- Des questions ? Questionna plus par habitude que par réel intérêt le sous-directeur en rompant le silence presque sacré qu'avait engendré sa proposition. Euh ... un petit millier, vous avez un verre d'eau sous la main ? Moi, je pense juste que si j'ouvre la bouche, ma connerie s'envolera intégralement, alors je me tais ... pour le moment ...

- Que se passe-t-il pour ceux qui sont morts ou qui deviennent tarés face à vos méthodes peu orthodoxes pour nous ''calmer'' ? Demanda prudemment une jolie brune en prenant sa question comme approbation pour prendre la parole. Bravo ma cocotte, t'a plus de couilles que les autres !

- Pour ceux qui sont morts, l'organisation fait croire aux gens qu'ils avaient repris une vie normale et qu'ils ont eu des accidents tels que des arrêts cardiaques, des accidents de la route, des attaques de chiens errants, ... bref un peu tout sous couvert de l'état, expliqua Mr Taranosviska d'un ton banal comme si le fait d'éclaircir certains sujets l'ennuyait au plus haut point. Et pour les fous, on les laisse trépasser ici en disant qu'il n'y a pas d'espoir de rédemption pour eux ou alors on les interne en expliquant que le fait de ne plus être des pécheurs leur a torturé l'âme. Heureusement qu'on a plus de morts ou de valides comme vous, sinon ce serait dur de le faire passer .... Eh ouais, c'est débile pas vrai ? BAH FALLAIT PAS COMMENCER ! Point !

Dégoûtée par ses propos, je sentais que mon niveau de crime était bien plus inférieur que tous ce à quoi ils avaient pensé pour arriver à leur fin. Comment des Hommes pouvaient arriver aussi bas en voulant soigner notre soi-disant ''mal intérieur'' alors qu'ils étaient bien pires que nous ? Enfin, pas nous tous, me dis-je en regardant du coin de l'œil certains qui semblaient admiratifs ou en extase devant un tel projet, un peu comme moi quand même. Il en fallait de l'intelligence pour penser à tout ça ... Une joyeuse bande de cinglés !

- C'est tout ?

Ah ouais, tu t'impatiente déjà ??? Bon, heureusement, ma raison a un peu pris le dessus là tout de suite, devant l'urgence de la situation.

- Notre vie sera toujours consacrée à être vos chiens de chasse ? Demandai-je, un peu dure, prenant enfin la parole.

- Dès que votre main a répondu le sang, vous n'étiez plus digne de vivre une vie normale mademoiselle Cerne, ce que je vous offre est un bien grand cadeau à mes yeux. Heureusement le directeur à su me convaincre de votre utilité il y a longtemps.

- Encore autre chose, depuis combien de temps cet endroit existe ?

- Depuis une dizaine à peu près, maximum 12. Pourquoi cette question ? Demanda-t-il comme si ce n'était pas une question qui revenait souvent.

- Comme ça.

COMME CA, JE SAIS COMBIEN D'ANNÉES VOUS AVEZ CÔTOYÉS DE VRAIS PSYCHOPATHES !

-Très bien. Vous avez fini ? Dit-il en revenant à nous tous.

- Elles sont de quelles couleurs vos chaussettes ?

MEEEERDE ! Ferme-là Bêtise !

- ....

- Vous ne savez pas ? S'il faut, vous avez pas les mêmes couleurs d'un pied à l'autre ! C'est un crime très grave envers la mode ! On vous a jamais envoyé à la gendarmerie pour entorse à l'article n°2 de la loi ultime de la mode ? NE JAMAIS METTRE DEUX CHAUSSETTES DIFFÉRENTES ! Quoique je pense que je vous estimerai un peu plus si vous faites preuve d'autant d'originalité ...

- CELA SUFFIT !

Ah, je crois que j'ai assez ouvert ma gueule pour le moment ... retour aux ailes d'ange avec l'auréole ! Je lui fit un grand sourire. Mana 1 - Ionespel 0 !

- BREF ... dit-il en se reprenant. Je vous ai dit que les autres rescapés de Ionespel devenaient des hommes vivants dehors bercés par l'illusion d'une liberté provisoire ... mais vous, je vous veux comme unité spéciale.

- Pourquoi ? Osa à nouveau le jeune de 15 ans de tout à l'heure d'une voix timide. Mais non ! Plus de fougue ! La jeunesse, c'est ça ! ALLEZ SORTEZ TOUT ! ... Pitié calme ... calme ... chuuuut ....

- Parce que vous allez devenir bien spéciaux, conclus-t-il en nous regardant comme sa prochaine proie servie sur un plateau d'argent.

- Gloups, fit tout le monde et je compris bien pourquoi.

Et là une petite voix se fit entendre dans ma tête : Moi je suis déjà assez spéciale comme ça !

Je ne te le fais pas dire ...