Chapitre vingt-quatre :
Après que Zayn soit parti, nous sommes restés trois jours en plus chez ma famille avec Harry. Nous étions réellement heureux et tranquilles ici, je crois qu'il se sentait en sécurité aussi, nous ne voulions pas repartir tout de suite. Mais, au bout d'un moment, Harry s'est trouvé mal à l'aise de rester chez moi aussi longtemps. Même si ma famille l'accueillait les bras grands ouverts. Ils l'ont accepté si vite et ça me réchauffe le coeur.
Alors, nous sommes rentrés. Nous avons pris le train ensemble, toute ma famille nous a accompagné à la gare et j'ai été très attendri en voyant les jumeaux s'accrocher à Harry pour ne pas qu'il parte. Ma mère lui a donné une longue étreinte et lui a murmuré des mots à l'oreille que je n'ai pas pu entendre. Je n'ai rien demandé, c'est un secret entre eux.
Nous avons passé le reste de l'après-midi à partager un thé au café, faire un tour dans le parc. Heureusement, nous ne portions pas avec nous des sacs trop lourds. Au moment de se séparer, vers dix-huit heures, je me tourne vers lui et aborde une petite moue.
– Tu peux venir dormir à mon appartement, tu sais.
Je lui propose cela, parce que je sais qu'il a certainement encore peur de retourner au sien. Harry secoue la tête lentement en souriant. Sa lèvre n'a presque plus rien, encore une petite entaille comme s'il s'était arraché de la peau avec les dents, et son bleu à la joue a quasiment disparu.
Il passe ses bras autour de mon corps, me colle à lui et caresse discrètement mon dos à travers mon tee-shirt. Je le regarde avec deux yeux doux, il lève les siens au ciel et pose un baiser délicat et chaste sur mes lèvres.
– Je dois retourner arroser mes plantes...
Sa réponse me fait rire. Il s'inquiète réellement plus pour la santé de ses plantes que pour la sienne, bizarrement ça ne me surprend pas. C'est à mon tour de lever les yeux au ciel, il cache sa tête dans mon cou pour rire. Je viens caresses ses boucles, sa nuque, il frissonne.
Quand il se recule, je passe le dos de ma main contre sa joue et hausse les épaules.
– Si ça te fait te sentir en sécurité, je peux venir chez toi ? Pas forcément pour rester dormir, mais jusqu'à ce que tu ailles au lit.
Harry semble hésiter quelques secondes, je sais que ce n'est pas parce qu'il n'a pas envie que je sois là. Je pense simplement qu'il ne veut pas que je tombe sur cette personne de sa famille qui lui a fait du mal. Je ne peux pas lui en vouloir, à sa place j'agirais de la même façon. Je ne voudrais pas qu'il rencontre une personne qui me veut et me fait du mal, ce serait l'exposer au danger.
Mais, il finit par me prendre la main et hocher la tête. Nous nous dirigeons alors vers son appartement, nous prenons le bus ensemble et il sort ses clefs pour ouvrir la porte du hall avec un badge. Je le suis, il prend son courrier dans sa boîte aux lettres et regarde dans une autre qui se trouve un peu plus en bas. Il se redresse et emprunte les escaliers.
Cependant, au lieu de continuer pour aller à l'étage au-dessus, il s'arrête devant la porte de Marguerite. Je souris, tandis qu'il sonne une fois. Nous patientons une dizaine de secondes, puis elle s'ouvre sur le visage souriant de la vieille femme. Elle semble heureuse de voir qu'Harry est là, et que je l'accompagne.
– Oh bonjour les garçons ! Ça me fait plaisir de vous voir.
Harry se tourne vers moi et me lance un regard interrogateur. Je n'ai pas le temps de lui répondre que j'ai déjà rencontré Marguerite quand j'étais venu le voir, que déjà la femme prend la parole. Il sourit à cette nouvelle et demande ensuite s'il peut prendre ses clefs pour lui ramener son courrier.
Un sourire illumine les lèvres de Marguerite qui lui donne un petit trousseau en le remerciant encore. Nous nous rendons compte que nos doigts sont encore enlacés, seulement lorsqu'Harry doit lâcher ma main pour prendre les clefs. La femme en face de nous le remarque aussi et nous offre un sourire tendre.
– Venez avec moi Louis pendant que ce charmant jeune homme va chercher mon courrier. Un peu de thé et une part de tarte à la pomme ça vous dit ?
Je ne peux pas refuser son invitation, Harry lâche un petit rire à mes côtés et nous laisse tous les deux le temps de se rendre aux boîtes aux lettres. J'entre dans le petit appartement de Marguerite, elle laisse sa porte entre-ouverte pour Harry et me laisse m'asseoir à la table. Elle se dirige dans sa cuisine et revient avec quelques tasses et une assiette où repose une belle tarte, déjà entamée.
