Chapitre neuf :

         Avec Zayn, on a passé une soirée entre nous. Il m'a interrogé et il a essayé de savoir pourquoi je semblais si heureux d'un coup. J'ai su, avec difficultés et quelques bières, éviter le sujet et changer de conversation plusieurs fois. Au bout d'un moment, il a arrêté d'insister. Je crois qu'il a compris que je le tiendrais informé quand j'en aurais l'envie et quand j'y serais prêt. Pour le moment, je ne suis certain de rien. Je n'ai vu Harry que deux fois et je ne sais pas où j'en suis, ce que nous sommes. Ça peut prendre des jours ou des mois, mais je suis quelqu'un de patient.

Zayn a organisé une autre soirée avec des amis à nous, sa copine et on s'est retrouvé à une dizaine au bar le plus près de son appartement. Il est vingt trois heures passé, j'ai déjà bu quelques pintes de bières et on s'est amusés à faire un beer-pong qui a fini par nous rendre plus ivres qu'autre chose. Zayn m'a demandé de faire des shot de vodka avec lui mais j'ai refusé. J'aimerais savoir rentrer sur mes deux pieds, je crois que je vais arrêter là pour ce soir. A la place, je me rends devant le bar et sors une cigarette ainsi que mon briquet afin de fumer un peu.

Je sors mon portable et me rends dans ma messagerie, je regarde un média que ma mère m'a envoyé il y a une heure des jumeaux avec leur nouvelle tenue qu'ils ont eu à leur anniversaire. Je souris et retourne aux noms de mes contacts. Cela fait quatre jours que je n'ai pas de nouvelles d'Harry. Il me manque et j'aimerais le revoir. Ou du moins, savoir s'il va bien.

De Louis à Harry :

Hey, désolé il est tard je sais et je suis un peu éméché.... Mais... Ça te dirait de se voir demain dans l'après-midi ?

Après l'avoir envoyé, je m'appuie contre le mur et regarde la fumée blanche de ma cigarette qui s'évapore dans le ciel. Je la coince à nouveau entre mes lèvres juste quand mon portable vibre quelques secondes plus tard. Il ne dort pas encore.

D'Harry à Louis :

Bonsoir, oui bien sûr avec plaisir. Tu me laisserais choisir notre sortie ?

Notre sortie. Ses mots me font sourire, je cache mon air béat derrière ma cigarette et recrache la nicotine avant de répondre.

De Louis à Harry :

Sans problèmes ! Des idées en tête ?

Sa réponse ne se fait pas attendre, et j'aime quand on se répond aussi rapidement. Parce que j'aime à penser qu'il n'a que moi en tête à cet instant là. Comme c'est mon cas.

D'Harry à Louis :

Oui, mais c'est un secret.

Un secret. J'aime ça. Me faire surprendre. Encore plus si Harry est derrière tout cela. J'ai quand même hâte d'être à demain pour savoir ce qu'il nous prépare.

De Louis à Harry :

Et si ça ne me plaît pas ?

Je le taquine un peu, je suis certain que son idée va me satisfaire. Étrangement, je pense qu'il sait ce qui pourrait me convenir et me surprendre à la fois. Je lui fais confiance sur cela. Il connaît mes goûts littéraire et cinématographique, je me suis un peu livré à lui sur ma famille. Même si j'ai encore des tas de choses que j'aimerais lui apprendre sur moi. Et inversement.

D'Harry à Louis :

J'en doute fortement.

Un rire léger sort de ma bouche et je lui réponds par un emoji qui tire la langue. Quelques secondes plus tard, il me fournit une heure et un point de rendez-vous. Devant le café. Je suppose que c'est devenu notre endroit. Ou du moins, un des premiers lieux de notre début de relation.

Tandis qu'un sourire reste sur mes lèvres, la porte se ferme à côté de moi et je vois Zayn apparaître et me rejoindre, cigarette entre les doigts. Ses sourcils se haussent et je range mon portable dans ma poche, fume encore pour me donner de la contenance.

– Dis donc, quel sourire je vois là Lou...

Il me taquine encore, s'installant à côté de moi contre le mur. Je me contente de lui donner un coup de coude et de grogner un peu. Toutefois, je l'informe que j'ai une sortie de prévue demain après-midi et qu'on ne pourra pas se voir. C'est à son tour de me sourire et il passe un bras autour de mes épaules.

Je n'ai pratiquement jamais rien caché à Zayn et il est au courant de ma vie privée, de mes amours ou de mes peines de coeur, des personnes avec qui j'ai pu entretenir l'histoire d'une nuit. Mais là, je pense que c'est différent. Je n'ai pas encore envie qu'il soit au courant. J'ai l'impression que si je lui révèle l'identité d'Harry, si je parle concrètement de lui, tout sera brisé. Le charme sera rompu. Et j'ai encore envie de vivre mon conte de fées plus longtemps.

