20/05- Septimus
Septimus marchait d'un pas rapide pour sortir de l'Élite. Il avait une mission.
L'examinateur bleu, dont Septimus avait brisé la colonne vertébrale, était condamné à rester assis dans un fauteuil roulant. Il se trouvait à présent responsable de la surveillance des salles d'études et du réfectoire. Il était redescendu au bas de l'échelle et l'examinateur rose avait pris son poste.
Seul la couleur de l'examinateur changeait.
Trois jours après l'accident, tout semblait donc rentré dans l'ordre. Mais semblait seulement.
Le petit Matheïl était traumatisé, il avait déjà repris les cours, mais à présent il passait beaucoup de temps avec nos deux grands garçons. Et si l'Élite semblait normale, nos deux jeunes adultes, avaient commencé à réfléchir.
Peut être, est-ce pour vous un bien petit mot que réfléchir. Mais pour ces deux là qui ont grandis au sein de l'Élite, réfléchir était le mot interdit.
Si Septimus était devenu une machine, simplement faite pour exécuter les ordres c'est parce qu'on lui avait appris.
Ne jamais dire non.
Ne jamais refusé.
Ne jamais désobéir.
Trois pilier.
C'est ainsi et à l'usure, en faisant jouer des dizaines de cordes à leurs arcs, qu'ils l'ont écrasé.
Mais pendant sa mission, le matin même de l'accident, quelque chose s'était brisé en Septimus et l'avait éveillé.
Aujourd'hui il commençait à réfléchir.
Nos deux garçons se sont rapprochés. Xavier a toujours su rester en dehors des machinations de l'Élite, peut être grâce à ses capacités de mentalisme, mais personne n'avait pu le brider. Et aujourd'hui il n'était plus seul.
Il avait un plan, un but, il veux renverser l'Élite.
Mais pour ça il a besoin de Septimus, son seul ami.
Et maintenant que Septimus s'éveillait, rien ne serai plus pareil. Alors ne vous fiez surtout pas aux apparences. L'Élite gronde.
Septimus toucha ses cheveux couleur de jais. Le bureau en plus de lui imposée les lentilles, avait décidé également une couleur. Le dieu de la mort, habillé tout en noir, quittait donc l'Élite comme tout les matins, les bottes noirs claquant dans le couloir métallique.
En sortant de l'immeuble de la société ce matin là, Septimus se mit à courir par habitude. Du moins c'est ce qu'il paraissait. Si le Dieu de la mort courait jusqu'à rejoindre la rue principale, c'était uniquement pour remplir au plus vite sa mission. Revenir le premier à l'Élite. Toujours être premier.
Aujourd'hui il voulait juste s'en éloigner le plus vite possible.
En tournant toujours par habitude dans la première rue transversale, son pas se fit plus lent. Et c'est ainsi qu'il se fondit dans la foule, invisible. Sa seule présence pouvait créer une tétanie générale, mais Septimus savait rester invisible. Tant qu'il ne manifestait pas sa présence, il restait dans l'ombre.
Un véritable Dieu de la mort. Il était là, invisible, au milieu de la foule et nous guette avec sa faux.
Septimus était soulagé de s'éloigner de l'Élite. Il ne serai pas de retour avant le début d'après midi. La ville dans laquelle il devait se rendre se trouvait à deux heures de train de la capitale.
À deux heures de l'Élite, le Dieu de la mort marchait lentement dans une rue en regardant les numéros des maisons. C'était là.
Son nom et le lieu où elle pouvait se trouver. Voilà les seules informations qu'il avait jamais eu sur sa cible. La suite dépends de lui.
Aujourd'hui, le Dieu de la mort prit deux secondes pour respirer sur le pas de la porte.
Puis il sonna simplement. Habituellement à la seule vue de sa silhouette tout étais fini. Mais pas cette fois, il avait hésité. Pour finir de déstabilisé notre dieu de la mort, une voix répondit.
- Entre donc, c'est ouvert.
La poignée tourna tandis que Septimus essayait désespérément de rentrer dans son rôle. Il détestait les missions à domicile. Les photos dans le couloir, les odeurs, les vêtements dans l'entrée, il y'avait une vie ici dans cette maison. Quelque chose qui lui était inconnu, il ignorait tout de cet environnement.
