33.

Présent

Près de deux mois que mon réseau tourne à plein moulin. Rojo n'est plus, le cartel Morado fait désormais sa loi, mon cartel. Soutenu par Da Silva, Jamès, la famille Suarez et d'autres contacts. J'avais prévenu Raùl qu'il ne ferait pas long feu. Et cette fois il ne pourra rien car c'est prouvé et démontré que la famille Suarez a la meilleure coke d'Amérique du Sud, sans parler des autres affaires qu'on a en commun. La Havane, le Cuba, la Floride et trois États annexes , voilà jusqu'où je réussis à m'étendre en deux mois. 
Sur place , Jamès coordonnait tout ce qui concernait la coke, le reste je m'en chargeais. Dans toute la pléthore de boulot, je trouvais toujours du temps pour ma belle. Je lui passais des appels depuis un téléphone prépayé tous les vendredis soirs, à raison d'un téléphone par semaine. L'entendre me raconter ses journées, me parler de ses voisins agités, du vieux couple de retraités, lire ses interminables lettres  et parfois simplement admirer une photo d'elle, l'entendre tout simplement, son rire, ses blagues pourries, les petites intonations sarcastiques dans sa voix lorsqu'elle se fout ouvertement de moi, ça m'apaise.
Car oui malgré toutes les précautions que je prend, j'ai peur. Plus je m'attache à elle, plus j'ai peur. Peur pour elle, peur pour nous, peur pour mon père-bien qu'il soit bien gardé hors du territoire américain dans mon plan F.

Ce soir, je la verrai et rien qu'à cette pensée je suis nerveux, je fais les cents pas dans cet appartement que j'ai sous-loué pour la durée de mon séjour ici. J'ai pas mal bougé ces temps ci, afin de m'assurer moi-même de la distribution de ma marchandise. Mais ce 60m² représente mon repère par rapport à dulce mia.

Je me sens tout excité de la voir. La dernière fois que je l'avais en face de moi, l'agitation ne m'a pas laissé profiter pleinement de sa présence. Cependant j'ai pû constater combien le froid abime sa si belle peau ébène.
Sa peau d'habitude lisse et satinée était par endroits craquelée et semblait comme défraîchie. Elle m'a assuré en avoir prit soin, mais je n'en suis pas sûr. J'attend de voir, de la voir. J'ai hâte, je suis a la limite fébrile, et tout ça c'est nouveau pour moi.

À 18 heure exactement j'entends des pneus d'une voiture crisser. Puis le vrombissement d'un moteur s'eteindre au fur et à mesure que la voiture s'éloignait par l'etroit sentier qui mène jusqu'à cette falaise. Je me retourne, pour avoir droit à un spectacle inouï. C'est électrisant, c'est puissant la force avec laquelle le désir qui me saisit soudain me transcenda. Lorsque j'avais aperçu cette robe, je l'y ai imaginée. Cette soie souple, cette couleur marron, je voyais tout ce bel assemblage découper ses courbes, les mouler et les mettre en exergue. Depuis cette encolure échancrée à cette découpe plus que osée de la jupe fendue sur la cuisse gauche. Son dos ne serait pas laissé pour compte, un décolleté plongeant s'y cachait, il me devoilerait sûrement bien plus de sa si belle peau.

- Je vous trouve des plus charmants monsieur Sanchez avança t-elle
- J'aimerais en dire autant de vous mademoiselle Tanon mais vous vous êtes obstinément appliquée à vous cacher sous ce déplaisant manteau répondis-je en la dévisageant un peu plus

Elle resta immobile en me narguant sensuellement. Je pris l'initiative de l'en débarrasser moi même. A aucun moment mon regard ne quitta le sien. Je voulais mon regard déstabilisant, je voulais qu'elle puisse être également sujette à ce supplice, que la vue que m'offrait progressivement ce manteau qui disparaissait un peu plus bouton après bouton, provoquait en moi. Ma  gorge s'assécha brusquement, j'avais la vue quelque peu brouillée. J'aime ce que je vois, oh oui c'est certain. Tant de beauté..

- C'est bien au delà de mes attentes lui répondis-je

Un sourire de connivence se dessina sur ses lèvres et elle me demanda

- Tu aimes ce que tu vois j'espère
- Tu n'as pas idée , dis-je en lui tendant ma main
- Tant mieux car tu n'es pas près de me revoir ainsi  répondit-elle en acceptant ma main
- N'en sois pas si sûre lui répondis-je énigmatiquement

Je la guidai vers notre table, puis nous nous y installons et je veille à lui tirer la chaise, comme il est de coutume dans les règles de l'art. Son regard se perdit dans la nature soudain. Et ses yeux se mirent à luire sous la dernière clarté du crépuscule, sa peau était dorée , tel que je me l'étais imaginé. Cette femme est réellement intrigante

- Tu es magnifique Sheila, tellement magnifique ne puis-je m'empêcher de lâcher
- Merci mon chéri répondit-elle tout sourire
- Dis le encore répondis-je conquis
- Quoi donc?
- Ce petit nom
- Mon chéri ? Mon amour ? Mon cœur ? Fit-elle en se jouant de sa tête de façon très tentante

Ç'en était plus que je ne pouvais supporter. Je me levai promptement pour assouvir mon désir en partie. Je capturai ses lèvres avec toute l'urgence que m'imposaient les  pulsions qui faisaient courir le sang dans mes veines encore plus vite.

