Chapitre 3

PDV Aloea :

L'homme était beau. Je n'en avais jamais vu un qui ressemblait autant aux mâles de notre espèce. Mais chez nous les mâles dégageaient une violence et une brutalité à l'état pur. Tout était une raison pour se battre et s'entre tué. À l'inverse celui si avait l'air pur, si fragile...

Je me penchais vers lui et caressais sa joue qui était tellement douce, tellement froide. Les hommes avaient d'habitude des poils hirsutes et piquants à cet endroit. Pourquoi n'était ce pas son cas ?

Un sourire, aux dents blanches et bien alignées, illuminait son visage jusqu'à ses yeux. Souvent j'avais remarqué qu'il manquait des dents aux hommes. De plus lorsqu'ils me souriaient ce n'était pas pour m'exprimer leur joie mais leurs vices. À ce moment là je savais qu'ils méritaient de disparaître.

Je finis par m'accroupir pour être à sa hauteur et le détailler plus encore. Ne voulant manquer aucuns détails ce beau morceau de chair que j'avais entre les mains.

Un ange ? Que voulait-il dire par là ? En tout cas cela avait tout l'air d'être un compliment et il me ravissait. Oui ce mot me semblait pur, divin, tout ce que je n'étais pas. D'un coup de griffe je tranchais le tissu qui recouvrait son buste. Moins musclé que la plupart de nos mâles il n'en restait pas moins beau. Des poils blonds tentaient de cacher sa peau de mon regard. Sa nouveauté me semblait tellement rafraîchissante, j'avais soudain envie de tout découvrir de lui.

Son regard se troubla à mon geste et l'homme se recula en glissant sur ses fesses.

- Que faites-vous ?

Ça y est, il commençait à ressentir un peu de peur fasse à moi. D'habitude je trouvais cela grisant mais aujourd'hui cette émotion ne m'apportait aucun plaisir. Même au contraire un peu de frustration. J'avais envie qu'il me regarde à nouveau avec cet air de béatitude, d'adoration...
Qu'était il en train de m'arriver ?

- Je regarde à quel point tu es appétissant. Je n'ai jamais eu la chance d'avoir une proie comme toi. Saches que tu es un régal pour mes yeux. Tu m'as l'air délicieux.

L'homme fronça les sourcils et se redressa alors sur ses deux pieds. Je l'imitais donc et fus surprise de devoir lever la tête pour continuer d'affronter son regard. Il était plus grand que moi au contraire de nos mâles qui faisait tous notre taille. Je ne savais pas vraiment si j'appréciai cette différence ou non.

- Vous... Vous n'êtes pas un ange ?

- Non en effet. Je suis une sirène. Toi et tes compagnons vous êtes notre plat du jour.

Le brun se toucha rapidement les épaules, la tête et le torse en ayant l'air horrifié par mon annonce. Ce fut à moi d'être plutôt décontenancé. Ne devrait-il pas me fuir au lieu de faire des gestes inutiles ?

Avant que je ne puisse dire quelque chose de plus il se jetta à mes pieds les mains liées dans ma direction.

- Je vous en supplie... Je... Je suis trop jeune pour mourir. J'ai encore tant de choses à découvrir. Épargnez-moi je... Je prierais pour votre âme... Enfin je veux dire... Je ferais ce que vous voulez.

Une grimace accompagnée d'un rire moqueur m'échappe. Il est tellement faible. Tellement naïf. Sa voix qui était grave quelques instants plus tôt était à présent plus aiguë et tremblante.

Prier pour mon âme ? Je ne comprends même pas le sens de cette phrase. Pourtant bizarrement au fond de moi elle me touche et semble avoir une grande importance. En tout cas elle en a une pour l'homme.

- Et de quoi vais je me nourrir si je ne te tue pas ?

- De poisson ?

- Parce que tu penses que leur vie vaut moins que la tienne ?

Sa bouche s'ouvre et se referme sans qu'aucun mot n'en sorte. Au fond de ses yeux je peux voir des milliers de questions fuser.
Nous les sirènes avons la plupart du temps un visage impassible, un regard impénétrable.
Tout en lui me semble tellement nouveau... Tellement intéressant.

Je glisse ma main dans ses cheveux et les caresse doucement avant de tirer dessus pour observer ses changements d'expressions.
D'abord une espèce d'espoir, un relâchement au niveau de ses épaules. Puis la douleur, la peur, une grimace horrifiée déforme ses traits. Tous ses muscles se tendent jusqu à ceux de son buste.

- Si je te laisse sur ce bateau tu mourras de toute façon. La mer ne te laissera pas partir et dévoiler ses secrets. La seule solution serait que je t'emmène avec moi. Chez nous.

Ma main tirant toujours ses cheveux et les yeux plongés dans les siens nous nous observons longuement. L'incompréhension se lit dans son regard et il ne semble pas croire ou comprendre ce que je lui dis.

- Mais c'est impossible. Je ne pourrais pas respirer sous l'eau. Et je ne sais pas nager.

Ma main glisse sur son cou que je serre doucement sans vraiment lui faire mal. J'adore sentir que c'est moi qui le domine. Que je pourrais le briser en un mouvement de poignée. Je sens son pouls contre ma paume, il me semble étrangement rapide.

- Nous avons une légende... Et il ne te coûtera rien de tenter l'expérience. Si cela fonctionne tu vivras. Et sinon je me nourrirais de ton corps.

- Une légende ? Que raconte-t-elle ? Mais est ce que je pourrais un jour retrouver les miens ?

Je ferme un instant les yeux pour replonger dans mes souvenirs. Essayant de me remémorer cette histoire que l'on m'a racontée lorsque j'étais encore enfant.

- Une de mes sœurs avait rencontré un homme comme toi. Il avait été jeté à la mer par son peuple comme sacrifice alors que la tempête commençait seulement à éclater. Mon ancêtre a été prise de pitié en se retrouvant face à lui. Elle aussi était une paria parmi les nôtres et elle s'est donc reconnue en lui. Selon la légende elle aurait bu son sang et ainsi mélangé au sien afin de lier leur destin.

Le marin déglutit péniblement tandis que je caresse doucement une veine qui ressort de son cou me délectant à l'avance de le goûter.

- Et ensuite ? Que c'est il passé ?

- La sirène l'a ramené dans notre royaume. Il pouvait vivre comme nous. Mais lorsqu'elle fut assassinée par un de nos mâles il mourut aussi tôt.

L'homme ferma les yeux et des gouttes d'eau roulèrent sur ses joues. Je les regardai glisser sur sa peau avec surprise avant de venir en lécher une ce qui le fit sursauter de stupeur. Ce n'était pas des perles de pluies. Elles avaient le même goût salé que la mer.

Décidément, les hommes sont pleins de surprises. Il m'amusera pendant un temps, je pourrais découvrir tous les secrets que cachent les hommes. Il me racontera la vie qu'il menait loin de l'océan. Ainsi je pourrais enfin voyager grâce à ses récits. Puis je finirais par me lasser de lui.
À ce moment-là, je ferais ce pourquoi la mer l'a envoyée à moi. 

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