Chapitre 4

PDV externe :

La femme, non le monstre, ne cessait de dévorer Marin du regard. Se léchant lentement les lèvres et dévoilant par la même occasion des canines curieusement pointues. Avait-il réellement le choix de toute façon ?

Au final, il n'y a que deux options qui s'offrent à lui.

- Se faire tuer et manger pas cette créature des enfers.

- Ou bien la suivre dans son monde et...

Et quoi ? Quelle serait sa place là-bas, dans les profondeurs inexplorées de l'océan ? Serait-il son esclave ? Ou bien simplement une sorte de décoration qu'elle pourrait exhiber auprès d'elle ? Oui peut être que son rôle serait d'occuper la place d'animal de foire. De sortir les sirènes de cette même routine qui duraient depuis des siècles.

Est-ce une vie de souffrance qui l'attend dans cet univers inconnu ? La mort serait-elle préférable à l'acharnement et l'humiliation qu'il pourrait y subir ? Au manque d'affection et d'amour qui finirait par le rendre muet, enfermé dans la solitude et la tristesse.

En même temps, il pourrait certainement obtenir assez facilement son dernier voyage vers la lumière blanche... Peut-être même lui trancherait-on la gorge sans même qu'il s'y attende. Il allait vivre dans l'insécurité et la peur constante.

Ses pensées fuient un instant l'horreur de cet avenir prochain pour se tourner vers ses rêves et sa famille. Est-ce qu'un jour tout pourrait revenir à la normale ?

Pourrait-il rentrer sur la terre ferme parmi les siens et avoir un futur heureux ? Si l'on lui donnait cette chance, il était certain qu'il ne se risquerait plus jamais à repartir en mer.

Le blond s'accroche solidement à cet espoir et finit par hocher la tête.

- J'accepte de vous suivre.

Pour la première fois, une sorte de sourire déforme les lèvres de la sirène et un rire cynique lui échappe. Sa main caresse une nouvelle fois sa joue avec douceur avant de laisser ses longs ongles érafler lentement sa peau. Y laissant de légers sillons rouges.

- Oh... Mais je ne te demandais pas ton avis l'homme.

Avant que Marin puisse redire quoi que ce soit, le navire se met à trembler avec force. Le jeune homme ne peut garder son équilibre sur le pont déjà glissant et tombe violemment sur le dos. C'est lorsque sa tête claque sur les lattes de bois qu'il se rend compte que le bateau se met à couler rapidement. Comme si une force obscure l'aspirait, laissant l'eau salée l'engloutir à toute vitesse.

Rapidement le pont fut submergé par l'eau glacée. Et bien que déjà trempé, le froid à vite fait de lui couper le souffle. Le jeune homme essaie de se redresser pour garder la tête hors de l'eau mais glisse à nouveau pour tomber cette fois à genoux. Relevant la tête il ne peut échapper au spectacle que lui offre la sirène.

Celle-ci est toujours fièrement debout, comme si le sol était toujours aussi stable. Le changement de température ne semble pas non plus l'impacter. Mais au contact de l'eau sa peau semble plus brillante, lui donnant une beauté encore plus mystique qu'auparavant. Les bras tendus vers le ciel, ses lèvres se mouvent rapidement. Il ne peut cependant pas entendre l'incantation qu'elle s'évertue à réciter.

Le bateau coule toujours et Marin doit à présent se tenir sur la pointe des pieds. La panique le gagne et il a à peine le temps de prendre une grande inspiration avant de se trouver complètement immergé. Son instinct lui crie de se débattre alors que ses sens sont mis à rude épreuve. L'eau salée lui brûle les yeux, mais il n'y a de toute façon que l'obscurité qui l'entoure. La mer est si froide que tout son corps semble brûler à présent. Il n'a qu'une envie, qu'un besoin, retourner à la surface pour pouvoir respirer à nouveau.

