Chapitre vingt-deux.
C'est un souffle chaud contre ma peau qui me tire de mon sommeil, je cligne des paupières plusieurs fois et fronce les sourcils en grognant un peu. Les caresses que je sens dans mon dos me font instantanément sourire, je niche ma tête dans le cou d'Harry et garde les yeux fermés encore un instant. Je veux profiter de lui avant que nous ne descendions rejoindre ma famille et surtout que les jumeaux accaparent son attention.
La respiration calme et régulière d'Harry, ainsi que les mouvements de ses doigts, me font comprendre qu'il ne dort plus. La couverture est remontée sur nos corps à moitié enlacés, j'ai une main posée sur son ventre et je suis presque allongé sur lui. Cependant, ça n'a pas l'air de le déranger le moins du monde. Ses lèvres se posent sur mon front et je le sens sourire contre ma peau.
Et je n'ai pas besoin de réfléchir plus longtemps pour savoir que je veux passer le reste de ma vie ainsi. Dans ses bras, à écouter son cœur battre et me réveiller et m'endormir chaque jour à ses côtés. Je relève enfin les yeux vers lui, un doux sourire fatigué orne ses lèvres et son regard est fixé sur moi. Le vert de ses iris est encore plus perçant à la lumière du matin, je passe mes doigts contre sa joue colorée d'un bleu et remet une boucle derrière son oreille.
On s'échange un bonjour, ma voix est enrouée et la sienne rauque. Et, à ma plus grande surprise, il pose un baiser sur ma joue, tout près de mes lèvres. Trop près pour que je résiste à l'envie de l'embrasser. Mais sa voix résonne à nouveau et interrompt mes pensées et mon élan.
– Tu ronfles vraiment.
Une pointe de malice brille dans ses yeux et je lui donne un petit coup sur l'épaule avant de lever les yeux au ciel. Je prépare ma vengeance en glissant ses doigts sur son ventre, pour le chatouiller, mais mon projet tombe à l'eau car cela ne lui fait rien du tout. Que ce soit au niveau du ventre ou des hanches. Un délicieux rire sort d'entre ses lèvres, il vient délicatement prendre mes doigts pour les nouer aux siens. Ma bouche se tord en une moue boudeuse, et la sienne est encore plus amusée.
Ma vengeance est plus douce cette fois, je m'approche de son visage et il a justement le temps de cligner des paupières avant que je ne prenne possession de ses lèvres pour un baiser. C'est en sentant nos corps si proches et nos langues se caresser timidement que je me rends compte à quel point cela m'avait manqué. À quel point Harry m'avait manqué. C'est un besoin vital. De le sentir si près de moi, de le savoir en sécurité.
Lorsque nous nous détachons, il me sourit et pose un dernier baiser sur le bout de mon nez. Je sens la peau de mes joues chauffer, je dois sûrement rougir, et ça le fait rire silencieusement. Mon pouce vient caresser sa fossette qui se creuse au coin de ses lèvres. Je me prends à observer son visage pendant plusieurs secondes, son sourire devient timide et il m'interroge du regard. Il murmure un « quoi » du bout de ses lèvres abîmées, je glisse mes doigts dans ses cheveux et secoue la tête.
– Rien, rien. Tu es simplement... Très beau.
– Arrête...
Ses joues s'empourprent et un sourire s'étend sur mes lèvres, il baisse les yeux vers celles-ci et je pose mon front contre le sien. Nous sommes presque allongés face à face, mais toujours emmêlés dans une sorte d'étreinte. Mes doigts jouent avec ses boucles, il pousse un léger soupir et je sens un frisson traverser sa peau sous mes doigts.
Cette situation est naturelle, intimidante et agréable à la fois. Je n'ai jamais été aussi sûr de ce que je fais que depuis que je suis dans ses bras. Quand ils se referment autour de moi, m'entourent et me protègent, je me sens invincible. Intouchable. Harry me fait sentir puissant et au-dessus du reste du monde. C'est vrai ce qu'on dit alors, l'amour donne réellement des ailes. Mais je n'ai jamais aimé à ce point là, pas avant l'arrivée d'Harry dans ma vie. Quand je pense à mes anciennes relations, mes ailes, j'ai plutôt l'impression qu'on voulait me les brûler.
– Ça te dérange ?
Je préfère tout de même lui demander, je ne souhaite pas le mettre mal à l'aise. Cependant, il secoue la tête et se penche légèrement pour me voler un baiser. Sans euphémisme, je suis au paradis. J'aimerais que tous mes réveils se déroulent ainsi, au creux de ses bras et si près de lui que je peux presque sentir son cœur battre au rythme du mien.
