Chapitre vingt-neuf :
La télévision est éteinte, un silence reposant emplit la pièce depuis presque dix minutes. Je lis tranquillement un roman dans le canapé d'Harry, Hercule allongé en travers de mes genoux repliés. La voix d'Harry se fait entendre tandis que je termine de parcourir ma phrase tout en l'écoutant.
– Lou...
– Mh ? Je questionne en regardant toujours ma page.
– Tu ne m'as jamais dit pourquoi il n'y avait que ta mère qui s'occupait de vous... ?
Je relève finalement la tête, ferme mon livre après avoir marqué la page où je me suis arrêté. Je le pose sur la table basse et pose mes yeux sur Harry. Une de ses jambes est ramenée contre son torse, tourné face à moi, sa main posée sur son genou qu'il recouvre de vernis d'une jolie couleur rose corail. Il ne me regarde pas tout de suite, concentré sur le tout petit pinceau qui parcourt l'ongle de son index. Le bout de sa langue dépasse d'entre ses lèvres charnues, je l'observe un moment jusqu'à ce que ses yeux rencontrent les miens.
En silence, je réfléchis à une manière d'aborder le sujet de mon père. Je n'en ai plus parlé depuis que nous avons cessé d'entendre de ses nouvelles depuis plus de deux ans. Même au sein de notre famille, nous ne mentionnons plus son prénom ou nos anciens souvenirs avec lui. Comme s'il n'en avait jamais réellement fait partie. Nous ne nous en portons pas plus mal. Je dirais même que notre vie est meilleure depuis qu'il n'est plus dans le portrait. Au début, quand Félicité et Charlotte étaient petites, nous étions une famille heureuse. Mais ça a fini par changer.
Un soupir s'échappe de ma bouche, je passe une main dans mes cheveux et Harry me lance un regard compatissant. Il me fait comprendre que je ne suis pas obligé d'en parler, même si je le sais. Il lance le sujet, mais il est certain que je vais lui répondre. Parce que c'est ce que je fais toujours.
– Mes parents ont divorcé quand j'avais seize ans. Mon père avait maîtresse depuis un long moment déjà, et il n'a jamais voulu avoir d'autres enfants sur le dos. Ma mère venait à peine d'avoir les jumeaux. Ça a été... je soupire et hausse les épaules, extrêmement compliqué. Gérer et élever cinq enfants mineurs, je crois qu'elle peut recevoir le prix de la meilleure mère du siècle. Je veux dire... Regarde tout ce qu'elle fait pour nous, aucun de nous n'a mal tourné, elle a toujours eu du temps pour s'occuper de chacun de ses enfants, répondre aux besoins de tous. Mais, pendant toutes ses années, elle s'est mise de côté afin de faire passer sa famille avant.
Harry me regarde attentivement, un sourire se dessine au fil des secondes sur ses lèvres. Il se remet à vernir ses ongles et hoche la tête de temps en temps.
– Bien sûr, j'étais le plus grand et le seul homme de la maison. J'ai tout fais pour l'aider, lui apporter du soutient. Même si j'ai dû partir à mes dix-huit ans, après le lycée, pour mes études. C'est elle qui m'a poussé à le faire, sinon je serais resté là pour prendre soin d'elle et de mes sœurs et frères. Donc, depuis, on se débrouille tous les six.
– Tu regrettes... Enfin, tu aurais préféré qu'il soit encore là ?
Je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir la réponse, je secoue la tête lentement en argumentant que nous sommes bien mieux sans lui. Harry m'adresse un sourire et termine de peindre son dernier ongle. Il repose le pinceau dans le petit pot de vernis, je lui visse le bouchon correctement et il me plante un doux baiser sur les lèvres. J'ai à peine le temps de le savourer, mais le sourire qu'il me lance ensuite vaut tout l'or du monde.
– Tu es un merveilleux grand frère.
– Et toi, un merveilleux petit ami.
