Chapitre vingt-et-un.
La pluie tombe à torrent derrière lui, il a les yeux baissés vers le sol et ose à peine les relever. Mais je n'ai pas besoin de plus de trois secondes pour savoir que c'est lui. Un seul regard est suffisant. Il a l'air totalement vulnérable et apeuré, sûrement un peu malade aussi. La capuche est remontée sur ses boucles et cache une partie de son visage, déjà à moitié dans l'ombre à cause de l'obscurité du dehors.
Son pull recouvre ses bras et d'une main il tient la hanse d'un sac à dos. Je le regarde et pendant un instant, je ne sais pas quoi faire. Parce que je n'ai aucune idée de ce qu'il fait là, de comment il a fait pour trouver mon adresse. J'aurais peut-être dû consulter mon portable avant, peut-être qu'il m'a envoyé un message pour me prévenir qu'il venait. Et cela lui aurait évité de venir jusqu'ici sous l'orage.
J'ose à peine y croire, qu'il soit à quelques pas de moi. Quand enfin je réagis, au bout de plusieurs secondes, je m'avance et chuchote, la voix tremblante d'émotions :
– Harry... ?
Et juste après mon murmure, un coup de tonnerre éclate et fait trembler les entrailles de la Terre. C'est presque ironique et je pourrais en rire. Si je n'avais pas devant moi un Harry totalement démuni. Je n'ai pas vraiment le temps de comprendre qu'il comble la distance entre nous et se réfugie dans mes bras. Je me fige, un peu surpris. Même s'il me mouille, si son contact est froid, je n'y fais pas attention plus longtemps, car je sens son corps secoué par les tremblements et son souffle précipité s'écraser contre la peau brûlante de mon cou. Son sac tombe lourdement de son épaule et retrouve le sol. Je passe mes bras autour de lui et caresse son dos à travers le tissu mouillé.
Harry renifle à mon oreille, je tourne légèrement la tête et l'incline de façon à pouvoir se faire frôler nos joues. Ses boucles dégoulinantes mouillent mes joues, les chatouillent, et je sens les larmes me monter aux yeux. Je sens les battements de mon cœur s'accélérer lorsque ses doigts s'agrippent à mon tee-shirt et qu'il me colle à lui. Son contact m'électrifie, je tremble aussi mais ce ne sont pas pour les mêmes raisons que lui.
Encore une fois, les mots ne sont pas nécessaires. Parce que j'ai compris. Il a peur. Je n'en connais pas encore la cause, mais je ne l'ai jamais vu si terrifié et fragile. Et je crois qu'il a besoin de moi, de mon contact, pour se sentir rassuré. Du moins, je l'espère en secret. Qu'il a été assez fou pour me rejoindre, sous la pluie, braver la tempête afin de me trouver.
Au loin, j'entends la porte se fermer, mais nous sommes dans notre bulle, alors je ne sais pas ce qu'il se passe réellement autour de nous. Je ne sais pas non plus combien de temps nous restons ainsi. Je devrais avoir froid, mais le corps d'Harry me réchauffe, me brûle presque. J'avais tellement besoin de retrouver cette sensation, de le retrouver. Le Harry qui me plaît, pas celui qui a quitté mon appartement il y a quelques jours sans aucune explication.
C'est moi qui suis obligé de briser l'étreinte, une fois qu'il s'est légèrement calmé. Je glisse ma ma main le long de son bras et regarde autour de moi. Toute ma famille nous regarde, confuse et ne sachant que faire. C'est facilement ma mère qui prend la parole, la voix douce et calme :
– Lou, chéri, va le conduire à la salle de bains et donne lui des vêtements secs, s'il te plaît. Il doit être frigorifié. Je lui prépare une bonne tasse de thé.
Je suis ses conseils et, tandis que Zayn ramasse son sac, je le guide jusqu'à la salle de bain. Mon meilleur ami nous suit et dépose le sac sur la chaise une fois que nous sommes dans la pièce. Je laisse Harry seul quelques secondes le temps d'aller lui chercher de vieux vêtements à moi, pour qu'il soit au sec. Lorsque je reviens, je lui retire sa capuche. Zayn nous a laissé à deux. Mon regard se pose sur son visage où quelques gouttes tombent le long de sa peau, et ce que je vois me bloque le souffle. Il a la lèvre inférieure fendue, et un bleu sur la joue gauche, au niveau de la pommette.
