Partenaires - Part 2
Sen s'approcha et leva sa lanterne. C'est alors qu'il vit la mare de sang autour de lui. Celui-ci coulait de ses poignets qu'il avait entaillés. Sen s'agenouilla et essaya de voir s'il pouvait entendre son cœur. Il lui semblait percevoir un battement très faible. Le sang était frais. Il avait dû s'entailler les veines en regardant le soleil se coucher. Il pouvait peut-être encore le sauver.
Sen déchira sa cape et fit 2 bandages serrés autour de ses poignets. Puis il le mit tant bien que mal sur son dos et entrepris de le porter jusqu'à la maison. Il était lourd mais il devait y arriver. Il parvint à bon port et le déposa sur le lit. Il lui enleva sa tunique pleine de sang, alla chercher une cuvette d'eau et des linges pour lui faire des pansements propres. Il pensa soudain à la pommade cicatrisante qu'Oïlane lui passait quand il avait des blessures. Il ouvrit le tiroir de la table de chevet. Mais le pot ne s'y trouvait plus.
Il alla dans le laboratoire et regarda sur les étagères. Tous les pots étaient étiquetés... mais il ne savait pas lire. Pourquoi n'avait-il pas fait attention aux caractères sur le pot quand Oïlane le soignait !!! L'odeur ... peut être pourrait-il reconnaître l'odeur particulière. Il se mit à ouvrir les pots 1 à 1 et à les sentir. A un moment, il crut que c'était le bon ... mais pas tout à fait. Au bout du 15ème pot, il fut sûre de l'avoir trouvé et retourna dans la chambre.
Il enleva les bandages de fortune qu'il lui avait fait, nettoya au savon les plaies et les sécha soigneusement. Il ouvrit le pot et commença à enduire ses poignets. Le sang semblait cesser de couler progressivement. Il recouvrit les plaies d'un linge propre et refit des bandages. Son visage avait repris quelques couleurs. Il caressa sa joue puis son front, qui lui sembla légèrement chaud. Il alla vider la cuvette et remettre de l'eau claire. Il imbiba un linge et le lui posa sur le front. Il se pencha pour écouter son cœur. Les battements étaient réguliers mais faibles.
Que pouvait-il faire? Il ne connaissait personne. Il ne savait même pas où se trouvaient ses plus proches voisins ! Oïlane perdait ses forces... son énergie... il pouvait peut-être essayer de le régénérer ? Mais est-ce que ça ne risquait pas d'aggraver les choses ? Tant pis s'il mourrait, il le rejoindrait ensuite. Sen éteignit toutes les lumières, laissant la chambre seulement éclairée par le clair de lune. Il finit de dévêtir Oïlane et fit de même. Il s'allongea à ses cotés puis commença à l'embrasser pendant que sa main lui caressait doucement le sexe. Il descendit ensuite sa bouche jusqu'à celui-ci puis se mis à le sucer et le caresser. Au bout d'un moment, il commença à le sentir se durcir et se dresser. Sen se souleva, vint se mettre à califourchon sur lui et entreprit des va et vient d'avant en arrière. Il ne savait pas combien de temps il lui faudrait mais il ferait ça jusqu'à ce qu'il reprenne conscience et tant que battrait son cœur. Le temps passa. Il se fatiguait mais il ne pouvait pas se permettre d'arrêter. Il ferma les yeux. Des larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Il ne voulait pas le perdre. Il avait pris tellement d'importance dans sa vie. La respiration d' Oïlane semblait plus forte. Soudain, il sentit 2 mains lui saisir les hanches. Il ouvrit les yeux , Oïlane le regardait.
- Si c'est un rêve, je ne veux pas me réveiller dit-il dans un souffle puis son regard tomba sur ses bandages. Sen se pencha vers lui et prit son visage entre ses mains.
- Si c'est un rêve, ce qui est en moi, me semble bien vigoureux. Puis il l'embrassa doucement. Oïlane le serra brusquement dans ses bras et écrasa sa bouche contre la sienne.
- Aïe ! ...Tu me fais mal. Oïlane le regarda de plus près et vit la marque violacée, sa lèvre enflée et la coupure au coin de sa bouche.
- C'est moi qui t'ai ... Sen colla son front au sien.
- Non, mais c'est grâce à ça que j'ai compris que je voulais rester avec toi. J'ai décidé que je serai ton cadeau d'anniversaire et toi... Veux- tu être le mien ? Oïlane le renversa sur le lit et pesa de tout son poids sur lui. Il déposa un léger baisé sur ses lèvres, pénétra plus profondément en lui et posa ses paumes contre les siennes. Sen écarquilla les yeux, il savait ce qu'il allait faire.