Après lui avoir rendu son baiser, il me sourit et laisse sécher ses ongles. Pendant ce temps, je termine mon roman, sa tête sur mon épaule. Je ne peux m'empêcher de penser qu'Harry aussi était un merveilleux petit frère. Il ne m'a pas encore tout raconté, mais je suis certain qu'il devait supporter les humeurs de son frère sans rechigner. L'altercation que nous avons vécu l'autre jour a été suffisant pour que je comprenne que son frère n'a jamais eu une bonne influence sur lui. Je crois qu'il ne l'a jamais aimé non plus, pas comme un membre d'une famille le doit.
Et je ne sais pas, c'est peut-être difficile pour moi à comprendre. J'ai toujours vécu au sein d'une maison aimante, en dehors du départ de mon père. A part quelques disputes habituelles entre frères et sœurs, rien de bien méchant ou violent, je n'ai jamais détesté ma famille au point de lui nuire. Mais, chaque foyer est différent. Tous les enfants ne sont pas chéris et adorés. Et je crois qu'Harry n'avait que sa mère sur qui compter, mais elle n'est plus de ce monde.
Cette pensée me serre le cœur, parce qu'il a dû supporter et intérioriser tellement de douleur, souffrance et tristesse, sans jamais en parler. Ou du moins, pas à voix haute. Il a peut-être, sûrement même, écrit. Je suis persuadé que son carnet lui sert à cela. Écrire ce qu'il est incapable de dire. Parfois, le soir, quand je prépare le dîner pour nous deux, ou lis un roman, il prend son carnet, l'ouvre et écrit dedans. Il arrive aussi qu'il s'isole dans la chambre pour le faire, mais c'est rare. Certainement qu'il ne souhaite pas que je le vois pleurer.
Harry me ramène une tasse de thé brûlante, il m'en pique une gorgée et je lève les yeux au ciel en souriant. A peine s'assoit-il dans le canapé pour lire, qu'Hercule vient se réfugier sur ses cuisses et quémander des caresses. Il me laisse terminer les dernières pages de mon roman, puis me regarde lorsque je le dépose sur la table basse. Je m'étire, soupire et Harry glisse une main sur mon genou.
– Tu n'as rien de prévu cette après-midi ?
– Non, je secoue la tête, je ne pense pas pourquoi ?
– J'aimerais t'emmener quelque part.
– Où ça ?
– Surprise.
Ses lèvres se posent sur les miennes et effacent ma fausse petite moue boudeuse. Il rit contre ma bouche et je grogne. Harry me propose ensuite que nous allions nous préparer. Comme nous avons déjà pris chacun une douche ce matin, nous enfilons des vêtements pour sortir. Hercule nous a rejoint, installé comme un vrai petit roi au milieu du grand lit défait, ce chat a vraiment la belle vie. Et apparemment, cela ne le perturbe pas de ne pas passer toutes ses nuits à mon appartement, car il s'est très rapidement acclimaté et habitué à celui d'Harry. C'est presque chez lui maintenant.
Harry prend donc le volant et nous conduit à sa fameuse surprise. Je n'ai réellement aucune idée de notre destination. Pendant le trajet, il me laisse mettre de la musique et il me regarde en souriant quand je me mets à chantonner les paroles.
Je découvre le lieu de notre sortie uniquement lorsque la voiture se gare sur le parking. Nous sommes face à un bâtiment plutôt imposant, des lettres en capitale sur un mur indiquent Forum départemental des Sciences. Harry me sourit timidement, et je devine que nous allons certainement y entrer pour une séance au planétarium.
Nous faisons la queue à l'intérieur pour le guichet, Harry prend un petit prospectus qui nous indique les différentes séances. Nous sommes à l'heure pour celle de dix-sept heures quinze sur les promenades au gré des saisons. Je nous réserve deux places à l'accueil quand notre tour arrive, la femme nous tend deux tickets et Harry lui donne quelques pièces. Elle nous indique les escaliers à monter et nous souhaite une bonne séance.