Dans un geste lent, je monte ma main contre ses blessures et les frôle du bout des doigts. Il recule la tête en poussant un petit bruit, le regard rivé vers le sol. Je ne sais pas s'il a honte ou s'il a peur de me regarder et que je lise la vérité en lui. Mais je ne partirais pas, et je compte lui montrer. Je pose les vêtements sur la chaise, lui prépare une grande serviette propre et un gant de toilette.
Je le regarde quelques secondes, effrayé comme un enfant au milieu de cette pièce, et je le laisse prendre sa douche. Même si j'ai besoin d'une cigarette ou d'air frais, je reste dans le couloir et je fais les cent pas, j'attends qu'il termine. Au bout de plusieurs minutes, j'entends l'eau couler dans la douche. Je passe une main sur mon visage en soupirant et ravale la bile en travers de ma gorge. Zayn arrive à ce moment-là, il m'adresse un regard interrogateur et un sourire triste qui ressemble plutôt à une grimace.
Le temps de retrouver mes esprits, Zayn passe un bras autour de mes épaules et me serre contre lui. Je crois que si j'en avais eu la force, j'aurais pleuré dans ses bras. Mais j'ai besoin d'être présent pour Harry. C'est indéniable, il a besoin de mon aide. Tout comme j'ai besoin de la sienne. Notre relation doit fonctionner par efforts mutuels. Mon meilleur ami presse mon épaule et quand on se détache, je parviens à murmurer :
– Je... Je crois qu'il lui est arrivé quelque chose.
– Pour qu'il vienne complètement détrempé et dans cet état-là, oui je pense.
– Non, je veux dire... Il a des coups au visage, des blessures. Tu crois qu'il s'est battu ?
– Ou qu'il s'est fait battre ?
Mon souffle se coupe et je me laisse glisser au sol le long du mur. Cette perspective m'effraie. J'ai tellement de questions, de doutes qui tournent dans ma tête. Mais je sens qu'il va me fournir des réponses ce soir, ou dans les jours à venir. Parce que, malgré tout, il est revenu. Pour moi. Pour ma présence. Et ça me donne un peu d'espoir, un espoir que je pensais avoir totalement perdu ces derniers jours.
Il est là, peut-être qu'il va rester. Dans tous les cas, je ne peux pas l'abandonner. C'est plus fort que moi, j'ai déjà envie de le reprendre dans mes bras et lui dire que ça va aller, peu importe ce qu'il traverse. Je l'ai senti à nouveau. Ce lien qui nous uni. Ce lien qui s'est ressoudé encore plus fort entre nous, lorsque nous nous sommes enlacés tout à l'heure. L'électricité, la proximité, ce n'est pas anodin. C'est comme si nos corps affamés avaient attendu éternellement de se retrouver, de se fondre à nouveau l'un dans l'autre.
Zayn reste avec moi jusqu'à ce que l'eau se coupe, il m'encourage d'un bref sourire et je me relève uniquement quand la porte s'ouvre. Harry est propre et sec, ses pointes de cheveux sont encore mouillées mais ça devrait sécher rapidement. Je me mets face à lui et entre dans la salle de bains afin de mettre son linge dans un panier pour la laver ensuite. Après avoir étendu sa serviette, je fouille dans un tiroir de l'armoire et sors de quoi soigner ses blessures. Il doit comprendre, car il prend place sur la chaise, à côté des toilettes en soupirant. Vu la grimace qui est apparue sur son visage, il ne doit pas avoir mal qu'au visage.
Je ferme la porte, rabaisse la cuvette et m'assois au dessus avec les produits sur mes genoux. Je prépare le coton en y versant un peu de lotion, il a toujours le regard fixé sur le sol. Même lorsque je commence à soigner sa joue. Ses sourcils se froncent, il serre les dents, mais il ne dit toujours rien. Le silence est presque assourdissant, celui-ci n'est pas agréable ou reposant. Il déborde de questions, de peurs et de sous-entendus. Nous sommes tous les deux mal à l'aise, inquiets et impuissants.
