9.
Leis
Je me suis tout bonnement fait cambriolé mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi ils ont juste emporté mon carnet. Personne n'était au courant de son existence et encore moins de son contenu.
Je ressors du garage un tantinet énervé.
- Romero appelle des hommes et dis leur de passer au peigne fin ce garage indiquai-je à mon chauffeur
- Si signor
Je remonte dans la voiture et attend qu'il finisse de passer l'appel puis lui demande de me conduire à mon père. Il y a longtemps que je ne l'ai pas vu et c'est bien dommage. Malgré ses déficiences mentales il s'est toujours révélé être d'une agréable compagnie. Peut-être la meilleure que j'aie connu de toute ma vie.
On traverse doucement les rues de cette ville qui a vu naître mes plus grands rêves, qui a vu combien j'ai pu me détourner de mes objectifs. Je donnerais tout pour retourner plus tôt dans le temps et refuser la propriétaire de Da Silva. Mais aurait-ce changé quoi que ce soit à ma vie ? Non je ne crois pas. On a qu'une seule destinée et la mienne était de devenir cet homme horrible que je suis à présent. J'ai tellement été mauvais il y a des années que je ne saurais plus comment exprimer comme il le faut mes sentiments. Le pouvoir, l'argent et la luxure ont fait de moi un être détestable. Mais si le bon Dieu a bien voulu m'ouvrir les yeux c'est qu'il existe toujours un espoir.
La voiture contourne l'allée de l'hôpital psychiatrique pour aller garer plus loin et je médite sur l'approche que j'aurai face à mon père. Certainement qu'il me reprochera ma longue absence. Une fois la voiture à l'arrêt je descend et enclenche la marche jusqu'à l'entrée du bâtiment. Je me rends à l'accueil et demande à voir le médecin traitant de mon père pour en savoir un peu plus sur son état de santé.
- Oh monsieur Sanchez je ne m'attendais pas à vous revoir de sitôt dit le docteur Whitfield d'entrée de jeu
- Vous devriez pourtant, l'un de vos patients se trouve être mon père dis-je en enfouissant mes mains dans les poches
- Justement à ce sujet si vous voulez bien me suivre dans mon bureau dit il
Je le suivi sans broncher me demandant ce qu'il pouvait bien y avoir de si important ou grave pour nécessiter d'en parler à huis clos. Il me précéda dans son bureau puis referma la porte après moi.
- Qu'y a-t-il ? cessez donc ce mystère dis-je impatient
- Vous devriez vous asseoir monsieur
J'arquai un sourcil. Pour qui me prenait-il ?
- Nul besoin de le faire dites moi juste ce que vous avez à me dire
- Votre père ne réside plus dans cet hôpital
Je le regarde confus. Qu'est ce que c'est encore cette histoire ? Je jauge son expression à la recherche d'une once de plaisanterie mais rien . Après tout pourquoi le ferait-il ? Personne n'oserait jouer avec moi et encore moins sur un sujet aussi sensible.
- Pardon ? J'ai cru mal entendre. Vous avez bien dit que mon père n'est plus interné ici ?
- C'est cela !
- Vous avez une minute pour tout m'expliquer et clairement lui dis-je en m'asseyant finalement
- Son traitement était assez coûteux dû à l'ampleur de sa maladie et l'hôpital aurait bien voulu couvrir ces frais depuis votre incarcération mais après la deuxième année nous n'étions plus en mesure de le faire c'est pourquoi nous l'avons placé en maison de retraite communautaire
- Comment cela vous ne pouviez pas payer son traitement ? J'ai laissé à votre disposition une forte somme pour prendre soin de lui
- Peut-être l'avez vous fait mais ni moi ni l'institution que je représente n'avons reçu une quelconque somme
J'expirai bruyamment. Les choses étaient encore pire que ce que j'avais pensé. Ils n'avaient même pas eu compassion de mon père. Qui sait ce qu'ils ont bien pû faire d'autre en mon absence. Je me fais la promesse de leur faire payer un par un pour cette trahison.
- Je comprends que vous vous soyez peut-être fait dupé mais il est impératif que nous reprenions le traitement de votre père
J'acquiesçai et me levai par la même occasion.
- Donnez moi l'adresse de cette maison de retraite je vous prie
Il arracha un post-it et écrit la dite adresse et me tendis le bout de papier.
