La nuit venait de tomber. Elle enveloppait la forêt d'un silence oppressant, brisé uniquement par le murmure du vent s'insinuant entre les branches nues. La lune, pleine et haute dans le ciel, inondait de sa lumière bleutée le paysage. Des nuages de brumes s'étaient formés et ajoutaient une touche mystique, transformant l'endroit en un tableau mystérieux. Dénudés par l'hiver, les arbres formaient des ombres sinistres. Leurs branches tordues évoquaient des mains aux griffes acérées. Des rafales secouaient la végétation pauvre, effrayant parfois l'un des habitants de la forêt, qui partait en courant. Une sérénité troublante régnait. C'était comme si la forêt elle-même retenait son souffle.
Dans ses entrailles, non loin de là, un jeune couple arpentait la forêt à la recherche d'une escapade romantique loin de l'agitation urbaine. Clara et Maxime, tous deux âgés d'une vingtaine d'années, avaient décidé de s'offrir une soirée sous les étoiles pour célébrer leur deuxième anniversaire de rencontre. Clara, étudiante en littérature, était passionnée par les récits gothiques. Elle avait convaincu son petit ami Maxime, étudiant en science, de l'accompagner dans cette promenade nocturne. Les paysages endormis par les rudes températures l'avaient toujours fasciné.
La jeune femme marchait gaiement devant, se retournant à presque chaque foulée pour parler de ses découvertes et de ses admirations. Ses bouclettes dorées rebondissaient à chacune de ses foulées, tombant parfaitement sur son visage angélique aux yeux couleur azur. Maxime observait avec attendrissement les traits de sa compagne, dont les fossettes visibles démontraient son bonheur.
Il était tombé sous son charme dès le premier jour où il l'avait aperçue au bal du lycée. Il se souvenait parfaitement de sa longue robe bleu pâle, légèrement cintrée à la taille, et de son chignon haut qui laissait tomber quelques mèches ondulées sur son visage. Et surtout, il lui était impossible d'oublier leur slow, où tout était devenu une évidence. Le brun se rappelait le courage qu'il lui avait fallu pour demander à la blonde si elle voulait bien lui accorder une danse. D'abord timides, leur rapprochement était de plus en plus visible au fur et à mesure que passait Everytime de Britney Spears.
Et de leurs lèvres qui s'étaient scellées sur le dernier passage de la musique.
"And every time I try to fly I fall without my wings
I feel so small
I guess I need you baby
And every time I see you in my dreams
I see your face
You're haunting me
I guess I need you baby"
Depuis, ils ne s'étaient plus jamais quittés.
Les jeunes adultes se promenaient le cœur léger, négligeant les recommandations des forces de l'ordre. Leur insouciance juvénile avait bien plus de poids. Ils se tenaient la main, profitant de leur moment à deux. Ils bavardaient joyeusement, sur leurs projets de soirée et ceux à venir, ignorant les dangers qui rôdaient dans l'ombre.
Soudain, tout bascula.
Leur rire s'éteignit brusquement lorsqu'une silhouette, rapide comme l'éclair, surgit des ténèbres. Clara, pétrifiée, sentit son sang se glacer au fur et à mesure que la créature s'approchait d'eux. Elle prit la main de son petit ami pour la serrer contre la sienne, sa douce chaleur la réconfortant un peu. À côté d'elle, Maxime serra les poings. Il savait ce que cette ombre représentait, mais était malgré tout prêt à défendre sa bien-aimée. Malgré son courage, il ne put empêcher son corps de se tendre et de tressaillir.
Devant eux, la créature aux yeux brillants de malice s'approchait avec un sourire carnassier sur les lèvres, dévoilant une partie de sa dentition affutée. Ils voulurent crier, mais leurs voix se brisèrent dans leur gorge. L'étudiante se remémora aussitôt les avertissements de ses parents, qui lui racontaient fréquemment des histoires sur les vampires sauvages. Mais cela n'avait pas suffi à la convaincre. Elle leur avait presque ri au nez, étant persuadée que c'étaient des légendes. Les vampires sauvages, s'ils existaient vraiment, devaient se compter sur les doigts d'une main et vivre reclus, en marge de la société. Les seuls vampires qu'elles connaissaient étaient adorables, et ne faisaient pas de mal à une mouche. Et pourtant, celui-ci ne semblait pas leur vouloir du bien. Quant à son copain, il sentait un sentiment d'impuissance l'envahir. Il songea à sa famille, et en particulier à sa petite sœur Elena, qu'il adorait par-dessus tout. Maxime repensa aux rêves en commun qu'il partageait avec Clara, d'un futur tout tracé qu'ils avaient planifié ensemble. Un bonheur, qui allait être brisé en une fraction de seconde.