Il y a une bonne vingtaine de personnes, nous attendons devant la salle dans un couloir où sont accrochées plusieurs affiches représentant des planètes, le système solaire, les étoiles, constellations. Les doigts d'Harry glissent entre les miens, je tourne mes yeux vers lui et il murmure :
– Ça te plaît ?
– J'adore oui. C'est parfait, je ne suis jamais allé dans un planétarium.
– Ma mère m'y emmenait quand j'étais petit.
Je lui souris, embrasse délicatement le coin de sa bouche et le remercie à voix basse. La porte pour accéder à la salle s'ouvre, un homme vérifie nous tickets et nous pouvons nous installer où nous le souhaitons. Les sièges sont alignés comme dans une salle de cinéma, mais en cercle autour d'un projecteur haute gamme. Sur le côté, près de la porte, un grand panneau de bord où l'homme doit certainement diriger les animations visuelles.
La pièce est éclairée de faible lumière orangée, mais assez pour que nous voyons où nous mettons nos pieds. Nous nous installons sur la dernière rangée, à peu près au milieu. Il y a peu de monde, c'est plus agréable. La main d'Harry ne lâche pas la mienne, elle la serre même un peu plus lorsque les lumières s'éteignent totalement. Nous sommes plongés dans un noir quasiment complet, et le souvenir de la petite pièce sombre dans le musée me revient en tête. Harry n'aime pas être dans le noir, et pourtant c'est lui qui m'a proposé d'y aller.
Je caresse le dos de sa main et me penche pour poser ma tête contre son épaule. La voix de l'homme résonne dans la pièce à l'aide de son micro, il explique la thématique d'aujourd'hui et la configuration spécifique d'un planétarium. Je m'approche au maximum d'Harry pour murmurer :
– Tu veux qu'on s'en aille ?
– Non... Non, il faut juste.. Ça va aller.
– Je suis là, et il y aura de la lumière après.
– Merci Lou...
De la lumière apparaît petit à petit sur l'écran rond au dessus de nos tête et qui forme la moitié du cercle de la pièce. La source des animations visuelles provient de ce projecteur qui a la forme d'une planète noire à petits points blancs. Au fur et à mesure, des étoiles apparaissent dans le ciel sombre d'une nuit d'été. La reconstitution est fidèle, j'ai l'impression de me trouver sous une couverture étoilée. L'homme nous apprend d'abord à repérer des constellations, je relève ma tête pour mieux observer, puis regarde parfois Harry du coin de l'oeil. Son corps est détendu, ses doigts dans les miens aussi. Il est captivé par l'animation, je me penche pour poser un baiser sur sa joue et le sens sourire.
Nos têtes reposent ensuite l'une contre l'autre durant presque toute la séance. Le spectacle est assez impressionnant. Nous faisons parfois des zooms sur des planètes, comme si nous visitions directement Mars ou la Lune. L'homme nous fournit des tas d'informations, mais je ne me sens pas perdu. En fait, par moment, j'oublie d'écouter et me plonge dans la contemplation des étoiles ou des planètes.
Un moment, je tourne les yeux vers Harry. Il est fasciné et ses yeux brillent presque plus que ses astres célestes. Il finit par remarquer mon regard sur lui et, même dans la pénombre, je peux remarquer qu'il se met à rougir. Un sourire timide fend ses lèvres et je me penche pour l'embrasser avec douceur. Un baiser chaste et simple mais qui réveille des tas de choses en moi.
La séance dure une heure trente, nous sortons aux alentours de dix-neuf heures et la main d'Harry n'a pas lâché la mienne depuis que nous sommes entrés dans la salle tout à l'heure. Il me raccompagne jusqu'à la voiture et m'ouvre la porte, je libère ses doigts et me tourne pour le regarder.
– Merci Harry, c'était vraiment... magique. Je n'aurais pas pu faire mieux.
