Épilogue.
Le sapin se dresse quasiment jusqu'au plafond, l'étoile dorée tout en haut le frôle. C'est Ernest qui l'a fièrement posé, porté à bout de bras par Zayn, au début du mois de Décembre. Chaque année, les jumeaux alternent leur tour. Doris a eu le droit de déposer les anges dans le sapin et allumer pour la première fois les guirlandes lumineuses qui en font le tour.
C'est la première fois que je reviens ici depuis la décoration du sapin, il y a plus de trois semaines. Je suis heureux de toujours retrouver ma famille, chaque année, pour les fêtes. Je suis arrivé ce matin en voiture, avec Zayn et nos deux valises. En guise d'accueil, j'ai eu le droit à un gros câlin de la part de tout le monde. Ça m'a fait énormément de bien. J'ai déposé tous les cadeaux au pied du sapin, ils ont pris plus de place dans ma valise que mes propres affaires. J'ai préparé des bonhommes de pain d'épices avec les jumeaux, j'ai aidé ma mère avec le repas de Noël pour ce soir. Tout est prêt pour passer un merveilleux Noël en famille.
Mais c'est également l'occasion de célébrer mon anniversaire qui tombe le vingt-quatre Décembre. Double festivité, donc.
Nous terminons de dresser la table avec Félicité, elle plie correctement les serviettes tandis que je pose les assiettes et les couverts. La maison est toute décorée pour l'occasion. Nous sommes cinq enfants, nous ne faisons pas les choses à moitié. Que ce soit moi, mes frères ou sœurs, ou même ma mère, nous avons toujours adoré vivre cette fête. Ce ne sont pas les cadeaux qui importent, ou peut-être seulement pour les jumeaux, mais bien le fait de se retrouver tous ensemble et partager un bon repas dans la joie et la bonne humeur. Zayn s'est rapidement joint au tableau, parfois le petit-ami de Charlotte vient aussi, et bien sûr mes grands-parents qui font le déplacement pour l'occasion.
Je regarde ma grand-mère qui dépose des enveloppes décorées un peu partout dans le sapin, ma mère s'active aux fourneaux, Ernest et Doris jouent dans leur chambre avec Zayn, Charlotte s'habille pour ce soir et grand-père lit un journal au salon. Lorsque je termine de dresser la table, je me lave les mains et rejoins ma chambre provisoire, afin d'enfin aller me changer. J'ai opté pour une chemise grise et un simple jean noir.
Après avoir passé vingt minutes dans la salle de bains, je laisse la place à Félicité qui m'adresse un sourire et me complimente sur ma tenue. Lorsque je reviens dans la chambre tout en lissant les pans de ma chemise, je vois Charlotte assise sur mon lit dans une belle robe. Elle m'adresse un sourire mesquin et se lève en tenant un bout de tissu entre ses doigts :
--Louis, c'est l'heure de ton premier cadeau. Mais... Je dois te bander les yeux d'abord.
--C'est quoi cette idée encore ? Je refuse que tu m'emmènes à l'aveugle quelque part !
--Crois moi, tu ne diras plus ça dans cinq minutes.
Je grogne un peu, parce que chaque année ils s'amusent à cacher mes présents dans la maison et je passe des heures à les chercher. Autant dire que je ne suis pas très fort à ce jeu, ni très patient pour le coup. Puis, il y a toujours Charlotte qui m'offre un cadeau en plus, complètement inutile ou gênant, afin de me taquiner devant toute la famille. Souvent, Zayn est aussi de mèche. Il ne louperait jamais une occasion de me ridiculiser non plus.
Après avoir laissé ma trousse de toilette sur le lit, je décide de jouer le jeu et soupire. Je me mets devant elle et lui fait signe de faire ce qu'elle veut. Elle embrasse ma joue rapidement puis noue le tissu autour de ma tête, devant mes yeux. Il est vraiment opaque, car même avec les yeux ouvert, je ne vois rien du tout. Même pas des reflets de lumière ou des ombres.
– Indique moi où je marche, que je ne tombe pas devant tout le monde.
– Compte sur moi grand-frère.
– Justement...
Elle me pince doucement la hanche et je tente de lui donner un coup de coude, mais ma tentative échoue parce que je ne rencontre que l'air. Son rire me parvient aux oreilles et je râle. Je tends les bras pour ne pas me prendre un mur ou une porte en marchant. Pour mes pieds, je ne peux rien faire. J'espère qu'elle fera attention où je les mets. Surtout que, rapidement, je sens que nous descendons l'escalier et je manque de louper quelques marches. Ça l'amuse bien ma sœur en tout cas.
Sa main tient mon bras et l'autre est dans mon dos pour me guider. Je crois que nous sommes au salon, j'entends des chuchotements et bientôt Charlotte me lâche et je reste là au milieu de la pièce.