- Je viens de réaliser qu'en 6 mois je ne t'ai jamais demandé ton nom et toi tu ne me l'as jamais dit !
- Sen
- Alors, Moi Oïlane , désire te prendre, toi Sen comme partenaire jusqu'à la fin de mes jours.
Le pacte des partenaires, pensa Sen. L'équivalent des fiançailles pour les humains.
- Moi Sen, désire te prendre Toi Oïlane comme partenaire. Je te jure de t'aimer et de t'être fidèle jusqu'à la fin de mes jours.
- Ceci est un contrat magique entre partenaires. Mais avant de le sceller je veux rajouter que moi aussi je jure de t'aimer et de t'être fidèle jusqu'à la mort. Leurs lèvres s'unirent pendant qu'une brûlure et une décharge traversaient leurs mains. Nous, nous appartenons l'un à l'autre maintenant. Bon anniversaire, mon amour.
- Bonne anniversaire à toi aussi, mon amour.
Ils passèrent le reste de la nuit à s'aimer et à parler de tout et de rien jusqu'aux 1ère lueurs de l'aube. Sen reposait contre Oïlane dont la main effectuait de douces caresses le long de sa colonne vertébrale.
- Pourquoi as-tu fait ça ? l'interrogea Sen
- Et toi, pourquoi avais tu décidé de mourir il y a 6 mois ? Sen soupira et serra la mâchoire.
- Il y a des choses dans ma vie qui me font honte et me dégoûtent . Des choses que je ne veux pas que tu apprennes. Depuis ma naissance, on me répète que je ne suis qu'un déchet qui ne mérite pas de vivre. Je crois que d'une certaine façon j'ai fini par le croire.
- Tu n'es pas un déchet, tu es quelqu'un de magnifique, tendre et aimant. Tu es une personne, pas une chose.
- Une chose... sais tu que je n'existe même pas ? Je n'ai légalement ni existence, ni aucun droit. Ma naissance n'a jamais été déclarée et les registres de bataille qui mentionnent la mort de mes parents lors de la mise bas, ont disparu. J'ai essayé de les retrouver, mais sans succès. Officiellement, ils sont morts au combat.
- Qui t'a élevé ? Sen se ferma complètement et resta silencieux. Oïlane décida de ne pas insister. Quand il serait prêt à parler il le ferait.
- Moi, j'ai grandi dans une famille aimante. A partir de mon 2ème cycle sexuel, j'avais déjà un cycle d'accouplement d'un jour sur deux. Seuls les plus âgés pouvaient supporter de le faire avec moi. A 16 ans, j'ai tué mon ami d'enfance que l'on avait désigné pour être mon partenaire. Nous avions le même âge. Onyx a réussi, plus ou moins, à trouver un remède me permettant de contrôler la violence de mes rapports. Mais avec le temps, ce traitement a cessé de faire effet. Il y a 1 an j'ai tué un deuxième partenaire. C'était un prostitué. Quand je t'ai rencontré, je ne ressentais plus du tout les effets du médicament. Je me suis octroyé un sursis avec toi. Quand tu es parti hier matin...je savais que je n'avais pas le droit de te retenir. Je suis un tueur. C'est d'ailleurs le surnom que l'on me donne. Alors puisque je t'avais perdu, j'ai attendu au pied de notre arbre en repensant à tous ces moments merveilleux que nous avons passés ensemble le mois dernier, puis quand le soleil a commencé à descendre à l'horizon, je me suis tranché les veines en regardant le soleil couchant et en pensant à toi. Quand j'ai repris conscience, tu étais en train de me faire l'amour pour me régénérer. Je croyais rêver, tu ne pouvais pas être là. Mais tu l'étais ! Et maintenant, tu es mon partenaire. Oïlane planta son regard dans celui de Sen. Tu me raconte ce qui c'est passé ? Et comment tu t'es fait ces blessures ? Oïlane passa doucement son doigt sur sa joue.
- Pour simplifier les choses, on va dire que j'ai fait une mauvaise rencontre.
- Sen, cette nuit, j'ai bien vu que tu n'avais pas que des blessures sur le visage. Quelqu'un a essayé de te prendre de force.
- Et je m'en suis débarrassé sans qu'il puisse y arriver. Sen eu un petit rire. Je l'ai envoyé se fracasser contre un mur, ça l'a mis KO un certain temps. Puis avec plus de sérieux.
