25/11- Margaux
Je fermai délicatement la porte d'entrée de l'appartement. Septimus dormait encore à poing fermés. J'espérais qu'il dorme jusqu'à mon retour, il en avait besoin. Mais dans le cas inverse, j'avais déposé un mot sur la petite table, pour qu'il le voit à son réveil. Son visage semblait paisible au petit matin, mais les traces laissées par le sel sur ces joues étaient témoins de sa détresse.
Tous les samedis matins, je rejoignais mon amie Sarah à la bibliothèque universitaire. Nous n'avions pas le droit de chômer. Et puis ne pas y aller aurait été suspect. En sortant de l'immeuble j'étais inquiète et levais les yeux jusqu'au balcon. Septimus, je rentre avant 13h. Mais tu es en sécurité après tout, qui que tu fuis, personne ne viendra te chercher ici. Mais quelqu'un le cherchait-il seulement ?
Mes jambes prirent le chemin de la bibliothèque. Il avait à manger, il dormait et je ne rentrait pas tard.
Sarah m'attendait en buvant son café sur son banc devant la BU. Elle me vit arriver et claqua des doigts. Un petit gâteau atterrit dans sa main. Le claquement suivant fit disparaître son café. Je n'eu même pas le temps de dire bonjour qu'elle m'avait déjà mise le gâteau maison dans la main.
- Tu n'as pas mangé.
- C'était compliqué ce matin Sarah.
Elle me tira la joue, peu importe les excuses que je pouvais lui sortir, cela ne lui suffisait jamais. Quelques instant plus tard nous entrions dans la bibliothèque. Nous y avions nos habitudes et nos repères, pourtant quelque chose sonnait faux. Puis alors que nous nous nous asseyons, je remarquais l'uniforme gris caché entre deux étagères. Un étudiant de l'Élite.
- Tu as vu Sarah ?
Elle tourna la tête pour regarder derrière elle, sans aucune discrétion.
- L'Élite ? Ça ne m'étonne pas. Répondit-elle simplement, en sortant son ordinateur.
- Comment ça ?
- Tu n'as pas regardé la télé ces derniers jours ?
J'haussais les épaules, je ne regardais jamais la télévision. Elle soupira.
- J'avais oublié que tu vivais dans une grotte. Soupira-t'elle.
Elle se pencha pour passer au dessus de la table et me chuchoter à l'oreille :
- Le Dieu de la mort a disparu il y a un mois. Apparement il s'est retourné contre l'Élite. Et tout le monde sait à quel point il est dangereux.
Je tressaillis. On le cherchait donc bien.
- Ça va chérie ? Tu es un peu pâle depuis ce matin.
Ma main vînt se placer sur mon cœur pour le masser. La crise d'hier soir m'avait secoué.
- C'est rien, j'ai eu une petite crise hier soir.
- Tu devrais te reposer.
Je soupirai et sortis un gros livre de mon sac pour le poser sur la table avec violence. Puis je regardai Sarah avec un sourire.
- Hors de question ! On a un concours à la fin de l'année je te rappelle !
- Chuuuuuuuuuuutt ! S'écria la salle entière.
Et nous nous mîmes à travailler. Midi passé sonnait lorsque l'uniforme gris bougea, à l'approche d'un de ses collègues. Et tout deux partirent en courant vers l'extérieur. Ils l'avaient trouvé, c'était impossible. Je me levai et couru après eux.
- Margaux !
- Chuuuuuut !
Je sortais de la bibliothèque en poussant les portes. Les deux uniformes gris étaient là et étaient en train de se battre contre un pyromane. Celui présent dans la bibliothèque avait un talent de compression, il essayait de contenir les flammes. Tandis que l'autre semblait avoir également des capacités de pyromanie, il essayait d'arrêter l'autre. Les deux adolescents à la lumière paraissaient bien plus jeune que le sérieux sur leur visage. Sarah arrivait derrière moi et invoqua directement à elle un extincteur pour aider les deux enfants.
