Tout ce que je veux, c'est que Noé se sente bien. Imaginer qu'il ne le soit pas me fout le cafard. On en a trop bavé tous les deux pour ça. Mon petit frère a lui aussi enfin le droit d'être heureux et d'être comme les autres.

La porte de la baie vitrée s'ouvre et Ulysse me rejoint.

Il a cet air satisfait sur le visage. Noé a gagné. C'est tout ce que je voulais pour lui.

— Il a quoi comme punition l'autre connard ?

— Deux ans de prison et un paquet de billets à donner.

Je prends une bouffée de tabac et la recrache.

— Noé va pas vouloir de l'argent...

— Il va en faire quoi ?

— J'en sais rien.

Je souffle en l'air la fumée de ma cigarette et Ulysse prend appui sur le muret avec moi.

— Tu crois qu'on va pouvoir réussir ?

— À quoi ?

— Bien s'entendre. T'es le frère de mon ami. On est amené à se revoir.

Je souris et soupire.

— On va bien s'entendre alors, assuré-je.

J'écrase ma cigarette dans le pot en céramique et abandonne Ulysse dans le jardin avec l'intention de voir Noé, avant qu'il ne me retienne en m'appelant.

— Tristan, je... J'ai besoin d'un endroit où dormir.

Je me retourne vers lui, confus.

— Pourquoi ? Il s'est passé un truc chez toi ?

— Mes parents... Mes parents viennent de me foutre dehors.