Il s'arrêtait quelques secondes sur la photo d'une enfant dans un cadre, sûr la commode. Quelques secondes de trop. Septimus portait la main à son cœur. Pourquoi avait-il mal ? Ce sentiment lui faisait peur. Cela l'éloignait encore plus de son rôle. Mais le sourire de l'enfant lui fit faire quelque chose d'interdit. Il quitta son écharpe et son sweat-shirt révélant son visage.
- Quitte tes bottes aussi s'il te plaît mon garçon. Tu peux poser ta veste au porte manteau.
C'était un ordre, alors Septimus obéit. Surpris, il accrocha également sa veste au clou sur le mur. Il essayait de se concentrer. Pourtant quelque chose en lui refusait la mission. Il secoua la tête et Xavier apparut dans son esprit. Il ferma les yeux pour se concentrer. Et avança dans le couloir et entra dans la cuisine.
Une mamie était assis dans un fauteuil à bascule dans le coin de la pièce près de la fenêtre un tricot sur les genoux. Le Dieu de la mort regardait la vieille femme mais c'est Septimus qui était tétanisé.
- Veux tu boire quelque chose ? Tu es bien matinal pour un adolescent.
Septimus ferma les yeux incapable de répondre ou de bouger.
- Un thé te ferra le plus grand bien. Veux tu bien nous faire chauffer de l'eau s'il te plaît.
Septimus s'exécuta sans un bruit.
- Le thé est dans la boîte en bois dans le placard en haut à droite.
Septimus tremblait. Il devait le faire alors pourquoi n'y arrivait-il pas ? Pourquoi cela ne marchait pas. Pourquoi refusait-il ? Une réalité se heurta alors à l'esprit du jeune homme lorsqu'il posa les deux tasses sur le table. Peut être n'en avait-il juste pas envie. C'était cela le libre arbitre ?
Il se tourna vers la grande mère qui avait posé son tricot et s'approchait de la table.
- Assieds toi donc. Avons nous le temps ou tu as autre chose à faire après.
Septimus s'assit, et fixait la tasse devant lui, les mains posées sur la table. La vieille femme s'assit et lui prit les mains sur la table. Septimus releva la tête pris de panique et ses yeux tombèrent dans le bleu des siens.
- Allons, je m'y attendais ne t'inquiète pas. Alors tiens moi donc compagnie aujourd'hui, ça fait longtemps que je n'avais pas eu de visite. Fait moi entendre le joli son de ta voix.
Un noeud s'était formé dans la gorge de Septimus, tout lui échappait. Il avait peur, et il ressentait autre chose. Un seul mot passa la barrière de ses lèvres.
- Pourquoi ?
Et il fondit en larmes. C'était la première fois qu'il pleurait. Il regardait le bois de la table avec honte, sans comprendre ce qui lui arrivait. Les pouces ridés lui caressaient les paumes.
- Allons mon garçon. Pourquoi ces larmes ?
Septimus enleva ses mains de celles de la femme et se leva. Il marcha jusqu'à la fenêtre et s'appuya sur le rebord en regardant dehors. Puis il essuya rageusement les larmes qui coulaient sur ses joues. Il devait le faire. Il se retourna d'un coup et puis non, il ferma les yeux. Septimus se laissa glisser sur le sol.
- Je ne peux pas...
- Mais tu dois le faire pas vrai ?
- Mais je n'en ai pas envie !
- Viens donc boire ton thé.
Septimus se leva tout tremblant. Qu'est ce qu'il se passait. Il ne comprenait rien. Il devait le faire, il devait tuer cette femme. On lui avait donné un ordre.
Ne jamais dire non.
Ne jamais refusé.
Ne jamais désobéir.
Inepties. Cela ne rimait à rien à présent. Les phrases étaient dissonantes maintenant dans son esprit.
C'était un regard plein de souffrance que Septimus leva vers la vieille femme.
- Suis-je obligé de le faire ?
- Cela ne dépends que de toi. Mais si ce n'est pas toi ce sera quelqu'un d'autre.
- Monstre..
- Ne dis pas de bêtises. Tu ne ressemble pas à un monstre.
- Vous ignorez à quel point je le suis.
- Je suis désillusionniste mon garçon. Je vois la vraie nature des choses, comme tes yeux verts et cheveux clairs. Une vraie bouille d'ange.
Septimus regardait cette grand mère lui dire ça sans pouvoir lutter. Elle sirotait sa tisane et le regardait d'un œil qu'il ne connaissait pas. Il avait tellement tué. Comment pouvait-elle soutenir qu'il n'était pas un monstre. Il se relevait.
- Arrêtez ! Je suis un monstre ! Et vous le savez !
