Le sang battait durement à ses tempes, le vent hurlait à ses oreilles et leurs souffles résonnaient bruyamment derrière elle. Plus vite. L'air froid était presque insupportable, elle savait que la neige ne tarderait pas à tomber. Plus vite. La lueur de la lune peinait à éclairer ses pas alors qu'elle courait toujours plus vite entre les arbres. 

D'une puissante poussée sur ses pattes arrières, elle franchit le tronc d'arbre mort qui se dressait devant elle. Elle se réceptionna avec agilité et dans un craquement de feuilles mortes avant de reprendre sa course. La louve slalomait entre les pins avec aisance, bondissait au-dessus de chaque obstacle qui se dressait sur son chemin sans hésitation et fuyait toujours plus rapidement. Mais derrière-elle, les grognements et jappements excités par la traque résonnaient toujours aussi proches, plus proches même. 

Maintenant, elle comprenait ce que ressentaient les proies, la pression terrible qui comprimait leur cœur alors qu'elles prenaient conscience que la fin approchait, lentement et inexorablement. La louve grise se mit à grogner contre ses propres pensées ; elle n'était certainement pas une proie qui allait se laisser attraper facilement. Et même si le souffle commençait à lui manquer et que ses muscles se mettaient à protester, elle continua bravement à avancer. Plus vite.

Pourtant, elle dut rapidement se rendre à l'évidence car passé les pins, devant elle ne se dressait que le vide, abrupt et mortel. 

Avec un grognement de rage elle fit brusquement volte-face, évitant ainsi de finir au fond du précipice, et se plaça dos à lui. La louve au poil gris foncé planta profondément ses griffes dans la terre, se redressa de toute sa -petite- hauteur et posa son regard bleu glacier sur la lisière de la forêt devant elle. La lune éclairait son pelage ébouriffé, lui donnant une teinte bleutée mystérieuse, presque mystique.

Un hurlement victorieux retenti soudain, ils venaient de comprendre qu'elle était bloquée. Au même instant, elle dut étouffer ses liens avec la meute car, ils avaient eux aussi compris. Il n'était question que de quelques secondes maintenant avant qu'ils soient sur elle.

Calmement, elle attendait ; tandis que son regard, sa posture et son aura qui se déployait semblaient hurler l'évidence à l'univers entier.

Alpha.

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         Yara ouvrit soudain ses magnifiques yeux bleu glacier.

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Fin du prologue