Chapitre 2

La pluie tombe à grosses gouttes sur le visage de Marin, le vent fouette les voiles et enrage la mer. Dieu semblait être de leur côté pendant tout le début de la traversé. La mer était calme mais il y avait suffisamment de vent pour gonfler les voiles et les faire avancer vers leur destination. Cependant cette nuit leur chance semble les avoir abandonnés. Les éléments se déchaînent contre eux et semblent avoir la ferme intention de les faire chavirer.

Les yeux plissés Marin court pour tenir fermement une corde afin d'aider d'autres camarades à tirer sur les voiles pour retenir le bateau droit.

C'est le moment pour lui de faire ses preuves. Montrer qu'il n'a pas peur et qu'il est capable d'exécuter les ordres sans jamais broncher. Il n'y a pas de temps pour se laisser gagner par la panique de toute façon. Sa carrière et sa vie se jouent peut être maintenant. Dans tous les cas, Dieu veille sur lui, il en a la certitude.

Le capitaine cris des ordres qui sont emportés par la tempête. Cela fait maintenant plus de trois heures qu'ils luttent contre la mer agitée. La fatigue et le désespoir commencent à se faire ressentir. Quand ce cauchemar prendra-t-il donc fin ?

L'équipage est trempé et frigorifié, le combat devient de plus en plus difficile. La force des deux adversaires n'est en rien comparable et l'issu semble de plus en plus sombre pour les marins. L'espoir tout comme le mat commencent à ployer face à la force des éléments. Le blond ne sent plus ses doigts, devenus violet, depuis bien longtemps maintenant. Aussi quand une énième vague vient s'éclater sur eux, il lâche prise et glisse sur plusieurs mètres avant de se rattraper à un tonneau.

Malheureusement, il n'est pas le seul à être tombé. La voile n'est plus retenue et commence donc à s'agiter en tous sens, portée par la houle. C'est comme si le diable l'avait compris, la tempête redouble d'intensité et le bateau penche de plus en plus dangereusement sur la gauche.

Avant qu'il ne soit trop tard le jeune homme se relève et cours de l'autre côté du pont pour s'accrocher à la rambarde. Mon Dieu, cette fois c'est fini, le navire va couler. Les cris de ses camarades et les insultes des supérieurs se rajoutent au chaos créé par la tempête.

Ses lèvres se mettent à bouger toutes seules pour réciter des prières qui lui font oublier tout ce qu'il se passe autour de lui. Il n'entend alors plus le bruit de la mer ou les hurlements des marins. Les yeux fermés et les bras aussi fermement accrochés que possible à sa prise, il attend le sort que son Dieu lui a destiné.

Il le supplie de le laisser en vie. De ne pas le rappeler si tôt auprès de lui. Il n'a que vingt ans, il lui reste tellement de choses à vivre. La mort le terrifie, il ne veut pas souffrir. Car il n'y a pas de doute la dessus, l'eau glacée ne lui offrira pas une mort douce. Non, d'abord il se débattra pour remonter à la surface, s'épuisant inutilement car il ne sait pas nager. Dans le même temps la mer glacée s'occupera de lui couper la respiration et de pétrifier ses muscles. Quand l'aire viendra à lui manquer des spasmes le forceront à ouvrir la bouche. Alors l'eau salée s'infiltrera dans sa gorge, remplira ses poumons laissant une sensation de brûlure sur son passage. Et cela l'étouffera. Son cerveau ne pourra plus recevoir d'apport en oxygène. Son agonie pourrait durer dix minutes.

- Ne me laisse pas mourir, je t'en prie ne me laisse pas mourir...

Mais si malheureusement c'est ainsi que doivent se faire les choses, il prie pour que Dieu lui ouvre les portes du paradis. Parce qu'il le mérite, il n'est ni un rebelle ni un mauvais garçon. Qui s'occupera d'essuyer les larmes de ses pauvres parents s'il n'est plus là ? Ils n'auront même pas de tombe sur laquelle venir se repentir, son cadavre restera seul au fond de l'océan. Mais il prie longuement pour que sa famille se remette de sa perte.

