Le soleil couchant teintait de rouge les murs de la cité d'Idrissa. Le grand dôme de la ville haute pointait vers le ciel rougeoyant. Sen s'était glissé à l'extrémité Ouest de la grande esplanade. Il avait l'habitude de venir regarder le lac s'embraser sous les derniers rayons du soleil. Dans quelques instants le ciel allait devenir aussi noir que les ténèbres et la vie reprendrait dans les bas fonds de la grande cité des dragons. 

Il devait y retourner sans être vu. Il se leva et se dirigea vers le passage qui descendait dans les entrailles de la cité. Avant de s'y engouffrer, il se retourna pour voir le soleil disparaître dans le lac pour la dernière fois. Il y avait longtemps qu'il ne ressentait plus rien, qu'il se sentait vide et n'arrivait plus à trouver une raison pour continuer de vivre. Arrivé en bas des escaliers de pierre, il traversa le pont qui surplombait de gouffre du dragon et s'engagea dans une ruelle qui rejoignait la rue principale.

 Les échoppes sales et malodorantes étaient en train d'ouvrir, proposant des produits légaux en devantures et d'autres qui l'étaient un peu moins en arrière boutique. Il tourna à droite après celle de l'herboriste et remonta la ruelle des prostituées. Certaines des résidentes le regardaient en le dévorant des yeux. Il se savait séduisant avec ses traits fins, ses yeux peu commun d'un bleu intense et ses cheveux aussi noir que l'ébène. Les « collègues » hommes eux, pour la plupart, le regardaient avec un air reconnaissant. Sen était le seul, qui parmi les prostitués des bas fonds, acceptait les dragons comme clients. Il faut dire que pour s'accoupler avec eux, il fallait des aptitudes physiques peu communes que n'avaient pas les humains normaux. 

Mais Sen n'était pas complètement humain. Il était ce que les dragons appellent un "incomplet ", c'est à dire, un enfant né d'un dragonaute et d'un dragon mais dont les parents étaient morts avant l'émission de l'œuf de dragon qui lui donnait plus tard la possibilité de se transformer ou d'enfanter un dragon.

Sen se dirigea vers sa chambre. Au pied de la bâtisse où elle se trouvait, un homme portant une grande cape sombre avec la capuche rabattue sur la tête, attendait. Sen le reconnu aussitôt. C'était l'un de ses clients régulier depuis 2 ans. Un dragon du nom de Lance. Celui-ci releva la tête et lui adressa un faible sourire. Il n'avait pas l'air d'aller très bien. Sen s'arrêta en face de lui.

- Nous ne devions pas nous voir aujourd'hui.

- Je sais, répondit Lance dans un souffle. Ma partenaire Shana a eu un léger accident. Elle est hospitalisée pour 2 jours.

- Depuis combien de temps ne t'es tu pas accouplé pour te régénérer ?

- 4 jours, nous aurions dû le faire hier.

- Très bien, suis-moi. Je peux t'accorder une heure.

Sen se retourna et monta l'escalier. Arrivé au 1er étage, il suivit la passerelle et s'engagea dans le couloir qui menait à sa chambre. Lance le suivait, silencieux. Arrivé devant sa porte, il fit jouer le système d'ouverture et entra, allumant au passage les 2 lampes qui diffusaient une lumière tamisée. Sen se dirigea vers le lit, enleva sa chemise ainsi que son pantalon qu'il déposa sur une chaise. Il s'allongea sur le dos et écarta les jambes en les relevant légèrement.

- Tu préfères commencer par-devant il me semble. Déshabilles toi. Tu disposes de mon corps pour 1 heure.

Lance, après s'être dévêtu, vint s'allonger sur lui. Glissant sa main droite le long de sa hanche, il caressa l'arrondi de ses fesses pendant que sa main gauche s'emparait de son sexe puis le caressait. Elle glissa ensuite doucement vers son entrejambe pour finalement introduire 2 de ses doigts dans son anus.

- Tu n'es pas obligé de me préparer, tu peux me pénétrer directement.

- Je ne veux pas te faire mal! lui répondit Lance en se soulevant légèrement pour le regarder dans les yeux.

- Tu ne me feras pas mal, je suis habitué. En général, mes clients ne sont pas aussi prévenants que toi. Si tu sens une résistance, pénètre-moi d'un coup sec.