On retourne au bar, mes amis boivent encore et j'essaie de nourrir une conversation avec eux. Ils m'entraînent sur la piste et on danse tous ensemble. J'ai bien ris, j'ai bien bu aussi. On rentre vers trois heures du matin, je suis épuisé. Je m'écroule dans le lit de Zayn, il m'a laissé passer la nuit chez lui, bien qu'il y est sa copine. Ils ont dormis tous les deux dans sa chambre et je me suis installé dans le canapé lit convertible.

Je suis le premier debout, aux alentours de midi trente, accompagné d'une sérieuse gueule de bois. Pourtant, je n'ai plus consommé un seul verre après ma cigarette. Directement, encore dans mes vêtements de la veille, je me dirige vers la cuisine et sors un verre d'eau et un cachet pour la tête. Zayn prévoit toujours tout. Je me prépare un café afin de rester éveillé pour le reste de cette journée et en laisse au couple de la maison.

Avant qu'ils ne se réveillent, j'ai le temps de grignoter un toast et un yaourt, prendre une douche et ranger le lit. Ce sont ensemble qu'ils descendent les escaliers et me rejoignent, alors que je termine de refaire le canapé.

– C'est bon Louis, tu peux laisser comme ça je rangerais après, merci.

– Merci de m'avoir laissé dormir ici.

– C'est normal, on était dans un sale état hier quand même...

– Oui, mais ce n'est pas tous les jours. Et toi, Maev, ça va ?

Un peu plus sobre que nous hier, Maëva hoche la tête tout en servant à Zayn et à elle-même une tasse de café. Elle a un petit sourire fatigué, mais elle vient me faire la bise et boit un peu ensuite. Je reste avec eux jusqu'à ce qu'ils terminent leur petit-déjeuner et Maëva, après avoir embrassé son compagnon, s'éclipse dans la salle de bain. Mon meilleur ami m'accompagne jusqu'à la porte avec mon sac, je vais directement rejoindre Harry. Nous devons nous retrouver dans une vingtaine de minutes, il est presque quinze heures.

Fidèle à lui-même, Zayn me lance un sourire plein de sous-entendus et me demande de le tenir au courant. Je lui tape gentiment l'épaule et il m'attire dans une accolade rapide. En peu de temps, je remonte quelques rues et me retrouve devant le café. Dix minutes en avance. Je préfère ne pas gâcher ce temps à ne rien faire et entre dans la petite boutique. Le serveur à la caisse me sourit et je vois Emily servir du café à table, elle m'adresse un signe de la main que je lui rends.

Mon regard se perd quelques secondes sur les différents choix et je décide de prendre un muffin à la myrtille, un thé glacé à la fleur de sureau. Je ne sais pas si Harry aura faim ou déjà mangé, mais je lui prends le nouveau gâteau végan au chocolat blanc et le même breuvage que moi. Un de mes préférés. Une fois que tout est payé, je m'installe à une table près de la porte d'entrée et de la fenêtre, il sera plus facile pour lui de me voir ainsi. Mais je le préviens quand même par message que je suis entré dans le café.

Peu de temps après, je le vois pousser la porte vitrée et il s'avance vers ma table en souriant. Il porte un simple tee-shirt blanc et un jean, ainsi qu'un sac en toile sur son épaule, mais il arrive toujours à être beau. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air, je dois avoir de magnifiques cernes et le front encore plissé par une légère migraine qui persiste. Harry dépose son sac sur le rebord de la chaise, s'assoit en face de moi et je lui tends le thé et le gâteau.

– Salut. Je me suis permis de commander pour toi, je ne sais pas si tu as mangé ou...

– Merci.

Sa voix me surprend un peu, parfois je suis tellement habitué à son silence que je ne m'attend pas à l'entendre. Il saisit le gobelet en plastique et je lui explique le goût de la boisson rafraîchissante et l'arôme de sa part de gâteau. On mange et j'essaie pendant ce temps de lui soutirer des indices sur notre lieu de sortie. Mais il reste mystérieux et ne me livre aucune information, il se contente de me sourire et de secouer doucement la tête tout en dégustant son goûter.

Finalement, on sort au bout d'une vingtaine de minutes du café. Une fois dehors, je le laisse guider la marche. On arpente les rues côte à côte, dans un silence agréable, entouré par le bruit de la ville. Petit à petit, on s'éloigne du coin où j'ai l'habitude de me rendre et les lieux me deviennent de moins en moins familier. On marche peut-être moins de dix minutes et il s'arrête devant un grand bâtiment assez rustique, ancien. Mon regard se détache de lui et se pose sur les affiches qui ornent les grandes colonnes à l'aspect antique. Un musée. Un musée des Beaux-Arts.

Avant de gravir les quelques marches qui nous séparent de l'entrée, Harry sort son portable et me tape un message que je reçois rapidement.