Moi j'étais inutile, démunie et soulagée. Ce n'était que la routine. Le pyromane finalement contrôlé par le pyrokinésiste se laissa choir au sol, soulagé.
Tandis que les uniformes gris et Sarah luttaient contre l'incendie, je me précipitais vers le pyromane.
- Tout va bien ?
Je posais ma main sur son front sans ménagement et retourna en courant dans la bibliothèque essuyant les brimades des documentalistes et des rats de bibliothèque pour attraper mon sac.
Je toussais lors de ma course sans y attaché trop d'importance. Le garçon était toujours au sol, je l'aidais à se redresser et lui tendis une bouteille d'eau.
- Tiens, bois. N'avale pas la première gorgée, rince toi bien la bouche avec et recrache la. Après tu peux boire comme tu voudras.
Ce n'étais pas du tout un criminel, juste un adolescent avec des capacités qui le dépassait. C'était aussi le travail de l'Élite que de régler ce genre d'événement. Il était brûlant et ne devait pas avoir plus de 16 ans.
- Ça va mieux ?
Il se passa de l'eau sur le visage et regardait derrière moi. Les deux uniformes gris le fixaient et Sarah venait de s'agenouiller devant l'adolescent et lui tendit une poche de glace qu'il serrait contre son corps.
- Oui merci mademoiselle. Je suis désolé, c'est la première fois que je perds le contrôle de cette manière. Plus je grandis plus il devient incontrôlable. Mais vous ?
- Moi ?
Je regardais Sarah étonnée.
- Ta respiration ma biche.
Elle était sifflante. Je balayais les inquiétudes d'un geste de la main avant de me retourner vers les uniformes gris.
- Vous allez le raccompagner chez lui ?
Le plus grand des deux acquiesça. Je me tournais vers l'adolescent et lui tendis une main qu'il saisit pour se relever.
- Écoute, n'hésite pas et prends une douche en rentrant chez toi pour te refroidir, bois beaucoup, garde la bouteille, et si tu as l'impression d'avoir le cœur qui bats trop vite ou des maux de têtes persistants, dis le bien à tes parents d'accord ? Tu as du beaucoup te déshydrater.
- Merci mademoiselle.
Il tendit à Sarah la poche de glace, mais elle lui demanda de la garder, il en avait besoin. Le pyrokinesiste de l'Élite partit avec l'adolescent plus grand que lui et l'autre retourna prendre son poste dans la bibliothèque. J'avais du mal à respirer. Sarah m'entraîna dans le hall de la bibliothèque et alla chercher nos affaires.
- Mais Sarah, on doit travailler.
- Toi tu te tais et tu vas rentrer chez toi te reposer.
- Pourquoi ?
- Je t'ai dis de te taire andouille. Tu es épuisée.
- Mais Sarah...
- Arrête ma biche, tu dois prendre du repos d'accord ? Tu ne ménage trop.
J'allais la contredire quand une quinte de toux surgit. Quelques gouttes de sang tachaient ma main. Ce n'était pas important.
Sarah invoqua rapidement un mouchoir. lorsque elle m'aida à me relever, j'avais honte d'avouer que j'étais épuisée.
- Viens la biche. N'ai pas peur pour le concours, si toi tu ne deviens pas médecin, personne ne le mérite.
Elle me raccompagna jusqu'au devant de l'immeuble quand je repris mes esprits, elle ne pouvait pas entrer à la maison. Sarah me laissait toujours devant, mais là, j'avais peur qu'elle veuille monter. Pour éviter cette situation, je lui fis la bise, et sortis mes clefs.
- Merci de m'avoir ramener.
- Tu te repose bichette, d'accord ?
- J'ai honte de l'avouer, mais je suis fatigué.
- Je t'appelle ce soir d'accord ?
- D'accord.