Lance se redressa et lui souleva les jambes un peu plus haut. Il posa la main sur le lit au niveau de la poitrine de son partenaire, puis il lui cala les fesses contre ses cuisses. Il pris son sexe dans sa main libre et s'introduisit en lui. Une brûlure vint déchirer le bas ventre de Sen, mais il ne montra rien. Il senti le sexe de Lance s'enfoncer profondément en lui, puis amorcé un lent va et viens. Il savait que ce mouvement allait très vite s'accélérer car Lance était en retard sur son cycle d'accouplement. Il devait être frustré et ne plus maîtriser ses pulsions. Sen jeta un discret coup d'œil à l'horloge près de la porte. Il était 21h15. Un à-coup plus violent que les autres lui fit agripper le drap du lit. Il ferma les yeux. Il se concentra et fixa son esprit sur la dernière vision du lac qu'il avait eu peu de temps auparavant. Faire s'évader son esprit vers un lieu paisible, était la seule solution qu'il avait trouvé pour supporter les coïts brutaux des dragons et cela ...depuis toujours. 21h30, il avait raison, les assauts de Lance étaient de plus en plus violents. Un humain en serait probablement mort. Puis progressivement, ils ralentirent et Lance s'allongea de nouveau sur lui. Il se retira et vint l'embrasser dans le cou. Puis sa bouche descendit jusqu'à sa poitrine ou il lui mordilla les tétons. Sa bouche continua son chemin jusqu'à son bas ventre et s'empara de son pénis qu'il se mit a léché et sucer.

- Tu sais bien que s'est inutile, je suis incapable de bander! Lance releva la tête avec un petit rictus au coin des lèvres.

- Je sais mais je ne risque rien a essayer! fit il avec un petit rire. Retournes toi et passons aux choses sérieuses...

21h45 Bon timing... Lance le fit se mettre sur les genoux, lui posa une main sur la hanche et de l'autre lui appuya sur la tête, qu'il enfoui dans l'oreiller. Il s'introduisit en lui avec violence. Il avait perdu le contrôle. Sen s'y attendait. Il ne lui restait plus qu'à attendre qu'il ait fini. Connaissant les capacités et les besoins sexuels de son client, une demi heure devrait lui suffire à se rassasier. 22h10 les va et viens revinrent à la normale. Au moment où Lance se retira, sa semence coula entre les cuisses de Sen. Heureusement qu'il était stérile. Lance posa son torse sur lui et l'embrassa sur la nuque , promenant ensuite ses lèvres sur son dos, celles-ci remontèrent de nouveau vers son cou, où il fit mine de vouloir le mordre. Sen se retourna brusquement en le repoussant.

- Pas de ça Lance, tu sais très bien que je ne peux pas me "lié" et tu as déjà une partenaire.

- Nous ne sommes pas liées, elle et moi! fit Lance en se redressant. Tu crois que ça me plaît d'avoir une femelle comme partenaire. On ne pourra engendrer qu'un dragonaute et pas de dragon! Mon père est furieux après le comité d'accouplement! On aurait vraiment dit un gosse ce dit Sen. Il faut dire qu'il avait à peine 18 ans.

- Et moi, je suis un "incomplet". Maintenant laisses moi! tu as eu ce que tu voulais. Laisse l'argent sur la table et va-t'en !

Lance soupira, se leva et commença à se rhabiller. Sen se leva à son tour et se dirigea vers la cuvette d'eau. Il prit le linge humide qui se trouvait sur le bord et s'essuya entrejambe. Lance vint se coller contre son dos et l'enlaça.

- Pardonnes moi, j'ai été stupide. Lance promenait ses lèvres autour de son oreille, lui mordillant le lobe au passage. On peut se revoir dans 3 jours?

- Non ce n'est pas possible fit Sen d'un air agacé en dégageant brusquement son oreille de sa bouche.

- Tu es toujours fâché ? je t'ai pourtant demandé pardon. Les mains de Lance lui caressait maintenant le bas-ventre et ses mains s'égarèrent sur ses cuisses.

- Je dois m'absenter quelque temps pour des raisons familiales. Je ne sais pas quand je reviendrai...

- Dans ce cas, dès que tu rentres, fais moi porter un message et ... je voudrais que tu me réserve une nuit complète. Je veux pouvoir m'endormir et me réveiller au moins une fois dans tes bras ... Regardes moi... Sen ne bougea pas et garda le silence. Lance s'écarta de lui résigné.

- J'ai laissé l'argent sur la table. Sen regardait toujours droit devant lui sans dire un mot. Lance quitta la chambre sans rien ajouter. Il était 22h15.