- Assieds-toi mon garçon.
Les mâchoires serrés et les poings fermés il luttait contre les larmes.
- Bon si tu veux rester debout, profite en pour arroser mes plantes accrocher à la fenêtre. L'arrosoir est à côté du fauteuil.
Septimus s'exécuta.
- Garçon, dit moi seulement combien de personnes as tu tué ?
Le dieu de la mort se figea. Le chiffre exacte s'affichait comme un compteur dans son esprit.
- Je comprends.
Septimus se retourna.
- Non vous ne pouvez pas comprendre. J'ignore si quelqu'un le peu. Pas même moi. Je réalise à peine maintenant.
- Depuis quand es tu réveillé ?
- La semaine dernière. Alors que je venais pour son père, une fillette est morte de peur en me voyant.
Dix ans de larmes sortaient.
- Tu n'es pas un monstre Septimus. Je suis sûre que tu peux nommé toutes les personnes à qui tu as pris la vie.
Septimus hocha la tête. Évidement qu'il le pouvait, et dans l'ordre. Ce qui n'était pas une mince affaire vu le nombre.
- Je ne veux plus madame.
- Appelle moi par mon prénom. Ordonna-t'elle.
- Grâce.
- Tu sais que tu dois le faire. Si ce n'est pas toi qui le fait, ça sera quelqu'un d'autre. Tu es le seul assassin de l'Élite. Si ce n'est pas toi qui nous tue, à quel enfant vas tu retourner cette tâche ? L'interrogea t'elle.
- Personne ne devrait tuer, confia-t'il comme un secret.
- Dans ce cas tu sais ce qu'il te reste à faire pas vrai ?
- Renverser l'Élite.
- Exactement. Cela fait trop longtemps que l'Élite domine le monde en se faisant passer pour la justice. En réalité, il n'y a plus de justice dans notre monde. L'Élite écrase les enfants, en fait des robots et ceux qui se réveille en grandissant disparaissent. C'est pour ça que vous n'êtes pas très âgés Septimus. Mais toi, tu peux y arriver, tu es le dieu de la mort. Personne ne peut t'en empêcher. Mais tu n'es pas prêt, tu dois continuer pour le moment. Tu ne dois pas éveiller les soupçons.
- Comment connaissez vous mon nom ? Quel crime avez vous commis pour que je doive vous tuer ?
- Tu viens de comprendre Septimus. Tu n'as jamais tué de criminels. Les criminels, les autres membres de l'Élite les arrêtaient. Tu étais chargé d'éliminer toute les menaces potentiels à l'Élite et par conséquente à la société Eger. Cette entreprise dirige le monde.
Septimus se rassieds et les mains de la vieille femme viennent de nouveau prendre les siennes.
- Je suis une ancienne examinatrice Septimus. C'est comme ça que je te connaît.
- L'examinatrice indigo.
- Tu te souviens donc de moi. J'ai quitté l'élite pour prendre ma retraite et m'occuper de ma famille. Ils m'ont laissé faire en pensant que je leur étais loyale. Mais j'ai commis une erreur, et ils ont compris, c'est comme ça que tu es venu frappé à ma porte.
Septimus se sentait vide. Il n'avait plus de larmes. Il se contentait de regardé cette grand mère dans les yeux, dans un contact humain presque maternel dont il ignorait tout.
- Que dois je faire ? Demanda-t'il.
La vieille femme lui sourit.
- Ne me demande pas et réfléchis par toi même désormais. Tu sais déjà ce que tu dois faire.
Septimus secoua la tête comme un enfant.
- Je ne peux pas.
La vieille femme lui lâcha les mains et s'installa dans son fauteuil à bascule.
- Avec toi, je sais que je ne souffrirai pas. Courage mon garçon.
Le garçon se leva et lava les tasses de thé, il n'avait pas touché le sien. La vieille femme ne se remit pas à tricoter. Mais elle le fixait de ses yeux bleus en attendant. Septimus se retourna en fermant les yeux.
- Montre moi tes beaux yeux verts. Demanda la désillusionniste.
Septimus regarda la vieille femme qui l'encouragea d'un signe de tête. Puis il la plongea dans un profond sommeil. Il s'approcha d'elle et l'embrassa sur le front.
Puis avant de sortir de la pièce, le Dieu de la mort arrêta son cœur.
Il sortit de la maison.
Et à sa longue liste s'ajouta Grâce Peterson.
La femme qui avait accueilli la mort, elle même, comme une amie.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top