Le regard rouge vif du vampire observait le couple avec avidité, ce qui renforçait d'autant plus son aura maléfique. Le jeune homme s'interposa entre sa compagne et la créature, prêt à se battre s'il le fallait. Même s'il savait que ses chances de gagner étaient faibles, il n'hésiterait pas un seul instant à sacrifier sa vie pour sauver Clara.
L'assaillant avait visiblement jeté son dévolu sur sa petite amie, et d'une force surhumaine, repoussa brutalement Maxime qui s'écrasa au sol. Ses paumes s'écorchèrent sur les racines rugueuses. La senteur du sang chaud enragea encore plus la créature, dont les crocs s'agrandissaient à vue d'œil. Ses pupilles devinrent encore plus écarlates. Et, sous le regard impuissant de Maxime, elle plongea ses canines dans la gorge de Clara, qui ne put que gémir de désespoir.
Le sang jaillit aussitôt, recouvrant le tapis de feuilles mortes d'une couleur rouge sombre. L'air se chargea d'une odeur métallique, mêlée au petrichor. La lueur de vie des yeux cristallins de sa victime se tarit rapidement, tout comme ses râles d'agonie. Un silence assourdissant s'installa, seulement interrompu par le bruit des grandes gorgées de l'être maléfique, qui savourait le goût du sang chaud qui coulait dans sa gorge.
Tout s'était passé si vite. Dévasté par le chagrin, Maxime sentit son cœur se briser en mille morceaux dans sa cage thoracique. Un cri déchirant sortit de sa bouche, tandis que de la rage et de la frustration parcouraient ses veines à grande vitesse. Il voulait venger sa compagne dont la vie avait été retirée si brutalement. Une lueur fugace de la lune dévoila les traits de la figure de l'assaillant, rappelant un monstre. S'amusant de l'atmosphère sordide, il afficha un rictus sadique sur ses lèvres rougies.
Son affaire terminée, le vampire se redressa, dévoilant son visage maculé de sang. Son regard aiguisé de prédateur se posa sur le survivant. Malgré son diner copieux et désaltérant, sa gourmandise était sans limite. La frénésie cardiaque, mêlée à une odeur d'adrénaline et de peur, rendait cet humain encore plus appétissant. Et puis, avoir deux repas pour le prix d'un ne se refusait pas.
D'un mouvement fluide et rapide, il se jeta sur son autre proie pour y planter ses crocs acérés. Le monstre ne lui avait laissé aucune chance. Malgré ses vaines tentatives de défense, la faiblesse humaine de sa victime ne lui était d'aucun secours. Le bourreau la domina sans peine grâce à sa puissante étreinte. Tout espoir était désormais anéanti. Un ultime râle sortit de la gorge du jeune mortel, avant que son cœur ne s'arrête.
Une fois qu'elle fut complètement vidée de son sang, le vampire jeta sa seconde victime loin de lui, à quelques pas de Clara. Il contempla d'un air satisfait le sordide tableau qu'il venait de peindre lui-même, celui de deux amoureux maudits par un destin funeste et violent. La nuit avait été fructueuse, permettant au vampire de tenir sans effort plusieurs jours avant d'éprouver de nouveau le besoin de chasser. Mais il ne put s'attarder plus longtemps sur les lieux de son crime. Le temps filait, et il devait désormais se cacher avec que quelqu'un l'aperçoive. Car avec autant de sang à digérer, il était maintenant vulnérable. Sa vitesse grandement diminuée ne l'aiderait pas forcément à s'échapper d'une éventuelle embuscade. Jetant un dernier regard sur les deux corps inertes, l'ombre disparut pour se fondre dans l'obscurité.
Le calme environnant revint progressivement, troublé par le faible bruissement des feuilles mortes emportées par le vent. L'astre lunaire se cacha derrière les nuages et ne proposa aucun rayon de lumière pour éclairer cette scène de carnage, comme s'il voulait protéger cette dernière intimité offerte au couple. Seuls quelques animaux de la nuit, témoins silencieux de l'horreur et attirés par l'odeur irrésistible de sang frais, osaient s'aventurer à proximité.
