un nombre incalculable de fois ces derniers jours, tenté-je.
De longues secondes s'écoulent. J'appréhende sa réaction, si tant est qu'il en ait une. Remarque-t-il que j'essaie de me rattraper ? Il ne dit pas un mot, toutefois, ses doigts pincent avec nonchalance mon haut et m'attirent un peu plus vers lui. Il m'a évité de trébucher sur un relief de terre sans même m'accorder une œillade. Pourtant, mes lèvres s'étirent, conscient que cette attention – si l'on peut la qualifier ainsi – matérialise son approbation.
On marche côte à côte encore une centaine de mètres, mais l'alcool s'est bien trop épris de moi pour que je ne sache jusqu'où. La nuit engouffre sur son passage tout ce qui s'avère être joviale en temps normal. Je regrette de m'y intéresser dès lors que mon esprit devient réceptif à la couleur prédominante. Le noir. Des frissons s'amoncèlent sur ma peau lorsque s'entrecrèvent l'idée de la mort et celle de l'abîme. Le poids de la violence que m'évoquent les tons obscurs m'est lourd à supporter. Parfois j'abhorre le fait que les couleurs aient un tel impact sur ma psychologie, alors pour ne pas devenir maussade, je lance la conversation :
— T'as prévu d'aller où comme ça ?
— Aucune idée. Dois-je te rappeler que je n'ai jamais mis un pied en dehors de mon palais de deux mètres carrés ?
Mes propres mots se répercutent en plein visage. Est-ce vraiment le cas ? N'est-il jamais sorti de l'enceinte du palais royal ? Sait-il ce que ça fait de traverser une étendue désertique, ou d'arpenter des rivières gelées par l'hiver ?
— Je n'aime juste pas dormir, Aimé, reprend-il en devinant mes questions intérieures.
C'est rassurant de savoir que je ne suis pas le seul à être persécuté par le sommeil. Je me contente de sa réponse dont seulement une moitié de vérité doit triompher. Puis le silence me ramène à la réalité et je constate que ma vue fait des siennes. N'avoir plus qu'un œil à son actif est contraignant. Je ne remarque pas assez tôt le fossé qui entrave le chemin et Sohane s'en étonne au moment où je chute. Une grimace déforme mes traits à l'instant où je tente de me relever.
Je me suis blessé à la cheville.
— Mais quelle plaie, se plaint-il. Ouvre les yeux !
— J'aimerais bien le pouvoir.
Je désigne avec fureur mon œil ciselé, des larmes de frustration menaçant de couler de l'autre.
— J'ai jamais vu aussi maladroit et stupide.
— C'est bon, t'as fini de geindre ? Contente-toi de m'aider, on rentrera plus vite.
Les épreuves débutent demain et moi, je m'ouvre la cheville. Dans ce silence permanent qui s'installe, les ténèbres de la nuit m'encerclent et me strangulent. Je recouvre ma sobriété, à mesure que la douleur me rappelle que je ne peux lui échapper. Je n'en reste pas moins étourdi et maladroit.
Je m'imagine que Sohane compte me venir en aide lorsqu'il se résigne à s'accroupir face à moi, cependant, il ne fait que me fixer. Je devine à peine ses traits dans cette obscurité latente, éclaircie de manière abrupte par un orage. Le temps se détériore et la pluie se réitère, comme si au jour appartenait l'effervescence de la chaleur et à la nuit incombait l'algidité du froid.
Sa main s'approche de moi, mais au lieu de m'aider à me relever, elle s'abat sur ma cheville. Je mords ma lèvre jusqu'au sang pour ne pas le satisfaire de la moindre expression de douleur.
Un Mahr reste un Mahr.
Ses bagues métalliques s'unifient avec ma plaie bénigne. Il ne cille pas, laissant la pluie combler le silence, jusqu'à ce que je l'empoigne par le col.
— Prince ou non, ici tu ne vaux rien, murmuré-je, la voix bercée par l'écho des gouttes qui ruissellent sur nos peaux. Ose me toucher une fois de plus et ce ne sera pas que ton bras qui s'en trouvera brisé.
— Je n'ai besoin d'aucune renommée, soldat. Mon sang vaudra toujours plus que le tien.
Pour confirmer ses dires, il hisse son pouce aux confins de ma blessure et s'amuse à la prolonger. Décontenancé, je sens ma peau se déchirer d'une lenteur désolante.
— Ma race sera toujours supérieure à la tienne, conclut-il, persuadé que ses gènes lui confèrent une éminence magistrale.
Je n'attends pas que ses paroles imprègnent mon cerveau pour tirer sur son haut, le contraignant à faiblir sur ses tibias. Agenouillé entre mes cuisses, il perd de son arrogance à vue d'œil.
— Et là, l'orgueil vous aveugle toujours, votre majesté ? le nargué-je. La soumission n'est pas trop rude, j'espère.
Le Sohane bloqué dans un mutisme constant est de retour. Il contracte ses mâchoires, le regard froid, sans jamais oser émettre le moindre geste. Sa main libre se pose sur la mienne et la défait de son emprise. Je me laisse faire, pris au dépourvu par ce contact. Libéré de ma poigne, il se redresse en dépoussiérant ses genoux, puis me tourne le dos. Je comprends que je vais devoir retrouver l'auberge par moi-même, alcoolisé et blessé, un soir de pluie.
Je me creuse l'esprit pour le convaincre d'opérer un demi-tour, avant qu'il ne soit trop loin. Ma discussion passée avec son aîné me revient alors en tête.
Les mariages arrangés sont une pratique courante chez les familles royales et permettent de sceller une alliance politique. En l'occurrence, d'après Isayah, le mariage de son frère serait purement cupide. Le roi estimerait que son cadet ne lui servirait qu'à renforcer les liens entre les deux familles, même si les concernés ne se connaissent pas le moins du monde.
Les relations entre hommes ne sont pas proscrites mais celles hors-mariage, si. Alors, par intérêt égoïste, j'utilise à mon avantage son intimité que j'ai bravée par mégarde.
— Ton père sait-il que tu reçois des amis lorsqu'il n'est pas là ? déclaré-je assez fort.
Il se fige. Je n'ai pas accès à sa réaction immédiate, puisqu'il ne daigne même pas s'orienter face à moi. Malgré la pluie, je l'entends choisir ses mots avec précision.
— Tu n'auras pas le temps de lui faire savoir, tranche-t-il, tandis que je soupire le désespoir qu'il m'évoque en basculant ma tête en arrière. Au mieux tu péris ici-même cette nuit. Au pire, je te tue demain dans l'arène.
Je n'en avais pas l'intention de toute façon.
❦
Au final, les gars, la procrastination c'est la clé j'ai eu 18 à l'oral blanc 🥳🥳
Pour la peine je vous offre deux chapitres faites gaffe à bien les lire dans l'ordre ! (Bon il est rikiki le prochain)
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