Marin n'a jamais appris à nager. Ainsi ses efforts pour remonter à la surface sont vains. Pourtant comme ses poumons sont pleins il ne coule pas. Parfois sa main sort de l'eau augmentant son désespoir et sa frustration. Personne ne le verra. Personne ne lui viendra en aide. Le blond ne fait donc que s'essouffler alors que l'eau le recouvre et l'écrase.

Malheureusement l'océan n'est pas son seul ennemi. Alors que son corps est pris de spasmes, la sirène quitte la pénombre pour nager autour de lui. Comme un faucon faisant des rondes au-dessus d'une minuscule et inoffensive proie.

Elle est un prédateur, il le sait bien. Pourtant face à sa beauté il ne peut s'empêcher de l'oublier un instant et de tendre ses bras dans sa direction. Elle n'est plus tout à fait semblable à une femme à présent puisque une longue queue de poisson à remplacée ses jambes. Des écailles épaisses recouvrent sa poitrine puis deviennent plus petites et éparpillées sur ses bras et dans son cou. Ses yeux sont d'un violet sombre magnifiques, ils brillent comme ceux d'un chat dans la nuit. Sa queue ondule dans l'eau comme le corps d'un serpent, cette vision réveille finalement l'instinct de survie de Marin.

Il ne pense plus à sa proposition. Tout ce qu'il veut c'est remonter à la surface et partir loin de ce monstre. Fuir face à ses dents et ses griffes qui pourraient lui ôter bien trop rapidement la vie.

Le besoin de respirer devient à présent vital. Son corps recherche désespérément de l'air et un nouveau spasme le force à ouvrir les lèvres. Son diaphragme tire violemment ses poumons vers le bas, voulant créer un appel d'air pour satisfaire enfin son corps. Pourtant il n'y a que l'eau qui l'entoure. Celle-ci envahit sa bouche et pénètre sa gorge et ses poumons, brûlant tout sur son passage. Il étouffe, non il se noie.

Cela fait tellement mal. Et alors qu'il pense qu'il est impossible de souffrir plus, des mains viennent parcourir son corps. Elles se montrent d'abord coquines et joueuses, se glissant sous ses restes de vêtements et découvrant sa peau. Puis leurs prises se font plus fermes, des griffent s'enfoncent dans la peau pour maintenir leur proie bien en place. Des lèvres viennent ensuite se poser dans son cou. D'abord il a l'impression de sentir sa langue le parcourir, puis des baisers l'apaiser. Avant que des crocs ne viennent s'enfoncer profondément dans sa chair.

Un cri muet s'échappe de sa bouche, aucune bulle ne la quitte pour guider sa douleur vers la surface. Plus que ses poumons, c'est à présent tout son corps qui est en ébullition. Car dans ses veines ce n'est plus du sang qui coule, mais bien de la lave en fusion. Il s'agite mais ne parvient pas à échapper à la poigne de fer de la sangsue.

Comment est ce possible de brûler ainsi de l'intérieur, de sentir son cœur se calciner et ses pensées fondre alors que l'eau l'encercle et l'emprisonne. Pourquoi ne peut elle pas éteindre cette torture ?

Il n'arrive plus à réfléchir. Pourquoi la mort ne l'accepte-t-elle pas ?

En plus de cela, c'est maintenant ses oreilles ainsi que sa tête qui semble vouloir exploser.

Il remonte son visage vers le haut. Vers le ciel. Voulant supplier Dieu de lui venir en aide. Mais la surface à disparu. La sirène est en train de l'entraîner vers son royaume. Les faisant couleur alors qu'elle continue de s'abreuver de son sang.

Il est seul. Entouré par l'obscurité et le vide.

Avec pour unique compagnie un démon en train de se nourrir de son âme.

Après une lente agonie, ses paupières se ferment et tout s'arrête brusquement. Plus de peur, de tristesse ou de douleur.

Pardonne-moi mes offenses, comme je pardonne aussi à ceux qui m'ont offensé.

Amen


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Ce chapitre n'a pas du vous arracher beaucoup de sourires. Promis ça ne sera pas toujours comme ça ;)

N'hésite pas à voter et à me laisser ton avis, merci pour ta lecture 💕

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