***
Quelques heures s'étaient écoulées lorsque les lumières des lampes torches balayaient la scène de crime, créant un effet stroboscopique. Les autorités étaient sur place, délimitant un périmètre de sécurité et essayant de comprendre le scénario du double meurtre.
Parmi elles se trouvait le sergent-chef Jonathan Briand.
C'était un grand homme d'une cinquantaine d'années, d'une carrure musclée par ses nombreuses années de service. Marié et père de famille, il menait une vie épanouie avec sa femme et ses deux enfants d'une dizaine d'années. L'homme observait la scène avec une gravité professionnelle, à la recherche d'indices éparpillés dans cette zone macabre.
Ses pensées furent interrompues par un jeune officier, dont le visage reflétait une certaine pâleur, qui s'approchait de lui.
— Sergent-chef, vous devriez voir ça, énonça ce dernier en montrant les deux silhouettes étendues sur le sol.
Jonathan s'approcha des corps inertes de Clara et Maxime, étendus à quelques pas l'un de l'autre. L'image était déchirante, mais il s'efforça de rester stoïque. Il s'accroupit doucement pour examiner de ses yeux bleus les blessures avec attention, et lissant de ses doigts sa moustache finement tailler. Les marques des crocs acérés étaient visibles, profondes et précises. Il s'agissait d'un travail méthodique et sans pitié.
— Encore un, murmura le quinquagénaire en se redressant. Ce n'est pas la première fois qu'on voit ça.
Combien de victimes allait-il devoir encore supporter ? Quand ce carnage s'arrêtera-t-il ? Un second homme arriva, cette fois-ci, un technicien. Il lui tendit plusieurs sacs de preuves et lui son reflex avec tous les clichés nécessaires.
— Sergent-chef, nous avons trouvé ceci.
Jonathan commença par regarder les différentes photos, plus effrayantes les uns que les autres. Ses sourcils se froncèrent au fur et à mesure que défilaient les photos. Il tomba sur diverses séries qui montraient des empreintes de pas au sol. Elles étaient trop grandes et trop légères pour être humaines. Un frisson irrépressible parcourut son dos. Quant aux échantillons de sang, ils appartenaient certainement au couple. Il était peu probable qu'ils proviennent d'ailleurs, car ses agents avaient ratissé un rayon de plusieurs kilomètres par précaution. Aucune autre victime n'était à déplorer.
— Faites analyser ces échantillons immédiatement, ordonna-t-il, bien qu'il se doutait du résultat.
Dans son métier, les suppositions ne valaient rien, même après des années de travail. Il fallait des preuves concrètes et irréfragables. Et puis, il n'était jamais à l'abri d'une mauvaise surprise.
— Sergent-chef, poursuivit l'homme, qu'est-ce que vous en pensez ? Qui pourrait agir de la sorte ? questionna l'officier en jetant des coups d'œil nerveux autour de lui.
— Si seulement je le savais, répondit Jonathan en poussant un profond soupir. Tout ce que nous imaginons, c'est que ce n'est pas l'œuvre d'une simple personne. Ces créatures sont des prédateurs qui frappent sans prévenir et sans pitié.
— Et que devons-nous faire pour les arrêter ? demanda l'agent, l'inquiétude palpable dans sa voix.
Le jeune individu avait fait son entrée dans le service il y a quelques mois à peine. Il n'avait encore jamais été confronté à de telles atrocités, et Jonathan savait combien cela pouvait affecter une conscience. Malgré ses traits marqués par les horreurs qu'il avait pu croiser, il conservait une allure charismatique et qui imposait le respect. Il tenta d'en profiter dans l'objectif de rassurer l'homme comme il le pouvait, en prenant soin de mettre de l'aplomb dans sa voix.
— Nous continuons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, répliqua-t-il. Nous enquêtons, collectons des preuves et restons vigilants. Nous faisons notre maximum pour protéger les innocents et trouver ces monstres avant qu'ils ne puissent recommencer une nouvelle fois. Si ces malheureux avaient respecté nos injonctions, ils seraient en vie à l'heure actuelle. Mais nous ne pouvons en vouloir à leur envie de liberté.
Un autre officier les interrompit, les traits tirés et le regard fuyant.