- Je compte sur vous pour nous le ramener a temps dit celui-ci se levant à son tour
- Bien évidemment! Merci pour votre geste lui dis-je faisant allusion au fait qu'il ait placé mon père a un endroit où il pourrait tout de même être sous surveillance
- Il en était juste de mon devoir
J'hocha la tête et quitta cette pièce puis l'hôpital en lui même.
- Comment va votre père s'enquit Romero en m'ouvrant la portière
- Ça je ne le sais pas encore, mais ça ne saurait tarder
Je lui tendis le papier sur lequel était inscrit l'adresse et lui demandai de m'y conduire. Je n'avais qu'une hâte de revoir mon père avec ce que je viens d'apprendre il doit s'être senti abandonné. J'espère au moins qu'il n'avait pas accès aux informations.
Sans que je ne m'en rende compte nous étions arrivés.
- Vous voulez que je vienne avec vous patron ?
- Non ça n'est pas nécessaire
Je pris des informations à la réception puis me rendis dans la salle indiquée. Là se trouvaient diverses sortes de personnes mais une chose les unissaient tous à cet instant, ils jouaient. Peu importe le jeu. Carte, puzzle, monopoly il semblait y avoir de tout. C'est excellent pour le cerveau dit-on. Un homme en chemise hawaïenne et short kaki attira mon attention. Il semblait dominer sa table de jeu. Sa chevelure était grisonnante et par endroit blanche. Rien dans son allure ne donnait l'impression d'être affaibli ou fatigué. Tout le contraire de ce que m'a laissé entendre ce cher docteur Whitfield. En effet mon père semble bien portant.
Je quitte enfin l'entrée pour m'avancer vers lui avec cette même boule d'angoisse me tenaillant. Arrivé à sa hauteur je reste un moment derrière lui puis me décide enfin à tirer un siège et m'asseoir près de lui.
Alors que je m'apprêtais à sortir mon grand discours il se tourna vers moi en le regardant confusément.
- Salut l'ami tu es nouveau par ici ? S'exclama-t-il
Je me retourne pour voir s'il y a quelqu'un derrière moi à qui il serait entrain de s'adresser mais personne. Je ne comprends rien à cette situation et j'espère vraiment qu'il y a une explication à ce comportement.
- Je sais ça peut être difficile de se faire à cet atmosphère avec tous ces aliénés mais t'inquiète pas c'est pas aussi chiant que ça en a l'air . Tiens par exemple on joue aux cartes nous et même qu'on fait des compétitions rajouta-t-il d'un ton bourru
- Ah ça oui compléta l'homme face à lui
- Mais de quoi tu parles papa ? C'est moi Leis, ton fils
Il me regarda deux secondes avant de s'esclaffer. Qu'y a-t-il de si amusant dans ce que je viens de dire ? Ou serait-ce du sarcasme pour me faire payer ma longue absence ? Oh ça j'en doute il n'a jamais été de ce genre là. Il a toujours été très franc et direct.
- Alors toi tu dois avoir un sacré problème commença-t-il
Il déposa ses cartes avant de se retourner complètement face à moi
- Écoute mon petit, je sais pas quel genre de situations tu as eu à traverser dans ta vie et qui t'a mené jusqu'ici mais si tu veux aller mieux il faudra d'abord que tu acceptes les choses telles quelles sont et non de te créer ta propre réalité Ok ?
Je crois qu'il y a un problème là. Je suis en train de le fixer et dans ses prunelles je ne vois rien qui puisse trahir qu'il soit en train de plaisanter ou quelque chose de la sorte. Que se passe-t-il ?
- Alors tu te joins à nous pour la prochaine partie s'informa-t-il l'air de rien
J'allais répondre quand un médecin nous interrompit.
- Justement monsieur Sanchez c'est vous que je cherchais veuillez me suivre s'il vous plaît
Je me levai avec une impression de déjà vu. Je jetai un dernier coup d'œil à mon père qui lui avait tout simplement entamé une nouvelle partie de carte.
Je suivis le médecin dans son bureau. Je n'avais pas une once de patience en ce moment là.
- Alors ?
- Il se trouve qu'il y a un petit problème avec le cas de votre père
- ça je le vois très bien il ne m'a pas reconnu tout à l'heure. Est-il amnésique ?
Il baissa le regard. Alors c'est ça. Je déteste par dessus tout lorsque les médecins font ça. Qu'ils disent la vérité telle qu'elle l'est simplement au lieu de prendre cet air chagriné.
- Je crains que ça ne soit plus compliqué que cela
C'est pas vrai qu'est ce qui va encore me tomber sur la tête cette fois ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top