Lorsque j'eu fermé la porte derrière moi, j'appelai.
- Septimus, je suis rentrée.
Je fis un pas en avant, et le monde vacilla autour de moi et ce fut le grand noir. La seule chose que je sentis fut un bras qui m'entourais.
***********
Quelqu'un m'avait allongé sur la canapé. Je regardais le plafond, incapable de bouger. J'appelais doucement :
- Septimus ?
Deux bras vinrent m'aider à me redresser pour m'assoir sur le canapé, et il me recouvrit une couverture. Il avait délaissé le sweat et me regardait l'air inquiet.
- Ne t'inquiète pas, je vais bien.
Il leva les yeux au ciel, il ne parlait pas, mais aujourd'hui ses yeux parlaient pour lui. Le micro-onde sonna, et il sortit de mon champs de vision. Le livre d'histologie posé sur la petite table témoignait de ses activités du matin. Il revint quelques instants plus tard, de la soupe dans une tasse qu'il me donna.
- Tu as déjà mangé ?
Il secoua la tête.
- Les briques de soupes sont toujours pour deux, il doit en rester.
Il hocha la tête.
- Et bien, prends ce qu'il reste non ? Tu dois avoir faim aussi. Il doit rester du pain d'hier dans un torchon.
Il fit non de la tête et ses yeux verts renvoyait de nouveau de la tristesse, bien qu'il tente de la camouflé.
- Septimus, tu dois manger c'est important.
Il soupira et repartit vers la cuisine. Il revint quelques instant plus tard avec une tasse de soupe et un bout de pain qu'il me tendit. Puis il s'assit par terre en face de moi. J'étais plutôt satisfaite, meme s'il ne parlait pas, il ne me demandait plus si chaque phrase était un ordre. Je repensais au uniforme gris, la question brûlait sur mes lèvres mais j'hésitais à la poser.
Il finis sa soupe et s'allongea sur le sol et rejeta ses bras derrière sa tête. Je posais ma tasse sur la petite table.
- J'ai vu des uniformes gris aujourd'hui à la bibliothèque.
Il se redressa immédiatement et me regardait attentivement.
- Septimus, je ne peux m'empêcher de vouloir savoir pourquoi tu as fui l'Élite. Il est évident que c'est le cas.
Il tressaillit, et se regroupa ses genoux contre sa poitrine comme un enfant.
- Je ne te demande pas de m'expliquer aujourd'hui. De toute évidence tu n'es pas prêt à revenir sur ce ce qui t'as poussé à partir. Mais je ne voulais pas te le cacher. Tu reste le dieu de la mort, alors je ne peux que me demander, comment tu es arrivé là. Mais en attendant, sache que tu peux rester ici autant que tu veux. Ça me ferra un peu de compagnie.
Et sans que je comprenne pourquoi il fondit en larmes. Lui même semblait surpris et honteux. Il cacha sa tête dans ses bras. J'essayais de me lever pour le consoler, mais mes jambes étaient trop faible et je m'écroulais au sol. Il m'empêcha de m'écraser au sol. Je me retournais vers lui et fixait son visage plein de larmes. Ses yeux verts semblaient éteints et vides.
- Margaux ?
En entendant mon nom je sursautais. Son visage ravagé par les larmes regardait ses mains tremblantes.
- Oui ?
Il se replia sur lui même, les genoux contre la poitrine, la tête dans des bras.
- S'il te plaît, ne m'appelle plus dieu de la mort. Je t'en supplie, ce n'est pas...Je ne... ce n'est plus... Je t'en supplie.
Je compris enfin ce que j'avais en face de moi. Un jeune homme détruit. J'ignorais tout ce qu'il s'était passé, mais cela l'avait détruit.
Je me rapprochai de lui et posai ma main sur son épaule. Il se crispait à ce contact, mais il en avait besoin. Il avait besoin de se sentir en sécurité.
- D'accord Septimus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top