22/05 - Septimus

- Sept ? Tu dors ?
- Non.

Les deux garçons n'arrivaient pas à dormir. Leur plan se mettait doucement en place.

- Dis, qu'est ce que tu feras une fois libre ?

Septimus regardait le matelas du dessus en réfléchissant, lorsque la tête de Xavier apparut depuis le lit du haut.

- Alors ? Réfléchis plus vite !
- Tu vas tomber.

Le ridicule de cette phrase provoqua le rire chez nos deux garçons. Xavier était un membre de l'Élite. Et même l'un des meilleurs. Au milieu des rires, Xavier sortit du lit du haut en souplesse avant, puis sauta dans le lit de Septimus.

- Alors ? Insista son compagnon.
- Et toi ?

Dans les lueurs de la lumière verte de l'issus des secours, illuminant a elle seule la chambre, Septimus avait posé sa première question.

- C'est nul tu sais, prévient Xavier.
- Dis toujours. Insista cette fois Septimus en se redressant dans son lit.
- D'accord d'accord, dit il en levant les mains, je me rends ! Voilà j'aimerai être fleuriste.

Même si Septimus n'attendait aucune réponse, il fut tout de même surpris.

- Fleuriste ?
- Oui, pour accompagner les gens. Les fleurs sont avec nous tout au long de notre vie. On peut en offrir à la naissance comme à nos défunts. Mais bref, n'essaye pas d'éviter le sujet ! À toi !

L'ancien dieu de la mort regardait ses mains comme si celles ci allaient lui donner la réponse.

- Je suppose que je devrais être médecin.
- Tu suppose ce que tu as le devoir de faire, répéta Xavier en secouant la tête d'un air réprobateur. Je te demande ce que tu voudrais faire, ce qui te fais envie, sans aucune question de devoir, sans culpabilité. Comme si tu oubliais ton passé.

Volonté, désirs et culpabilité, tant de choses que notre dieu de la mort avait encore du mal à comprendre. Il commençait petit à petit à ressentir ses propres émotions dont il s'était défait pour se protéger. Seulement les identifier était bien plus difficile. C'était presque devenu un jeu entre les deux amis.

- Qu'est ce que c'est la culpabilité ?

Septimus demandait à Xavier de décrire un sentiment ou une émotion.

- C'est toujours difficile de te décrire ce que tu demandes. Et je sais que de répondre : la culpabilité s'est de se sentir ou être coupable, n'est pas la réponse que tu attends.

Et Xavier essayait de la lui décrire, avec les différentes sensations qui peuvent aller avec, tout en faisant le lien avec son expérience et celle de Septimus. Un vrai casse-tête pour notre adolescent de vingt ans.

- Disons que la culpabilité, ou quand tu culpabilise, c'est quand tu te sens mal à l'intérieur de toi pour des choses que tu as faites ou non. Et que tu penses que tu aurai du faire autrement.
- Comme les regrets et les remords ? Demanda Septimus.
- Oui, mais non. Pour la culpabilité tu mets en jeu quelqu'un. On a des regrets et des remords par rapport à soi même, je dirais. La culpabilité tu t'en veux à toi pour quelque chose vis à vis de quelqu'un. Tu te sens responsable et mal d'une action qui a porté préjudice à cette personne, qui a contribuer à son malheur.

Il marqua un temps d'arrêt pour attendre une question mais aucune ne vint. Il plongea alors son regard couleur glacier dans les yeux verts à présent éteints de Septimus.

- Tu avais déjà compris. Pas vrai ? Tu connais déjà ce sentiment.

Les deux s'affrontèrent du regard quelques instants, ils se testaient l'un l'autre, cherchant la faille dans le regard de l'autre. Mais encore une fois, aucune faille n'était visible chez le Dieu de la Mort.
Puis lentement, comme un automate, le Dieu de la Mort entama une liste de noms.
Xavier gardait son regard plongé dans celui de son camarade, ne l'interrompant pas. Mais au fur et à mesure que les noms défilaient, au fur et à mesure que la liste s'allongeait, le garçon prit pleinement conscience de celui qui lui faisait face.
Un sentiment de danger fit même intrusion dans son esprit si complexe. Dans les lueurs de la chambre, la lumière elle même semblait le fuir. Ses yeux verts brillaient et le sentiment qu'il dégageait était de plus en plus difficile à supporter, au fur et à mesure que la liste s'allongeait.

Xavier était happé par les ténèbres de Septimus et ne persistait que ses yeux verts irréels et brillants de la vie elle même, dans un regard éteint, comme seuls remparts aux ténèbres.
Lorsque le nom de Grâce Peterson fut prononcé, Septimus souffla et les ténèbres le quittèrent. La pièce semblait de nouveau être éclairée par les lueurs vertes du panneau de sortie.

Les ténèbres s'en étaient allées, Xavier regardait Septimus en tremblant, incapable de détacher son regard de celui qui semblait avoir apprivoisé la Mort. C'est le Dieu de la Mort qui rompit le silence.

- C'est la seule chose dont j'ai jamais été sûr dans ma vie : la culpabilité. C'est le seul sentiment dont je n'ai jamais réussi à me défaire. Je ne me suis pas contenté de contribuer au malheur de toutes ces personnes. Famille, parents, amis, proches ont vu leur vie gâchée par ma faute. Quand ta seule présence peut condamner quelqu'un, quand ton seul nom fait trembler les vivants, qui es-tu ? Quelqu'un dont même la Mort ne veut pas. Même la Mort ne veut pas de moi. Ce n'est pas faute de lui avoir demander. Je suis un monstre Xavier.

Xavier était pétrifié. Incapable de dire quoique ce soit, il se contentait de regarder son camarade en voyant enfin en lui, celui qu'il avait refusé d'y voir pendant des années, le Dieu de la Mort. Il avait beau le regarder sous toutes les coutures, Septimus semblait n'avoir aucune faille, aujourd'hui il avait montrer ce qu'il était. Mais aussi toutes ses brèches.

Xavier regardait son ami terrifié. Il se levait et en tremblant, manquant de s'écrouler, il remonta dans son lit. Il se roula dans sa couette comme un enfant pour se protéger. Septimus avait très bien fait passer son message, et pourquoi il ne réfléchissais pas au futur, après l'Élite. Xavier entendit Septimus se mettre à pleurer sous son lit, et les larmes lui montèrent également au yeux, bien qu'ils ne pleuraient pour les mêmes raisons.

Si Septimus pleurait ses morts, Xavier laissa couler de silencieuses larmes pour Septimus.
S'ils parvenaient ensemble à faire tomber l'Élite, cela sera principalement grâce à Septimus. Seulement en sortant de l'Élite, il passera devant un tribunal. Xavier cacha son visage dans ses mains, voulant à tous prix empêcher son ami de l'entendre. Il devait le protéger, encore, tant qu'il le pouvait.

Une fois qu'il eu la certitude que Septimus fut endormi, Xavier chuchota :

- Putain, pourquoi ? Sept, je te demande pardon d'avance, mais il y'a un mot dont je ne pourrais jamais t'apprendre la signification.

Il cachait de nouveau son visage dans ses mains.

Septimus ne sera jamais libre.

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