10. H comme gris.
Alexandra monta les marches de l'immeubles trois par trois. Il fallait aller vite. Vite avant que Timothée ne fasse l'erreur de sa vie, l'erreur d'une existence trop naïve, d'une existence bercée par l'illusion d'être emprisonné dans une cage dorée. C'est avec violence qu'elle ouvrit précipitamment la porte du toit. Son cœur palpitant si fort contre sa tempe.
- TU TE TROMPES !! cria-t-elle de toutes ses forces.
La respiration saccadée, elle accourut vers son ami assis, au bord, les jambes dans le vide. Timothée ne bougea pas, tel une statue sculptée dans le temps.
Alexandra n'osa pas s'approcher, de peur qu'il décide de sauter. Alors elle décida de continuer retenant le mieux qu'elle put, le ravage destructeur qu'auraient tous ses sentiments.
- Tu te trompes, reprit-elle plus calmement, tu n'es pas voué à être esclave. Tu n'es pas esclave ! Mais tu as raison. Tu n'es pas non plus libre. Tu es citoyen.
Elle fit une légère pause, essayant en vain de calmer les tremblements de sa voix.
- Écoute moi. Je t'en supplie écoute ma voix. Tu as pris deux extrêmes, mais tu as oublié tous l'éventail qui se trouve entre ! Il y a le blanc et le noir d'accord, mais il y a aussi le gris ! Comme il y a la verticale, l'horizontal et la diagonale ! La droite, la gauche et le centre ! Réfléchis Timothée je t'en supplie, réfléchis. Il y a le ciel et la terre mais au milieux, qu'est-ce qui se trouve ? L'Homme pardi ! L'Homme ! L'Homme est le centre, la diagonale et le gris ! L'Homme est fatalement le mélange de tout ses extrêmes. Il n'est ni mauvais, ni bon. Il n'est ni esclave, ni libre !
Timothée ne réagit pas, mais quand Alexandra commença a croire que c'était trop tard, qu'il s'était trop radicalisé dans sa pensée, il se retourna. Lentement. Le visage neutre, aux antipodes de son amie.
- Tu ne comprend pas.
- Alors explique moi ! s'empressa-t-elle de répondre.
- Tu es aveuglée par ta peine. Mais, je ne veux pas que tu souffres. Je veux que tu comprennes. Être citoyen, c'est être esclave de la société. L'esclavage d'aujourd'hui n'est plus le même que celui que les noirs ont connus et connaissent encore dans certains pays. Eux, c'est une forme d'esclavage consciente. Je me révolte contre l'esclavage inconscient. Nous somme esclave d'une société dictée par l'argent, donc finalement tu es esclave d'une donnée, d'un chiffre. Dès que tu fais un pas, un seul, tu es enregistré. Dès que tu retires de l'argent, ta position est enregistrée. Dès que tu téléphones, ta discussion est écoutée. Tu es surveillé au quotidien pour « ta sécurité » disent-ils. Foutaise. La sécurité n'a jamais été une réelle raison. Le contrôle en est une. Arrêtons de nous voiler la face, je t'en pris, l'argent rend l'Homme mauvais, en quête de contrôle. Et contrôle ne rime pas avec liberté. La plupart des gens se voile la face en se disant être libre, mais ils ne le sont pas et ne l'ont jamais été. Dès que les civilisations ont été créées, l'Homme a cessé d'être libre. La civilisation est le pire ennemie de l'Homme et à l'inverse c'est ce qui lui a permis d'être comblé. Nous somme domestiqués. Comme des chiens, nous sommes contrôlé, on s'amuse de nous, et on nous félicite quand on fait ce qu'on attend de nous, on est parfois bien traité ou mal traité, mais nous restons des animaux domestiques. Un animal domestique n'est pas libre, il est esclave de ses maîtres. L'animal sauvage nous effraie, parce que nous n'avons aucun contrôle sur lui. Va-t-il être mauvais ? Gentil ? Nous avons peur pour notre sécurité. Tandis que le sauvage n'a pas peur, il sait se défendre. Alors que nous, domestique que nous somme nous avons besoin d'être protégé de nous-même par nous-même. Nous voulons être protégés, nous le demandons. Enfin demandons le vraiment ? En tout cas on nous le fait croire, alors que cette sécurité nous est imposé. Par qui ? Par les maitre de ce monde. Mais, ils ne nous protègent pas nous en tant que citoyens. Ils se protègent eux même. Qu'est-ce qui est plus puissant qu'un Homme libre ? La nature peut être. Un Homme libre c'est un Homme qui fait un coup d'état. Un Homme esclave c'est un Homme qui attend sagement que le mauvais temps passe.
Il marqua une légère pause, ses pensées en ébullition. Tout coulait de sens dans sa tête et tout se répétait inlassablement comme un cercle vicieux, une danse macabre. C'est par cette pause qu'Alexandra en profita pour prendre la parole. Elle avait peur qu'il oublie sa présence, qu'il ne soit plus dans le moment présent et qu'il plonge dans ses pensées noirs. Des pensées qu'elle comprenait mais qu'elle n'acceptait pas.
- Alors soit un homme libre !
Un léger rire secoua ses épaules. Un rire fatal, qui, elle le savait, serait le dénouement.
- Être un homme libre n'est pas simple. Surtout lorsque l'on a toujours vécu dans une société. Mon expression est ma liberté la plus cher. Mais mon expression n'est pas écouter.
- Mais, moi je t'écoute !
Il secoua la tête.
- Ce n'est pas assez. Je ne peux pas accepter de vivre, car ça serait accepter d'être esclave. Mourir, c'est ma forme de rébellion. Et en étant mort je redeviens libre.
Alexandra sentait remonter tout ces sentiments. Toute cette peine, ces remords...c'était trop tard. Et par cette tempête dévastatrice elle pris sa tête entre ses mains tremblantes et secoua la tête tirant sur ses cheveux.
- Non. Non. Non, répéta-t-elle.
Et c'est ainsi, les yeux fermé que sous le bruit des ailes d'un oiseau qui s'envole que, Timothée redevint libre.
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