– Un... deux... trois...
La voix de ma sœur derrière moi, elle me défait mon nœud autour de mes yeux et au bout du décompte, tout le monde me crie un joyeux anniversaire. Je suis pris par surprise. Mes yeux s'adaptent à la lumière à nouveau, mais la première chose que je vois c'est Harry. Harry debout devant moi, à quelques pas, un bouquet de fleurs à la main. Plus beau et délicat que jamais.
Je mets quelques secondes à réagir, mais je m'avance ensuite rapidement vers lui et me réfugie dans ses bras. Je me suis presque jeté contre son corps, il me réceptionne en souriant, une main sur ma hanche et il recule de quelques pas pour se stabiliser. J'accroche mes doigts à son pull, niche ma tête dans son cou et respire son odeur en souriant contre sa peau chaude. Ses lèvres se posent sur mon front et ses doigts glissent dans mes cheveux.
Sa voix rauque me souffle à l'oreille un joyeux anniversaire, je le serre plus encore contre moi et ça le fait sourire. Je me recule finalement pour le regarder, ses yeux brillent certainement autant que les miens à cet instant.
– Je croyais que tu ne pouvais pas venir... tu aurais pu me le dire quand même !
– Ça n'aurait pas été une surprise dans ce cas, Lou.
– Tu sais bien que je déteste ça.
– Justement, intervient Charlotte, c'était amusant de te voir bouder depuis que tu es arrivé ici.
La voix de ma sœur me sort de ma petite bulle et j'ai presque oublié qu'il n'y avait pas qu'Harry dans cette pièce, mais toute ma famille et Zayn. Je me sens rougir, mais je ne lâche pas Harry pour autant. Tout le monde nous regarde avec un grand sourire, ils étaient tous au courant de cette petite surprise et ils ont parfaitement joué les innocents. Félicité a même compatis à ma tristesse en me disant qu'Elyn non plus ne pouvait pas venir fêter Noël ici.
Harry m'a fait croire, il y a une semaine de cela, qu'il ne pouvait pas passer les fêtes dans ma famille car il devait rester à son appartement pour aller porter des fleurs sur la tombe de sa mère, et son travail le retenait donc de venir. J'ai trouvé cela étrange qu'il n'ait aucun congé pour Noël, mais je n'ai rien dis. Et en fait, depuis le début, il préparait son coup en cachette avec ma famille.
Malgré tout, je suis totalement heureux qu'il soit là. La surprise a parfaitement fonctionné en tout cas, je ne m'attendais pas à le voir arriver chez moi le jour de mon anniversaire. Il m'avait appelé à minuit pour me le souhaiter au téléphone, ça m'avait fait sourire comme un idiot. Entendre sa voix presque endormie et l'imaginer en train de se frotter les yeux et lutter contre le sommeil pour être le premier à me le dire. J'avais à peine eu le temps de le remercier et de lui demander comment il allait, que mes sœurs, ma mère et Zayn débarquaient dans ma chambre pour me faire la fête.
Alors, qu'Harry se tienne devant moi et passe ces prochains jours avec nous rend mon anniversaire encore plus appréciable. Il lance un sourire à ma sœur et pose ensuite ses yeux sur moi. Finalement, il me tend son bouquet qu'il tenait délicatement contre lui et une petite enveloppe jointe avec. Je le remercie d'un baiser sur les lèvres, et nous rions tous les deux quand Ernest laisse échapper un petit « beurk ».
J'ouvre l'enveloppe, le bouquet coincé entre mon bras et mon torse. Une petite carte d'anniversaire avec une photo de nous deux dessus, un cliché que ma mère a pris de nous deux à la mer. Nous étions revenus ici après qu'Harry soit sorti de l'hôpital. Il lui a fallu deux semaines pour se réveiller de son coma, je n'y croyais pas et je n'ai pas cessé de pleurer ensuite. Le soulagement, la peur, le stress...
Mon cœur s'était arrêté de battre. Je lisais un livre dans le fauteuil près de son lit, Zayn pour essayer de penser à autre chose, Zayn dormait dans l'autre, puis la machine s'est mise à sonner. Les doigts d'Harry bougeaient et il semblait respirer trop vite pour que ce soit normal. Les infirmières sont entrées précipitamment dans ma chambre, je me suis levé et j'ai paniqué. Je posais des tas de questions et le médecin est également intervenu. Il nous ont demandé de sortir, que tout allait bien se passer et qu'on serait tenu au courant.