Elle fait demi-tour pour aller chercher le reste de la vaisselle, je lui propose mon aide mais elle refuse poliment. Elle doit avoir près de soixante-dix ans, et c'est vrai que pour son âge elle est encore très active. J'entends la porte se fermer, Harry pose son sac dans l'entrée à côté du mien et s'avance vers nous. Il met les enveloppes sur la table et s'asseoir sur la chaise voisine à la mienne.
Quand Marguerite revient, elle nous sert une part de tarte à chacun, et verse trois tasses de thé brûlantes. Elle prend place en face de nous et fait défiler son courrier sous ses yeux. Elle nous parle un petit peu de sa fille qui est parti en vacances en Grèce et nous montre la carte qu'elle vient de recevoir.
Elle prend une gorgée de son thé, pose son regard sur nous et ses lèvres fines s'étendent en un sourire lumineux.
– Vous auriez pu me le dire que vous étiez ensemble, je vous connais tous les deux et aucun de vous n'a eu l'idée de me tenir au courant !
Harry et moi rions à ses paroles, elle secoue la tête. Elle nous demande ensuite depuis combien de temps nous nous sommes en couple, et je rougis un peu avant de répondre :
– C'est très récent, un peu plus d'un mois maintenant.
– Quand je vous regarde, elle parle d'une voix calme et douce, ça me rappelle Alain et moi. Mon mari... quand nous étions jeunes et très amoureux. Oh, nous l'avons toujours été, et je crois que chaque jour passé à ses côtés me faisait un peu plus tomber amoureuse de lui. Quarante trois ans de mariage cette année... Quarante trois ans qu'il partage ma vie...
Un air triste et nostalgique passe sur son visage, ses petits yeux marrons semblent briller de larmes. Je tends ma main et la pose sur la sienne, elle me sourit et la serre doucement. Je n'imagine pas ce que cette dame a dû ressentir en perdant son mari, avec qui elle a tout de même vécu une très longue partie de sa vie.
– Je l'ai rencontré très jeune, j'avais à peine vingt et un an... Il été si beau et attentionné, un vrai comique aussi, il aimait amuser les autres et faire rire tout le monde. Ça été le coup de foudre immédiatement. La vie a ses côtés a toujours été trépidante et colorée... Nous avons eu et vécu un mariage heureux. C'était réellement l'amour de ma vie. Ça l'est encore. Il m'a envoyé plusieurs lettres durant ses voyages, il était journaliste. Je les relis parfois, et ça m'émeut toujours de constater à quel point nous nous aimions.
Je sens quelques larmes dans sa voix tremblante, je caresse ses doigts et elle passe une main devant son visage comme pour chasser sa tristesse. Mais elle sourit, elle sourit car ce sont de bons souvenirs qu'elle garde de lui et de leur relation. J'admire cela, une si longue vie vécue à deux et un amour aussi fort. C'est presque rare de nos jours.
– Et malgré ce que beaucoup de personnes pensent, notre amour n'est jamais devenu fade. Notre relation n'a jamais perdu son étincelle, nous ne sommes pas tombés dans une routine qui nous a séparé ou éloigné... Je dirais que chaque année qui passait nous rapprochait plus encore. L'amour vit et dure si on veut bien l'alimenter. Et vous,...
Elle lâche ma main après lui avoir donné une douce pression, je la repose autour de ma tasse. Mais l'autre est rapidement saisit presque aussitôt par celle d'Harry, nos doigts se mêlent sur ma cuisse. Je tourne mon regard vers lui, il me regarde en m'adressant un sourire timide et qui fait briller ses yeux.
– ... vous êtes comme ça. J'espère que votre relation sera aussi pure, longue et heureuse.
– Merci, merci beaucoup.
La voix d'Harry résonne dans la pièce, je souris à Marguerite qui nous adresse un air fier et attendri. Elle m'a presque fait pleurer avec son histoire émouvante. Harry caresse le dos de ma main avec son pouce, je pose ma tête contre son épaule quelques minutes le temps qu'ils terminent leur thé.
Marguerite nous raconte encore quelques anecdotes amusantes sur sa vie avec son défunt mari. A la voix comme ça, elle ressemble à une jeune femme qui vient de tomber amoureuse. Et il n'y a aucun doute que c'était l'homme de sa vie.
Et moi ça me donne de l'espoir, que l'amour n'est pas mort. Et que si on aime réellement quelqu'un, on peut passer le reste de sa vie avec.