D'Harry à Louis :

J'adore venir ici, c'est mon musée préféré de la ville.

Son intention me fait sourire, il m'emmène découvrir son endroit favori, là où il aime passer du temps. Comme moi avec la librairie. Et je pense que c'est sa façon à lui de me faire entrer dans son monde, d'accéder à une partie de son univers. Peut-être qu'en voyant certaines de ces oeuvres, je vais en apprendre plus sur lui, sa personnalité et ses goûts.

L'idée d'aller dans un musée ne me déplaît pas, je ne m'y connais pas tellement matière de peinture ou de photographie, mais j'ai toujours été curieux et intéressé par l'art en général. C'est toujours fascinant d'observer de quelles différentes manières les nombreux artistes peuvent s'exprimer à travers leurs talents. J'ai déjà visité quelques musées dans ma vie, mais je n'ai encore jamais eu l'occasion de mettre les pieds dans celui-ci.

– Tu me fais découvrir ?

Ma question le fait sourire, mon coeur se réchauffe. Alors, je me fais un plaisir de le suivre dans son environnement. On passe la sécurité, Harry a déjà acheté deux billets qu'il sort de sa poche et je le suis vers un comptoir. Il prend un magnétophone et un casque à disposition et me fait signe de le suivre au premier étage de la visite. Le bâtiment est immense, très impressionnant et propre. Il y a des fresques aux plafonds et quelques unes sur les murs, ainsi que des statuts. A s'y méprendre, on pourrait se croire dans un château.

La visite commence au sein de grandes pièces aux murs rouges et hauts où sont accrochés différents tableaux. Des panneaux à l'entrée de chaque hall indiquent les siècles, périodes et parfois mouvements artistiques. Mais avant que nous ne commencions, Harry coince le magnétophone dans sa poche et me tend un écouteur. Ainsi, on se partage l'explication de la visite par la voix d'une femme qui semble passionnée par ce qu'elle raconte, mais aussi très cultivée. On s'arrête devant chaque tableau, chaque sculpture.

Je n'ai jamais été aussi fasciné et captivé par quelque chose, les détails fournis par la guide au travers de l'écouteur sont concis et précis. Je prends le temps pour admirer les oeuvres, de temps en temps je me tourne vers Harry qui est autant obnubilé que moi. Ses yeux brillent, il semble découvrir les tableaux une nouvelle fois. Je suis ravi de partager cette passion avec lui, de me plonger dans son univers et ce qui le rend heureux.

Au fil de la visite, en plus de découvrir des peintures qui me plaisent, j'ai l'impression de découvrir Harry. Une part de sa personnalité qu'il veut bien me livrer aujourd'hui. Nos épaules et nos bras se frôlent parfois au cours de notre visite, je ne fais même pas attention aux personnes autour de nous, je ne vois que ces immenses tableaux qui prennent parfois la moitié des murs, qui me donnent l'impression d'être minuscule et une sensation de vertige.

Un moment, on se retrouve dans une pièce circulaire, des fauteuils sont placés au milieu. Nous nous asseyons dessus, côte à côte et écoutons les commentaires de la femme. Alors qu'Harry parcourt la pièce du regard, les tableaux de la même taille accrochés à la même distance, le mien se perd sur son visage. Je ne m'occupe plus des détails que donne la guide, mon attention est fixé sur son visage et le petit sourire timide qui apparaît sur le coin de ses lèvres quand il me remarque.

Pendant ce qui paraît de longues minutes, il ne dit rien et repose ses yeux autour de lui. Ses joues sont couvertes d'un fin voile rosé et il finit par me faire signe de le suivre. Toujours à côté l'un de l'autre, nous terminons la visite par quelques petites salles. Il s'arrête devant un tableau et presse pause sur le magnétophone. Lorsqu'il se met à parler, son regard ne quitte pas l'oeuvre qui se trouve sous ses yeux.

– Mon préféré.



Un tableau assez impressionnant, je dirais peut-être quatre mètre de large, je regarde la petite étiquette La vague, Ivan Aivazovsky (1889) alors que l'explication reprend. J'admire les couleurs sombres et l'impression réelle des vagues qui semblent s'échouer, en pleine tempête, juste en face de moi, le bateau au milieu, impuissant et englouti par les flots. Cette oeuvre est triste, bouleversante, mais divinement belle.

On reste un moment devant, à simplement admirer. En silence, quand la femme a terminé de nous raconter l'histoire de ce tableau russe. Puis on sort, je regarde l'heure sur mon portable et suis surpris de voir que nous avons passé presque trois heures dans le musée. Je n'ai pas vu le temps passer. Tandis que je m'apprête à remercier Harry pour cette merveilleuse sortie, mon portable vibre et il range le sien.