Sa pauvre maman, ses pauvres sœurs, son pauvre père... Mais il était certainement le plus à plaindre. Il pouvait dire à Dieu à ses rêves. Et oublier tout le bonheur qu'aurait pu lui apporter la vie.

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Tandis que le jeune homme priait sans jamais s'arrêter et semblait totalement coupé du monde. Les autres marins se laissaient volontairement tomber dans les eaux tumultueuses les uns après les autres avec le sourire aux lèvres. Une force obscure leur dictait de ne plus se fier à la raison et de laisser le désir prendre possession de leur conscience.

Leurs jambes avançaient seules vers le bord du bateau pour s'élancer par dessus bord. Non, ils ne reculaientt pas devant la mort, ils couraient vers elle. Lui tendant les bras pour venir l'embrasser.

Les sirènes avaient entonné leur chant. Chacun destiné à un seul homme qui se hatait de rejoindre sa nymphe. Une fois dans l'eau ils avaient à peine le temps d'admirer l'être de perfection qu'une main s'enfoncait douloureusement dans leur poitrine. Leur conscience leur était alors rendue. Mais ils avaient à peine le temps de crier avant que leur cœur ne leur soit arraché. Ensuite, la femme des mers entraînait la dépouille vers son royaume pour profiter de la chair encore tendre.

Toutes ses sœurs avaient maintenant disparu et Aloea sentait maintenant la honte la gagner. Son marin ne semblait pas l'entendre. Elle avait beau chanter de plus en plus fort il n'arrêtait pas sa tirade destinée à son Dieu. Était-elle si peu intéressante face à ses mots qui n'avaient aucun sens ?

"Je vous salue, Marie, pleine de grâce
Le Seigneur est avec vous
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni
Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous
Pauvres pécheurs
Maintenant et à l'heure de notre mort
Amen"

"Aime moi marin, Laisse ton corps sombrer avec moi, Ne pense plus aux tiens, Oublie ton monde renie ta foi, Mes bras souffrent de ton absence, J'ai tant rêvé de nous, Ne me laisse pas retomber dans mon silence, Bientôt nous formerons un tout."

Bien sûr ce n'était pas la première fois qu'un homme priait pendant la tempête. Pourtant d'habitude, à peine avait-elle commencé son chant que le marin s'arrêtait pour venir la rejoindre.

Devait-elle monter sur le bateau pour venir le chercher elle-même ? Son déshonneur serait immense si elle rentrait chez elle sans sa proie. En même temps il finirait forcément par lâcher quand ses forces le quitteraient... Mais la patience n'était pas son fort.

Pourtant elle n'avait jamais eu à quitter l'eau pour aller chasser son repas. Cela avait quelque chose d'excitant finalement de déroger à ses habitudes. Allait elle devoir se battre contre lui ? Lui opposerait il une résistance qui l'obligerait à le frapper et l'écraser contre les planches de bois jusqu'à ce qu'il en meurt ?

Aloea ordonna à la mer de stabiliser le bateau et de la guider sur le pont. En quelque seconde sa demande fut exaucée et la sirène se retrouva agenouillée à côté de l'homme.

Son regard curieux parcourait le marin qui lui se tenait la tête. Il était jeune et regroupé sur lui-même. Ainsi elle ne pouvait pas voir son visage, seulement ses cheveux d'un blond brillant et son corps svelte mais bien musclé. Le garçon releva finalement la tête et elle vie un regard différent de celui qu'elle avait vu dans les yeux des autres hommes.

Il ne lui renvoyait aucun désir. Il ne semblait pas vouloir la posséder. Au contraire même. Dans ses yeux elle ne trouvait que de l'adoration, de la soumission. Un amour sans faille.

- Un Ange... Dieu m'a envoyé un ange.


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