Je termine de soigner son visage, et tandis que je rebouche le flacon et m'apprête à me lever pour aller ranger tout ça, sa main se pose sur la mienne. Ses doigts cherchent les miens, je viens les entrelacer et il semble se détendre quelque peu. Jusqu'à ce que des reniflements parviennent à mes oreilles et que je vois des larmes rouler sur ses joues. Je pose les affaires sur le sol à côté de nous et m'approche pour mieux le regarder. Ses paupières se ferment, mon cœur se tord à la vue de son visage brisé par la tristesse et la douleur.
– Ce n'est pas moi, ce... Ce n'est pas de ma faute...
Sa voix se fait finalement entendre, enrouée et larmoyante. Ses doigts tremblent et je glisse les miens contre sa joue froide pour les sécher. Je ne sais pas de quoi il parle, mais il a incontestablement besoin d'être rassuré et écouté. Sans hésiter, je me penche encore et passe mes bras autour de lui. Nos mains se lâchent, mais nos corps s'étreignent à a place. Il s'accroche à moi, à mon tee-shirt avec un tel désespoir que je suis sur le point de m'étouffer.
Mais il est là. Je le serre contre moi, je le berce, je caresse sa nuque et la naissance de ses cheveux. Son odeur me parvient à nouveau, je l'avais presque oublié elle aussi. La chaleur de son corps me submerge, et nous respirons la peau de l'autre au rythme des battements de nos cœurs affolés. Je ne saurais pas décrire réellement et fidèlement ce qui nous lie, c'est inexprimable, c'est intense et personnel. Je peux simplement certifier que je sens tout mon être se retourner à l'intérieur dès que nos corps s'embrassent.
– Harry... je parviens à murmurer.
– Je suis désolé Louis, désolé... Pardon...
Nous ne nous sommes toujours pas détachés, il répète dans un souffle fébrile ces mots contre ma peau. Je le serre davantage, il ne me lâche pas. Et c'est tout ce que je souhaite, qu'il ne m'abandonne plus jamais. Si nous devons nous battre, ce sera ensemble et pas l'un contre l'autre. Nous pouvons le faire, je le sais, je le sens. Nous avons simplement besoin de communiquer et mieux se comprendre pour avancer et surmonter les difficultés.
Lorsque nous nous séparons au bout de quelques minutes, c'est pour poser mon front contre le sien. J'ouvre les yeux, il a encore du mal à me regarder, les siens sont clos. Je crois qu'il a besoin de temps et de confiance. Savoir que je ne le laisserai pas tomber et que je ne lui ferait pas de mal. Je ne vois pas qui pourrait lui en faire, qui voudrait le blesser. Au point de lui amocher le visage ainsi et de le mettre dans cet état de frayeur.
Harry ressemble à un animal blessé et moi j'ai le sentiment profond de ne rien pouvoir faire pour soigner les blessures intérieures. Cette impuissance me tue. Mais je sais que nous devons y aller à petits pas, prendre notre temps. Il ne va pas tout me raconter ce soir, je n'aurais pas toutes mes réponses, mais il est revenu. Et c'est ce qui compte, je suppose. Le sentir, enfin, près de moi. Je suis certain qu'au moins il tient un minimum à moi, assez pour venir me trouver quand il en a besoin. Mais j'aimerais que ce soit plus que ça, plus que de la nécessité qu'un cas comme celui-là demande, qu'il veuille de moi même quand tout semble aller bien.
– On en parlera plus tard, d'accord ? Tu devrais te réchauffer, manger un peu et te reposer avant.
Sa tête se recule de la mienne, il la hoche lentement, mais vient chercher mes doigts pour les serrer doucement. Sa manière de me remercier. Je pose mes yeux sur son visage triste et figé, j'aimerais lui décrocher un sourire et l'aider à aller mieux instantanément. Malheureusement, il n'y a pas de remède miracle ou de recette magique, il faut du temps et du repos. Je caresse le dos de sa main avec mon pouce et finit par me lever pour aller ranger les produits et jeter les cotons utilisés dans la poubelle. Harry se met debout et prend son sac à la main, je le conduis jusqu'à la chambre où je suis avec Zayn depuis notre arrivée et lui propose de poser ses affaires là. Nous verrons bien comment nous nous organiserons au moment d'aller dormir, mais il est hors de question que je le laisse seul dans le canapé.