Alors, je recule légèrement la tête pour continuer à admirer sa beauté naturelle. Il n'a besoin de faire aucun effort, il lui suffit de sourire et je suis à ses pieds. Sa main dans mon dos me procure toujours des caresses, il s'est aventuré finalement en dessous de mon tee-shirt pour toucher ma peau. Son contact m'envoie des frissons dans tout le corps, il m'offre un petit sourire et je pose mes doigts sur sa nuque.
D'ici, nous pouvons entendre un petit brouhaha qui provient du salon. Je ne sais pas quelle heure il est, mais le jour perce à travers les volets à moitié fermés et je suppose qu'au moins ma mère et les jumeaux doivent déjà être debout. Malgré tout, nous avons encore tout le temps que nous voulons à notre disposition. Et je n'ai pas envie de me détacher immédiatement des bras d'Harry.
– Comment tu vas ?
Son sourire perd un peu de couleur et un éclair de tristesse passe dans ses prunelles. Je ne sais pas s'il est prêt à parler, à se confier, mais je suis prêt à l'écouter si c'est le cas. Et je pense que le meilleur endroit pour avoir une discussion reste encore ici. Au calme, à l'écart des oreilles indiscrètes de ma famille et sans la pression d'avoir à se confier à des personnes qu'il ne connaît pas, dans un environnement inconnu.
Il baisse les yeux et hausse les épaules, je continue à caresser sa nuque afin de lui montrer que je suis là s'il en a besoin. Je regarde sa joue blessée et sa lèvre fendue, ça aurait pu être bien plus grave, mais ce n'est pas pour autant acceptable qu'il soit dans cet état. En larmes, apeuré, tremblant et hors de lui-même.
– Tu m'as fait une peur bleue hier...
Mon murmure tremblant lui fait fermer les paupières et un soupir s'échappe de ses lèvres. Je le sens bouger contre moi, et il m'enlacer plus encore pour me prendre dans ses bras. Il les referme autour de moi et c'est lui cette fois qui me rassure. Je me colle à lui, m'imprègne de son odeur au creux de son cou et il passe ses doigts dans mes cheveux.
Je crois que nous restons un moment comme ça, et même si j'ai chaud je ne me recule pas pour autant. Je le serre même davantage quand il effleure ses lèvres contre mon front. Au fond, je crois que j'ai encore du mal à réaliser que je sois dans ses bras, alors qu'hier encore j'essayais de ne pas penser au fait qu'il ne voulait peut-être plus de moi dans sa vie. Mais il est revenu, il s'est réveille à mes côtés et nous avons dormi ensemble, pour moi ça signifie que rien n'est fini.
– Je suis désolé Louis...
Sa voix enrouée parvient à mes oreilles, je me recule pour que nous puissions nous regarder. Il passe son pouce sous mes yeux, je ne me suis même pas rendu compte que des larmes coulaient sur mes joues. Harry y dépose quelques baisers et je serre doucement mes doigts dans ses boucles.
– Ça ne devait pas... tu...
Il coupe sa phrase et soupire, je crois qu'il aimerait se confier mais pas directement en parler. Pas à voix haute. Je me recule alors et roule sur le côté dans le lit pour prendre un bloc note sur la table basse et un stylo. Mon portable est encore dans le fond de mon sac, et le sien ne semble pas non plus être à portée de main. Je lui tend les petits bouts de papier et il me remercie d'un sourire timide. Il se redresse légèrement, mais avant de se mettre à écrire il me regarde. Je prends ça comme un signe et viens me blottir à nouveau contre lui.
Je ne regarde pas tout de suite ce qu'il écrit, je pose ma tête sur son épaule et regarde le mur face à nous. Jusqu'à ce qu'il me tende le bloc-notes, je le prends pour lui et le vois jouer nerveusement avec le stylo. Ma main posée sur son ventre, je parcours ses mots.
« Ça ne devait pas se passer comme ça. Je suis désolé d'être parti l'autre soir sans aucune explication... J'aurais dû te le dire. J'ai... J'ai reçu un message et j'ai paniqué. Je devais rentrer et je voulais pas que tu sois impliqué dans cette histoire. J'ai eu tes messages, tes appels, je t'ai entendu venir chez moi... J'aurais dû répondre, j'aurais dû te donner un signe, mais je n'ai pas vraiment eu l'occasion et... je voulais arranger... tout ça avant. Je ne voulais pas t'impliquer dans cette partie de ma vie. Mais tu me manquais terriblement et je me sentais affreusement coupable de te laisser sans nouvelles. »
Mes sourcils se froncent, tout n'est pas encore clair, mais au moins je suis certain qu'il ne m'évitait pas. Je relève les yeux vers lui, il semble attendre un réponse et me regarde avec appréhension.
– Je comprends que tu ais des soucis ou que tu sois occupé, Harry. J'ai paniqué et je suis désolé si j'ai envahi ton espace personnel... je ne souhaitais pas être intrusif mais... donc ce n'est pas parce que je t'ai demandé de rester pour la nuit ?
– Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas toi, je ne serais pas là sinon.
Harry me répond directement et je suis surpris d'entendre sa voix mais je hoche la tête. Je le regarde et je comprends à l'expression de ses yeux que c'est quelque chose qui le dépasse, que lui-même ne parvient pas à contrôler.
Il reprend le bloc-notes et se remet à écrire, j'observe ses sourcils se froncer ainsi que son air sérieux. Lorsqu'il me le tend, je n'hésite pas une seconde à lire les nouveaux mots couchés sur le papier.
« Je suis venu hier parce que j'avais peur de rester chez moi... Je t'ai cherché, j'avais besoin de toi, je suis venu à ton appartement, j'ai attendu devant ta porte, au café, à la librairie. Puis j'ai croisé Zayn, il a compris que je devais te voir sans même que je le demande. Il m'a donné cette adresse et m'a prévenu de ne pas jouer avec toi. Que je n'aurais pas deux chances. Je suis retourné chez moi pour réserver un train, mais... J'ai eu un soucis avant que je ne puisse partir. »
Je monte mes yeux vers son visage meurtri et glisse le bout de mes doigts contre la blessure sur sa joue. A son tour, il hoche la tête comme pour me faire comprendre que c'est de ce soucis dont il parlait. Il ferme ensuite les paupières sous mon toucher, je sens mon cœur se serrer et me penche pour l'embrasser du bout des lèvres.
– C'est la première fois ?
Ma question n'est qu'un murmure mais je sais qu'il a entendu, il pose son front contre le mien et je le vois ravaler sa salive. Dans un léger mouvement, il secoue la tête et tout mon monde semble s'écrouler sous moi. Je n'hésite pas une seconde et le prends contre moi, le bloc-notes tombe entre nous, mais peu importe. Il a besoin d'être contre moi, et j'ai besoin de le rassurer. Je ne veux plus jamais le voir dans le même état qu'hier. C'est insoutenable de me dire que quelqu'un lui fait du mal et que je suis totalement impuissant.
Bientôt, je le sens pleurer dans le creux de mon cou. Des sanglots étouffés et silencieux, des larmes qui mouillent ma peau et je caresse son dos, ses cheveux. Comme hier, il s'accroche à moi et je ne lâche pas. J'aimerais le protéger du monde entier, lui donner la même sensation que moi je ressens lorsqu'il a ses bras autour de moi. La sécurité. Mais il m'a écrit qu'il est revenu parce qu'il avait besoin de moi, parce qu'il avait peur chez lui. Alors, j'ai ma conviction que je lui apporte au moins un peu de réconfort.
– C'est la personne qui m'a répondu à l'interphone, c'est ça ? C'est elle qui t'a fait ça ?
Je ne peux m'empêcher de lui demander directement le ou les coupables. Cet homme m'a paru étrange dès la première minute, même simplement à travers l'interphone. Mais quand je l'ai eu devant moi, j'ai eu un mauvais pressentiment. Malheureusement je ne pouvais rien faire, ou sinon il aurait été capable d'appeler la police. Et je ne voulais pas attirer des ennuis ni à Harry ni à moi.
Ses pleurs commencent à se calmer, il me tient toujours aussi désespéramment, mais ses larmes ne coulent plus sur ma peau. Mon cœur est, quant à lui, toujours aussi serré et j'ai la sensation d'être au bord du sanglot. Mais la boule en travers de ma gorge bloque mes pleurs et ma respiration en même temps. Et la réponse d'Harry est un coup brutal et douloureux dans la poitrine :
– J'aimerais avoir une famille comme la tienne, Louis.
Et ça me suffit pour comprendre. Mes doutes se confirment. Harry n'a pas répondu directement à sa question, mais ses mots le laissent deviner. Cependant, je ne pousse pas plus mes questions. Nous avons assez parlé de ça pour aujourd'hui, et je crois qu'Harry a besoin de repos maintenant. De penser à autre chose.
Je resserre davantage mon étreinte et le berce jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Au bout de plusieurs minutes, il se recule et j'ai simplement le temps de croiser son regard avant qu'il ne s'empare de mes lèvres. La force de ce baiser nous fait basculer dans le lit. Il se retrouve au dessus de moi, j'ai à nouveau mes doigts dans ses cheveux et nos bouches ne se lâchent plus. Ou seulement quand le souffle nous manque.
Ses mains glissent sur mes hanches, caressent la peau chaude sous mon tee-shirt. Mon corps est traversé d'un frisson, j'halète un peu contre ses lèvres et un sourire orne les siennes. Mais ça n'a rien de sexuel. C'est plutôt sa façon à lui de me remercier sans prononcer un seul mot. Et moi de lui dire je t'aime sans encore oser l'avouer à voix-haute.
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