Harry plonge ses yeux dans les miens, sourit et glisse une main contre ma joue. Deux secondes plus tard, ses lèvres se referment sur les miennes et il m'offre un baiser qui me retourne le ventre. J'en suis encore retourné quand il se recule, mon souffle court et ses joues rosées. Il ne m'a jamais embrassé avec autant de vigueur et de passion, enfin si, mais c'est différent. Aujourd'hui, cela avait un autre goût. Quelque chose en plus.
Son front se pose contre le mien, je reprends mon souffle et son pouce caresse ma joue. Mon dos est appuyé contre la voiture et mes mains sont posées sur ses hanches. Lorsqu'il me regarde, mon cœur se met à battre la chamade, je lis dans ses yeux ce qu'il ne me dit pas encore et j'en ai la gorge nouée.
– Lou...
– Mh ?
Je suis pendu à ses lèvres, j'attends qu'il prononce ces deux mots. Courts, simples, mais qui en réalité transportent un monde derrière eux. Et je sais ce qu'il ressent, moi aussi j'ai peur de lui avouer. Peur de ce que ce qu'ils impliquent, peur de ce qui se passera ensuite. Parce qu'aimer, c'est se rendre vulnérable. Alors, je retiens mon souffle jusqu'à ce qu'il prenne la parole.
C'est un grand pas à franchir pour Harry, il a déjà du mal à se confier, à me dire des choses sur lui, même s'il semble prendre confiance en lui, en moi, en nous un peu plus chaque jour. Et je suis fier des progrès qu'il fait, des efforts qu'il entreprend pour moi, pour que notre relation fonctionne. C'est un grand pas pour moi également, parce que la dernière personne à qui j'ai donné accès à mon cœur me l'a brisé puis déchiré devant les yeux.
Harry prend une inspiration, remet une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et se redresse correctement pour me regarder.
– Je peux t'inviter au restaurant ce soir ?
Mes espoirs tombent un peu à l'eau, mais je ne peux pas lui en vouloir. Je souris en hochant la tête et lui vole un baiser. Il me laisse m'asseoir, m'attacher, fait de même et démarre le véhicule. Peut-être n'est-il pas encore prêt à me le dire, ce que je ne peux pas retenir contre lui. De mon côté, j'ai aussi eu de nombreuses occasions, et l'envie ne m'en manquait pas, de lui avouer mes sentiments. Mais, c'est un cap à franchir dans une relation, et nous n'en sommes certainement pas encore là.
Je pose une main sur sa cuisse pendant le trajet, il m'envoie un sourire et nous roulons en silence. Ce n'est pas pesant, au contraire ça me permet de réfléchir et me reposer un peu. Harry se gare devant un restaurant au style américain. Nous entrons, un serveur nous dirige vers une table de deux. L'endroit n'est pas trop bondé pour un Mercredi soir de vacances. Je m'assois en face d'Harry et parcours la carte.
Harry me demande ce que je veux prendre, je vois qu'il a déjà fait son choix car il a replié sa carte. J'hésite un peu, me mords la lèvre et décide de prendre un double cheeseburger. Le serveur revient à ce moment là, nous prenons tous les deux un cocktail avec alcool, un pichet d'eau et nos plats, Harry a opté pour un hamburger végétarien.
Une fois que le serveur s'est éclipsé, Harry glisse sa main au-dessus de la mienne, sur la table, et je repose mes yeux sur lui.
– Ça t'a plu ?
– Le planétarium ? Oui, totalement, c'était vachement réaliste et détaillé. Et toi, tu as aimé ?
– Oui, surtout quand tu m'as embrassé sous les étoiles.
– Je vois, je souris et lève les yeux au ciel, avoue que tu m'as juste emmené là-bas parce que tu voulais qu'on se pelote dans le noir ?