— Sergent-chef, venez voir ceci.
Jonathan suivit son subordonné jusqu'à un arbre voisin. L'écorce était profondément marquée de griffures, témoignage inquiétant de la présence d'une créature redoutable. Le nouveau tressaillement qui lui fit hérisser ses cheveux poivre et sel lui confirma ses pires craintes.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda le plus jeune.
Le supérieur observa les égratignures, sentant un frisson parcourir son échine. Il n'avait encore jamais vu une telle force, alors que ce n'était pas son premier dossier dans le domaine des vampires.
— Ça signifie que nous avons affaire à quelque chose de bien plus dangereux que ce que nous avons imaginé. Continuez à fouiller la zone et restez sur vos gardes.
La créature pouvait se cacher n'importe où. Le père de famille ne voulait pas que le bilan des victimes s'alourdisse plus.
***
Plusieurs kilomètres plus loin, dans une caverne sombre et isolée, le vampire digérait ses copieux repas. La nuit touchait maintenant à sa fin, et l'aube approchait à grands pas.
Il venait à peine d'arriver, profitant de quelques buissons pour se cacher et observer les policiers effectuer leur travail. Leurs sirènes qui résonnaient dans les cimes l'avaient averties de leur présence imminente. Même si rester à proximité était risqué pour lui, il n'avait pas pu s'empêcher d'assouvir sa curiosité. Le sergent-chef Jonathan Briand, avec son air décidé, attirait particulièrement son attention. Un sentiment de défi avait envahi la créature, face à cet homme déterminé à résoudre le mystère. Cela n'était pas la première fois qu'il l'apercevait, et il avait bien envie de s'amuser avec lui dans ce jeu de traque.
Puis, quand les policiers s'étaient regroupés pour faire part de leurs rapports au sergent-chef, le vampire avait fui avec une grande prudence. Chaque pas était calculé pour ne pas faire de bruit, et chaque mouvement mesuré pour rester aussi invisible qu'ils le pouvaient. Heureusement pour lui, les forces de l'ordre étaient concentrés pour remarquer l'ombre discrète qui se faufilait entre les arbres.
La créature avait ensuite trouvé après quelques minutes de course cette caverne recluse, mais assez sécuritaire pour y passer la nuit et pour repenser aux événements de la soirée. Il se délectait des expressions de terreur de ses proies, et il se souvenait encore parfaitement du goût succulent qu'elles avaient. Il appréciait pleinement sa condition de vampire sauvage, et d'en profiter intégralement. D'être libre et sans limite, en somme. Le seul inconvénient était sa sensibilité à la lumière, mais heureusement pour lui, il y avait toujours des transgresseurs de loi pour le sustenter.
Les premiers rayons de l'aube perçaient l'entrée de la grotte, troublant son obscurité. Le meurtrier se réfugia encore plus profondément dans les ténèbres, prêt à patienter jusqu'à ce que le soleil se tarisse.
Il savait que les efforts des policiers pour le trouver étaient voués à l'échec et n'empêcheraient en rien sa mission qu'il mènerait à terme. La menace qu'il représentait ne pouvait pas être comprise ni contrôlée par de simples êtres humains. Il savourait déjà par avance les cris étouffés et les regards éteints de ses futures victimes. Ce n'était que le début d'une longue série de nuits où la terreur règnerait en maître. La forêt et la lune, complices muettes de ses forfaits, étaient son terrain de chasse préféré. Chaque battement de cœur humain à des kilomètres à la ronde résonnait dans ses oreilles, telle une douce mélodie. Un appel irrésistible auquel il répondrait, encore et encore, jusqu'à ce que la terre soit gorgée du sang des imprudents.
Un sourire sordide étira lentement ses lèvres, révélant des canines aussi tranchantes qu'un couteau finement aiguisé. Il était impatient de continuer son travail. Draven était prêt pour le prochain acte.
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Bonjour vous !
Cela faisait longtemps ! Quoi de mieux que de profiter de mon anniversaire sur Wattpad pour revenir avec une nouvelle histoire ? 🤗
J'espère que ce début vous plaira, n'hésitez pas à me laisser vos impressions sur ce chapitre et les prochains, je les lirai avec grand plaisir ! Vos remarques sont aussi bonnes à prendre pour m'améliorer dans ce type d'histoire, qui change grandement de la fanfiction ! 😉
A très bientôt ! 😎
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