C'était mieux ainsi. Sen avait conscience de l'attachement de Lance envers lui. Il aurait moins mal en ne le voyant pas revenir. Il se retourna, alla verrouiller la porte et engloba la pièce du regard. Il ramassa l'argent sur la table et le glissa dans son sac de voyage. Il prit sa chemise et la passa. Quelqu'un frappa à la porte. Qui cela pouvait-il bien être? Il n'attendait aucun client ce soir. Était- ce Lance qui était revenu? Il hésita, déverrouilla la porte puis l'ouvrit.

Un homme jeune, grand, aux cheveux argentés lui faisait face. Comme tous les dragons, lorsqu'ils s'aventuraient dans les bas-fonds, celui-ci portait une grande cape à capuche noire. En dessous on pouvait apercevoir une tunique rouge...probablement un guérisseur. Sen observa de plus près son visiteur pour jauger de la situation. Il dégageait de lui une grande puissance qui le fit frissonner.

- Je ne prend pas de client ce soir.

- Je viens pour vous proposer un contrat. Laissez-moi entrer, écoutez moi et vous déciderez ensuite. Ses yeux gris le fixèrent avec insistance. Sen s'écarta lentement et le laissa entrer.

- Je viens vous proposer un contrat de 6 mois. Vous seriez à ma disposition 24h sur 24. Je doit m'accoupler quotidiennement, mais je n'ai pas de partenaire car j'ai tendance à les «malmener» voir ... les tuer. Sen se mit à rire.

- Vous pensez qu'en me disant ce genre de chose vous allez me convaincre d'accepter votre proposition?

- Oui, puisque vous avez décidé de mourir. Le silence se fit dans la petite chambre, puis l'homme reprit. Je vous ai observé ces derniers jours. Vous avez réglé vos quelques dettes , donné l'argent que vous aviez de côté à des personnes démunies et résilier le bail de votre chambre. Vous quittez donc la cité et vous n'y reviendrez pas. Vous n'avez prévu aucun client pour ce soir. J'en conclu que vous comptez partir tôt demain. Vous avez juste accepté le dragon qui vous attendait au pied de l'escalier tout à l'heure. A la tête qu'il faisait, il devait être en retard par rapport à son cycle d'accouplement. Vous avez copuler pendant 1 heure. Vous deviez bien le connaître, car vous avez estimé avec précision le temps qu'il lui faudrait pour ce rassasier avant même de monter... Je continue? Sen resta silencieux.

- Nous sommes demain le 28ème jour du 2ème mois d'automne. Notre contrat durera jusqu'au 28ème jour du 2ème mois du printemps. Sen sourit.

- Le 28ème jour du 2ème mois du printemps ... ce sera mon anniversaire.

- Alors cela nous fait un point en commun... enfin je devrais plutôt dire 2. Encore une chose, comme je vous l'ai dit, j'ai tendance à malmener mes partenaires et à leur faire perdre conscience ... à partir de l'instant ou vous aurez accepté le contrat , votre corps m'appartiendra pour 6 mois. Donc si vous perdez conscience, je continuerai de m'accoupler avec vous jusqu'à la fin de notre contrat bien sûr à condition que vous surviviez à la 1ère nuit.

- Et si au bout de 6 mois, je reste en vie mais que je suis inconscient?

- Je suis guérisseur, je prendrai soin de vous soit jusqu'à ce que vous reveniez à vous ou que vous mouriez, à moins bien sûr, que vous ne souhaitiez que je mette fin à vos jours. Ce sera à vous de me le dire... Il sortit de sa manche un morceau de papier qu'il posa sur la table.

- Sur ce papier, j'ai indiqué la route à suivre pour vous rendre chez moi ainsi que la somme que je vous propose pour vos services.

- Je ne sais pas lire fit Sen en fixant le papier.

- Je m'en doutais, c'est pour cela que j'ai dessiné une carte. Quant à votre salaire, sachez que vous n'aurez plus jamais à vendre votre corps pour manger. Vous aurez assez d'argent pour vous acheter une petite demeure et y vivre jusqu'à la fin de vos jours sans manquer de rien. Si vous décidez de vivre bien sûr. Je vous laisse réfléchir. L'homme se retourna et posa la main sur la poignée de la porte.

- Pourquoi moi? lui demanda Sen.

- Parce que vous êtes un "incomplet". Les dragonautes sont incapables de me satisfaire et j'ai entendu dire par certains de vos clients que vous aviez une grande résistance physique... Réfléchissez. Je vous attendrai jusqu'au couché du soleil. Si je ne vous vois pas, je saurais que vous avez rejeté ma proposition. Une dernière chose... Je m'appelle Oïlane. Il ouvrit la porte et partit sans se retourner.