Je n'ai jamais autant détester attendre de ma vie. Zayn tentait de me rassurer, il avait appelé ma mère pour la prévenir de la situation. Le médecin était sorti une demi-heure plus tard de la chambre avec un sourire sur les lèvres. Je tremblais, je respirais à nouveau. Harry s'était réveillé et il n'avait pas perdu la mémoire. Il était simplement épuisé, blessé et un peu désorienté. J'ai fondu en larmes dans les bras de ma mère qui venait de nous rejoindre.
Quand on a pu revenir dans la chambre, les premiers mots d'Harry ont été mon prénom. Je lui ai dis de ne pas parler, de reprendre ses forces, ma voix tremblait et il s'est mis à pleurer lui aussi. Ma mère et Zayn, après des embrassades et des chaudes larmes, nous ont laissé un peu d'intimité. Là, j'ai pu tout lui raconter, lui avouer que j'ai lu son carnet et j'ai fais ce que j'aurais dû faire il y a bien longtemps. J'ai lié nos mains et je lui ai dis je t'aime. Sur la machine qui surveillait les battements de son cœur, j'ai vu son rythme cardiaque s'accélérer. Et le je t'aime qu'il m'a répondu a eu le même effet sur le mien.
Il a dû rester à l'hôpital encore quelques jours, passer quelques tests et attendre que son état se stabilise. Je suis revenu à chaque fois et ça a réellement fait du bien de sentir ses doigts serrer les miens en retour.
Aujourd'hui, ce souvenir ne nous a pas quitté. Nous ne pourrons jamais l'oublier, et nous ne le souhaitons pas non plus. C'est une partie de notre histoire, nous l'avons surmonté et je suis fier de lui. Je dirais que nous sommes devenus plus forts et plus proches encore après cela. Il m'a laissé prendre soin de lui, même s'il râlait un peu, il m'a laissé l'aider à porter plainte contre son frère et tout faire pour l'emmener derrière les barreaux.
Après ces semaines éprouvantes, nous sommes donc revenus dans ma famille. Prendre un peu de recul et de vacances. Tout le monde lui a sauté dessus, Ernest et Doris ne l'ont pas lâché. Nous avons fait une balade sur la plage pour voir le coucher de soleil et c'est à ce moment là que ma mère a pris cette photo de nous deux.
Je souris à ce souvenir, glisse mes doigts contre le papier et sors un autre papier, plus épais, de l'enveloppe. D'abord, je fronce les sourcils en lisant les quelques lignes et en voyant des billets de train. Puis je comprends et j'ouvre grand les yeux, le rire d'Harry me parvient aux oreilles.
– C'est un peu pour nous deux, mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir aussi...
– Harry... C'est génial, je... Merci, c'est merveilleux. Merci beaucoup...
Il m'a offert un voyage à Paris, des billets pour aller visiter le fameux musée du Louvre et une autre escale à Amsterdam et plusieurs musées connus là-bas, celui d'Anne Frank et de Van Gogh. Je sais que ça lui ferait énormément plaisir que je partage cela avec lui, quelques petits jours à visiter de jolis villes, faire le tour des musées et des librairies. Et c'est, main dans la main, avec lui que je veux faire ça.
Je m'approche encore de lui et nous nous embrassons un peu plus longtemps, je sais que j'aurais plus le temps de le remercier dans la soirée, mais j'ai besoin de lui faire savoir que ça ma touche. Cette fois c'est Zayn qui nous lance un coussin et s'exclame en riant :
– Les chambres sont au-dessus les amoureux !
– Jaloux.
Ma remarque lui fait tirer la langue, je ris à mon tour et vais ensuite mettre les fleurs d'Harry dans un vase. Il monte ses affaires dans la chambre que nous allons partager, ma mère me rejoint en cuisine et me lance un sourire amusé. Je lève les yeux au ciel, glisse mes doigts contre les pétales délicates du bouquet et vais finalement la prendre dans mes bras. Je suppose qu'elle a tout organisé avec Zayn, je la remercie et elle embrasse ma joue. Elle me souhaite encore un joyeux anniversaire et je la serre davantage contre moi.
Quand je reviens au salon, je fais pareil avec Zayn qui tapote mon dos affectueusement. Et je fais le tour de la famille pour tous les remercier pour cette surprise, mais aussi d'être là. De faire mon bonheur. Harry redescend et vient passer ses bras autour de moi, je pose ma tête contre son épaule et savoure son étreinte. J'ai seulement passé deux jours sans lui, et il me manque déjà. Je suis habitué à passer quasiment toutes mes soirées ou matinées avec lui, en fonction de notre emploi du temps.
– Je suis heureux que tu sois là, je murmure finalement en le regardant dans les yeux.
– Moi aussi, très heureux Louis.