Nous quittons Marguerite au bout d'une heure, elle nous invite à repasser rapidement la voir ou au moins venir lui dire bonjour. Elle nous embrasse tous les deux et c'est avec le sourire aux lèvres que nous rejoignons l'appartement d'Harry.
Il ouvre la porte, allume la lumière, regarde furtivement à l'intérieur et me laisse entrer. Je prends alors mon temps pour découvrir l'endroit où il vit, une part de lui. Et je ne suis pas du tout surpris de voir que c'est exactement comme je l'imaginais. Ordonné, épuré, cosy. Il y a des livres un peu partout, quelques cadres et affiches aux murs. Un meuble près de la télé a une guirlande lumineuse, éteinte pour le moment, qui descend le long des étagères où reposent des livres et des bibelots.
C'est différent de mon appartement, mais je m'y sens tout de suite à l'aise et chez moi. Nous posons nos sacs dans l'entrée, il ouvre les volets de ses fenêtres et laisse de l'air entrer.
– Fais comme chez toi.
Harry dépose un baiser sur mon front et va alors en cuisine, il revient avec une bouteille et en verse dans quelques plantes vertes. Surtout des plantes succulentes qui ornent son salon. Je fais le tour pour observer certaines décorations, et il me regarde en souriant.
Nous nous mettons ensuite devant la télévision, ou plutôt il me laisse regarder du foot. Pendant ce temps il lit un livre, lové dans mes bras. Ce n'est que vers vingt heures qu'il se redresse et pose son livre sur la table basse. Il me demande si j'ai faim, je hoche la tête et il se lève pour aller en cuisine après avoir hoché la tête.
Pour ne pas le laisser seul, j'éteins la télévision et l'accompagne. Il fouille dans quelques placards, sort une casserole et me regarde :
– Pâtes au pesto ?
– Parfait, merci. Tu as besoin d'aide ?
Un sourire orne encore ses lèvres, je m'appuie contre le plan de travail et lui propose mon aide. Il secoue la tête, pose sa bouche sur ma joue et je le regarde faire. Ses cheveux tombent légèrement devant son front, il est concentré et ma présence n'a pas l'air de le déranger.
Nous finissons par parler de tout et de rien, enfin surtout moi. Mais il m'écoute et s'arrête parfois de cuisiner pour m'observer quelques secondes. Nous mangeons au salon, devant une émission quelconque. Je félicite Harry pour sa cuisine, il me remercie et me sourit.
Au bout d'une heure, nous terminons par regarder des vidéos drôles sur internet, les séquences sur les animaux me font penser à Hercule et Harry me dit que je peux le ramener ici avec moi. Je lève les yeux vers lui, son sourire illumine son visage, et je crois que ça veut dire qu'il veut me voir plus souvent. Alors, la prochaine fois, je prendrais mon chat en plus.
Finalement, je me suis endormi contre lui dans le canapé, pendant qu'il terminait un épisode de série. Je n'avais rien compris, il sentait bon et ses bras autour de mon corps me tenaient chauds. Je ne pouvais pas résister à l'appel du sommeil dans une telle situation. Mais un moment, je suis tiré de mon rêve quand ses doigts caressent ma joue. J'ouvre les yeux, la première chose que je vois est son visage souriant.
– Tu seras mieux dans le lit...
Je me redresse en grognant un peu, déçu de quitter ses bras où je me sentais si bien. La télévision est éteinte, il se lève aussi et nous allons dans sa chambre. Je retire simplement mon jean, il me donne un jogging et un tee-shirt en guise de pyjama. Au début, je crois qu'il va aller se changer dans la salle de bains, mais il reste là. Il se met torse nu et me laisse voir ses tatouages, puis quelques traces sur sa peau.
Malgré tout, je baisse les yeux et évite de trop m'y attarder. Je ne sais pas s'il est à l'aise avec ça. Je me glisse dans ses vêtements, un peu trop grands, et m'étale au milieu du lit. Il termine de mettre ses habits et lâche un petit rire. À son tour, il s'allonge sur moi et pose quelques baisers contre mes joues. Je ris aussi et glisse mes doigts contre ses hanches.
Il s'allonge à côté de moi, pose sa tête dans le creux de mon cou et je sens son souffle chaud contre ma peau. Un de ses bras passe autour de mon ventre et me colle à lui, il semble respirer mon odeur. Je tourne à peine le visage, assez pour embrasser son front.
Je ferme les yeux, laisse la lampe de chevet allumée et caresse son dos sous son tee-shirt. Sa respiration s'apaise, et je rejoins le sommeil sans difficulté. Et je sais, sans avoir besoin d'y réfléchir à deux fois, que je n'ai besoin de rien d'autre pour être heureux.
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