- La soirée s'annonce prometteuse

On se rassit et je découvris les couverts. Tout ce qui s'y trouvait était un pur délice. Ses yeux luisaient un peu plus à la vue des plats. J'ai put comprendre avec le temps que l'un des petits plaisirs de Sheila, c'est des mets épicés. Je nous servis du vin, afin de plus vite entamer le repas.

- Tu retourneras bientôt à Miami? Lui demandai-je à un moment donné
- Oui d'ici deux semaines. J'ai hâte de retrouver Ana.. Oh Leis dis moi toi comment tu comptes faire ? Je ne sais rien de tes plans ni de ce que tu entreprends à présent
- Ne te soucie pas de cela, mais bientôt très bientôt tout ira très bien je te le promets dis-je lui saisissant la main
- Cesse de faire cela Leis, tu me mets tout le temps à l'écart

Elle commençait à s'énerver a vue d'œil

- Ne t'emporte pas s'il te plaît, si je ne te dis rien c'est juste pour te protéger. Plus tu en sais, plus tu es exposée
- Mais exposée à quoi Leis ? Qu'y-a-t-il de nouveau à découvrir ? Nous sommes un couple merde ! On est censé tout partager et ça passe par tout y compris ça répliqua-t-elle avec beaucoup d'énergie

Ses yeux scintillaient, voilés d'eau. Je me précipitai à ses côtés pour la consoler.

- Pardonne moi mon amour, je ne pensais pas que ça t'affectais autant

Elle ne dit rien, mais gardait son regard soudé au mien. Elle eut un frisson et immédiatement je lui demandai

- Tu as froid ? Nous ferions mieux d'aller ailleurs
- Oui tu as raison, en plus je n'ai plus d'appétit

Je me levai sans un mot et l'aidai à remettre son manteau. Suite à quoi je passai un bras autour de sa taille pour l'avoir au plus près de moi.

On refis le chemin jusqu'en route que nous longeames dans un silence pour le peu pesant. Après qu'on se fut installés, je lui dis:

- Je ne voulais pas que les choses se passent ainsi, crois moi. Je voulais pour une fois t'offrir une soirée, à ta hauteur. Tu es tellement...

Les mots se perdirent au fond de ma gorge et je redémarrai, nerveux à souhait. J'aimerais lui dire ce que j'ai sur le cœur, lui parler de mes projets, de mes aspirations. Hélas j'ai encore et toujours cette peur; peur d'être déçu, peur de l'abandon comme ce fut le cas avec les deux seules femmes qui aient compté dans ma vie avant elle.

Elle me regardait tout le long. Je n'avais pas envie de me retourner, je ne voulais pas croiser ses pupilles couleur miel, pas maintenant, car je reconnais oh combien elles savent se jouer de moi.

- Leis ... laissa t-elle entendre d'une voix emplie de désespoir

Je lui saisis doucement la main en gardant les yeux rivés sur la route. Tout en entremêlant nos doigts, je les ramenai sur ma cuisse. Je voulais ainsi lui communiquer un peu de douceur, afin qu'elle sache que je comprends sa plainte.

Arrivés à un feu rouge, je me retournai vers elle peut-être un peu trop frénétiquement pour lui déclarer sans crier gare :

- Tu veux tout savoir hein Sheila ? La vérité c'est qu'il n'y a que toi

Elle me regardait abasourdie, ne sachant certainement pas où je voulais en venir.

- J'ai fait confiance, aveuglément à deux femmes dans ma vie. Et tu sais quoi ? Ces deux femmes m'ont abandonné, et là tu vois j'ai l'impression que je vais revivre la même histoire, parce que mi amore tu es tellement plus...

Un coup de klaxon nous interrompit

- Encore un tellement en suspens ! Je vais finir par détester ce mot se plaignit-elle en levant les yeux au ciel

La tension qui m'occupait s'envola l'instant d'une minute, car elle venait encore une fois à sa manière de me faire rire cette loca.
Je baisai sa main, qui encore dans la mienne, me communiquait un peu de chaleur.

- J'en suis sûr que très bientôt tu l'aimeras ce "tellement" lui répondis-je d'une voix pleine de mystère

J'espère que tu aimerais ce que je te réserve Dulce mia. Ainsi je décidai de l'emmener à cet endroit.

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