Chapitre 9

Amé'Lyia gardait le grand balèze à l'œil, tout en s'efforçant de maintenir une attitude calme et sereine, puisqu'elle ne voulait pas qu'il sache qu'elle était armée.

Amé'Lyia l'observa attentivement : c'était l'homme sur qui elle était tombée à Fahouite, la capitale de la planète Gallène. Malheureusement pour la jeune femme, elle ne s'était pas trompée sur lui, il avait l'air commode et la situation n'arrangeait rien.

Très grand, le crâne rasé, des yeux vert émeraude, une peau dorée, un corps musclé mais élancé. Les traits virils de son visage n'étaient pas dépourvus de beauté, malgré leur expression assassine.

Enfin, elle regarda le couteau qu'il tenait bien en évidence, « ma propre lame ressemble plus à un cure-dent qu'à une arme blanche, je suis mal barrée ! » s'inquiéta-t-elle.

— Bon alors, je te jette par-dessus bord ou tu sors toute seule ? demanda Max.

— J'ai de quoi vous payer pour me déposer sur la prochaine planète habitée ! tenta Amé'Lyia.

— J'suis pas intéressé. Vu le bordel que t'as semé à Gallène, je suis prêt à parier que tous les chasseurs de primes vont te coller au train, alors je le répète, j'suis pas intéressé !

— Dans ce cas, pourquoi vous ne me livrez pas vous-même ? Vous pourriez toucher une belle récompense ? à moins que vous aussi ne soyez en fuite ?

— Écoute petite, le plus simple pour moi, c'est de te bazarder hors de mon vaisseau ! souffla-t-il en avançant sur elle.

Amé'Lyia lança l'attaque la première. Elle fendit l'air avec sa lame pour le faire reculer. Max sourit :

— Ça va être amusant finalement ! ricana-t-il. Et j'ai aucun scrupule à mettre une dérouillée à une femelle.

La jeune femme frappa, coup de pied, coup de poing et enchaîna avec sa lame. Max esquivait sans difficulté, mais quand le couteau déchira la chair de son avant-bras, il perdit toute patience et chargea pour tuer.

Le combat commença vraiment. Ils se lancèrent dans un corps-à-corps violent, malgré sa taille menue, la jeune femme était très forte. Quand il la désarma, elle ne se démonta pas et reprit les enchaînements de coups de poing et de coups de pied.

Quand il finit par la plaquer au sol en la maintenant d'un bras sur la poitrine et en plaçant sa lame sur sa gorge, Max crut qu'il avait eu le dessus. Or, elle ramena ses jambes devant lui et les croisa autour de son cou tout en agrippant et retournant la main qui tenait l'arme. La furie serra très fort et le fit basculer face contre terre.

Amé'Lyia tenta de lui arracher le couteau, seulement il le tenait d'une poigne de fer. Tout en maintenant une pression suffisante sur le cou de taureau du grand balèze, elle maintenait sa clé de bras pour empêcher qu'il ne la poignarde. Alors Amé'Lyia se contorsionna et s'étira au maximum pour tenter de saisir son propre couteau -tombé si près, mais si loin d'elle.

Quand Max sentit qu'il commençait à manquer d'air, il agrippa la femme du mieux qu'il put dans sa position, la souleva du sol et la fit retomber violemment. Il recommença une deuxième fois. Sous la force de l'impact elle lâcha prise et gémit de douleur.

Max recula un peu, quant à la folle furieuse, elle fit basculer ses jambes derrière elle et leva tout son corps avec ses bras pour se relever dans une cabriole gracieuse.

Tous les deux se firent à nouveau face, essoufflés par l'effort, mais bien décidés à survivre à ce combat à mort.

Max chercha son couteau et remarqua que la cinglée lui souriait.

— C'est ça que vous cherchez ? lui demanda-t-elle, tout en faisant miroiter la lame du couteau.

— Non, pas vraiment ! répondit Max.

La jeune femme lui montra qu'elle tenait désormais les deux poignards.

— Alors vous n'êtes toujours pas intéressé par mon offre ? J'ai de quoi vous payer et gracieusement en plus. Quand on voit l'épave que vous pilotez, avec ce que je vous donnerai, vous pourrez vous en payer un tout neuf !

— Je peux aussi te tuer à mains nues et récupérer le butin ! lui fit-il remarquer.

— Pourquoi nous compliquer la vie à tous les deux ? C'est quand même simple, non ! Je descendrai à votre prochain arrêt sur une planète... Habitée bien sûr ! insista Amé'Lyia.

— Je peux flairer les emmerdes à des galaxies à la ronde, ma belle ! Et toi, t'es un joli tas d'embrouilles !

— Comme si vous étiez un parangon de vertu, s'offusqua-t-elle. Vu les deux seules expressions que vous connaissez : la haine et la colère, vous n'avez pas attendu sur moi pour vous fourrer dans le pétrin.

— Ben, tu vois ma petite, je ne voyage pas avec les gonzesses, ça ne fait que piailler en permanence, railla-t-il.

— Je ne suis pas habituée à palabrer, riposta-t-elle.

— Combien tu paies pour un aller simple ? demanda-t-il, méfiant.

Amé'Lyia sortit une petite bourse remplie de pièces d'or d'une de ses bottes et lui lança.

— Vous aurez sa jumelle quand je serai arrivée à bon port !

Max soupesa la bourse :

— Ça marche, mais un mot plus haut que l'autre et t'es dehors ! Qu'on soit dans l'espace, en orbite ou à quai !

— Marché conclu ! dit-elle tout en se redressant légèrement.

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