Un rire amusé sort d'entre ses lèvres et il secoue la tête, serrant mes doigts entre les siens. Finalement, nous passons un très bon dîner. Le repas est succulent, nous nous faisons rire mutuellement et quand j'embrasse Harry de retour à la maison, sa langue a le goût d'alcool et de sucre.
Son parfum à la vanille m'enivre, ses mains chaudes retirent petit à petit mes vêtements et glissent sur ma peau frissonnante. Je le mets dans son plus simple apparat et nous terminons nus dans le lit. Il fait chaud, nous respirons fort contre la bouche l'un de l'autre, ses joues sont rouges et j'ai la peau moite. Sa bouche retrace mes tatouages, je dessine les siens du bout des doigts et nous passons de longues minutes à nous découvrir ainsi. Nous terminons par nous donner mutuellement du plaisir à travers de simples caresses, simples mais qui nous suffisent pour avoir le cœur en vrac.
Le lendemain, je laisse Harry avec mon chat. Zayn m'a proposé de se voir dans l'après-midi et mon petit ami m'a poussé à y aller parce qu'il sentait que j'avais besoin de sortir un peu, sans lui. Nous nous retrouvons au skate parc, nous faisons quelques figures ensemble puis nous posons au bord d'une piste, les pieds dans le vide. D'ici, nous avons vu sur les autres skateurs aussi, qui s'exercent et s'amusent. Zayn s'allume une cigarette et m'en passe une, je le remercie et tire dessus avant de soupirer, la fumée sort en même temps d'entre mes lèvres.
– Dis donc Louis, t'as pas oublié de me parler d'un truc par hasard ?
Je tourne mon visage vers celui de mon meilleur ami, un sourire amusé commence à naître à la commissure de ses lèvres. Il porte sa main tatouée à sa bouche pour fumer, je fronce les sourcils et secoue la tête.
– Non ?
– C'est quoi ce gros suçon dans ton cou ?
Mes joues s'enflamment et je recouvre ma peau doigts là où son regard malicieux tombe. Je sors mon portable de ma poche pour vérifier qu'il ne me joue pas un tour, mais en l'orientant bien je remarque une trace plus foncée au niveau de mon cou, presque sur ma clavicule. Je me sens idiot de ne pas l'avoir remarqué ce matin, mais je ne suis pas passé devant un miroir et Harry s'est bien gardé de me le dire. Pourtant, c'est vrai qu'hier soir je l'ai senti insisté sur cette partie de mon corps, mais j'étais bien trop absorbé dans le plaisir et le désir de son corps pour m'en rendre compte.
Zayn se met à rire, je lui donne un coup de coude et prend une bouffée de ma cigarette. Je feins de bouder, mais ça ne fonctionne jamais vraiment avec mon meilleur ami. En tout cas, en rentrant, j'aurais une discussion sérieuse avec Harry. Il m'a laissé sortir ainsi en sachant que j'avais une belle trace visible sur ma peau. C'est sûrement pour cette raison qu'il avait ce sourire béat aux lèvres lorsque j'ai quitté son appartement.
– Alors, vous l'avez fait ?
– Non, je souffle doucement, non on a... On a pas été jusque là. C'était des caresses, des baisers...
– Ouais, vu ton suçon ça a dû sacrément lui plaire.
– Je suis doué avec mes mains et ma bouche, qu'est-ce que tu veux ?
Mon meilleur ami me donne un coup de coude et passe son bras ensuite autour de mes épaules pour me serrer contre lui. Il dépose un petit baiser sur ma tempe et frotte mes cheveux de sa main libre, il sait que je déteste ça et que ça me fait râler, c'est bien pour ça qu'il continue de le faire depuis toutes ces années.
Nous fumons en silence pendant quelques minutes, je joue avec le bout de ma cigarette entre mes doigts et mordille ma lèvre inférieure. Zayn fait glisser lentement son skate à côté de lui à l'aide de sa main libre, sa cigarette coincée entre ses lèvres. Je me dis que plutôt que de ruminer dans mon coin et me faire des idées, je devrais peut-être parler directement à mon ami.