C'est à son tour de poser délicatement ses lèvres sur les miennes, mais notre échange ne dure pas très longtemps car déjà Doris vient nous interrompre. Elle tire gentiment sur la manche du pull d'Harry et Ernest, juste à côté, l'invite à venir goûter des bonhommes de pain d'épices qu'ils ont fait eux-même. Je le laisse aller s'amuser avec eux et m'assois dans le canapé avec le reste de ma famille.
Ma mère termine les derniers ajouts à son repas et nous passons finalement tous à table aux alentours de vingt-heures. Le reste de la soirée se déroule bien trop rapidement à mes yeux, j'ouvre des cadeaux, sous les yeux jaloux des jumeaux qui doivent attendre demain matin pour ouvrir ceux envoyés par le Père Noël. Harry me regarde avec des yeux brillants et je prends sa main sur la table, je remercie tous le monde encore une fois. Même Ernest et Doris m'ont offert quelque chose, des jolis dessins sur une carte où ils ont écris un petit mot bancal.
Le soir venu, je me couche contre le corps chaud d'Harry et je ne le lâche plus jusqu'au petit matin. Nous sommes réveillés par deux petits diables qui viennent sauter dans le lit, impatients d'ouvrir les présents sous le sapin. Je grogne, lève les yeux vers le réveil sur la table de chevet. Sept heures quarante. Ils ne perdent pas de temps. Harry leur dit que nous arrivons, ils dévalent les escaliers. Je me blottis contre son torse et murmure :
– Joyeux Noël, Harry.
Je relève le visage vers lui, un sourire prend place sur ses lèvres et la faible lumière du jour me permet de voir l'émotion dans ses yeux à peine réveillés. Ça doit lui faire une sensation étrange. Il n'a plus fêté Noël depuis la mort de sa mère, et pourtant il embrasse mes lèvres et me répond :
– Joyeux Noël, Lou.
Nous passons encore quelques précieuses minutes à nous câliner et nous embrasser, jusqu'à entendre la voix d'Ernest qui nous appelle d'en bas. Je ris contre la bouche d'Harry et me redresse. Je prends les cadeaux d'Harry que j'avais gardé dans l'armoire, et noue mes doigts aux siens. Lorsque nous rejoignons le salon, tout le monde est là. Je sais que mes grands-parents sont des lève-tôt, ils sont déjà en train de boire du café à la table de la cuisine et les jumeaux gigotent autour des cadeaux.
Les lumières du sapin clignotent, une musique festive résonne en fond, ça sent les pancakes et le café. J'ai toujours adoré ce moment. Le matin lumineux de Noël où tout le monde ouvre ses cadeaux.
Ils ne peuvent plus se retenir, alors notre mère les autorise à enfin les ouvrir et distribuer ceux de chacun. Comme si je n'étais pas assez gâté hier, je me retrouve avec plusieurs paquets dans les bras. Je donne les siens à Harry, qui en a reçu également de chaque membre de ma famille et de Zayn.
Dans le même état que les jumeaux, je déballe mes cadeaux, assis dans le canapé à côté d'Harry. Il m'a offert des éditions rares de mon recueil de poésie préféré, et une œuvre dédicacée d'un auteur que j'adore. J'embrasse sa joue, le remercie et lui fait signe d'ouvrir mes cadeaux. Il défait l'emballage du premier, une version illustrée du Petit Prince et je me mords la lèvre quand il commence à déballer l'autre sur ses genoux.
J'ai mis du temps à le trouver. J'ai fouillé toutes les boutiques, les antiquaires pour tomber sur le bon. Celui-ci m'a tapé dans l'oeil dès que je l'ai vu. Je n'ai pas hésité à l'acheter. Son regard tombe sur le nouveau carnet entre ses mains, il est différent de l'autre mais toujours avec cette âme. Un peu vieilli, ancien. Ses yeux se tournent vers moi et je lui souris avant de lui dire de tourner la première page.
Il s'exécute, lit les mots que j'y ai inscrit au crayon et relève sa tête pour me sourire. Les larmes me montent aux yeux, il se penche et m'embrasse avec tellement d'amour que j'en ai la tête qui tourne. Et mon cœur se réchauffe quand il me murmure, comme un secret :
– Je t'aime.
Je ris silencieusement près de ses lèvres, passe le dos de ma main contre sa joue toute douce. Le vert de ses prunelles est limpide, brillant. Je ne l'ai jamais vu aussi ému et heureux, à part peut-être la fois où je lui ai avoué mes sentiments à l'hôpital.
– Je sais, je réponds en souriant, ça tombe bien parce que moi aussi.
A mon tour, après m'être blottis contre lui, je baisse les yeux vers l'inscription sur le papier lisse du carnet. Et le sourire qui apparaît sur mes lèvres ne les quitte plus.
« Pour une nouvelle histoire... »
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