Nous descendons ensemble, mes sœurs sont assises au salon, Zayn est à la cuisine avec ma mère. Nous prenons place à table, je m'assois à côté d'Harry afin qu'il soit plus à l'aise. Il est tout timide et renfermé. Ma mère lui donne une tasse de thé brûlante, une des miennes, il la remercie du bout des lèvres dans un murmure. Elle lui sourit, m'en propose aussi et je hoche la tête. Mon meilleur ami lave les derniers couverts tandis que je referme mes doigts autour de ma tasse.
– Tu as besoin de quelque chose Harry ?
Harry relève ses yeux tristes et vides vers ma mère, il secoue doucement la tête et essaie de lui offrir un semblant de sourire. Ce qui est un échec. Mais il s'excuse, d'être entré ainsi chez nous. Ma mère comprend parfaitement que ce n'est pas un manque de politesse, il a déjà passé quelques jours avec nous et s'est comporté comme un vrai gentleman. Envers moi et le reste de ma famille. Alors, elle lui sourit et serre brièvement et lentement sa main posée sur la table.
Je tourne mon visage vers Harry qui a replongé le sien vers sa tasse fumante, il boit une gorgée lentement. J'ai la soudaine envie de le prendre dans mes bras et de le rassurer, de lui montrer que je suis là pour lui.
– Tu veux manger un peu ? On peut te donner des pancakes que Ernest et Doris ont fait hier, ça te dirait ?
Alors que je termine ma phrase, Harry lève les yeux vers moi et acquiesce. Ma mère se charge presque tout de suite de sortir les pancakes emballés dans le réfrigérateur. Elle les fait réchauffer au micro-onde et lui propose du sirop d'érable, de la pâte à tartiner ou de la confiture à la fraise comme garniture. Il choisit le sirop et ma mère lui dépose les couverts, l'assiette avec deux pancakes devant lui ainsi que la petite bouteille.
Comme il souhaite sûrement être tranquille pour manger, elle sort de la cuisine avec Zayn. J'hésite à les rejoindre aussi, mais la main qu'Harry pose sur mon bras m'incite à rester. Je bois alors mon thé en silence, je ne l'oblige pas à me parler parce que je pense qu'il le fera quand il sera prêt. Il mange lentement, porte entre deux sa tasse à ses lèvres rosées.
Lorsque nous terminons, il m'aide à débarrasser et laver notre vaisselle. Nous retournons au salon, il est presque vingt trois heures. Je pense que nous sommes tous épuisés, Harry semble avoir besoin de sommeil plus que nous tous. L'orage s'est quelque peu calmé, mais il pleut toujours autant. Mes sœurs partent se coucher et faire leur tour dans la salle de bains, elles nous saluent et adressent un sourire chaleureux à Harry. Tout le monde l'adore.
Ma mère nous souhaite une bonne nuit à son tour, elle embrasse ma joue, celle de Zayn et serre Harry dans ses bras. Il est prit de court, je ne peux m'empêcher de sourire. Il lui souffle une excuse, encore, et elle secoue la tête.
– Ne t'excuse pas Harry, reste autant de temps que tu le voudras.
Et elle nous regarde tous avant de rejoindre sa chambre. Zayn m'adresse un regard et nous montons tous ensemble, une fois que j'ai éteins toutes les lumières des pièces à vivre. J'entre dans notre chambre en bazar, le matelas gonflable au sol, mon lit défait, ma valise ouverte en deux au sol, le sac de mon meilleur ami d'où débordent ses vêtements. Il ramasse ses affaires et Harry reste près de l'entrée, son sac à ses pieds.
Une fois que ses habits sont rassemblés, Zayn attrape son coussin et nous regarde chacun notre tour.
– Je vous laisse la chambre, je vais prendre celle d'ami.
Harry lui adresse un regard en secouant la tête pour lui faire comprendre qu'il n'est pas obligé, je vois mon meilleur ami lui rendre un sourire et hausser les épaules.
– Ça ne me dérange pas, c'est même un avantage. Je te préviens, Louis ronfle toute la nuit !
– Eh c'est faux !