Il m'a toujours écouté et été de bon conseil, il reste objectif malgré notre proximité et ne me ménage pas quand il doit me dire la vérité. C'est sûrement ce que j'apprécie le plus chez lui, il ne me prends pas avec des pincettes, il me laisse réellement savoir ce qu'il pense et parfois ça fait vraiment du bien d'entendre l'avis de quelqu'un d'honnête et qui n'a pas peur de nous secouer.
– Zayn...
– Oui ?
Doucement, il tourne son visage vers moi. Je tire une bouffée de ma cigarette, l'écrase entre nous car il n'en reste plus rien. Je soupire et me lance :
– Hier, j'ai cru qu'il allait me le dire tu sais...
– De quoi ?
– Qu'il m'aime. Je le lisais dans ses yeux, il était prêt à le faire, mais.... je ne sais pas. On a passé une super journée, il m'a payé le restaurant et... j'ai eu l'espoir.
– Et toi, tu l'aimes ?
Sa question me prend de court, mais je savais qu'il allait finir par me la poser. C'était inévitable. Il sait que je tiens fortement à Harry, que nous sommes en couple et que j'aurais du mal à me passer de lui. Surtout, il sait à quoi ressemble un Louis amoureux. Évidemment, c'est une question rhétorique. S'il me la pose, c'est pour que je m'en rende compte moi-même, de l'étendu de mes sentiments. Mais, je suis déjà certain de ce que je ressens à l'égard d'Harry. Je n'en ai plus aucun doute.
– Je crois que tu connais la réponse.
– Alors pourquoi toi, tu ne lui dis pas ?
– Je... ne sais pas.
Mes mots me font froncer les sourcils. C'est vrai que, de mon côté, je n'ai pas encore osé me lancer non plus. Je crois que c'est avant tout parce que j'ai peur que ces deux mots le fassent fuir. Que ce ne soit trop tôt pour lui. Mais en même temps, si aucun de nous deux ne se lance, nous allons restés coincés ainsi pendant un long moment. Et moi, j'ai envie qu'il soit au courant de la manière dont il fait battre mon cœur.
Zayn souffle la fumée de sa cigarette et me la passe, il en reste encore assez pour quelques bouffées. Il me regarde faire et reprend :
– Peut-être qu'il a peur que ce ne soit pas réciproque, peut-être qu'il n'attend que ça que tu lui avoue...
– Dans ce cas là, c'est un cercle vicieux et on ne va jamais s'en sortir.
– Je vais être sincère avec toi Louis, commence Zayn avec un ton sérieux, je ne t'ai pas vu aussi rayonnant depuis longtemps, tu as l'air plus heureux qu'avant et... je suis vraiment content de te voir ainsi. Je pense que tu devrais lui laisser du temps, c'est indéniable qu'il ressent la même chose que toi, ça se voit dans ses yeux et ses sourires. Pas besoin d'être un génie pour le constater, Maëva aussi me l'a fait remarquer. Alors... n'aies pas peur, il finira bien par te le dire un jour, ou toi... Quand vous serez tous les deux prêts. L'air de rien, c'est un grand pas à franchir. Tu te souviens comme j'ai eu peur d'emmener Maëva à un premier rendez-vous ? Je hoche la tête en souriant, il lève les yeux au ciel. Eh bien, pour toi, c'est pareil. Vous avez tous les deux la frousse parce que ce n'est pas rien de s'avouer qu'on s'aime. Mais, vous avez encore toute votre vie pour vous le dire, parce que je sais que vous ne vous lâcherez pas.
Je me mords la lèvre, tends sa cigarette à Zayn puis le prend dans mes bras. Il me serre contre lui, sa main tapote mon dos affectueusement et je lui souffle des remerciements au creux de l'oreille. Zayn est un pilier dans ma vie et il vient encore une fois de me prouver que, sans lui, je n'en serais peut-être pas là aujourd'hui.
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