D'Harry à Louis :

Si tu n'es pas attendu, j'aimerais t'emmener quelque part et voler encore un peu de ton temps.

Je ne peux qu'accepter, à vrai dire je ne voulais pas encore le quitter non plus. Il me sourit et je le suis, peut-être cinq minutes. On s'arrête devant un bâtiment, je crois que c'est une location d'appartements. Sûrement là où il habite, parce qu'il sort un badge et ouvre la porte du hall. Intrigué, je le suis et on gravit quatre étages à pieds. Il pousse une porte tout en haut, au fond d'un couloir et me laisse passer en premier. Et ce que je découvre me coupe le souffle.

Nous sommes sur le toit du bâtiment. Entourés de la ville. Les arbres d'un parc, d'autres bâtiments, les toits des maisons, le clocher d'une église. Et le soleil qui brille au loin. Fatigué. Harry prend place au sol, contre un muret, je m'installe à côté de lui et il sort quelque chose de son sac. Un livre. Il me le tend, son regard est timide et il reste silencieux quelques secondes tandis que j'attrape l'ouvrage.

– Tu... Ça te dérangerait de me faire la lecture ?

Mes joues s'empourprent. Personne ne m'a jamais demandé cela, et c'est extrêmement flatteur. Il me regarde avec tout l'espoir du monde et je ne peux pas refuser. Je n'allais, de toute façon, pas décliner une telle offre. J'aime lire. Et j'aime lire aux autres aussi, mes frères et soeurs, les petits enfants que j'ai pu garder, je lis parfois à voix haute tout seul dans mon appartement quand l'histoire devient trop intense pour que je me contente de la garder dans la tête.

Il s'installe confortablement, et je sens son regard sur moi tandis que mes doigts glissent sur la couverture et ouvrent la première page. Je commence les premières lignes du prologue sans aucune difficulté, je ne me sens pas gêné de lire devant lui et pour lui.

Je ne sais pas combien de temps on reste ainsi, le livre est assez court, mais je dévore chaque mot comme lui savoure ma lecture. Il a fermé les paupières au bout d'un moment, après avoir observé le ciel. Je m'autorise à le regarder de temps en temps, quand on passe à un nouveau chapitre. Il semble détendu, dans son monde. Le monde des mots. Je ne peux pas lui en vouloir, je suis pareil dès que je trouve un livre qui me transporte.

Lorsque je termine, j'ai la gorge un peu sèche d'avoir parlé si longtemps, mais je suis heureux d'avoir pu partager ce moment avec lui. Je lui rends son livre, il le prend en souriant et le range dans son sac avant de sortir une bouteille d'eau. Il a vraiment pensé à tout. J'en bois quelques gorgées et il me fait signe de la garder. Je reprendre ma position à ses côtés et on regarde le soleil commencer à se coucher.

On ne dit rien, on admire simplement. Comme au musée. Et c'est un souvenir qui va rester gravé en moi tout le reste de ma vie, même si un jour Harry devrait en disparaître. Ce que je ne souhaite pas. Puis on finit par se lever d'un commun d'accord, on quitte le toit même si nous n'avons pas pu voir le coucher de soleil. Seulement ses rayons s'adoucir et se fatiguer. Mais je crois bien qu'il est assez tard, toutefois. Nous n'avons pas fait attention à l'heure, je regarde rapidement mon portable qui vibre dans ma poche. Un message de Zayn. Et je remarque qu'il est presque vingt heures.

On redescend dans le hall, Harry joue avec ses clefs - que je suppose être celles de son appartement- et il me propose finalement par message de me raccompagner. Je lui souris et secoue la tête. Il est tard, et il a sûrement autre chose à faire. Je lui assure que je connais la route et que ça ira. Tout en souriant, il hoche la tête. Encore une fois, je ne sais pas réellement comment me comporter pour lui dire au revoir. Bien sûr, je le remercie pour la merveilleuse sortie et de m'avoir montré la vue sur le toit de son immeuble. Son sourire s'agrandit, ses yeux brillent et je devrais réellement arrêter de le regarder de cette manière.

Je lui fais un signe de la main, assez étrange, et lui souris. Quand je me retourne pour partir et quitter la bâtisse, sa voix m'appelle dans un murmure et je le regarde à nouveau. Quelques secondes volées en plus à l'admirer. Il semble presque timide, fait tourner nerveusement ses clefs entre ses doigts en ouvrant et en fermant légèrement sa bouche plusieurs fois.

– Mardi, il... Il y a un musée nocturne, tu veux venir ? Avec moi...?

Mon sourire n'a jamais été aussi grand et mes joues aussi chaudes. Évidemment, je ne peux pas décliner. Une nuit au musée, avec Harry. Je lui réponds positivement et je crois qu'il respire à nouveau. Et moi, je m'éloigne à contre coeur de lui et retourne chez moi en ayant l'impression que des ailes me poussent.

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