Je prends un coussin sur mon lit pour lui lancer et il l'esquive en se déplaçant, un rire léger s'échappant d'entre ses lèvres. Il nous salue d'un signe de la main et s'éclipse dans le couloir. Je propose à Harry de s'installer le temps que je passe me préparer dans la salle de bains. J'y reste une dizaine de minutes, brosse mes dents, enfile un haut de vieux tee-shirt et un jogging qui me servent de pyjama et je reviens dans la chambre.
Harry est assis en tailleurs sur le matelas gonflable, déjà habillé pour la nuit depuis qu'il a pris sa douche. Il a remonté une couverture sur ses jambes et observe les touches de décorations autour de lui sur les murs. Je sors un coussin de l'armoire pour lui et le glisse dans une taie d'oreiller que je lui donne ensuite. Il la pose derrière lui au bout du matelas et me regarde prendre place dans le lit. Je suis plus haut que lui, je baisse les yeux pour le regarder en calant ma tête contre mon bras.
Finalement, je me recule un peu et lui fais signe de venir se joindre à moi dans ce lit deux places. Il hésite un peu, puis finit par grimper à mes côtés. Nous nous allongeons tous les deux, je me redresse simplement pour prendre un livre sur la table de chevet. Après avoir mis des coussins dans mon dos pour me surélever légèrement, j'ouvre le livre et un regard suffit pour qu'il comprenne. Il vient se caler contre moi, pose sa tête sur mon épaule et je commence à lire. À mi-voix, pour ne pas réveiller les autres personnes dans la maison.
Ma main libre joue dans ses cheveux, la sienne est posée sur mon ventre et l'autre étendue entre nos corps. Je ne fais pas attention à l'heure, je profite simplement de chaque précieuse seconde. En fond, le bruit de la pluie contre les carreaux et le toit nous berce et accompagne notre moment de lecture. Parfois, nous pouvons entendre l'orage gronder au loin. Un souvenir d'une tempête qui s'écarte. Je pose un baiser entre deux sur son front, il a les yeux clos, mais il ne dort pas pour autant.
Lorsque j'arrive à une vingtaine de pages du roman, je me mets à bailler un peu et finis par refermer le livre. Harry relève son visage vers moi et se recule en comprenant que nous allons dormir. Tandis qu'il lève les couvertures pour rejoindre son matelas au sol, je le retiens par le poignet et murmure :
– Reste, enfin... Ça te dérangerait que l'on dorme ensemble ?
Il secoue la tête doucement, un léger sourire apparaît sur ses lèvres et il s'allonge contre les deux coussins. Une fois qu'il est installé, je me cale contre lui, ma tête sur son épaule, presque au creux de son cou. Sa main glisse dans mon dos, qu'il se met à caresser presque immédiatement, et je ferme les paupières.
Malgré la situation et son irruption soudaine chez moi, je suis rassuré de le savoir à mes côtés. Qu'il ait choisi de me rejoindre, de me chercher plutôt que de s'enfermer plus encore dans son silence. Sa respiration et les battements de son cœur me confirment qu'il est bien là, vivant, contre mon corps. Mon souffle s'apaise, je sens la fatigue me gagner et émet un autre bâillement, une main devant ma bouche ouverte.
– Essaie de dormir un peu, je suis là, il ne t'arrivera plus rien. Tu peux laisser la lumière allumée, si tu veux.
Je crois que le noir ne le rassure pas trop, du moins notre expérience au musée dans la pièce plongée dans la pénombre avec les petites guirlandes de lumière me laisse penser ainsi. Je relève simplement la tête pour le regarder, ma main au niveau de sa hanche.Il fait glisser son pouce contre ma joue et hoche la tête.
– Merci. Vraiment.
– Bonne nuit, réveille moi si tu as le moindre problème surtout.
– Bonne nuit, Lou.
Lou. Ce nouveau surnom me fait sourire. J'ai l'habitude de l'entendre autour de moi, mais venant de lui c'est encore différent. C'est plus intime et affectif. Je ne peux voir ça que comme un signe. Un signe que j'attendais, qui me murmure que tout va s'arranger. Et j'ai effectivement l'impression que, blottis dans ses bras, en train de sombrer dans un sommeil profond, rien ne peut nous atteindre.
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