- Je me suis aussi aperçu que je ne supportais pas qu'il me touche. J'en ai vomis. Tu vois, même mon corps ne veux appartenir qu'à toi fit il en riant de nouveau. Il leva la tête vers son partenaire. Celui-ci avait l'air pensif.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Rien ne t'inquiète pas ... changeons de sujet, j'ai faim et toi ?
- Je suis affamé , je n'ai rien avalé depuis hier midi !
- Moi non plus. Mais avant, peux- tu peux m'aider à refaire mes bandages ?
- Toujours à ton service ! Le pot de pommade est dans le tiroir de la table de chevet. Oïlane se pencha et le prit. Il le regarda en fronçant les sourcils.
- Sen, tu m'a dit que tu ne savais pas lire, alors comment l'as tu trouvé ? Il était rangé au milieu des autres.
- A l'odeur
- A l'odeur ?
- Oui, il a une odeur spéciale. Il y en a un autre qui lui ressemble beaucoup mais il manque quelque chose...
- Oui tout à fait ! Sen tu aimerais que je t'apprenne à lire et que je t'initie à l'art de la médecine ?
- Je ne pense pas êtres assez intelligent pour ça.
- Comment le sais-tu, si tu n'essaies pas ? Laisse-moi juger de tes aptitudes dans l'art de guérir.
- Si ça te fait plaisir... je pourrais t'accompagner quand tu vas voir un patient ?
- Ce sera ton devoir même !!! Ils partirent tous les 2 dans un grand éclat de rire. On en profitera pour soigner tes propres blessures. Sen acquiesça.
La vie reprit son cours. Oïlane et Sen s'entendaient à la perfection et étaient complémentaires. Il s'avéra que Sen était vraiment très doué dans l'art des plantes. Il pouvait identifier un nombre incalculable d'entre elles rien qu'à leur odeur ! Il pouvait aussi retrouver la composition d'un onguent ou d'une pommade rien qu'en humant leur parfum ! Les jours, les semaines puis les mois passèrent. Un soir après s'être accouplé, Oïlane serra très fort Sen dans ses bras et lui demanda.
- Sais tu quel jour nous sommes ?
- Le 2ème jour de la semaine ...
- Cela fait 1 an aujourd'hui que nous nous sommes accouplé pour la toute première fois.
- Le 28ème jour du 2ème mois d'automne ...
- Oui... Oïlane eut l'air d'hésiter. Sen tu m'aimes ?
- Bien sure, pourquoi tu me poses une question aussi stupide ?
- Parce que j'espère que tu vas me pardonner ce que je vais faire ! Oïlane le pénétra sans le prévenir et saisit ces mains en posant leurs paumes face à face. Sen écarquilla les yeux !
- Non, ne fais pas ça !!! Les yeux d' Oïlane devinrent rouge, des crocs pointèrent sous ses lèvres et il les planta dans le cou de son partenaire.
Sen senti une brûlure intense au niveau de la morsure. Le venin passait en lui, enflammant son corps tout entier. Puis la brûlure se calma et des images commencèrent à affluer dans son esprit, des sentiments, des peurs, la douleur ressenti lorsqu' Oïlane avait compris qu'il avait tué son ami d'enfance en s'accouplant avec lui. Les remords de briser les âmes innocentes de ses partenaires. Le désespoir quand il l'avait regardé partir 6 mois auparavant. Le bonheur de le retrouver. L'amour qu'il éprouvait pour lui... la peur d'être rejeté après avoir décidé de tisser le lien...
Sen savait que la même chose arrivait à Oïlane et que maintenant, il était au courant de tout. Il avait peur qu'il le rejette, horrifié par ce qu'il avait fait et vécu.
Les crocs d' Oïlane quittèrent son cou. Il le serrait si fort ! Il se souleva légèrement, ses yeux étaient remplis de larmes. Ses yeux... rouges... maintenant il comprenait pourquoi il était différent.
- Sen, comment as-tu pu survivre à ces horreurs qu'ils t'ont fait subir ? Comment peux-tu penser que tu l'avais mérité ?
- J'ai tué leur enfant !
- Non, il t'a donné la vie, sa mort n'est qu'un accident qui peut arriver à n'importe quel dragonaute et son partenaire lorsqu'ils ont un enfant !
- Ce n'est pas ce qu'ils pensaient ... tu sais, j'ai pris conscience très jeune que j'étais un déchet... et un meurtrier.
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